« Je ne sais pas. Ce n'est pas quelque chose qui s'explique .. Certaines choses n'ont pas besoin d'un « pourquoi » pour exister. »

Dans un sens je savais pertinemment qu’Hermès avait raison. Parfois les choses arrivaient dans une vie la chamboulait, sans qu’une explication rationnelle vienne éclairer le pourquoi du comment. Si je courais dans les bras d’autres hommes s’était peut être pour mieux me retrouver dans ceux d’Hermès ? Je refusais cette idée, je refusais de laisser entrer quelqu’un dans me vie sans savoir dans quoi je m’engageais. Toutes mes connaissances, les personnes qui gravitent autour de moi, sont ici pour une raison : de l’aide utile pour les jeux, à une simple offre d’un peu d’amour. Hermès restait le grand point d’interrogation de ma vie… j’avais cru qu’il était comme les autres… je ne tenais pas les rênes avec Hermès. Je me perdais dans ses paroles, m’enlisait dans sa personne.
Je regardais Hermès qui fuyait mon regard, et je me mis à froncer les sourcils, au fur et à mesure qu’il me révélait la laide réalité.

« J'aimerais te dire que je ne te quitterai jamais, qu'il est impossible que je te brise le cœur un jour. Mais ce serait mentir, après tout .. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Peut-être quelque chose d'extérieur, qui nous pousserait à ne plus être ensemble. En tout cas, je ne te ferai jamais du mal volontairement. »

Il ne pouvait rien me promettre… Une bouffée d’angoisse bloqua mes poumons un instant, mais je relâchais la pression lentement. Il fallait être rationnel. Hermès confirmait ce que je pensais. Mais pourquoi cela me faisait il un mal de chien ? Je serrai le poing, prête à demander à Hermès de partir. Je voulais qu’il remette son t-shirt, prenne ses affaires et sorte de ma chambre sans retour en arrière. Nous perdions notre temps, nous nous déchirions sans but, sans garantie. Le plaisir était parti, les ennuis étaient arrivés. Je ne voulais pas me retrouver seule, mais ce mal là était peut être moindre comparé à celui que Hermès me causait en cherchant à se faire une place dans mon cœur.
Je repensais à ses mots, aucune choses extérieurs ne pourraient nous pousser à être séparés : les jeux faisaient parti du passé. Glitery m’avait été arraché par les jeux, ils avaient transformés notre amour fraternel en un conflit perpétuel. Je pris soudain conscience d’une énormité. Je me demandais comment j’avais fait pour ne pas le voir avant. J’eus envi e d’en faire part à Hermès, mais me retint. J’avais déjà trop parlé ce soir… Je ne pouvais pas lui dire ce qu’il crevait d’envie de m’entendre dire. Les jeux étaient destructeurs. Ca n’était peut être pas la plus belle chose au monde. Les jeux avaient transformés ma sœur en un être au cœur glacé. Ils m’avaient rendu semblable à un objet pour mes parents. Une fille qui ne sert à rien d’autre que faire vitrine pour leur commerce. Tout s’enchainait à une vitesse folle dans ma tête, ma découverte m’assommait. J’avais l’impression qu’un gaz remplissait la pièce, m’endormant dans mon nouveau raisonnement. J’étais trop fatiguée pour pleurer, crier mon désespoir silencieusement. Ma tristesse quand à la fin des jeux se mua en de la colère et de la rage. J’avais envie de sortir de ma chambre, claquer la porte de ma maison et ne plus jamais revenir en ville. Je passerai des semaines loin de mes parents, reclus dans la forêt et on me fouttrait la paix.

Je sentis la poitrine d’Hermès se soulevait pour parler, ce qui me raccrocha derechef à la réalité.

« Tu n'as pas besoin de te contrôler en ma présence. Sois honnête. Et si tu as envie de pleurer, pleures. Si tu veux crier, crie. Et si tu as envie de m'embrasser, embrasse moi. C'est aussi simple que ça. »

Parfois j’avais vraiment l’impression qu’Hermès s’infiltrait dans mes pensées. Il m’offrait ce dont j’avais besoin : lui dire ce qui me trottait dans la tête. Impulsivement, j’acceptai de partager un peu plus avec lui ce soir. J’abandonnai notre étreinte pour me mettre face à lui. Je me mis à califourchon sur son corps, et le fixai du regard. Je devais avoir l’air folle avec mes yeux encore rougis par les larmes, mais cela m’était égal. J’avais soif de vengeance.

« Tu as raison. Les choses extérieures nous affectent. Les jeux… »

Je pris une grande inspiration, et me releva. Je n’avais pas envie de voir son visage réjouie quand j’aurais terminé ma phrase. A présent j’étais de dos à Hermès, je tripotais nerveusement le bout de mon pendentif.

« Les jeux sont fait pour nous détruire. Il est à présent temps pour eux de payer pour m’avoir fait crever d’envie d’y participer. Haha ! Sans jeux de mot. »

Je commençai à rassembler mes affaires, j’ouvrais le tiroir de ma commode où je rangeais tous les poignards et autres massue que j’avais gardé pour les entrainements. J’en gardais un sur moi, et rangea le reste dans un grand sac. L’ivresse du moment me monta au nez, je sentais clairement qu’un nouvel avenir se dessinait devant moi. J’avais un but : les détruire pour m’avoir tout hotté.

Je ne savais pas ce qu'elle allait faire de mes paroles. Je parlais, je parlais, mais au final, est-ce qu'elle y réfléchissait ? Je l'espérais. Je ne pouvais que penser, au plus profond de moi, que ce que je pouvais dire avait de l'importance et pouvait changer son avis sur beaucoup de sujets. Il y en avait qui restaient toujours les mêmes : les jeux. Son amour, même si nous avions évolué sur ce sujet-ci. Les jeux étaient les seuls à peser et à mettre une ombre sur tout ce que nous pouvions imaginer. C'était peut-être ça, son but : ne pas nous donner d'espoir. Nous faire penser que tout pouvait basculer d'une minute à l'autre, et qu'être optimiste était une perte du temps. Que cela pouvait être nous. Notre meilleur ami. Notre femme. Nos enfants. Et qu'il n'y avait pas de limites à ce pouvoir que le Capitole avait sur nous. J'essayais de garder la colère en moi et de rester calme pour Cyrène mais ce n'était pas le cas. J'étais énervé contre tout le monde. Contre tous ceux qui nous empêchaient d'être heureux et amoureux, sans soucis. La famille de Cyrène. Même ma famille qui n'avait pas pensé à m'éduquer autrement qu'avec la ceinture. Je regrettais mes propres parents, mais s'ils étaient toujours en vie, je ne serais jamais venu dans ce district. Je ne me serais jamais échappé. Elle me sortit de mes pensées en se mettant à califourchon sur moi, et je me préparais à la repousser, pensant qu'elle allait noyer ses problèmes dans le contact physique. Ce qu'elle ne fit pas. Elle faisait de la peine à voir : on voyait qu'elle souffrait. Mais une nouvelle lueur s'était allumée dans ses yeux et je ne savais pas exactement ce que c'était.

« Tu as raison. Les choses extérieures nous affectent. Les jeux… »

Ses mots me surprirent. Je ne pensais pas entendre ça un jour : que j'avais raison. Cyrène avait en général des idées bien arrêtées et je n'arrivais pas à changer bien facilement son avis sur n'importe quoi. Elle avait de la détermination et était très têtue. En tout cas, c'était ce que j'imaginais. Et la fin de sa phrase me laissa pensif. Les jeux ? Qu'allait-elle dire sur les jeux ? Je me redressais légèrement, alors qu'elle se relevait et me fit dos. Qu'avait-elle si peur de dire ? Mais je le savais. Au fond de moi, je savais ce qu'elle avait du mal à sortir, ce qu'elle allait devoir se forcer à dire. Les jeux étaient mauvais. Les jeux ne nous apportaient rien. J'attendais, l'entendant prendre une grande inspiration avant de le sortir.

« Les jeux sont fait pour nous détruire. Il est à présent temps pour eux de payer pour m’avoir fait crever d’envie d’y participer. Haha ! Sans jeux de mot. »

Je pris légèrement peur. Elle venait de changer d'avis, et d'un moment à l'autre, sans me prévenir. J'étais pris de court. Elle partageait à présent mon opinion sur la chose ? Elle comprenait le comportement destructeur qu'elle avait, et cette envie étrange de vouloir se conduire à l'abattoir ? Elle comprenait que le Capitole mettait en place ces jeux pour montrer son pouvoir, et nous faire peur ? J'aurais voulu dire que j'étais heureux. Mais ce n'était pas le cas. Je connaissais Cyrène : c'était tout, ou rien. Et avec l'attitude qu'elle prenait à présent, elle irait dans les extrêmes. Je la vis se diriger vers un tiroir et mettre tout un tas d'armes dans un sac. Que comptait-elle faire avec ça ? Les jeter ? J'avais l'impression que ce n'était pas exactement ça. Je sentais sa fureur, sa colère, sa soif de vengeance dans toute la pièce. Précipitamment, je me levais pour m'approcher d'elle et lui attraper les épaules de derrière.

« Cyrène, que compte-tu faire avec ça .. »

Je poussais un soupir et la lâchais, observant le contenu du sac. Tâtant le corps de Cyrène, je trouvais un couteau qu'elle avait pris soin de garder sur elle. Je le prenais dans ma main et observais la lame. Je ne me baladais jamais avec une arme sur moi. Tout ce que je prenais, c'était mes instruments pour couper le bois ou le sculpter et je ne m'en servais pas pour autre chose. C'était assez étrange de tenir ça dans ma main. Après plusieurs secondes de silence, je gardais le couteau dans ma main et m'éloignais de Cyrène.

« Tu ne dois pas passer du tout au rien. Oui, je pense que .. »

J'observais les coins des murs, comme s'il pouvait y avoir des caméras.

« Le Capitole est cruel et sans pitié. Qu'il nous traitent comme du bétail. Mais nous ne pouvons pas, nous n'avons pas les moyens de les attaquer .. »

Je poussais un soupir et retournais Cyrène pour qu'elle me fasse face. Je pris son menton dans mes mains.

« Ne fais rien d'inconsidéré. »

Les armes s’entassaient dans mon sac, mais je n’avais pas peur. J’étais résignée. La peur de mourir n’avait jamais affectée mon comportement. Je n’avais pas cette frayeur qui me rongeait de l'intérieur. Mon corps ne tremblait pas, je tenais sur mes deux jambes fièrement. La Cyrène de la soirée, la Cyrène faible avait été une erreur de parcours. Je devais être forte, j’avais le devoir de tenir le cap. La fatigue qui m’avait abattue, en revenant chez moi, s’était enfuie. J’étais déterminée et cette folie m’animant me permettait de rester éveiller. Mes idées n’étaient plus embrouillées. Je voulais mettre fin à cette souffrance, que ça soit en leur renvoyant la pareille, ou en y laissant ma peau. Je ne connaissais pas la demi mesure, comme Hermès me le rappelait souvent: c’était tout ou rien avec moi.
Je sentis des mains se poser sur mes épaules, surprise par le contact mon échine se raidit, tandis que j’entendais Hermès parlait.

« « Cyrène, que compte-tu faire avec ça .. »

Sa question ne semblait pas réellement en être une. Hermès savait ce que je voulais faire. Il me retira les armes une à une, emportant avec lui mon déterminisme. Il attrapa un poignard accroché à mon ceinturon, et le contempla quelques instants. Je n’avais jamais vu cette étincelle dans ses yeux, proche de la peur, une peur existante, et pourtant semblable à l’émerveillement. Pendant un court instant, le temps d’un battement de cil, je pensais déjà à lui apprendre les positions classiques de combat. Je serais de dos à lui, lorsqu’il presserait légèrement la lame contre ma gorge. Je deviendrais la faible colombe, pris dans les filets du chasseur… je ne savais pas pourquoi mais cette image là excitait tous mes sens. Je crois que j’avais une fâcheuse habitude à vouloir tout détruire. Le bonheur n’existait pas, et lorsque la situation s’améliorait j’avais besoin de tout ruiner. Je ne savais pas faire les choses proprement, tout devrait finir casser, comme un éparpillement de morceaux de verre .

« Tu ne dois pas passer du tout au rien. Oui, je pense que .. Le Capitole est cruel et sans pitié. Qu'il nous traitent comme du bétail. Mais nous ne pouvons pas, nous n'avons pas les moyens de les attaquer .. »

Hermès me ramena les deux pieds sur terre, à la dure et triste réalité. Nous ne pouvions rien faire. Il s’engageait dans le combat avec moi, mais il ne voulait pas que nous partions maintenant. Hermès réfléchissait bien trop… j’étais devenue accros aux sensations fortes, une junkie de l’adrénaline. J’aurais pu rester têtu ou insensible à ses remarques, mais dans un coin de mon esprit je savais qu’il avait raison. Hermès semblait avoir toujours raison, et moi toujours tort. Cela m’agaçait au plus au point, mes convictions étaient pour la plupart du temps fondée, mais il est vrai que ce soir je n’avais plus vraiment toute ma tête…

Hermès me retourna et attrapa avec délicatesse mon menton pour que je lui fasse face.

« « Ne fais rien d'inconsidéré. »

Ce contact m’électrisa, en me recommandant de rester sage, il se mettait dans une position délicate. Son refus de partir en être irréfléchi le dressait contre moi. Je soupirais avec lassitude, mais ne put m’empêcher de lui sourire. Mon sourire devait avoir des allures de démence, mais je m’en contre fichait royalement.

« « Je ne ferais rien ce soir… tu as raison il y a trop de monde en ville. Demain, j’irais prendre la température. »

Je ne savais pas encore si je respecterais ma parole. Dans tous les cas, je ne pouvais pas partir dès lors, puisque Hermès me surveillait. J’avais la désagréable impression d’être devenue son frêle oisillon qu’il devait couver du regard, le protéger des envahisseurs. Je ressentais la Cyrène habituelle prendre du pouvoir dans mon corps. Celle qui aimait prendre le dessus. Et cette Cyrène avait une priorité : accéder au plaisir. Bien que son rythme de vie était soutenue et un peu fou, il semblait plus raisonnable que la Cyrène dépressive. Je regardais Hermès avec attention. Il semblait fatiguer, un brin inquiet, mais je n’aurais pu mettre le doigt sur la véritable cause de ses soucis. Peut être étais ce moi, ou encore le capitole… je n’étais pas prête à accéder à ses pensées tant que je faisais des miennes. Nous étions amis, il lui arrivait de se confier à moi, comme je me confiai à lui très rarement. Son amitié m’avait manqué… mais je sentais encore un autre manque inassouvi. Celui du corps, le plaisir de le chaire. J’avais cessé de batifoler à droite et à gauche depuis notre dispute. Mon envie était ciblé sur lui, les autres hommes semblaient si fade à ses côtés…

Les soirs, dans cette même chambre, j’étais seule. Les yeux fermés, je fantasmais sur son corps, sur sa personne. A force de ne plus faire l’amour, il ne me restais que cette optique là. Une pensée me frappa de pleins fouets : je n’avais pas envisagé un instant qu’en invitant Hermès chez moi nous aurions pu nous retrouver. La Cyrène détruite avait mis au placard ses vieux démons, elle n’avait plus en tête les désirs charnelles.

Je songeais à tout cela, quand je me rendis compte que j’étais beaucoup plus sensible aux ondes sensuelles régnant dans la pièce. La main d’Hermès calée en coupe sous mon menton m’emprisonnait d’une poigne délicate, un instant marquant souvent le début d’un baiser. Son torse était encore nu, appelant mes mains à se glisser de tout son long. Ses yeux étaient inquisiteurs, et ses lèvres pleines semblaient m’appeler. Tous mes sens étaient en alertes, et je succombai à la tentation. Telle une femme ampli de désir, je poussais Hermès sur le lit, tombant à la renverse sur lui. Tout s’enchaina rapidement, je prenais son visage entre mes mains pour l’embrasser avec fougue. Ses lèvres ne marquaient pas vraiment de résistance, j’en profitai alors pour enlever mon haut. Je remontais du creux de son torse, à son cou, jusqu’à son oreille. Je lui susurrais entre deux baisers :

« « S’il te plait, oublions tout. J’ai tellement envie de toi… »

J'espérais avec ardeur qu'il ne me rejetterait pas...

J'aimais à penser que la jeune femme qui était devant moi prêtait une quelconque attention aux paroles que je débitais. Mais était-ce vrai ? Comprenait-elle la lourdeur de mes propos, leur importance et pourquoi elle devait s'en souvenir ? Je craignais que non. Cyrène était fille à passer au dessus de ce genre de discours sérieux lorsqu'elle le pouvait, par crainte de comprendre ou simplement par envie de ne pas s'embêter avec tant de pensées. Je savais que Cyrène réfléchissait, bien entendu, mais j'avais l'impression qu'elle n'aimait pas le faire à outrance comme je pouvais m'y adonner. Je le savais, j'étais une plaie, à toujours retourner tout dans ma tête afin d'y donner un quelconque sens. Et en opposition à ce trait de caractère, j'étais pourtant très impulsif dans mes propos ou dans mes paroles, parfois. Mais pas avec Cyrène. Ou pour être exact, plus avec Cyrène. C'était une jeune femme que je me devais de protéger, de chérir, d'aimer, et cela sans rien attendre en retour. Pour qu'elle soit absolument en sécurité et qu'elle ne s'embarque pas dans des projets fous comme elle en faisait régulièrement, il fallait que je sois là. Un roc. Une personne sur qui elle pouvait s'appuyer et qui n'allait pas la faire tomber au fond du puits. Mais dieu, que cette position était dure à garder.

Elle me sourit. Cela voulait dire qu'elle m'avait entendu ? Je l'espérais. De toute façon, elle ne sortirait pas de cette porte et je pouvais user de ma force pour l'en arrêter. Ce n'était pas un comportement abusif dans le fait que je l'empêchais de courir au suicide. En temps normal, je la laissais faire à peu près tout ce qu'elle voulait sans trop m'en occuper : je ne voulais pas avoir le contrôle sur tout ce qu'elle faisait ou disait. Je n'irais jamais dans les extrêmes jusqu'à la suivre lorsqu'elle sortait le soir, et si il lui arrivait un malheur, c'était bien par sa faute, pas la mienne. Dans ce cas là, j'avais sa responsabilité puisque j'étais en sa compagnie.

« Je ne ferais rien ce soir… tu as raison il y a trop de monde en ville. Demain, j’irais prendre la température. »

Un soupir s'échappa de ma bouche mais je ne dis rien pour répondre à cela. Si elle avait envie d'aller en ville demain, qu'elle le fasse. Tout ce que je souhaitais, c'était qu'elle ne commence pas à agresser les pacificateurs juste pour le plaisir ou pour la vengeance. Celle-ci était vraiment une plaie, lorsqu'elle se mêlait à nos vies, nos amours, nos amitiés, notre famille. Je n'avais personne à venger moi même, et pourtant, j'étais si engagé contre le Capitole. Peut-être que si aux prochains jeux, quelqu'un venait à se faire moissonner et que je le connaissais, cela me ferait quelque chose. Que ma rage grandirait envers tous ceux qui nous avaient fait subir cette injustice. Je pensais que ma colère était déjà bien assez grande comme cela.

Je supposais qu'à présent, nous dormirions et que tout irait bien le lendemain. Peut-être que Cyrène, dans le monde des rêves, assouvirait ses désirs de vengeance et s'en retrouverait démunie au réveil. J'irais ensuite au travail dans les bois et la laisserais seule. Seule .. Oui, elle pouvait quand même se retrouver comme cela sans faire des bêtises. Alors que je réfléchissais à quoi dire pour lui permettre d'être en paix le lendemain, elle me poussa violemment et me fit tomber à la renverse sur le lit. Étonné, j'ouvrais de grands yeux alors qu'elle se mettait au dessus de moi. Ah tiens. Ça, c'était une Cyrène que je connaissais mieux. Déjà rétablie ? Déjà à passer à l'attaque ? Cette pensée me fit rire intérieurement. Mais je n'eus le temps de rien dire, que déjà ses lèvres sucrées prenaient les miennes. Et faible comme j'étais, j'étais obligé d'y répondre. Un homme, qui n'arrivait même pas à être le roc qu'il s'attendait à être. Je succombais aux plaisirs primaires, de la chair, et répondais d'abord gentiment à ses baisers comme on s'attendait d'un amant timide.

J'avais l'impression d'être une poupée. Qu'à présent que les pleurs étaient passées et qu'elle m'avait bien serrée dans ses bras, elle pouvait jouer avec moi. Je me laissais faire et l'observais un peu absent lorsqu'elle retira son haut et commença à m'embrasser. Mon corps se réveilla sous ses caresses et ses baisers et je fermais les yeux lentement, me laissant aller comme si j'étais en chiffon. Puis, après un moment passé comme cela, je ne pus rien faire d'autre que céder. Céder aux impulsions qui couraient dans mes veines, à cette passion qui ne demandait qu'à être exprimée. Mes muscles se tendirent et j'attrapais la jeune femme par les bras, la retournais pour me retrouver en contrôle, une fois encore. Mes baisers étaient à la fois sauvages et amoureux, je me laissais aller aux mêmes instincts primaires qu'elle et l'embrassais partout où mes lèvres étaient la bienvenue. Nos étreintes durèrent plusieurs heures, de longs moments que j'attendais depuis longtemps et en même temps, qui ne pouvaient que me faire peur. Nous n'avions réglé aucune question, elle n'avait toujours pas avoué ses sentiments à mon égard, ce qu'elle voulait être pour moi. Mais le temps d'une nuit, je lui laissais le doute, l'incertitude, et ses peurs à elle même. Nous nous endormîmes enlacés dans son lit, même si je ne pus vraiment m'assoupir jusqu'au matin où il me fallait partir.