Il était une fois un oncle et "un oncle" ... Deion & Nale

Nous étions dimanche. Et je n’avais pas envie de faire grand-chose. Je vagabondai dans la maison à la recherche d’une activité quand je me rendis compte que je n’avais pas envie d’y rester. Ma mère ne travaillait pas, et rendait l’ambiance insupportable avec sa joie exagérée. Tandis que mon père devait être en mer. Dimanche ou pas, il aimait trop voguer pour rester cloitré entre quatre murs. Même si au final, il ne péchait pas forcément, il préférait passer du temps à l’air libre, et je pouvais le comprendre. Je me rendis à la buanderie pour récupérer ma canne et parti en direction du centre-ville avec une intention particulière. J’arrivai devant la maison désirée et frappai. Je n’en avais pas vraiment besoin mais je trouvais ça plus poli. Deion m’ouvrit et je souris, soulagé de tomber directement sur lui. « Un tour en mer, ça te tente ? » Je ne lui laissai pas vraiment le choix, mais il accepta avec plaisir. Il alla chercher sa canne et nous nous mîmes en route. J’adorais passer du temps avec Deion. Nous avions une relation particulière… Il était mon oncle, mais plus jeune que moi. Le fait était que mes grands-parents l’avaient eu tard. Du coup, nos statuts étaient un peu inversé, j’étais plus un oncle pour lui que l’inverse, et nous nous considérions même comme des frères. D’autant plus qu’il avait réussi à combler quelque peu le vide que ma sœur avait laissé, quand elle avait donné sa vie pour les Hunger Games.

Nous arrivions au port et j’indiquai mon bateau du doigt. Avec ma richesse et mon métier, j’avais eu l’occasion de m’en offrir hein. Au moins, je n’étais pas obligé de partir en mer avec quelqu’un, et ça me permettait de faire le vide, de m’apaiser lorsque j’en avais besoin. Sur la proue était écrit « A Tought For You », et je souriais à chaque fois que je passais devant. Ces mots étaient destinés à ma sœur, c’était en pensant à elle que je les avais fait graver. Nous montâmes à bord du bateau et je pris place aux commandes, démarrant l’engin en destination du large. Parler de tout et de rien avec Deion était plaisant, au moins je n’étais pas face à quelqu’un qui était excité de se retrouver avec un vainqueur et qui n’avait que les Jeux à la bouche. « Tu sais que si tu veux venir à la maison si t’en as marre de la tienne toute rikiki, c’est possible. » J’observai son expression qui se changea en une moquerie apparente et je ris largement. C’était une manière maladroite et volontairement ironique de lui dire que ma porte lui était grande ouverte.

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Jour de repos aujourd'hui. Pas de pain à préparer, rien à vendre. Et le jeune homme de dix-neuf ans resta enveloppé dans ses draps. Le Printemps s'était éveillé depuis quelques jours déjà et les quelques arbres se trouvant dans le district avaient pu faire éclore quelques fleurs. L'hiver se terminait enfin. La chaleur renaissait de ces cendres et c'était une nouvelle année qui démarrait. Pour Deion, l'année ne commençait point en Janvier. Mais plutôt en Mars. Au Printemps. A la renaissance du monde. On frappe à la porte. Et, avec la curiosité sévère qui le rognait, le garçon décida finalement de s'extirper du lit afin de voir qui le dérangeait à une heure matinale. Tardivement. Un clin d’œil. Et une parole légère. « Avec toi, toujours ! » C'était Nale. Son neveu. Le seul qui réussissait à éveiller Deion de bon matin. A lui faire faire des choses sans qu'il grogne, qu'il bougonne ou qu'il déclare une quelconque objection. Quelques minutes pour se préparer. Il enfila ses affaires de la veille. A quoi bon se faire propre ? Ils allaient en mer. Ce n'est pas comme si l’occasion de rester propre se présentait à lui. Saisissant sa canne et ses accessoires, le jeune Esnath tendit un pouce en l'air en signe qu'ils pouvaient à présent partir.

Une pensée pour toi. Cette magnifique phrase était contemplée par Deion à chaque fois qu'il se trouvait en face du bateau de Nate. Et ils partirent en direction du large. La pêche demeurait une passe-temps accessoire pour le jeune homme. En réalité, dès que Deion avait du temps pour lui, il essayait de concevoir ses propre pains avec différents ingrédients qu'il récupérait quand il avait la chance de visiter des districts. Pour Nale, c'était différent. Deion avait su voir en lui une lueur qui le prédisposait à la pêche. Comme si c’était une passion. Scrutant la mer avec attention et rêverie, le jeune garçon s'arracha de ses pensées lorsque son neveu se mit à lui parler. « Non, c'est bon. Je ne veux pas vous déranger. Et pis, je ne pense que ma sœur ait envie de vivre vingt-quatre sur vingt-quatre avec son frère. » Prenant une grande inspiration, il enchaîna alors : « Et bien que ma maison soit petite, elle est parfaite pour moi, je t'assure ! Le strict nécessaire. » Le printemps. Il n'y avait pas que du bon. Pas du tout même. Parfois, c'était le signe d'un mauvais présage. Et c'était ça qui angoissait Deion. Le mauvais présage. L'approche des Hunger Games. De la Moisson. Soupirant légèrement, il questionna sans surprise Nale : « Tu sais à quelle période de l'année nous sommes ? » L'angoisse que son nom soit tiré. L'angoisse qu'un nom d'un de ses amis. Pire, de Quinn. D'une collègue aussi ravissante qu'intelligente. Et il se détrompe. Elle a passée l'âge. Il s'inquiète pour rien. Il faut penser à autre chose. A la fête du Printemps. « Je présume que tu vas partir au Capitole pour la Célébration du Printemps ? »

Il me répondit simplement par ce à quoi je m’attendais. Je n’avais pas sérieusement espéré qu’il s’installe chez nous, ou plutôt si, une petite partie de moi aurait bien aimé, mais je savais bien qu’il avait son train-train de vie et que vivre avec sa sœur ne devait pas être une grande joie. Encore, si j’avais eu la maison pour moi tout seul, ça aurait pu être différent, d’autant plus que je n’avais pas une demoiselle à qui proposer d’y résider de façon permanente. L’expression de Deion changea quand il m’assura que sa maison lui plaisait. Il avait plutôt l’air de s’en convaincre et de cacher autre chose. « Tu sais à quelle période de l'année nous sommes ? » Ah, il s’agissait de ça. Oui, bien sûr que je le savais, comment je ne pouvais pas ? La Moisson arriverait bientôt, il était normal qu’il commence à se faire du souci. Je n’étais pas très doué pour consoler les gens à ce propos, et je me contentai d’hocher la tête tristement. Je savais qu’il ne m’en tiendrait pas rigueur.

Nous commencions à être plutôt loin des côtes et j’attendis encore quelques minutes avant d’arrêter le moteur. Je n’avais pas envie de penser à la Moisson, elle allait arriver bien assez vite. Mais au lieu de changer le sujet, il l’orienta quelque peu ailleurs. « Je présume que tu vas partir au Capitole pour la Célébration du Printemps ? » Je l’avais rejoint sur le bord du bateau où il était assis et m’emparai de mon matériel de pêche, que je lui faisais passer entre les mains pour qu’il se procure ce dont il allait avoir besoin. J’armai ma canne et fini par la lancer en m’installant sur le siège qui bordait le bord de l’appareil. « Oui. Tu sais que je n’ai plus vraiment la liberté de la célébrer tranquillement, ici, avec vous… » Je n’avais pas envie de plomber l’ambiance, mais il avait posé la question. Je n’allais pas me défiler, surtout pas devant lui. « Je dois avouer que ça me manque, tu sais… mais c’est le genre de petit plaisir que le Capitole n’a aucun scrupule à nous enlever. »

Je soupirai discrètement et demandai à Deion de tenir ma canne le temps que je me rende dans la cabine du bateau pour y récupérer quelques objets. Déjà, mon trident. Celui que je laissais constamment sur l’appareil, au cas où. Puis quelques sodas, que j’ouvris avant d’en proposer un à mon oncle. Je plaçai le trident sous le siège où je me rassis, après quoi je récupérai ma canne et bus à pleines gorgées dans la cannette que je tenais de l’autre main. « Ça se passe bien à la boulangerie ? » La tentative de changement de sujet n’était pas très glorieuse ni subtile, mais au moins, j’avais essayé.

Le Capitole. Deion le détestait tant. Cependant, le Capitole représentait le pouvoir, le gouvernement indestructible et les forces de l'ordre. Si le Capitole venait à disparaître, tout Panem périrai. Tu tenais bien trop à la vie pour l'abandonner comme ça, d'un coup de tête, d'une rébellion stupide. Le Capitole possédait tout. Tout, pouvoirs, médicaments. Tout ce qui pouvait sauver ton père de cette maladie. La vieillesse. Depuis quelques jours, il se trouvait allongé dans un lit à l'hôpital. Personne n'était au courant. Hormis toi et ta mère. Ne prévenir personne. Pas besoin de paniquer. Il s'en sortirai. Deion gardait la foi. La Célébration du Printemps arrivait à grand pas. Et en l'honneur de son père, Deion aurait souhaité que toute la famille soit là. Y compris Nale, le plus important d'après le jeune homme. « Je comprends ... J'avoue que moi-même, je me suis inscrit à la loterie que le Capitole a proposé. Soit, je le fêterai tout seul ici, à regarder le grand écran, soit ce sera avec toi au Capitole. Alors, je prie pour que ce soit avec toi. » Il lui rendit un petit sourire en prononçant cette phrase. Les fêtes, Deion les fêtait généralement avec son neveu. Sa mère et son père le fêtaient ensemble, dans leur coin, ne voulant aucun enfant pour les embêter. Le paradoxe s'offrait au boulanger. Il voulait être avec Nale ... cependant, vivre au côté des Capitoliens le dérangeait.

Le jeune homme recopia les gestes de son neveu. Prendre une canne, l'armer puis enfin la lancer au loin. Et pendant que son neveu partit chercher quelque chose dans la cabine, un étrange silence s'instaurait, replongeant alors le garçon dans ses pensées. Dans sa jeunesse. Dans son potentiel avenir. Celui de se faire tuer dans une arène.
Tsck. Une canette d'ouverte et Deion revint à la raison. « Merci. » répondit-il en guise de politesse lorsque Nale lui tendit la canette. « Oh oui ... C'est tranquille. Mais je sens que le rythme va s’accélérer. La Célébration du Printemps est gourmande en pain. » Tenant sa canne à pèche silencieusement pendant quelques instant, Deion baissa son son regard avant de le tendre une nouvelle fois vers Nale en exécutant une grimace inquiétante. « Ton grand-père est à l’hôpital depuis quelques jours. Donc, j'essaie de travailler plus pour gagner plus. Payer les soins de Papa. » Sa voix sanglotait. Le Printemps était finalement synonyme de mauvaise augure. Entre son père. La Moisson qui approchait ainsi que la Célébration à fêter seul. La solitude devenait dévorante à force. « Mon nom est inscrit treize fois ... »

Les paroles de mon oncle me touchèrent. Je n’avais pas eu le choix d’être convié à la célébration du printemps au beau milieu du Capitole, et à vrai dire je craignais que Deion soit tiré au sort pour l’événement. Je voulais certes fêter la chose à ses côtés, je ne voulais en revanche pas qu’il soit confronté à la dureté de ses habitants directement. Le Capitole était tellement horrible que même pour une célébration pareille, je me doutais qu’il trouverait le moyen de rendre l’événement insupportable pour nous autres Districtiens. Je soupirai en regardant vers l’horizon. Canne et boisson en main, je me demandai alors ce que le Capitole nous avait concocté de spécial, cette fois-ci. Mais non désireux de vouloir me plonger dans de mauvaises pensées en ce moment agréable en compagnie de Deion, je me retournai vers lui après lui avoir demandé si la boulangerie marchait bien.

« Oh oui... C'est tranquille. Mais je sens que le rythme va s’accélérer. La Célébration du Printemps est gourmande en pain. »

Je souris quelque peu. J’adorais le pain, et particulière le talent de Deion pour en faire. Il savait parfaitement imaginer plusieurs variétés, formes, goûts même, et dès que j’en avais envie, c’est vers lui que je me tournais pour en acheter. Il ne tenait pas à ce que je le dédommage, mais j’insistais la plupart du temps et il acceptait mes quelques pièces. Si la Célébration du Printemps pouvait lui apporter tout ce qu’il aurait dû accepter de moi, voire plus, ça ne pouvait ne me rendre qu’heureux. Il était particulièrement épanoui dans le domaine, c’était tout ce qui comptait. Mais avant que je n’aie pu lui dire le fond de ma pensée, il enchaîna avec un sujet… moins joyeux. Si tant était que passer la fête au Capitole était un sujet joyeux.

« Ton grand-père est à l’hôpital depuis quelques jours. Donc, j'essaie de travailler plus pour gagner plus. Payer les soins de Papa. »

Je me figeai. Mon grand-père. Déjà, rien que ce fait-là était étrange dans la famille, étant donné qu’il ne s’agissait que du père de Deion, mais celui-ci l’avait eu bien tard, d’où le fait que j’étais plus âgé que lui, qui était en fait mon oncle. Puis l’information principale m’arriva au cerveau. Il était à l’hôpital. Depuis plusieurs jours, et nous n’en étions pas au courant. Du moins, je ne savais pas si mes parents avaient été mis dans la confidence. D’un certain côté, je me sentais trahis par les miens pour me l’avoir caché. Puis je me détendis sur cette idée, car si c’était le cas, ils avaient peut-être tout simplement pensé que ça m’épargnerait un souci en plus. Après mes Jeux, tout le monde avait essayé de me ménager, j’avais déjà assez de choses horribles en tête. J’espérais que c’était donc la raison de ce silence.

« Mon nom est inscrit treize fois... »

Je fis les yeux ronds tellement il changeait de sujet rapidement. Je soupirai ; je bloquai ma canne dans un demi anneau présent sur le rebord du bateau, m’assurai qu’elle tenait bien et me retournai vers mon oncle. Passant une main dans ma nuque, je pris enfin la parole.

« Ecoute… Pour papi, je suis sincèrement navré de ce qui arrive, et sache que je peux y mettre des sous pour l’aider, ça m'attriste… Pour la Moisson, ne te prend pas la tête dès maintenant, ça n’en vaut pas le coup. Savoure ton temps. Et tu aurais pu me demander de la bouffe au lieu de t’inscrire plus que nécessaire ! »

Je me retins de lui assener un petit coup derrière la tête…

606 mots.

Réponse jeudi.

» Deion & Nale Ϟ Ce n'est qu'un adieu ...❞
» LIBRE ζ le train ne sifflera qu'une fois
» NIRVANA → et si ce que nous appelons vivre n’était qu’une illusion ?
» NALE • retour aux sources ?
» Deion&Talcott Ҩ La Moisson sera la perte de tous. [SAISON 1]

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