Je ne pensais plus à rien. J'avançai tel un zombie jusqu'à l'hôtel de justice où je savais que je passerai sûrement mes derniers instants dans ce district qui m'avait tout donné, tout appris. Et par-dessous tout, c'était là que j'allais voir pour la dernière fois les personnes que j'aimais, celles qui allaient me manquer cruellement jusqu'à ma mort, et celles qui me pleureraient, ce qui me faisait le plus mal.

Je n'avais pas quitté mon sourire, sans le savoir, sans le vouloir même. J'étais un carrière, je devais me montrer fort et fier, malgré mes quatorze ans. Alors même si j'étais tétanisé, je souriais. Je ne pensais juste tout simplement plus à rien. J'étais dans un mécanisme tel que je ne dérogeais pas à mon statut. La tête haute, j'entrai donc suivi d'un Pacificateur qui m'indiqua la salle dans laquelle je devais entrer. Je restai immobile. Je ne savais franchement pas quoi faire. Au bout de quelques minutes, je me mis à tourner en rond. Et PAF. La porte s'ouvrit en grand et à la volée, j'aperçu Deion qui me fonça dessus les bras ouverts.

« On peut fuir, Nale. »

Je soupirai et me retins de verser quelques larmes qui montaient inévitablement, surtout en la présence de mon oncle. Je le serrai encore plus et reniflai discrètement, pour ne pas l'inquiéter. Sa naïveté et son innocence me faisaient chaud au coeur.

« Tu sais bien que ça n'est pas possible... »

« Je ne veux pas que tu meures, Nale. »

Je sentis ses bras se resserrer autour de moi et je ne pus m'empêcher d'en faire de même en enfouissant mon visage dans sa tignasse qui me faisait face. Je savais qu'il pleurait, beaucoup même, en cet instant. Il m'était moi-même difficile de ne pas craquer, d'autant plus que des larmes me brouillaient la vue. Alors ressentir si fort sa peine et sa détresse était affreux. Il releva la tête et planta son regard dans le mien, tâchant de se calmer ; je passais une main dans ses cheveux.

« Je comprends pas !... Je me suis porté volontaire pourtant ... »

Je lui souris tristement, reniflant péniblement. Je lui attrapai le menton pour qu'il se calme et qu'il m'écoute attentivement.

« Déjà, personne n'a dit que j'allais forcément mourir. Je ferais tout ce qu'il faut pour m'en sortir, je te le promets. Et puis tu ne peux pas te porter volontaire à ton âge tu sais... »

Je soupirai. Des promesses futiles. Dans ma tête, il était clair que je n'avais aucune chance...