EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1]
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Sujet: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Dim 4 Mar - 16:33
daily life is a bitch
Certains matins, Kenneth se levait avec un poids sur le ventre. Il avait le sentiment de n’être qu’un tout petit engrenage ridicule dans une machine gigantesque, froide et calculatrice : le Capitole. Ces jours-là, le plus difficile était de se forcer à aller travailler, à traîner sa carcasse sèche jusqu’au champ et de se mettre à exécuter les mêmes gestes répétitifs qu’il faisait depuis maintenant quatre ans, lorsqu’il avait dû remplacer son père aveugle au maintient de la famille. D’ordinaire, s’occuper de ces terres qui lui « appartenaient » - sous la tutelle du Capitole - n’était pas si pénible. Il essayait d’y penser comme un jeu et d’adopter l’état d’esprit d’un petit garçon avide de grandir, parce qu’il veut faire comme son père, se muscler et faire tomber les filles. Mais se mettre dans de telles conditions devenait de plus en plus difficile pour le jeune homme, tant les responsabilités pesaient sur ses épaules et lui donnaient parfois le sentiment d’étouffer en coulant. Il se sentait submergé, effrayé par les vies qu’il tenait entre ses mains : celles de ses cinq sœurs et de ses parents. Ils comptaient sur lui, se répéta-t-il.
C’est sur cette unique pensée que le jeune Dash parvint enfin à s’extirper de sa couette fourrée de paille, en soupirant lourdement, pour déposer ses pieds chauds sur la pierre glacée de la pièce, ce qui ne manqua pas de lui arracher un grand frisson. Il ne s’agissait pas là de sa chambre – personne chez les Dash ne possédait sa propre chambre – mais de la pièce qui leur tenait avant tout lieu de salle de bain familiale, grâce à une énorme bassine en cuivre qui reposait dans un coin de la pièce, entourée de cruches qui servaient à la remplir quand il fallait se laver, et de savons piquants faits maisons. Mais c’était également dans cette pièce que dormaient les quatre enfants les plus âgés de la très imposante fratrie Dash : Prudence, Kenneth, Minnie et Aude, qui avait tout jute quatorze ans. Les deux benjamines, Lily et Rose, n’avaient que sept et neuf ans respectivement et dormaient encore avec leurs parents. Dans cette pièce, il n’y avait que Kenneth qui avait vraiment un lit. On le lui laissait pour qu’il puisse se reposer convenablement avant de recommencer une dure journée de travail. Les autres dormaient sur des matelas à même le sol. Enfin, d’ordinaire, car, aujourd’hui, la pièce était déjà vide.
Réalisant sa solitude, Ken se leva plus rapidement et en trois grandes enjambées traversa la pièce pour débouler dans la pièce principale. Il ouvrit l’un des placards de la cuisine et en sortit un petit pain noirâtre qu’il enfourna dans sa bouche. Il le laissa là, pendant hors de sa cavité buccale, tandis qu’il passait un marcelle blanc sur son dos et qu’il glissait ses jambes dans un jean troué. Ce n’était pas très folichon, comme accoutrement, mais c’était déjà trop habillé pour le champ.
Il ne lui fallut pas plus de dix minutes après s’être levé pour être dehors, sous le soleil doux, occasionnellement caché par quelques nuages, en marche pour l’extrémité du champ sur lequel sa famille travaillait depuis quelques générations. Aujourd’hui, il s’occupait de la partie ‘légume’ des terres. Il allait retourner la terre pour planter les semis de tomates.
Il attrapa une bèche posée contre le mur en chaume de la petite fermette, mis sous son bras un sac de cinq kilos de purin pour engraisser le champ et appela ses trois ridicules petites chèvres à sortir de la grange pour traverser le champ. Il marchait depuis cinq minutes et était à mi-chemin, le nez en l’air, pensant à combien il aurait aimé vivre une vie différente, où la pression des Hunger Games n’aurait pas existée, ce qui lui aurait laissé le temps de grandir, quand ses stupides chèvres se mirent à bêler en cœur et à trottiner, joyeuses, vers leur enclos tapissé d’herbe tendre. Et, bien sûr, ce qui devait arriver arriva : l’une d’elle se dit que passer devant Kenneth serait un chouette raccourci et elle fonça obliquement devant lui. Ce dernier trébucha sur ses propres pieds en essayant d’éviter de tomber sur son idiote de biquette. Et, l’un dans l’autre, son sac de purin amortit généreusement sa chute, son genou cagneux tombant sur la surface molle du plastique qui recouvrait l’ignoble bouse et le transperçant la micro-seconde d’après, entraîné par le poids du jeune Dash qui tombait sur le sac.
Fantastique, se dit-il en restant immobile quelques minutes, les lèvres pincées, inspirant et soupirant à grandes goulées. Il venait de s’écraser le genou dans du crottin de vache tout droit importé du dix. C’était absolument fantastique ! Et en plus, ça puait à dix mètres à la ronde. Son genou et donc, par extension, lui, Kenneth Dash, puait à dix mètres à la ronde. Il jeta un regard laconique à ses biquettes, heureuses, qui avaient atteint leur enclos favori pour brouter. Elles s’en fichaient complètement. Aucune ne se serait arrêté pour lui faire une léchouille compatissante sur la main ou quoi … Rien !
Cette journée s’annonçait horrible, pensa Kenneth en regardant les fils électriques qui émettaient un léger bourdonnement, signe de leur activité, à deux dizaines de mètres de là où il était. Il était prisonnier, condamné à cultiver des tomates et du coton pour le Capitole en espérant pouvoir garder quelques restes pour sa famille en se vautrant dans le crottin ! Il ne pourrait jamais rien construire ou vivre de significatif, seulement être un maillon sans importance dans une chaîne éternelle qui ne visait qu’à contenter la capitale. Toutes ces pensées dépressives remplissaient le cœur d’habitude si léger et simple de Kenneth, alors qu’il se mettait en route pour travailler. Il en avait marre de travailler ! Quand est-ce qu’il aurait des vacances ? Il lui semblait qu’il n’en avait jamais eues.
Arrivé au bout du champ, il laissa tombé le sac de purin transpercé, appuyé sa bèche contre la clôture en bois qui longeait le sentier qui reliait sa petite fermette à la route de pavés qui se dirigeait vers la ville, et se dirigea vers l’enclos de ses chèvres où il s’agenouilla devant l’abreuvoir, un seau à la main. Il rempli celui-ci à ras bord et sorti un carré de tissu grossier de sa poche, l’imbiba d’eau de son seau et essayé de nettoyer l’énorme motte d’excrément gluée à son genou en soufflant de dépit.
KENNETH - « Fait chier, bordel ! Je pourrais pas avoir un peu de chance, pour changer ? »
Encore une belle journée sous le soleil, dans le onze.
1101 mots
Dernière édition par Kenneth E. Dash le Lun 5 Mar - 9:36, édité 1 fois
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ϟ 1ERE MOISSON : 01/02/2012 ϟ MESSAGE : 760 ϟ AVATAR : holland roden. ϟ MULTICOMPTE : velvet baxter. ϟ DISTRICT : sept. ϟ AGE : twenty-one y.o ϟ METIER : mentor du sept. ϟ HUNGER GAMES : non ϟ RÉBELLION : indécis ϟ COMPÉTENCES : SLAVE
Emma A. Wakefield
ADMINISTRATRICE DE DAUGHTER OF FIRE
Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Dim 4 Mar - 18:38
Elle n’y arrivait pas. Le crayon de bois, fin produit du 7 et offert par le Capitole, ratura une énième fois le papier blanc posé en face d’elle, sur la table en chêne. Emma s’affaissa contre le dossier de la chaise, sur laquelle elle était assise depuis maintenant deux heures, et soupira bruyamment. Elle détestait ça. Habituellement, les mots venaient rapidement, créant des vers intéressants bien que par la suite remaniés par le Capitole. Ecrire des paroles n’était pas si contraignant dès lors qu’elle trouvait l’inspiration. Souvent, ses muses n’étaient rien d’autres que quelques personnes qu’elle avait rencontrées depuis sa victoire, il y a un an. Mais Emma avait vécu une période à vide et la vivait toujours, l’Expiation avait cet impact sur tout le monde, spécialement sur les vainqueurs rescapés. Lorsqu’elle avait appris qu’elle était l’une des filles éligibles à la soixante-quinzième édition, la blonde n’en avait plus dormi. Elle avait passé des nuits entières, enfermée dans sa chambre de vainqueur à composer encore et toujours. Des chansons où ne se mêlaient que dégoût, crainte pour l’avenir, et fatalisme. Des paroles choquantes pour une fille aussi crédule qu’elle, et surtout hautement révolutionnaires, s’était-elle rendu compte à l’aurore. Mais Emma n’avait osé les jeter, grandement influencée par Hestia Brown, sa mentor. C’était d’ailleurs son nom qui avait été tiré du bocal en verre ce jour-là. Le soir même, Emma s’enfermait à nouveau dans la chambre du train qui les emmenait au Capitole, écrivant encore sans pouvoir arrêter sa plume. Elle faisait une piètre mentor pour Hestia. Mais cette dernière ne semblait guère s’en soucier, profitant allègrement de ses derniers jours en compagnie de ses véritables amis, d’autres vainqueurs traumatisés comme elles.
Ce fut seulement lorsqu’elle assista à la mort de sa chère et tendre Hestia, que son crayon avait fait une rature, pour la première fois. Le syndrome de la page blanche la hantait depuis un mois à présent, un mois sans aucune pensée pour la musique. C’était comme si son talent était mort avec son mentor, dans cette arène impitoyable. Les deux premières semaines, Emma ne s’en était guère préoccupée. Ses prestations étaient réservées à quelques Capitolins, lors des soirées mondaines dont ils raffolaient tant. Son talent, qu’ils disaient, était un symbole parfait de son district. Cela faisait si longtemps qu’ils n’avaient pas eu de vainqueur dans le 11, le district où le chant était une activité comme une autre, grâce aux innombrables mockingjays, que c’était naturel pour elle de devenir une de leurs chanteuses.
C’était la veille qu’Emma avait pris conscience de l’état dans lequel elle était. Lorsqu’Aude, âgée de quatorze ans, était venue s’occuper de la maison de vainqueur offert à la blonde. Quand l’adolescente lui avait naïvement demandé si elle allait repartir pour le Capitole bientôt. Le Capitole. Elle ne pouvait pas les éviter éternellement. Sans nouvelles chansons écrites, ils viendraient à exiger, puis à s’impatienter. Selon Emma bien sûr, les Capitolins seraient juste…déçus. Pour autant, elle ne tenait pas à ce qu’ils apprennent la raison de son absence de créativité.
Elle n’en avait parlé à personne, et pour dire vrai : cela la pesait. Un psychologue du Capitole lui aurait sans doute expliqué qu’il s’agissait-là d’une réaction naturelle, qu’elle subissait simplement le syndrome du survivant. Mais, Emma n’était pas au Capitole. Alors, elle était restée éveillée la nuit entière, se forçant à écrire. En quelques heures, des boules de papiers chiffonnés s’étaient amassées autour d’elle, puis la fatigue avait gagné, emportant Emma au pays des songes. Une fois réveillée, la panique s’était insinuée doucement en elle. Les choses étaient plus sérieuses qu’elle ne le pensait. Après s'être douchée, elle ne prit même pas la peine de prendre un petit déjeuner équilibré, qu’elle sortait de cette demeure, située dans un village vide et hanté par Hestia Brown. La jeune blonde erra dans les rues désertes, avant que ses pas ne la dirigent vers le centre de la ville. Des pacificateurs étaient déjà présents, tout comme les paysans, et autres habitants du district. Elle salua ceux qu’elle croisait, de ce sourire pétillant qu’elle réservait à tout le monde. Aucun d’entre eux ne la connaissait assez pour apercevoir que sous cette fausse gaieté, un mal plus sérieux la rongeait. Qu’une lueur de fatigue habitait ses iris noisette, et tirait légèrement ses traits fins.
Ce fut lorsqu’elle vit Prudence qu’Emma réalisa la seule solution possible à son mal être. La brune ne remarqua aucunement la vainqueur, qui se trouvait bien trop loin. Et même si cela avait été le cas, la blonde n’aurait certainement pas été la rencontrer, sachant pertinemment que Prue s’apprêtait à pénétrer sur son lieu de travail. Aucun retard n’était toléré par les pacificateurs. Pour autant, la seule silhouette de son amie lui permit de comprendre que le seul remède à son problème était un Dash. Kenneth. Lui seul pourrait panser ce mal être qu’elle ne parvenait à guérir d’elle-même. L’inspiration ne la quittait jamais dès qu’elle pensait au jeune homme. Quelques romantiques auraient probablement affirmé que l’amour pouvait vaincre le pire des maux, dans tous les cas, les sentiments de la blonde à son égard seraient sans doute assez puissants. C’était indéniable.
Néanmoins, un autre problème tout aussi épineux existait. En effet, Emma avait toujours fait en sorte d’éviter la fermette des Dash, depuis sa victoire. La culpabilité qui la rongeait à chaque fois qu’elle assistait au quotidien si modeste de cette famille qu’elle chérissait tant, l’étouffait de remords. Des remords qui rongeaient son cœur, tout son être, à tel point que cela lui en donnait des vertiges. Un poids immense dans sa poitrine l’empêchait de respirer proprement, et elle avait fini par comprendre que plus elle restait loin de la ferme, mieux elle se sentait. Pour autant, cela n’avait pas signifié la fin de son amitié avec Prudence, et même de Kenneth, avec qui elle s’était rapprochée ostensiblement depuis ses Jeux. Imaginer une Emma sans un Kenneth était comme imaginer un ciel sans soleil, une nuit sans lune, la Terre sans Oxygène. Ils se connaissaient depuis si longtemps qu’Emma n’aurait jamais eu la force de s’éloigner de son nouvel ami, un rapprochement certes platonique mais dont elle rêvait depuis presque deux ans.
Elle ferait avec, décida la jeune blonde, alors qu’elle empruntait le chemin en direction de la demeure des Dash. Le désir de voir Kenneth était bien trop puissant pour qu’une amoureuse transie puisse y résister. Et elle ne le regretta aucunement lorsque, au bout d’une dizaine de minutes, elle aperçut la silhouette carrée de celui qu’elle aimait, au loin. Inconsciemment elle accéléra le pas, manquant plusieurs fois de trébucher sur les pavés.
Ce fut seulement une odeur nauséabonde, celle du purin, qui fit ralentir la jeune femme, alors qu'elle posait sa main sur la clôture en bois. A seulement quatre ou cinq mètres environ de Kenneth, l'odeur était si forte qu'Emma se stoppa entièrement.
« Fait chier, bordel ! Je pourrais pas avoir un peu de chance, pour changer ? »
La jeune fille sursauta, pensant que cela lui était adressé. Elle se reprit bien vite, Kenneth ne l'avait certainement pas entendu approcher - après tout, sa discrétion avait été un atout majeur lors des Jeux de la Faim. Si un carrière ne l'avait pas entendu approcher, pourquoi Kenneth aurait-il pu ?
Toujours silencieuse, Emma observa le dos et les cheveux bruns du garçon. Son coeur s'accéléra, mais elle parvint admirablement bien à contrôler l'adrénaline qui parcourait son corps, tout comme le poids inconfortable qui comprimait sa poitrine. Garder les apparences était un domaine dans lequel elle s'améliorait de jour en jour, grâce au Capitole. Ainsi, ce fut avec un sourire et un nez adorablement froncé qu'elle accosta Kenneth.
« C'est quoi cette odeur ? On dirait que tu t'es jeté dans du purin. » A l'instant même où elle termina sa phrase, la jeune femme remarqua enfin la tâche foncée sur le pantalon du garçon alors qu'il se retournait. « Oy, salut le bouseux ! » le salua-t-elle sérieusement, avec un accent du district 10, qu'ils avaient déjà entendu chez les tributs éleveurs dans les éditions précédentes. C'était une simple plaisanterie, un souvenir de leur enfance, lorsqu'ils avaient regardé ensemble quelques interviews de tributs du 10 de certaines éditions.
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Dim 4 Mar - 22:50
I'll put on a wild show for you
Énervé, soupirant toutes les trois secondes, Kenneth tirait sur son jean, vers le bas, afin qu’il ne bouge pas, tandis qu’il frottait énergiquement la zone souillée avec son chiffon grotesque. Il serait certainement bon à jeter après un coup pareil. Quelques larmes d’énervement vinrent perler aux coins des yeux du jeune Dash. Comme toujours, il se montrait très émotif. « Une vraie fillette », pouvait-il presque entendre ses anciens camarades du lycée commenter. Était-ce vraiment pour cela qu’il était né ? Pour se rouler, littéralement, dans les excréments, à barboter joyeusement dans la fange de la population, sans jamais vivre et en travaillant pour que d’autres puissent profiter de l’existence qu’il gâchait, piéger dans l’enceinte de son district affamé ?
Il s’apprêtait à tremper son tissu salit dans l’eau de son petit seau cabossé en fer quand il entendit derrière lui une voix claire, légère et toujours aussi jolie résonner et même l’interpeller.
EMMA – « C’est quoi cette odeur ? On dirait que tu t’es jeté dans du purin. »
Son cœur manqua un battement, infime en temps. Cependant, ce battement manqué lui sembla durer une éternité. Comme si le simple fait de reconnaître la voix d’Emma – Emma, bon sang ! – avait le pouvoir de faire chuter son cœur si bas qu’on aurait dit qu’il partait pour s’écraser du sommet d’une falaise monstrueusement haute. Et ensuite, à la fois paresseusement et soudainement, son cœur redémarrait, fougueux, revitalisé par ce son familier, ce petit ton complice. Emma était là, à la fermette des Dash. Elle devait savoir qu’il n’y avait que lui et elle venait tout de même. Elle venait le voir lui ! Il vécut cette ridicule, minuscule seconde intensément et se redressa vivement, laissant tomber son chiffon à côté du seau, prêt à se retourner pour saluer la jolie blonde.
EMMA – « Oy, salut le bouseux ! »
Tout y était. L’humour. L’accent. La moquerie taquine qui laissait entendre qu’ils étaient proches. Un autre battement perdu dans le temps. Et à la seconde où son cœur se remis en marche, alors qu’il ne s’était retourné et qu’il contemplait la jeune O’Bràdaigh avec une tête ridicule où se lisait l’étonnement de la voir ici, il fit un pas en avant – en direction de l’inatteignable, défendue, jeune femme – et se prit les pieds dans l’abreuvoir en granit, immobile et virtuellement indescriptible. Kenneth battit des bras pendant une fraction de seconde, brassant inutilement l’air autour de lui en se donnant ainsi l’air étrange d’un poussin essayant de voler, alors même qu’il en est incapable, et, ultimement, tomba, bizarrement courbé avec le torse en avant, dans l’abreuvoir. Ses mains, toujours en l’air à cause de sa tentative inutile de stabilisation par mouvements de moulinets frénétiques, ne purent pas le rattraper. Son torse heurta violemment la pierre dure et rugueuse, faisant exhaler un grognement de douleur réprimé au jeune homme, tandis que ses jambes volaient en l’air un bref instant avant de retomber dans l’eau. Enfin, ses mains vinrent attraper les bords épais de l’abreuvoir et empêcher sa tête de cogner durement contre la pierre.
Sa première pensée fut « je ne survivrais jamais aux Jeux de la Faim ». La seconde, presque instantanément après, fut d’ordre pratique : « il faudra changer l’eau des chèvres », car celle-ci venait d’être souillée par le reste de purin qui était toujours accroché au pantalon de Kenneth, lequel trempait désormais dans l’eau des bêtes. Le jeune homme s’en voulu immédiatement de penser comme cela : la menace des jeux allait même jusqu’à lui dicter son mode de pensée lors de sa vie de tous les jours. La préoccupation pour les jeux figurait sur le haut de sa liste de priorité. Il n’avait pas le droit de penser comme cela, pensa-t-il furtivement, plus maintenant qu’Emma, elle, avait vraiment connu cette épreuve. Y penser serait comme dénigrer la réelle expérience qu’elle en avait faite.
KENNETH – « Aïeuh … Emma. Quelle idée de popper derrière les gens, comme ça. »
Geignit-il en lançant une œillade accusatrice à la jeune femme. Il exagéra ce regard réprobateur de telle sorte qu’elle sache parfaitement qu’il ne lui en voulait pas. Néanmoins, il ne put empêcher le rouge de lui monter aux joues. Comme si ça n’avait pas suffit qu’elle le voie, couvert de crotte de vache, elle devait également assister à sa déconfiture tandis qu’il s’étalait presque littéralement à ses pieds. Il n’attendit pas qu’elle l’aide à se relever ou fit un geste vers lui. Sa fierté masculine – ou, du moins, le peu de fierté tout court dont il était pourvu – ne l’aurait jamais toléré. De plus, il ne pouvait décemment pas laisser Emma le toucher alors qu’il avait touché avec ses mains nues le torchon qui lui avait servi à partiellement frotter le purin de son pantalon.
Quelque Capitolin aurait peut-être pensé à ce stade que le suicide serait mieux que de se redresser et affronter le regard de la Belle. Néanmoins, la préoccupation majeure de la vie de Kenneth était de rester en vie. Toute pensée de ce genre lui était donc inconnu et, au lieu de cela, il se contenta d’enjamber l’abreuvoir, poser un pied sur la première barre en bois de la clôture qui le séparait de la demoiselle, et envoyer sa jambe par-dessus celle-ci, pour passer de l’autre côté. Il tomba lourdement à un mètre environ de la blonde et lui lança un petit sourire gêné. Que dire ? Que faire ? Il ne pouvait pas lui faire la bise, dans cet état, pas la prendre dans ses bras, pas la toucher. Il ne pouvait que parler. Et les mots étaient loin d’être le fort de Kenneth. Il s’empêtrait en essayant de les manier. Et il était toujours gauche et décalé en présence de l’ami de sa sœur. Les deux ensemble lui firent ouvrir et fermer la bouche deux trois fois – comme un poisson, heureusement qu’il n’y avait personne du quatre aux alentours pour avoir l’idée de venir le pêcher avant de l’éviscérer – avant de finalement trouver ses mots et parler, rougissant de plus en plus au fur et à mesure que les syllabes s’échappaient de ses lèvres fines.
KENNETH – « Salut la chanteuse. Accessoirement, hein. »
Nul. C’était pourri. Il venait de réaliser qu’il ne l’avait pas saluée et essayait de retomber sur ses pattes. Mais c’était nul. Vraiment grotesque. Et d’où sortait cet accessoirement, hein qu’il avait lâché ? Pouvait-il être plus con devant la femme que son cœur avait toujours tant désirée ? Il en doutait sérieusement. En plus il était là, devant elle, les bras ballant, trempé et puant. Cela n’avait pas du tout l’air naturel. Ça n’allait pas. Comme toujours, quand un silence qu’il ne savait pas comment meubler menaçait de s’installer entre eux – ou qu’il pensait qu’il allait s’installer – Kenneth pensait à toute vitesse, laissant ses idées se bousculer, se mélanger et ressortir par sa bouche et ses gestes de manière absolument incongrue. C’est ainsi que, pensant à l’urgence d’être plus présentable, se laissant porter par le désir de pouvoir toucher Emma et ressentant le besoin indescriptible de dire quelque chose pour al faire rigoler, sortit de sa bouche des paroles inconcevables pour lesquelles il se gifla mentalement presque instantanément :
KENNETH – « Ça te dérange si j’enlève mon pantalon ? Il fait pas froid, mais il y a un petit vent et je voudrais pas attraper la mort. »
Dans le même temps, ses bras avaient quitté leur position statique et sa main s’était portée près de son bas-ventre. Son pouce glissait déjà sous la bordure du jean, entre le tissu rugueux du pantalon et celui doux du coton de son caleçon, pour amorcer le geste lui permettant de déboutonner son vêtement trempé. Son autre main était, de son côté, partie se poser sur un piquet de la clôture. Elle lui servait ainsi d’appui, tandis qu’il appuyait son talon droit contre sa cheville gauche, faisant glisser, grâce à la traction de son talon tirant contre son tibia, sa chaussure. Elle tomba sur le sol avec un petit ‘boum’ discret qui alarma Kenneth comme aucun autre son n’aurait su le faire.
Mais qu’est-ce qu’il était en train de faire, bordel ? Il se déshabillait devant Emma, sans attendre son avis ! Il devait être fou ! Sa tête avait dû cogner le bord de l’abreuvoir, pour finir. Si fort qu’il n’en avait pas de souvenir.
Il rougit davantage encore, si c’était possible.
1401 mots
Dernière édition par Kenneth E. Dash le Lun 5 Mar - 9:35, édité 1 fois
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Emma A. Wakefield
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Dim 4 Mar - 23:52
❝ I can lie to you all my days, but you're the one, you're the one and I'm a fool for waiting so long to let you know ❞
C’était toujours une sensation étrange, l’amour. Le cœur qui battait à un rythme effréné, élancé dans une course folle que même la raison ne parvenait à contrôler, ce mal de tête excitant qui vous embuait les idées, et vous donnait l’envie de rire stupidement. Tous les sens d’Emma étaient en alerte, ses nerfs s’amusant à crisper tous ses membres. Mais la jeune femme était fière. Fière que personne n’ait jamais remarqué l’état affolant dans lequel Kenneth la mettait à chaque fois. Arborant son sourire habituel et une posture tranquille, elle parvenait à tromper n’importe qui. Ce qui s’avérait particulièrement paradoxal, puisque la jeune femme rougissait et balbutiait aisément dès qu’elle était en présence d’un de ces ténébreux et charmants Capitolins.
Son amour pour le métayer était doux, stable, et tendre. Il n’avait rien de cette passion dévorante qui lui faisait tourner la tête. Sans doute était-ce pour cette raison que ses sentiments perduraient dans le temps, contrairement aux flammes passionnelles qui finissaient par s’éteindre aussi vite qu’elles étaient apparues. Ou peut-être était-ce parce qu’elle le connaissait depuis des années, que la tendresse et la douce affection réussissaient à contenir la lueur passionnée qui l’habitait ? La deuxième hypothèse semblait la plus véridique.
Pour autant, Emma ne put s’empêcher de prendre une brusque inspiration lorsqu’elle croisa le regard étonné de Kenneth. Ses yeux chocolat, cette manière dont ils pétillaient toujours étaient dévastateurs. Sa niaise observation fut cependant de courte durée lorsqu’elle le vit tomber. L’émotion qui la saisit fut alors tétanisante, et Emma eut un hoquet de surprise, poussant une exclamation horrifiée alors qu’elle regardait impuissante le vol plané du pauvre garçon. Le splash caractéristique de l’eau la fit réagir, et elle osa faire quelques pas avant de s’immobiliser en entendant le grognement de Kenneth. Inquiète, la jeune fille se mordit douloureusement la lèvre inférieure, tandis que ses pas piétinaient le sol dur et sec.
« Aïeuh … Emma. Quelle idée de popper derrière les gens, comme ça. »
Même si aucun reproche ne se lisait dans le regard de Kenneth, la blonde lui offrit un sourire d’excuse, presque douloureux. Elle désirait ardemment s’excuser de l’avoir surpris, mais surtout de ne pas l’aider à se relever. Mais Emma se souvenait parfaitement de s’être élancée à la rescousse de Dale, un garçon de son âge, alors qu’il avait lamentablement trébuché et était tombé sans aucune dignité au sol, quatre ans auparavant. Emma avait accouru vers lui avant qu’il ne la repousse violement, devant un groupe d’adolescents. Le soir même, Grace avait ri face à la naïve incompréhension de sa cadette, et lui avait expliqué qu’une femme devait toujours avoir conscience que l’égo d’un homme était facilement blessé, et que, si elle désirait rester dans ses faveurs, il valait mieux caresser cette fierté mal placée. Les mâles, avait-elle dit, n’étaient qu’une espèce primitive qu’il était facile de dompter avec un peu d’intelligence et de diplomatie.
Or, Emma voulait définitivement rester dans les faveurs de Kenneth. Alors elle resta immobile, lorsqu’il se redressa seul de l’abreuvoir.
« Salut la chanteuse. Accessoirement, hein. »
Emma arqua un de ses sourcils fins, face au malaise palpable du garçon. Pourtant, elle n’en s’en préoccupa guère outre mesure. Kenneth était souvent maladroit et rougissant – du moins, à chaque fois qu’elle le voyait. La jeune femme avait donc assumé qu’il s’agissait là d’un trait caractéristique à l’adolescent, rien de bien déconcertant lorsqu’on en prenait l’habitude. Cela en était adorable même.
« Ça te dérange si j’enlève mon pantalon ? Il fait pas froid, mais il y a un petit vent et je voudrais pas attraper la mort. »
Que venait-elle de penser déjà...oh adorable, lui ? Emma écarquilla les yeux, haussant par la même occasion ses sourcils. Que venait-t-il de dire ?! Elle le fixa un instant sans ciller, ne sachant si son esprit lui jouait des tours. Il n’avait pu décemment lui demander si… ? Sa stupéfaction fut de courte durée, puisque le jeune homme prit appui sur la clôture et enleva l’une de ses chaussures. Le bruit de cette dernière sur le sol fut comme un électrochoc pour Emma, qui tourna alors vivement le dos à Kenneth. Ses cheveux blonds virevoltèrent, mouvement accentué par le léger vent qui s'était mis à souffler, l'une de ses mèches venant se loger entre ses lèvres.
« Oui, bien sûr. » répondit-elle d’une voix aiguë, alors qu'elle soufflait sur la mèche. Une grimace apparut sur son visage lorsqu’elle réalisa le couinement pitoyable qu’elle avait laissé échapper. Son malaise était évident, elle ressemblait à une adolescente excitée face à son premier flirt, surtout lorsqu’elle se mit à glousser sans parvenir à s’arrêter. Stupide, stupide, |i]stupide[/i]. « Mais tu ne vas pas rester en caleçon, tout de même ? Tu devrais tout de suite aller prendre un pantalon de rechange.» Ne parvenant à stopper ses gloussements, la jeune fille pencha légèrement sa tête vers la gauche, de manière à ce que Kenneth puisse apercevoir son visage de profil. Cependant, elle continua à fixer le sol sec du champ, l’idée de le voir à moitié nu la tentant plus qu’elle ne l’aurait voulu. Le rouge lui montait aux joues, elle détestait ça. Pourquoi ne parvenait-elle pas à contrôler ses émotions ? Rester l’Emma habituelle serait plus simple pour tout le monde, surtout pour Kenneth. Que penserait-il en la voyant si effarouchée ? Si décontenancée par la simple idée de voir une parcelle de sa peau ? La penserait-il prude ou intéressée ? Ou pis encore, penserait-il qu’elle se moquait de lui ?
Emma avait toujours été fière de réussir à rester aussi composée devant lui. De ne montrer aucun signe qui pouvait laisser penser qu’il lui plaisait. L’Emma qu’il avait connue il y a quelques années était exactement la même depuis qu’elle avait réalisé que ses sentiments envers lui n’étaient pas entièrement platoniques. Elle se devait de les ignorer, de les étouffer. En effet, un an et quelques mois, - presque deux ans - les séparaient seulement, mais la jeune femme avait toujours ressenti que son amour pour lui n’avait pas lieu d’être, que ses sentiments étaient malsains. Etrangement, Kenneth gardait toujours cette part d’innocence en lui, ce côté enfantin qu’elle lui avait toujours connu et qui l’avait empêchée pendant des années de le voir autrement que comme le petit frère d’une de ses meilleures amies. Alors être amoureuse du petit garçon inoffensif qu’elle voyait en lui avait ce quelque chose d’ignoble, presque tabou. La maladresse que Kenneth venait de montrer, tout comme ses rougissements et balbutiements ne faisaient que renforcer cette impression désagréable.
« Si Prue arrivait, elle croirait que j’ai l’intention de violer son innocent et pur petit frère. » continua-t-elle, avec un léger rire. « La Capitoline dépravée voulant dévergonder le petit garçon. » Au fond, n’était-ce pas ce que ses sentiments pour Kenneth laissaient croire ? C’était un amalgame facile à faire, et même l’image faussée que le Capitole l’avait forcée à endosser ne pouvait excuser Emma. Avec cette plaisanterie, la jeune fille espérait alors que Kenneth suive cette pensée. Que l’idée qu’Emma puisse se sentir émoustillée par un Dash dévêtu était risible. Elle avait passé tant de temps à lui faire croire qu’il n’était rien d’autre que le simple petit frère à ses yeux, qu’elle espérait sincèrement qu'un simple rougissement n’allait pas remettre tout en cause.
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Mer 14 Mar - 12:43
EMMA – « Oui, bien sûr. »
La réponse d'Emma fit sourire Kenneth. Se rendait-elle compte de ce qu'elle disait, d'à quelle question elle répondait ? Sa phrase, prise au pied de la lettre, voulait dire que cela la dérangeait. Kenneth en rigola presque, quand il entendit la glapissement d'Emma. Elle s'était retournée. Quelque part, même s'il avait bien conscience que ça n'en valait pas la peine, le jeune homme se sentit vexé de ce geste. À tout le moins pensait-il qu'Emma et lui étaient bon amis. Et était-on dégoûté par ses amis ? Il ne lui semblait pas ... Alors il ne comprenait pas pourquoi elle ressentait ainsi le besoin de se détourner de lui. Ce n'est pas comme s'il y avait un jour eu quoique ce soit d'ambigu entre eux. Jamais. Pas une seule seconde.
Il fit valser son autre chaussure et abaissa son pantalon d'un geste rapide jusqu'au genou, quand Emma poursuivit :
EMMA – « Mais tu ne vas pas rester en caleçon, tout de même ? Tu devrais tout de suite aller prendre un pantalon de rechange. »
Sa remarque fut accompagné de quelques gloussement qui firent levé un sourcil étonné à Kenneth : Emma glousse ? Dernière nouvelle. Il ne l'avait jamais entendue glousser auparavant et ça avait toujours été quelque chose qui plaisait profondément à Kenneth. Bien qu'Emma soit quelqu'un de bon et d'innocent, elle était loin d'être une dinde et elle ne gloussait pas. Elle riait. Alors si elle en venait à affecter ce petit rire niais des filles sans cervelle, c'est que vraiment la situation devait la mettre mal à l'aise. Kenneth s'en sentit immédiatement coupable et baissa les yeux, honteux, sur ses pieds, tandis qu'il faisait passer ses pieds dans les trous de son pantalon, en soutenant une cheville avec sa main et en tirant le bout de tissu avec l'autre main. Il répéta l'action avec son autre jambe et retira son pantalon, qu'il tint droit devant lui. Il était trempé et le jeune Dash en ressenti une profonde honte. Il avait toujours eu un talent particulier pour se rendre ridicule devant Emma. Toute sa vulnérabilité ressurgissait, l'enveloppant quand il était devant elle. Il avait l'impression d'être toujours le même gosse maladroit qui lui faisait un baise-main inapproprié dans le regard d'Emma. Et ça le perturbait à chaque fois.
KENNETH – « Ne t'inquiète pas, Emma. Rester en caleçon serait à peu près aussi bête que de rester en pantalon mouillé. Prue met régulièrement dans un coffre des affaires de rechange pour moi. Au cas où. Tu n'auras donc pas à supporter de me voir en caleçon. »
Son ton était léger et légèrement plaisantin, mais au fond de lui-même, Kenneth se sentait profondément désolé d'infliger une telle gêne, un tel embarras à la douce Emma. Il voulait la rassurer. De là où il était, il pouvait voir le profil magnifique du visage de la jeune femme. Il pouvait voir ses joues rosées, son regard délicatement baissé vers le sol. Il n'y aurait jamais rien d'ambigu entre eux. Elle détournait chastement le regard, plutôt que de le regarder comme on regarderait un ami. Il était sûrement une sorte ou une autre de petit-frère pour elle. Il avait sans doute fait le bon choix de se fiancer à Nirvana. Emma était dans un autre monde, celui de la gloire, désormais, et elle ne pourrait plus avoir d'intérêt pour un simple métayer. Mais même avant, quelles avaient été ses chances ? Emma était un ange que les garçons voulaient tous. Lui, Kenneth, était plus jeune que celle qu'il aimait et n'avait aucune vie décente à lui offrir. Elle n'aurait pas pu briller de bonheur convenablement à ses côtés. Tout cela était pour le mieux, tenta-t-il de se convaincre.
Il se dirigea vers la barrière en bois et y déposa son pantalon, pour le mettre à sécher. Il prit un soin particulier à l'étendre convenablement, tandis que le léger vent de cette matinée courait sur les jambes musclées, mais rendues fines par la faim périodique, de Kenneth. Il se fit vaguement la remarque mentale que c'était drôle : il sentait moins le froid sur ses mollets. Sûrement le fait de ses poils bruns qui les recouvraient. Cela avait un petit côté singe qui fit pouffer Kenneth tout seul, dans sa barbe inexistante. En quelques enjambées de plus, il passa sur le côté d'Emma pour rejoindre un petit coffre, posé à côté de l'enclos des chèvres. Dedans il y avait un t-shirt brun, simple, un pantalon en toile grossière, très loin d'être attractif et un ou deux outils basique. Rien qu'on puisse vraiment vouloir volé, même si ça arrivait de temps en temps, comme le coffre n'était pas cadenassé. Mais, aujourd'hui, tout était en place. Kenneth sorti l'informe pantalon et l'enfila rapidement, remettant ensuite ses chaussures en s'asseyant sur le coffre.
KENNETH – « C'est bon Emma, tu peux regarder. Je suis habillé, presque propre et décent à voir, maintenant.»
Comme il claironnait la fin de sa phrase, Emma s'adressa à lui.
EMMA – « Si Prue arrivait, elle croirait que j’ai l’intention de violer son innocent et pur petit frère. La Capitoline dépravée voulant dévergonder le petit garçon. »
KENNETH – « Moi je crois plutôt que si Prue arrivait, elle me botterait le cul pour ne pas être au travail. » Dit-il avait un léger rire, bien que ses yeux ne pétillent pas en accord avec le ton de sa voix. Il répondit néanmoins, beaucoup plus sérieux, tentant de capter les yeux d'Emma. « Et elle t'entraînerait sûrement dans la maison, pour discuter. Sans penser à rien de mal, pour la bonne et simple raison qu'elle te connaît et sait que tu n'es absolument pas une capitoline et que tu es loin d'être dépravée. » Le jeune homme, pensait véritablement que c'est ainsi que Prue résonnerait : pensant que son jeune frère avait fait une bêtise maladroite, sans croire à mal. Même s'ils n'en avaient jamais discuté, le jeune homme pensait savoir que Prue pensait comme lui : que leur amie commune était loin d'être une femme fatale telle que décrite par le Capitole. Et le simple fait de dire que Prue ne le pensait pas laissait passer l'idée que Ken lui-même ne le pensait pas, vu qu'il était celui qui le disait.
Franchement, la jeune Ó'Bràdaigh, une sirène séductrice et fatale ?
Kenneth rigola assez fort à cette idée, tellement elle semblait absurde. Certes, Emma avait été montrée comme cela après les Jeux, mais, elle, être une allumeuse ? Sérieusement, qui allait vraiment croire une énormité pareille ? Parfois Ken doutait, mais ça ne durait jamais vraiment longtemps. Ca ne collait simplement pas. Il avait sincèrement du mal à le croire. En y réfléchissant bien, le jeune Dash ne pensait pas l'avoir jamais vu draguer quelqu'un. Et elle était là, rougissant et gloussant en voyant un ami d'enfance enlever son pantalon, allant même jusqu'à lui tourner le dos. Qui, face à cette Emma, douce et innocente, aurait pu penser qu'elle était une croqueuse d'homme vicieuse ?
KENNETH – « Néanmoins, Prue ne rentrera pas, parce qu'elle est au travail. Et tu sais pourquoi ? Parce que c'est une adulte, maintenant. Et même si ça ne se voit pas, car je suis "à la maison", je suis au travail aussi, parce que je suis aussi un homme, maintenant. »
Rajouta-t-il, essayant vaguement de mettre une touche d'humour dans le ton de sa voix, mais échouant lamentablement. Il ne voulait pas qu'Emma le voie comme un gosse. Il prenait soin de sa famille en très grosse partie, avait commencé tôt et avait pris sur lui plein de tesserae, se mettant lui-même en danger. Le traiter de gosse était presque une insulte. était-ce mal d'être un homme qui n'aime pas la violence, mais préfère la douceur ? Devait-il s'entraîner pour les Jeux, devenir une sorte de machine à tuer pour qu'on cesse de le voir comme un enfant ? Car ce n'était pas juste la belle blonde qui pensait ainsi, mais tout le monde. Un homme était grand, fort et crachait par terre en se sentant supérieur aux femmes. Kenneth était petit, musclé mais pas bâti comme une armoire à glace, et il aimait les plaisirs simples. Bien sûr, l'un dans l'autre, associés avec sa naturelle maladresse, il faisait moins viril. Mais ce n'était pas parce qu'il ne roulait pas des mécaniques et qu'il était plus distrait qu'un autre qu'il valait moins.
KENNETH – « Il n'y a pas de petit garçon ici, au champ, avec nous, Emma.»
Dit-il en faisant claquer ses mains sur ses cuisses, avant de les frotter pour se réchauffer. Il se leva ensuite et avança droit vers la jeune vainqueur, plantant ses yeux bruns dans ceux noisette de la demoiselle. Il fit un sourire joueur et continua :
KENNETH – « Au pire, croira-t-on que c'est moi qui te fais des avances et ton honneur sera intact. »
Son ton taquin et son regard verrouillé à celui de la blonde rendirent la scène très tendue, pour Kenneth. Il résista à la tentation de s'éloigner, gêné, et resta à la place quelques secondes à contempler les yeux délicats de celle qu'il avait toujours aimée. Avait-elle quelqu'un dans sa vie, pour l'instant ? C'était égoïste, alors qu'il était lui-même fiancé, mais il espérait sincèrement que non. Il détacha finalement ses yeux de ceux de la jeune femme en toussotant légèrement. Il fit un léger pas en arrière, pour agrandir la faible distance qui les avait séparés, sentant toujours des décharges électriques parcourir sa peau, partout où il avait senti la chaleur émanant du corps, à quelques centimètres du sien, d'Emma. Il se força à respirer profondément, le plus calmement possible, alors qu'il sentait son rythme cardiaque augmenté, de paire avec sa honte. Il se força à imaginer dans sa tête la vieille institutrice du onze, qui devait bien avoisiner les quatre-vingts ans, en maillot de bain.
KENNETH – « Ceci dit, qu'est-ce qui t'amène de beau par ici ?»
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ϟ 1ERE MOISSON : 01/02/2012 ϟ MESSAGE : 760 ϟ AVATAR : holland roden. ϟ MULTICOMPTE : velvet baxter. ϟ DISTRICT : sept. ϟ AGE : twenty-one y.o ϟ METIER : mentor du sept. ϟ HUNGER GAMES : non ϟ RÉBELLION : indécis ϟ COMPÉTENCES : SLAVE
Emma A. Wakefield
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Lun 26 Mar - 21:30
« Ne t'inquiète pas, Emma. Rester en caleçon serait à peu près aussi bête que de rester en pantalon mouillé. Prue met régulièrement dans un coffre des affaires de rechange pour moi. Au cas où. Tu n'auras donc pas à supporter de me voir en caleçon. »
Il n'avait dit cela que sur le ton de la plaisanterie, continuant le manège hypocrite de la jeune femme. Pourtant, Emma fut blessée de l'entendre confirmer ce fil de pensée. C'était idiot de réagir ainsi, après tout n'avait-elle pas elle-même initié cela ? Lorsqu'elle entendit Kenneth s'approcher de la barrière, elle prit le soin de l'étudier soigneusement. Elle ne voyait guère son visage, mais la simple vision des mains du garçon sur la barrière en bois lui suffisait. Elle observa silencieusement Kenneth étendre le pantalon. Et par tous les Saints, elle se sentait si mal à l'aise. Voilà que ses pensées se mettaient à fantasmer sur les simples doigts du jeune homme ! Emma secoua légèrement la tête et vrilla son regard acier droit devant elle. Oublier, tenter d’oublier. C’était impossible.
(...)
« Je crois plutôt que si Prue arrivait, elle me botterait le cul pour ne pas être au travail. » Emma eut un sourire en coin, alors qu'elle se retournait doucement pour faire à nouveau face à Kenneth. « Et elle t'entraînerait sûrement dans la maison, pour discuter. Sans penser à rien de mal, pour la bonne et simple raison qu'elle te connaît et sait que tu n'es absolument pas une capitoline et que tu es loin d'être dépravée. »
Le sourire de la jeune femme s'adoucit, tout comme son regard lorsqu'elle croisa les prunelles du garçon. Un regard où se lisait une parfaite sincérité. Il savait distinguer le vrai du faux, Emma pouvait être qui elle était réellement avec lui.
C'est en partie pour ça que je l'aime.
Les muscles de la jeune femme se figèrent, ce que ne sembla guère remarquer Kenneth. Pourtant, l'épiphanie qu'elle venait d'avoir était si terrassante qu’elle en coupa sa respiration. Il n'y avait rien de plus vrai, de plus facile à reconnaître que son amour pour lui. Emma n’avait jamais réellement réalisé cela, jusqu’à cet instant. Elle l'aimait pour ces petites choses qui faisaient de Kenneth ce qu'il était, la confiance presque aveugle qu'il plaçait en elle n'en constituant qu'un exemple parmi tant d'autres. Elle l'aimait. Cela la brûlait, la rongeait de l'intérieur.
« Néanmoins, Prue ne rentrera pas, parce qu'elle est au travail. Et tu sais pourquoi ? Parce que c'est une adulte, maintenant. Et même si ça ne se voit pas, car je suis "à la maison", je suis au travail aussi, parce que je suis aussi un homme, maintenant. »
La vainqueur fronça imperceptiblement les sourcils, étant assez observatrice pour reconnaître le changement de ton du jeune homme. L’avait-elle…offensée ? Blessée ? Pourtant, il devait comprendre la situation de la blonde, n’est-ce pas ? Penser à lui de façon romantique – non, fantasmer était le mot le plus approprié – fantasmer sur un homme qu’on avait vu grandir était perturbant. Ils n’avaient certes que deux ans de différence, pour autant, l’image du petit garçon rougissant était toujours dans un coin de son esprit. Elle se demandait si c’était pire lorsque son esprit lui imposait l’image d’un petit garçon ou d’une fillette qui ressemblait autant à Kenneth qu’à Emma.
« Il n'y a pas de petit garçon ici, au champ, avec nous, Emma. »
Plus il s’approchait, plus l’estomac de la jeune femme se nouait, se tordait en milliers de nœuds impossible à défaire. La façon dont il disait tout cela...Bon sang, c'était presque comme s'il ressentait ce qu'elle ressentait ! Kenneth n'était plus qu'à quelques centimètres...il lui suffisait simplement de...
« Au pire, croira-t-on que c'est moi qui te fais des avances et ton honneur sera intact. »
Emma en avait assez. Ce qu'elle ressentait pour lui était tellement pesant, mais également contradictoire. La honte de ressentir cet amour pour le petit frère, la honte de ressentir cela pour un type déjà fiancé qui ne se souciait probablement pas d'elle, du moins pas comme de la manière dont elle le désirait. Pourquoi l'amour faisait-il aussi mal ? C'était comme le jour où il lui avait rendu visite, quelques temps après sa moisson. Sa gorge se noua, et elle laissa échapper un léger rire las alors que Kenneth s'éloignait d'elle, toussotant. C’était à son tour d’être mal à l’aise. Avait-elle seulement rêvé de cette tension, de ce lien invisible qui les avait liés quelques secondes plutôt ?
« Ceci dit, qu'est-ce qui t'amène de beau par ici ? »
Quelques secondes passèrent, faisant planer un silence qu’Emma ne réalisa guère. Continuant à fixer d’un regard songeur le jeune homme, elle en oublia sa dernière question, toujours concentrée sur sa dernière remarque… «croira-t-on que c'est moi qui te fais des avances et ton honneur sera intact. » Quelle idée, vraiment. Ne voyait-il donc pas ce que son corps entier lui criait ?
« Si tu me faisais des avances, mon honneur n'en ressortirait jamais intact Kenneth. » Répondit-elle, la tête légèrement penchée vers son épaule droite, une lueur songeuse brillant dans son regard noisette fixé sur le jeune homme. Voilà, elle le lui avait dit. Sa phrase restait affreusement mystérieux, et il pourrait le prendre d'une autre manière, mais elle n'en avait cure. Elle lui avait dit qu’elle l’aimait, d'une certaine façon. Mais pourquoi cela ne la soulageait pas ? Pourquoi son rythme cardiaque ne faisait que s’accélérer davantage ? Avait-elle peur qu’il la rejette ? Sans doute. Ainsi, afin qu’il ne puisse guère avoir le temps de répondre à ce message crypté, elle haussa les épaules quelques secondes à peine après sa première phrase, en ajoutant : « Je voulais simplement te voir. » Emma se mordit la lèvre inférieure, et elle expira doucement. « C’est dur d’être un survivant. » souffla-t-elle dans un rire sans joie, alors qu’elle s’adossait contre la barrière en bois, avant de serrer ses propres bras contre elle. Emma n’avait jamais parlé de son expérience dans l’arène, à l’exception de quelques autres vainqueurs qui pouvaient comprendre mieux que quiconque ce qu’elle traversait. Hestia, sa mentor disparue, était la seule habitante du 11 à connaître plus ou moins les véritables états d’âme d’Emma. Cette dernière n’en avait parlé à personne. Pas à ses parents, ni sa sœur, encore moins à Prudence, Gabrielle, ou autres amis. Même pas à Kenneth. « Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Sans vous. » Elle ne savait pas réellement pourquoi elle se mettait à avouer cela, mais elle ne pouvait plus arrêter. Plus maintenant. Et dire que la jeune femme n'était même pas venue pour ça, à la base. « Je voulais juste te dire ça. » Elle passa une main dans sa chevelure blonde. « Enfin, je crois. » rit-elle à nouveau, cette fois plus nerveusement. « Les gens ne disent presque jamais ce genre de choses à ceux qu’ils aiment. Et parfois, ils viennent à le regretter parce qu’il est trop tard. Si les Jeux m’ont appris une chose, c’est bien ça. » Et ça m’a pris plus d’un an pour l’avouer à voix haute. « Tu es vraiment très important pour moi, et j’espère que malgré tout ça… » Emma fit un vague geste de la main. « On restera proche, tous les deux. Parce que, vraiment, je n’imagine pas la vie sans toi. »
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Lun 2 Avr - 0:41
La tension ne disparaissait pas. Penser à l’affreuse institutrice n’aidait pas. Elle ne cessait de se vaporiser dans les airs, quittant ses pensées, remplacée instantanément par l’image qui s’imposait juste devant les yeux de Kenneth : celle d’une adorable blonde, fraîche et figée dans le temps par cet échange confus, intense. Le jeune homme se surprit à penser qu’il aurait aimé que ce moment dure à tout jamais. Ici, à parler avec Emma dans le coin du champ familial, tandis que toute sa famille était absente ; tandis que sa fiancée était absente. Par le simple fait de penser à elle en cet instant, le jeune Dash ressentit un poids tomber sur son corps, sur son cœur et, presque, sur son âme elle-même. Il aimait désespérément une femme qui ne le lui rendrait jamais. Et dans les élans torturés d’une jeunesse qu’il avait eue peur de ne jamais vivre, lui-même s’était déjà engagé envers quelqu’un d’autre, offrant une bague pour sceller cet engagement et mentant sur la dévotion complète de ses sentiments. Kenneth avait honte d’espérer parfois pouvoir reprendre les mots dits à la jolie demoiselle qui lui était désormais promise, reprendre ces mots qui avaient formé ses promesses d’amour éternel, ou de pouvoir dérober la bague de fiançailles qui l’avait privé de nourriture pendant un moment, pour la jeter au loin.
Tous ces désirs que Lexie ne méritait pas. Toutes ces pensées égoïstes, tournées vers une femme qui ne le voyait que comme un enfant. Le silence entre eux s’étirait, comme du miel coulant le long d’une cuiller, pour atteindre sa juste place : une tartine chaude et moelleuse. Le temps s’étirait entre eux, lourd, chaud, brillant de non-dits, pour arriver à l’endroit où toutes ces années les avaient menés : une déclaration à demi-mot
EMMA – « Si tu me faisais des avances, mon honneur n'en ressortirait jamais intact Kenneth. »
La première réaction de Kenneth fut d’être offensé. Il fit même un pas en arrière, prenant un appui lourd sur sa jambe reculée, pour s’empêcher de tomber, comme s’il avait pris un violent coup. Voulait-elle dire par ces quelques mots que ce serait lui faire affront que de lui manifester un quelconque intérêt ? Il le crut si fort que sa souffrance dût se lire un instant sur son visage décomposé, à travers cette bouche déformée par un sentiment à la fois de colère et de détresse profonde. Il inspira, se préparant à formuler quelque plaidoyer enflammé pour défendre son honneur, essayer de réhabiliter son image auprès de la belle blonde, si pas en tant que eligible bachelor, au moins en tant qu’homme digne.
KENNETH – « Comment peux-tu croire que … »
Les idées se bousculaient à une vitesse prodigieuse et impossible à suivre dans la tête du brun, mais il réalisé tout de même confusément ce que ces mots pouvaient dire d’autre. Personne n’était ici pour les voir. En toute logique, plusieurs choses dans le fait que Kenneth fasse la cour pourraient entacher l’honneur de la belle O’Bradaigh. Il y avait d’abord la raison évidente : Kenneth était un homme pratiquement marié et donc, pour ainsi dire, intouchable par les autres femmes. Le fait qu’il s’intéresse à elle aurait donné l’impression, si cela se savait, que ce sont les hommes à femmes, petits coureurs de jupes sous lesquelles ont a facilement un œil qui s’intéressaient à elle, ce qui aurait pu augmenter l’idée qu’Emma était une sorte d’allumeuse ; pire, même, une briseuse de ménage. Mais cela n’aurait pas corrompu son honneur au point qu’il ne puisse jamais être réparé. Kenneth aurait été celui en faute.
A moins que … oui, à moins qu’il y ait eu réponse éventuelle aux avances inconvenantes du jeune Dash. A moins que la belle Emma se soit laissé emporter dans une aventure inavouable. Là, elle aurait été autant à blâmer et son nom n’en aurait probablement jamais été lavé.
Kenneth trembla de la tête au pied sous l’effet d’un frisson qui commença, lent, à la base de sa colone vertébrale, et remonta, de plus en plus rapide et secoué le long de son épine dorsal pour venir faire s’agiter ses épaules. C’est comme si toute la tension accumulée pendant des années d’amour secret et muer avait atteint son paroxysme durant le moment de suspens qu’il y avait eu à l’instant et qu’elle se relâchait maintenant, à travers les propos ambigus d’Emma. Avant que l’esprit de Kenneth n’ait eu le temps de s’adapter à cette probable nouvelle information, son corps était déjà parti loin en avant, se tendant vers la blonde, criant un besoin désespéré de la serrer contre lui. Ses lèvres le picotaient, comme si elles étaient engourdies.
Un baiser les réveilleraient-elles ?
Il fit un pas vers Emma, oubliant tout ce qui avait jamais exister avant ces quelques mots plein des sous-entendus qui scelleraient peut-être à jamais le futur des deux jeunes gens, oublieux également du futur qui les accablaient tous deux de mille responsabilités. Il était prêt à faire le premier pas, se jeter sur elle, avec plus d’instinct que de raison, poussé par ce besoin viscéral de lui faire savoir par des gestes combien il l’aimait. A ce stade, l’amour était un sentiment presque trop sophistiqué pour ce qui animait le corps ardent du jeune homme. La passion, le besoin dévorant de donner une réalité au fantasme de sa vie avaient pris le dessus. C’était l’homme qui est plus proche de la bête que de l’esprit.
Il ne fallut qu’une phrase, un mot de la belle pour que tout s’écroule, que ses sens s’amoindrissent, que sa raison reviennent au galop et que la honte ne l’accable. Sa folie de quelques secondes, sa tentative pitoyable pour défendre un honneur qui n’était peut-être en fait même pas remis en cause. Toute cette scène rapide, surréelle, balayée par les mots de cette femme qu’il aimait depuis toujours et le ramenait à la réalité, où ils n’étaient pas ensemble, ne pouvaient pas se toucher.
EMMA – « Je voulais simplement te voir. C’est dur d’être un survivant. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Sans vous. Je voulais juste te dire ça. Enfin, je crois. »
La demoiselle avait l’air de plus en plus décomposée au fur et à mesure qu’elle parlait. Kenneth, encore faiblement sous l’emprise du besoin d’être proche d’elle, observait, avec une acuité dont il ne se savait pas capable avant maintenant, chaque mouvement de la jeune femme : la manière dont elle mordillait ses lèvres, peu sûre de la voie où elle se dirigeait, le rire presque éteint qui échappa de ses lèvres et la façon, presque défaitiste, abattue, qu’elle eut de se laisser aller contre la barrière. Etait-ce un geste qui accompagnait un état d’âme plus général dans sa vie ? Cherchait-elle un appui ? Si oui, pourquoi n’être pas venu plus tôt vers lui ? Kenneth ne pouvait s’empêcher de se sentir misérable à côté d’Emma. Elle avait vécu tant de choses et lui … il n’était qu’un petit fermier. Que pourrait-il bien lui apporter ? Il n’avait pas vécu le quart de ce qu’elle avait traversé. Serait-il jamais capable de la soutenir ?
Ces pensées étaient égoïstes.
La vraie question était : que devrait-il dire à Emma, pour qu’elle sache qu’elle n’était pas seule ? Pour qu’elle se sente épaulée, protégée ? Peut-être que ce qu’il lui fallait, c’était de ce sentir moins spéciale, d’une certaine manière … Il fit un nouveau pas vers elle, lent, sentant qu’il ne devait pas brusquer la jeune femme. Il avait l’impression – même en ne l’ayant jamais vécu – qu’il était face à une biche : innocente, fragile, farouche et curieuse, mais peureuse. Prête à s’envoler dans la nature, sans aucun espoir d’un jour reposer les yeux sur elle.
EMMA – « Les gens ne disent presque jamais ce genre de choses à ceux qu’ils aiment. Et parfois, ils viennent à le regretter parce qu’il est trop tard. Si les Jeux m’ont appris une chose, c’est bien ça. Tu es vraiment très important pour moi, et j’espère que malgré tout ça… On restera proche, tous les deux. Parce que, vraiment, je n’imagine pas la vie sans toi. »
Le tremblement, qui s'était fait léger depuis le moment où Kenneth avait senti une ouverture, s'intensifia à nouveau. Mais l'origine de celui-ci n'était plus de la même nature. Ce n'était pas l'attirance physique qui motivait ce tremblement du corps du jeune homme, mais l'attraction que le coeur de Dash ressentait pour la belle âme d'Emma. Elle avait une façon de dire les choses et de voir le monde qui faisait que, même après tout ce temps, Kenneth restait aussi désespérément amoureux d'elle. Il aurait donné dix fois sa vie pour la rendre heureuse. Il combla le reste de cet espace obsolète qui les séparait et enveloppa la demoiselle dans ses bras, nouant ses mains dans le dos de la belle. Il aurait bien aimé posé sa tête sur les cheveux d'Emma, lui permettant de se mettre dans son cou, mais la vérité était que Kenneth était plutôt petit et le mieux qu'il put faire fut de presser sa joue contre celle de la demoiselle, dans une tentative peut-être ridicule, mais néanmoins spontanée de lui apporter quelque réconfort. Les gestes, la présence, valaient parfois mille fois plus que des mots vains et vides.
KENNETH – « Je n’imagine pas la vie sans mon Emma non plus. Une vie sans soleil n’en vaudrait pas la peine. Je ne veux pas te perdre ou m’éloigner de toi. J’aimerais vivre chaque jour pour te connaître un peu mieux. »
Toutes ces paroles longtemps contenues se bousculaient aux portes de ses lèvres, franchissant le barrage interdit sans passer par le filtre de sa raison. Il disait une phrase après l’autre, sans les connecter de manière explicite, sans rien dire de substantiel, mais en en disant vingt fois trop. Le jeune homme n’avait pas conscience de la moitié de ce qu’il disait. L’avait-il appelée « son » Emma ? Il n’aurait déjà plus su le dire.
Il passa doucement ses mains chaudes le long du dos de la blonde, traçant de larges cercles sur son vêtement, sentant parfois la couture de son soutien-gorge à travers le tissu. Il avait pleinement conscience qu’il tenait une femme dans ses bras, mais pour l’instant, il désirait juste apaiser cette femme, celle qu’il aimait à en perdre la raison..
KENNETH – « Tu n’es pas seule, Emma. Même si c’est différent, ici, nous sommes tous des survivants à notre manière. On ne peut pas comprendre ce que tu as vécu, mais on peut écouter, tu sais. Je veux t’écouter. Tu trouveras toujours dans cette maison quelqu’un pour toi. »
Pendant qu’il disait cela, ses doigts étaient allés d’abord sur les cheveux d’Emma, les caressant doucement, avant de pénétrer leur épaisseur, ces boucles de soleil qui avaient toujours illuminé son cœur. En finissant de parler, sortant toujours des idées confuses, essayant à la fois de rassurer la vainqueur, mais désirant aussi lui communiquer le tabou de ses pensées, malgré lui, il se retrouva à masser le cuir chevelu de la demoiselle, dans un geste apaisant. Son corps était tellement pressé contre celui d’Emma qu’il avait peur de lui faire mal.
Transporté, il se laissa gagné par un geste de pure folie et déposa un baiser chaste, doux et léger comme une plume, mais néanmoins cruellement réelle, sur la joue ronde et rose de la jeune femme.
Il eut honte de son geste, car bien qu’innocent, il se rendit compte en le faisant qu’il était une trahison envers sa fiancée. Qui plus est, il faisait preuve d’une intimité qu’il n’avait jamais eu avec Emma. Il eut peur qu’elle le rejette, le frappe en l’accusant de tirer partie d’elle. Il essaya donc d’attraper les yeux de la jeune femme pour sortir le mensonge le plus distant, le plus ignominieux qu’il aurait jamais pu prononcer :
KENNETH – « Après tout, tu es ma meilleure amie, Ems. »
Ces mots serrèrent le cœur de Kenneth. Ce que, en filigrane, ils voulaient dire c’étaient : non, je ne t’aime pas.
2011 mots
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ϟ 1ERE MOISSON : 01/02/2012 ϟ MESSAGE : 760 ϟ AVATAR : holland roden. ϟ MULTICOMPTE : velvet baxter. ϟ DISTRICT : sept. ϟ AGE : twenty-one y.o ϟ METIER : mentor du sept. ϟ HUNGER GAMES : non ϟ RÉBELLION : indécis ϟ COMPÉTENCES : SLAVE
Emma A. Wakefield
ADMINISTRATRICE DE DAUGHTER OF FIRE
Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Lun 9 Avr - 19:17
Emma avait une sensibilité à fleur de peau. Depuis sa petite déclaration, elle tentait par tous les moyens de maintenir une façade composée. Pleurer devant Kenneth serait assurément humiliant, surtout pour une raison aussi idiote. Pour lui, il ne s’agissait que d’une simple déclaration d’amitié, une dévotion entièrement platonique. Pourtant, elle savait qu’il percevait son malaise à travers ses micro-expressions. Qu’en pensait-il ? Doutait-il que ses mots avaient un sens plus profond que ce qu’ils avaient pour habitude de partager ? Les mains de la blonde ne firent que serrer davantage la barrière rugueuse, son regard noisette traînant sur le sol sec et dur. Elle se trouvait affreusement égoïste en cet instant, n’ayant aucun droit de perturber la parfaite petite harmonie qu’avait trouvée Kenneth. Il avait eu la chance de trouver l’amour en la personne de sa fiancée, une passion réciproque. La vie au district 11 était déjà assez dure pour qu’elle ne lui rajoute en plus un problème d’ordre sentimental.
Perdue dans ses sombres remords, Emma ne remarqua alors que trop tard les chaussures de Kenneth s’avancer vers elle, et outrepasser les limites d’une distance raisonnable entre eux. Le temps qu’elle relève le visage, son corps chaud et masculin épousait ses courbes féminines dans une étreinte qui se voulait rassurante. La jeune femme inspira brusquement, l’air frais de la campagne s’insinuant dans ses poumons et par la même occasion : l’odeur masculine de Kenneth. Son parfum ne fit que la rendre plus paniquée encore, et elle dut se faire violence pour ne pas s’accrocher désespérément à lui - Il la touchait, bon sang, il la touchait ! Le souffle de la jeune femme devint saccadé. Voilà qu’un rêve devenait soudainement réalité, voilà qu’elle pouvait enfin toucher du bout des doigts la peau chaude dont elle rêvait tant. Etait-ce au moins la réalité, ou un fantasme des plus intenses ? Les mains immenses et maladroites du jeune homme vinrent se poser pudiquement contre son dos, parcouru de violents et incessants frissons. Remarquait-il son tremblement ? Le souffle chaud du garçon n’arrangeait rien, lui chatouillant l’oreille. Une zone sensible, ce qui ne fit qu’accélérer davantage son rythme cardiaque et sa respiration. Kenneth était partout., et oh dieu, elle goûtait enfin à ce que son esprit lui interdisait depuis toujours. Elle pouvait mourir dès maintenant, elle n’en aurait cure tant les émotions et le bonheur qui la saisissaient étaient intenses…Emma O’Bràdaigh était dans les bras de Kenneth Dash, bon sang !
« Je n’imagine pas la vie sans mon Emma non plus. Une vie sans soleil n’en vaudrait pas la peine. Je ne veux pas te perdre ou m’éloigner de toi. J’aimerais vivre chaque jour pour te connaître un peu mieux. » Ses mains se mirent à se déplacer avec une douceur infinie contre le dos d’Emma. Il l’avait appelé « mon Emma », venait d’effleurer son soutien-gorge, et mieux encore : ses paroles pouvaient ressembler à s’y méprendre à une déclaration enflammée. L’esprit de la jeune femme n’avait jamais été aussi embué par les émotions qui l’assaillaient.
Les lèvres de Kenneth remuèrent à nouveau, mais Emma l’entendit à peine. Obnubilée par cette bouche charnue, elle ne fit que se mordre la lèvre inférieure comme pour se faire violence, comme pour refreiner une pulsion, et ne pas agir sous un coup de tête. Pourtant, les mots réconfortants de Kenneth auraient pu être étonnement salvateurs pour Emma, qui, malgré tout ce qu’elle avait survécu, gardait cette force morale mêlée à cette innocence fragile. Mais comment réussir à se concentrer lorsque celui que vous aimiez intensément touchait vos cheveux, enroulait même un de ses doigts autour de l’une de vos boucles blondes ? Plus rien n’avait d’importance si ce n’était ses gestes, son regard brillant et les battements rapides de son cœur qu’elle pouvait entendre contre elle. La jeune fille avait conscience qu’elle devait parler, lui répondre quelque chose, mais bien trop perdue dans cette tornade d’émotions exquises, elle ne put que fermer les yeux en penchant sa tête contre la main de Kenneth, qui lui caressait doucement son cuir chevelu.
Elle pouvait facilement se laisser berner par ces divines attentions. Les paupières closes, elle en oublia tout. Il ne restait plus que lui, leurs corps l’un contre l’autre, sa douceur, et l’amour qu’elle lui portait. Un sentiment qu’elle pouvait aisément imaginer réciproque si son imagination le lui permettait.
« Après tout, tu es ma meilleure amie, Ems. »
Une douche froide, désagréable. Comment avait-elle pu se laisser aller, croire à des sous-entendus qui n’avaient même pas lieu d’être ? Il aimait Hermione. Ils allaient probablement se marier. Et elle, que ferait-elle ? Lui demanderaient-ils d’y assister ? Sans doute. Hermione avait été une amie de longue date, et Kenneth…eh bien, tu étais sa meilleure amie, Ems. Cette soudaine réalisation fut comme une piqure de rappel…et elle eut un rire léger, terne, il était même aisé d’y déceler une pointe d’amertume si on savait les réels sentiments de la blonde à l’égard du jeune Dash. Les yeux cependant toujours clos, et la tête toujours appuyée contre l’une des mains de Kenneth, son rire sans joie laissa place à un sourire. Garder les apparences lui importait peu, pour autant, ce sourire restait présent, cruellement placardé sur ses lèvres. Une nostalgie doublée d’une douleur vive et profonde la saisit soudainement. Elle n’était pas à lui, il n’était pas à elle. Il ne l’aimait pas, alors pourquoi ne pas avancer ? Pourquoi ce poing suffoquant dans sa poitrine ? Pourquoi ce changement brusque d’émotions lui donnait envie de pleurer à chaude larmes ? Emma n’était pas comme ça, elle n’était pas ce genre de filles. La blonde tenta d’expirer longuement, gênée par la douleur qui comprimait ses poumons et sa poitrine, qui serrait sa gorge d’une main de fer. Mais lorsqu’elle inspira, elle ne put empêcher un sanglot s’échapper de ses lèvres. Et une fois le pitoyable son sorti, toute sa force s’évanouit, fondant comme neige au soleil. Son visage glissa légèrement vers celui de Kenneth, délaissant la main sur laquelle elle avait posé sa tête. Lorsque son nez toucha l’épaule du garçon, son étreinte se resserra autour de lui. Elle n’avait jamais été aussi proche et aussi loin de lui à la fois. La proximité physique n’avait plus aucun intérêt, elle n’avait d’yeux que pour le gouffre émotionnel qui les séparait, et les séparerait toujours semblait-il.
« Il y avait ce garçon… » Murmura Emma. Kenneth serait sans doute déstabilisé par le revirement de sujet. Mais pour elle, il s’agissait d’une suite logique. « Je l’aimais, tu sais. Plus que n’importe quoi au monde. » Elle déglutit péniblement, « mais je l’ai per-perdu… » Les paupières toujours closes, le noir, le néant semblait la réconforter, tentant vainement de la protéger de la réalité cruelle. Emma avait toujours plus ou moins su qu’elle n’avait aucune chance avec le onze. Pourtant, l’accablement qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle élaborait ces suppositions n’était rien comparé au poison létal que venait de lui administrer Kenneth, en prononçant les mots fatidiques, lui apportant la preuve de son amour non réciproque. « Je n’ai pas pleuré, Kenneth. » continua-t-elle à chuchoter. Emma secoua légèrement la tête de droite à gauche. « Pas durant les jeux, au Capitole, ou pour les carrières, pour les morts… » Elle serra l’un des bras de Kenneth quand elle prononça le mot « mort », et prit une énième inspiration avant de poursuivre. « Jamais. Et maintenant, toutes mes résolutions anéanties…pitoyable….pour un garçon. » Ajouta-t-elle, entrecoupée par une respiration de plus en plus saccadée. « Il était la seule chose qui me permettait de continuer comme ça. » Cette fois, la jeune fille laissa échapper un deuxième sanglot, elle, qui avait pourtant réussi tant bien que mal à contenir la barrière de larmes qui menaçait de couler depuis quelques minutes. « Il a…il ne m’a juste jamais aimé. » Le précédent sanglot en entraîna alors d’autres, de plus en plus rapidement et de plus en plus peinés. Ils s’apparentaient plus à des gémissements plaintifs qu’à des cris, et elle vit plus qu’elle n’entendit certains animaux de Kenneth se retourner. « c’est marrant…que la seule chose qui réussisse à casser toute la force que je m’étais efforcée d’avoir pour supporter tout ça…pour faire face aux Jeux, à l’arène, au Capitole…tout ça vole en éclat juste pour…pour un garçon. Un simple, STUPIDE garçon. » Elle était détraquée, dégénérée. Pleurer pour lui, pleurer pour un simple amour déçu alors que la vie offrait un lot de misères bien plus terrible. Emma ne s'était jamais laissée aller de cette manière pour un sujet aussi trivial. Elle avait terriblement honte. « L’amour, ça craint. » tenta-t-elle d’ajouter avec un rire léger, mais le visage toujours en pleurs. Réalisant que les larmes mouillaient piteusement le haut du jeune homme, Emma releva doucement le visage de son épaule, et posa légèrement sa joue contre la sienne. L'enfant se mit à essuyer inconsciemment le haut du jeune homme, d’un geste de main néanmoins consciencieux, appuyant avec une force quasi-inexistante sur l’épaule de Kenneth, tout en continuant sa tirade plaintive. « Je suppose qu’on prend seulement conscience de ce que l’on ressent une fois qu’on a réellement perdu la personne…pas vrai ? » finit-elle, avant de reculer doucement son visage et d'ouvrir ses paupières, de manière à croiser le regard de celui qu'elle aimait. A présent qu’Emma avait perdu Kenneth, elle réalisait que ses états d’âme sur la jeunesse du garçon, sur leur différence d’âge, n’avait pas eu lieu d’être. Et elle ne s’en sentit que plus mal.
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Ven 13 Avr - 17:44
Ce rire qui brisa le silence qui avait, l’espace de quelques secondes, plané entre eux résonna à travers le corps de Kenneth, s’éclatant dans ses oreilles, dans son cœur en un million de petits échos désagréables. Sans savoir mettre le doigt dessus, le jeune homme pouvait affirmer avec certitude qu’il n’aimait pas ce rire. Il n’était pas de la nature de ces rires qu’Emma pouvait avoir et qui lui donnaient l’assurance irréfutable qu’il ne pourrait aimer personne d’autre comme il l’aimait elle, malgré tous les efforts qu’il mettrait à ce que ça arrive. C’était comme si ce rire était celui d’une Emma morte entre ses bras. Il lui manquait ces quelques notes paradisiaques qui caractérisaient la blonde, son optimisme, sa force. C’était un rire qui sembla à Kenneth être éteint. Il détestait ce rire. Et, en l’entendant, il ne put s’empêcher d’augmenter la cadence, la rapidité de ses caresses dans le dos de la jeune femme, comme si cela allait en même temps augmenter leur pouvoir de consolation – chose pour laquelle Kenneth n’avait au final pas beaucoup de talent naturel. Il sentait une forme de malaise naissant en lui tandis qu’il continuait de tenir Emma dans ses bras après ces notes disgracieuses.
Pourtant, il s’était senti si heureux, quelques secondes auparavant, lorsque la jeune femme avait semblé s’abandonner entre ses bras, presque s’offrant à lui, baignée de confiance et appuyant sa tête blonde dans le creux de sa main, fermant les yeux simplement, légèrement. Pendant un bref instant, Kenneth aurait pu croire que c’était elle sa fiancée et non Hermione. Qu’il avait osé, quelque part dans le passé, se déclarer à Emma et que celle-ci, par quelque folie de la vie, avait répondu à son amour, leur permettant de vivre ensemble. Mais la réalité était toute autre et Kenneth ne put l’ignorer bien longtemps, tandis que le malaise dans son corps grossissait pour devenir de la souffrance, alors qu’il perçut un sanglot s’échapper des lèvres roses de la belle vainqueur.
Il eut l’impression de vivre la suite comme prisonnier d’une immense boule d’ouate. C’était comme si la jeune femme se décomposait entre ses mains, alors qu’elle quittait le support accueillant de sa main pour venir reposer sa tête sur son épaule. Et la manière dont elle s’accrochait à lui … Kenneth n’avait bizarrement jamais pensé qu’Emma était le genre de fille qui s’accrocherait à lui et ce pour diverses raisons. Déjà parce qu’il était son « petit frère », mais aussi parce qu’Emma avait une grande force en elle et qu’elle possédait cette douceur qui faisaient, ensemble, qu’on s’imaginait davantage être réconforté par elle que l’inverse. Quelque part, la jolie blonde avait donc toujours eu, dans l’esprit du jeune homme, une représentation en demi-teinte. Elle était à la fois le fantasme, l’interdit, le rêve, mais avait aussi cet air rassurant de la maternité, forte et posée. Il s’était toujours figuré qu’Emma n’aurait jamais au grand jamais besoin de lui, mais la sentir se reposer sur lui et s’agripper à son corps ainsi donna une nouvelle dimension à Emma dans sa tête, annihilant l’étrange dualité qu’elle avait toujours eue dans son fantasme pour devenir, assez étrangement, une femme à part entière. Ce genre de femme qu’il aurait pu demander en fiançailles, avec qui il aurait pu être intime, laissant ses lèvres errer partout sur son corps, à qui il aurait effectivement pu amener quelque chose, au lieu d’être un boulet accroché à sa cheville. Les regrets emplirent le cœur du jeune homme avec une force si terrible qu’il ferma les yeux et, à son tour, resserra son emprise autour du corps élancé de celle qu’il avait toujours aimée.
EMMA – « Il y avait ce garçon … Je l’aimais, tu sais. Plus que n’importe quoi au monde. Mais je l’ai per-perdu … Je n’ai pas pleuré, Kenneth. Pas durant les jeux, au Capitole, ou pour les carrières, pour les morts … Jamais. Et maintenant toutes mes résolutions anéanties … pitoyable … pour un garçon. Il était la seule chose qui me permettait de continuer comme ça. […] Il a … il ne m’a jamais aimé. C’est marrant…que la seule chose qui réussisse à casser toute la force que je m’étais efforcée d’avoir pour supporter tout ça…pour faire face aux Jeux, à l’arène, au Capitole…tout ça vole en éclat juste pour…pour un garçon. Un simple, STUPIDE garçon. L’amour, ça craint. »
Tant de souffrances dans les mots de la jeune femme parcourue de sanglots déchirants bouleversèrent Kenneth et trouvèrent un écho dans ses propres sentiments. Ainsi, elle était bel et bien amoureuse. D’un autre, d’un homme même pas foutu de le lui rendre et qui, au lieu de veiller sur elle, la laissait venir se confier à un ami d’enfance, désespérer dans ses bras d’avoir un jour un peu d’attention de cet inconnu. Quel con, pensait Kenneth en essayant de s’imaginer le bellâtre qui avait pu conquérir le cœur de celle qu’il aimait et qui, à l’évidence, l’ignorait malgré tout. Sans le savoir, néanmoins, Kenneth pensait de ces soucis l’exact opposé de la belle blonde, à savoir que s’il y avait bien une seule raison de se désespérer, de pleurer pour de bon, c’était l’amour qui nous échappe, l’amour à sens unique. Après tout, avec l’amour, quand on le partage exclusivement et sans limite dans un couple, il avait la sensation qu’on pouvait tout surmonter. Une passion partagée, rendue par l’objet de son affection à celui qui aimait était la plus belle et prestigieuse des forces. Du moins était-ce ainsi que le jeune homme considérait l’amour dans son imaginaire car, au final, avec son propre cœur partagé, il ne pouvait pas faire l’expérience de cette force dont il rêvait. Et elle lui manquait à lui aussi, il s’en languissait également et ne pouvait au final que comprendre la tristesse d’Emma. Car sans amour, pour un romantique tel que Kenneth, la vie ne valait simplement pas la peine d’être vécue.
Il serrait si fort la jeune femme dans ses bras qu’il avait l’impression qu’il pourrait la briser. Et peut-être en avait-il envie, quelque part. Dans les méandres de ses pensées les plus intimes, Kenneth était partagé entre le désir de la voir s’unir à celle qu’elle aimait, afin de la voir heureuse, et l’envie, égoïste, de voir cette idylle continuer à échouer, pour garder Emma pour lui seul. Or, le jeune homme avait pleinement conscience de ne pas avoir le droit de vouloir quelque chose d’aussi égoïste, alors que lui-même ne pouvait pas appartenir à la jeune femme. Mais même s’il avait pu lui appartenir … à quoi bon ? Elle se languissait pour un autre, de toute évidence.
KENNETH – « Chuut … c’est … normal, en quelque sorte. Rien ne devrait compter advantage que l’amour. Forcément, si ça fait notre force, ça fait aussi notre faiblesse. Mais ce mec, franchement, Emma … c’est un con, une merde pas possible. Désolé. Mais je le pense. »
Un soupir lourd de tristesse et de regrets traversa les lèvres du jeune homme au même instant où la joue de la jeune femme venait se poser contre la sienne, diffusant ainsi une chaleur agréable sur la peau du brun, qui rosit sous la tendresse qu’il percevait – ou imaginait – dans ce contact léger. Alors que c’était Emma qui confiait ses pensées les plus secrètes et les plus douloureuses, avec ce geste délicat, il avait l’impression d’être celui consolé de la peine qu’il avait à savoir le cœur d’Emma pris et réservé pour un autre – un ingrat, un indigne, certes, mais un autre que lui tout de même. Douce comme un mistral, il sentit ensuite la main de la belle jeune femme essuyer son tee-shirt là où elle avait pleuré. Pourquoi faisait-elle cela ? Elle n’avait pas à se sentir honteuse d’avoir mouillé un peu de tissu et Kenneth n’avait surtout pas envie qu’elle aie honte de ce qu’elle lui avait dit et cherche ainsi à le retirer, en l’essuyant de sa mémoire.
EMMA – « Je suppose qu’on prend seulement conscience de ce que l’on ressent une fois qu’on a réellement perdu la personne…pas vrai ? »
Dit-elle en s’écartant, le regardant bien en face. Les yeux dans les yeux. Kenneth ne pouvait qu’acquiescer d’un signe de la tête : oui, on ne prenait réellement conscience de la valeur des choses que lorsqu’on les perdait. Il le savait très bien, étant donné qu’il avait perdu Emma il y avait fort longtemps et ne cessait, depuis lors, de réaliser chaque jour où elle passait près de lui, sans jamais être pour lui, qu’il l’aimait à en devenir fou. C’était un sentiment étrange, car chaque rencontre, chaque discussion semblait magnifier ce sentiment. Comme maintenant, alors qu’elle essuyait d’une main aérienne ses larmes sur son épaule, avec ses prunelles noisette plantées dans celle couleur café de Kenneth … il ne pouvait que l’aimer.
L’aimer à en perdre la raison. L’aimer à ne plus en savoir qui il était. L’aimer au point de pouvoir, ou même vouloir, changer pour elle. L’aimer si fort qu’il n’avait aucune emprise sur son visage qui s’abaissait lentement vers celui de la jolie jeune femme, comme si leur contact visuel exerçait quelque indomptable attraction physique sur son être. D’un geste, presque inconscient, il prit doucement dans sa main celle d’Emma, l’éloignant des larmes qu’elle tentait de faire disparaître, la ramenant le long de leurs corps. Après une hésitation, cependant, Kenneth ne relâcha pas Emma ensuite et caressa de son pouce l’intérieur du poignet pâle de la jeune femme et de sa paume, faisant de longs et lents allers-retours entre les deux zones de peau douce et fraîche, chaque passage envoyant sa décharge de petites étincelles dans le pouce du jeune Dash, puis dans sa main, et au fur et à mesure des allées et venues, dans son bras et finalement dans tout son corps, tandis que son visage s’abaissait encore, comblant les ultimes centimètres qui le séparaient de la bouche tant aimée, pratiquement adorée.
KENNETH – « Franchement, cet homme dont tu me parles … c’est un idiot. Tu n’aurais jamais dû te rendre compte à quel point il importait, parce que tu n’aurais jamais dû le perdre. N’importe qui se battrait pour être à sa place, avoir une étiquette à son nom dans ton cœur … si j’avais été à sa place, moi, je … je ne t’aurais pas donné de raison de pleurer. Il ne sait pas quelle chance il a, quel privilégié il est, pour avoir ainsi un abri où se reposer dans ton cœur … »
Finalement, les lèvres de Kenneth, fines et pâles, rencontrèrent celles d’Emma, charnues et colorées, pour un effleurement, si léger qu’on aurait pu se demander s’il existait. Mais aussi ténu et bref ce contact fut-il, il suffit amplement pour déclencher un feu dévorant à l’intérieur du jeune homme : la chaleur l’envahit et la destruction suivit de pair, emmenant tout dans son sillage mordoré. C’était comme embrasser l’amour de sa vie après une dispute tragique, qui avait manqué d’achever une belle histoire, ou après une longue séparation pour affaire. Sauf que c’était encore mieux. Il ressentait le bouleversement de tout amoureux transit qui avait été depuis longtemps séparé de celle qu’il aime – et pour tout dire, il l’avait été depuis toujours. C’était comme voir une belle scène dans un film, voir un couché de soleil aussi beau qu’un poème après une dure journée de labeur et être ému aux larmes. Son ventre se tordait dans tous les sens, comme piqué par le toucher de ces lèvres tant désirées. Il n’y avait pas une parcelle de la peau de Kenneth qui ne fut à l’agonie, suppliant pour en avoir davantage. En même temps, il y avait quelque chose d’incroyablement triste dans cet effleurement : on sentait bien à travers ce contact timide l’interdit qui assaillait de toutes parts l’envie. Cet interdit venait d’Emma, déjà éprise à en pleurer d’un autre, mais aussi de Kenneth lui-même, fiancé, engagé presque jusqu’à la mort à Hermione qu’il trahissait en ce moment-même. Mais son cœur refusait de reconnaître cette dernière raison, arguant que puisqu’Emma ne l’aimait pas en retour, il ne trompait pas vraiment Hermione, ne faisant au final que goûter à la jeune femme ce qu’elle manquait du bonheur d’être à deux en s’accrochant à cet imbécile qui n’était pas fichu de répondre à ses sentiments.
Transporté par cette idée, il délaissa ses douces caresses sur la main d’Emma et passa son bras dans le creux de ses reins. C’était un geste beaucoup plus équivoque et intime que de simples allées et venues dans son dos pour tenter de la consoler. Ici, on sentait l’emprise d’un homme consumé de désir pour une femme qui lui était de toutes les manières possibles interdites. La tirant vers lui, les faisant presque se fondre l’un dans l’autre, il resta néanmoins attentif à un quelconque geste de recul que pourrait avoir la jeune femme. Mais il y avait quelque chose d’irrépressible dans ses gestes : il ne pouvait contenir cet amour, cette passion, cette envie, cette dévotion, tout cela mélangé et mixé, inextricable l’un de l’autre, qu’il ressentait maintenant pour Emma. Eurent-ils été à l’intérieur, il aurait certainement tenté le tout pour le tout, tant son désir de la faire sienne était immense.
KENNETH – « Tu mérites tellement mieux que de l’indifférence … »
Il murmurait à quelques centimètres de sa bouche. Tout avait été tellement vite que seulement quelques petites secondes s’étaient déroulées entre le précédent bécot et le baiser qui vint. Kenneth, plus franc, enhardi et brûlé d’amour et de passion furieuse sur chaque centimètre carré de sa peau attrapa la lèvre inférieure d’Emma entre ses lèvres, la suçotant légèrement, la gouttant comme jamais il n’avait rêvé pouvoir le faire. En quelques brefs instants, cet appel de la chair, cette taquinerie se transforma en réel baiser impossible à contenir, la langue de Kenneth jouant sur la porte des lèvres d’Emma, quémandant l’entrée, mourant d’envie de venir caresser sa consœur. Plus rien ne pourrait arrêter l’accès de folie du jeune Dash, sauf un mot de la blonde.
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Emma A. Wakefield
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Mar 1 Mai - 1:24
Elle avait ce sentiment désagréable d’être arrivée à un tournant décisif. Un tournant de sa vie contre lequel elle ne pouvait cependant guère lutter, puisqu’un seul choix, un seul et unique chemin s’offrait à elle. Kenneth ne l’aimait pas. Kenneth ne l’avait jamais aimé. Emma n’avait que très rarement avoué cette vérité à voix haute, mais les rares fois où cela avait été le cas, on lui avait reprochée de ne pas avancer. De tirer un trait sur ses sentiments à l’égard du jeune homme. L’exaltation de son affection pour Kenneth était merveilleuse dans un sens, mais la solitude oppressante qui consumait tout son être était bien trop cruelle, bien trop dévastatrice pour persévérer dans cet amour à sens unique. Renoncer, et passer à autre chose s’avérait la solution la plus raisonnable pour espérer pouvoir panser son cœur déjà meurtri. Mais demander cela à Emma était comme appeler le Capitole à cesser les Jeux de la Faim. Une idée absurde, une véritable chimère. Aimer Kenneth était inhérent à sa personne. Emma n’était plus tout à fait Emma si elle se réveillait un jour sans plus aucun sentiment à son égard.
Et au fond d’elle, la jeune fille devait reconnaître qu’elle avait toujours connu l’issue de cette situation. Si le Dash ne l’aimait pas comme elle le désirait tant, mais qu’elle ne pouvait pour autant étouffer cette passion non-réciproque, alors elle était condamnée à vivre avec. Finir seule dans sa maison de vainqueur, visitant de temps à autre la famille et les enfants de Prudence, ou de sa sœur Grace. Etre destinée à contempler de loin la vie harmonieuse de Kenneth et d’Hermione, les voir élever des enfants, reprendre la fermette des Dash. Il s’agissait là d’une rêverie bien trop douloureuse pour qu’Emma y songe plus de quelques minutes. Cependant, son esprit ne pouvait s’empêcher de divaguer de temps à autre sur le triste futur qui s’annonçait devant elle. La richesse et le prestige que lui offrait le Capitole n'étaient rien face à cette vie solitaire qu'elle se réservait. Car une chose était certaine : Emma n'arriverait jamais à oublier totalement son amour pour Kenneth.
Cette vision pessimiste n'était pas le fruit du désespoir typique face à la déception d'un premier amour d'adolescente, mais le résultat d'une réflexion mûrement réfléchie, d'une situation analysée avec maturité. Une vérité qu'elle savait irréfutable, à chaque fois qu'elle se noyait dans le regard intense de Kenneth. Comme en cet instant précis. Pourrait-elle ressentir avec un autre, cette douce électricité qui parcourait son corps alors qu'il ne faisait qu'enlacer sa main dans la sienne ? Pourrait-elle un jour aimer un autre homme au point de frissonner alors qu'il ne faisait qu'effleurer son poignet, comme était en train de le faire Kenneth ? La réponse fusa, aussi instinctive qu'insensée. Car, après tout, aimer plusieurs fois au cours de sa vie n'était-il pas le propre de l'Homme ?
« Franchement, cet homme dont tu me parles … c’est un idiot. Tu n’aurais jamais dû te rendre compte à quel point il importait, parce que tu n’aurais jamais dû le perdre. N’importe qui se battrait pour être à sa place, avoir une étiquette à son nom dans ton cœur … si j’avais été à sa place, moi, je … je ne t’aurais pas donné de raison de pleurer. Il ne sait pas quelle chance il a, quel privilégié il est, pour avoir ainsi un abri où se reposer dans ton cœur … »
Et soudain, leurs lèvres se rencontrèrent.
Ce fut l’apothéose de toute une vie. L’emphase était tant exagérée qu’elle en devenait absurde. Toutefois, Emma n’avait jamais ressenti de mots aussi justes, correspondant avec exactitude à ce qu’elle pouvait vivre. La pure passion, qui parcourait son corps et éveillait tous ses sens, était si véhémente qu’elle avait l’impression d’être sur des braises ardentes. Le simple effleurement de leurs lèvres l’emporta dans une rafale d’émotions qu’elle ne sut contenir. La lave incandescente qui brûlait en elle la suppliait, forçant des barrages qu’elle s’était efforcée de construire pendant près de deux ans. La caresse aérienne des lèvres de Kenneth contre les siennes parvenait à faire abdiquer sa volonté, à éclipser sa raison même.
Emma n’avait jamais vécu d’expériences similaires. Le nombre de baisers qu’elle avait reçus pouvait se compter sur les doigts d’une main. Elle n’avait guère matière pour comparer – et même si elle l’avait eue, son esprit aurait-il été assez clair pour le faire ? – mais il était certain que si tous les baisers entre un homme et une femme ressemblaient à cela, alors Emma était prête à embrasser tout Panem pour revivre ce moment grandiose. Les lèvres de Kenneth avaient fait naître un désir ardent, mais également une vive curiosité envers la gente masculine. Elle n’aspirait qu’à une unique chose : que ce moment ne se finisse jamais.
Mais que représentait ce baiser pour lui ? Etait-ce un signe ? Une promesse ? Un simple moment d’égarement ? Une…tentative de réconfort ? A cette dernière hypothèse, le cœur d’Emma ne fit que se serrer davantage. Non, bien sûr que non, c’était impossible. Kenneth n’était pas ce genre d’irresponsables, son tendre geste devait signifier quelque chose. Une violente appréhension ébranla pourtant la jeune femme, énième émotion dans cette tornade dévastatrice de sentiments.
Et dire qu’il ne s’agissait que d’un simple baiser.
Si un simple effleurement la rendait ainsi, qu’adviendrait-il de la pauvre Emma s’il y avait davantage ? Et comme par la plus grande et soudaine des coïncidences, elle en eut plus. Kenneth l’attira vers lui, logeant ses mains fortes et masculines contre le bas de son dos. Instinctivement, la jeune fille posa délicatement ses mains de porcelaine sur les épaules du garçon qu’elle pressa brièvement.
« Tu mérites tellement mieux que de l’indifférence … »
Le feu ardent qu’Emma ressentait finit par exploser en elle, se libérant des chaînes qu’elle avait tentées d’imposer, exposant ainsi sa plus intense passion au grand jour. Elle n’avait jamais embrassé de cette manière, aussi fougueusement – et pour dire vrai, elle ne s’en était jamais crue capable. Ses jambes menaçaient à tout moment de flancher, rendues faibles de désir. Oh Dieu, elle l’aimait tellement. Tellement. Alors lorsqu’il suçota sa lèvre inférieure, elle ne put que lui consentir la supplication silencieuse de ses lèvres et de sa langue, le baiser ne devenant que plus passionné si cela était encore possible. Elle était en feu, enhardie par le contact de leur langue respective. Plus rien n’avait d’importance. Ses formes féminines pressées contre le torse plus dur et chaud de Kenneth la rendaient si folle qu'elle laissa échapper un bref gémissement, un son cependant étouffé par leur baiser enflammé.
Ce gémissement fut comme un déclic. Se laissant emporter par ses émotions jusqu'à présent, Emma laissa la passion prendre entièrement le contrôle de son corps. Muée par un désir irrépressible, la main de la jeune femme vint se loger contre la nuque de Kenneth y exerçant une pression étonnante, tandis que son autre main se mit à caresser fougueusement les cheveux bruns du jeune homme, ce qui ne les fit que les ébouriffer davantage. Ses mains quittèrent ensuite sa nuque et sa chevelure pour caresser amoureusement chaque parcelle de peau découverte. L'une de ses mains vint même jusqu'à descendre lascivement le long du tee-shirt du garçon pour soulever légèrement le pan du vêtement, afin de toucher la peau chaude qui s'y cachait. Emma mordit légèrement la lèvre inférieure de Kenneth lorsqu'elle entra en contact avec le torse musclé de celui qu'elle aimait, avant de le caresser lentement, créant de légères arabesques sur sa peau, alors que son autre main était à nouveau dans la chevelure indompté de Kenneth. Quelle était donc cette créature qui venait de prendre contrôle de la douce Emma ?
« Tu ne m’as pas montré d’indifférence, Kenneth. » murmura-t-elle, son souffle saccadé et chaud touchant de plein fouet les lèvres et la joue du jeune homme. Lui volant un autre baiser passionné, elle quitta les lèvres fines de celui qu’elle aimait pour caresser inconsciemment son nez contre le sien. « Je t’aime tellement… » Finit-elle dans un autre murmure, sans même s’en rendre compte. Transformée par ce désir avide, perdue dans sa passion irraisonnée, Emma avait perdu tout sens de la réalité. Un simple contact physique, et ses barrières s'étaient effondrées. Son amour sans espoir qu'elle s'était toujours évertuée à cacher sous une carapace d'indifférence n'avait plus lieu d'être.
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Jeu 3 Mai - 23:09
Mais rien ne vint. Emma ne le repoussa pas, elle ne dit rien pour lui faire comprendre que ce geste était inconvenant, qu’il l’offensait. Elle avait laissé leur premier baiser avoir lieu et même, lui semblait-il, lui avait-elle répondu. Mais ici, de savoir qu’il avait le droit d’aller plus loin, de faire se rencontre leurs langues, messagères des paroles de leurs cœurs, Kenneth se sentait transporté, comme s’il avait gagné une victoire importante, conquis un Pays, sorti le district onze de la misère ou fait quelque autre prouesse de cet ordre. Cette fois-ci, le jeune homme se sentait même invité à poursuivre, à aller plus loin sur les chemins du plaisir avec elle ; c’était comme si elle lui tendait la main pour commencer ce voyage à deux, direction le bonheur qu’il avait si longtemps cru impossible. Cette impression le submergea totalement quand les mains de la belle blonde se posèrent sur ses épaules où elles étaient comme des soleils, projetant leur chaleur naturelle et magnifique jusque dans ses os.
Elle se serrait contre lui, comme un lierre se serait entortillé autour de l’arbre qui le tient en vie et Kenneth répondait avec enthousiasme à ce rapprochement, pressant davantage la poupée de porcelaine contre son corps masculin, ressentant pleinement les seins fermes, mais délicats, de l’ange rencontrer son torse et le ventre chaud de la belle se lover contre le sien. Faiblement, le corps du jeune Dash tremblait, de la joie qu’il ressentait, de l’excitation qui brûlait sa peau et éveillait tous ses sens à leur paroxysme. Il n’avait jamais ressenti cela pour un baiser, pensa-t-il fugacement. Sans le réaliser, il comparait ce baiser, avec son amour secret de toujours, avec les baisers d’Hermione, sa fiancée, seule autre femme qu’il n’avait jamais touché de cette manière. Mais aucune comparaison ne pouvait réellement exister, car rien, jamais, ne pourrait rivaliser avec l’attraction charnelle, émotionnelle, naturelle qu’il avait ressenti pour Emma depuis le premier jour. Il l’aimait, comme il n’aimerait jamais personne.
Et puis il y eut ce gémissement, étouffé, faible, mais définitivement la chose la plus sensuelle, la plux excitante que Kenneth n’aie jamais entendue. Instinctivement, comme s’ils parlaient dans une langue de l’amour, de leurs corps, compréhensibles uniquement entre eux, il répondit à ce bruit féminin par un grognement rempli d’envie, de désir contenu, de satisfaction, un grognement masculin. Pouvait-elle sentir l’ampleur de son désir ? Sûrement, ils étaient si proches. Etait-ce la raison pour laquelle les mains d’Emma quittèrent leur sage immobilité, effleurant son corps à travers ses vêtement, laissant sur sa peau de légers picotements qui réclamaient plus, toujours plus, pour venir se loger respectivement sur sa nuque, faisant trembler son échine dorsale, depuis la peau tendre sous ses cheveux, jusqu’au bas de son dos, au-dessus de ses fesses qui se crispèrent sous l’effet de ce long, redoutable et délicieux frisson. L’autre main de la jeune femme vint se perdre, quant à elle, dans ses cheveux, les désordonnant comme jamais. Il découvrit là une zone sensible qui n’avait jamais été véritablement une source de plaisir jusque là, pour lui. Des millions de petites décharges éclectiques partaient de son cuir chevelu, directement depuis la pulpe souple des doigts de la belle vainqueur, pour venir piquer son cœur, le faisant battre de plus en plus vite. Mais Kenneth n’osait pas bouger, répondre, effrayé d’aller trop loin, d’outrepasser ses droits.
Mais ces délicates mains de fée ne s’arrêtèrent pas là, parcourant toute étendue de peau découverte, touchant Kenneth bien au-delà de la peau, câlinant son cœur, son corps, et resserrant de ce fait à chaque fois plus les liens entre eux, renforçant à chaque instant l’amour inconditionné que le jeune Dash ressentait pour la jeune Ó'Bràdaigh. Une de ces mains enhardies souleva un des pans du tee-shirt du jeune homme et se fraya un chemin jusqu’à la peau tendre de son ventre. Quand ses doigts entrèrent en contact avec ses abdominaux, le ventre de Kenneth fut parcouru d’un spasme violent, provoqué par l’excès de tension qui s’était accumulé dans son corps, tendu vers l’attente d’un contact aussi intime, délivrant. Là où les doigts légers tracèrent des arabesques, des lignes de feu brûlaient la peau du jeune homme d’une chaleur délicieuse, qui rayonnait ensuite à travers tout son corps.
Ce baiser était le plus délicieux, le plus profond et magique qu’il n’ait jamais échangé avec qui que ce soit.
EMMA – « Tu ne m’as pas montré d’indifférence, Kenneth. »
Kenneth ressentit ces mots plus qu’il ne les entendit ; il sentait la chaleur qu’ils provoquèrent en passant la barrière des lèvres de celle qu’il aimait, fouettant son visage dans de chauds embruns parfumés. Il n’eut néanmoins pas le temps d’y répondre, alors que ces paroles faisaient gonfler son cœur d’espoir, tourner sa tête, car elles étaient le messager, l’escorte sublime d’un nouveau baiser enivrant, initié par Emma elle-même, cette fois-ci. Emma l’embrassait ! Elle avait fait le geste pour venir cueillir ses fines lèvres, répondant au désir de Kenneth de son propre chef. Peut-être même à son amour aussi ! Le cœur du jeune Dash semblait s’ouvrir, éclore en tant que papillon. Il lui sentait pousser des ailes.
Mais toute bonnes choses ont une fin et elle finit par s’écarter. Kenneth voulu lui demander de rester, de ne pas partir maintenant, mais il n’eut finalement pas à le faire. Seules le contact établit avec des splendides lèvres pulpeuses se brisa, mais la belle resta toujours aussi près et frotta le bout de son nez légèrement retroussé, raffiné, parfait contre le nez droit de Kenneth. Cela fit soupirer ce dernier, tant ce contact lui semblait, par bien des aspects, bien plus intime que les baisers qu’ils venaient d’échanger.
EMMA – « Je t’aime tellement … »
KENNETH – « Je t’aime plus, Emma. »
Les mots étaient sortis tout seuls, sans que Kenneth n’y réfléchisse. Mais avait-il seulement besoin d’y réfléchir ? Ces mots étaient une évidence et lui étaient venus naturellement, aussi le brun ne les regretta pas. Il avait beau ne pas y avoir réfléchi, il savait qu’il ne pourrait jamais regretter de partager de tels sentiments avec Emma, de confesser ce qu’il avait sur le cœur depuis, lui semblait-il, toujours. Il dut néanmoins résister le désir d’embrasser encore et encore, dans une dévotion sans fin, les lèvres désirables d’Emma, car il ne voulait pas que ce début de dénouement, que ce tournant décisif se limite à des gestes physiques emprunts de sensualité. Il attrapa donc les hanches de la belle blonde et la souleva, pour l’aider à s’assoir sur le rondin supérieur horizontal de la barrière qui entourait le champ des Dash, se frayant un passage entre ses cuisses pour rester près d’elle. Elle était légèrement plus haute que lui ainsi – il faut sire que Kenneth n’avait jamais été bien grand et que lui et Emma faisaient à peu près la même taille. Il lui sourit tendrement et attrapa une mèche dorée entre ses doigts, l’entortillant par la suite autour de son index, jouant avec, savourant le plaisir incommensurable de pouvoir se permettre un tel geste. Dans la foulée, il appuya son front sur celui de la belle, contemplant ces prunelles noisette, légèrement vertes, en soupirant de bonheur.
L’une de ses mains jouait distraitement avec le bord de la robe d’Emma. Il ne pouvait pas détacher ses yeux de la belle Emma, s’abreuvant sans fin de la perfection de ses traits, tentant de les imprimer au fer blanc dans sa mémoire, comme s’il n’aurait jamais de lendemain à ses côtés.
KENNETH – « La vérité, c’est que je t’aime depuis l’instant où j’ai posé les yeux sur toi, quand je n’étais encore qu’un gamin. Et depuis, chaque jour où j’ai appris à mieux te connaître, chaque seconde passée en ta présence n’a fait qu’accroître cet amour, lui donner sa force et ses arguments, là où il n’y avait à l’origine qu’un élan naturel, un sentiment existant presque malgré moi. »
Il inspira longuement après cette déclaration, fermant les yeux, s’apprêtant à perdre l’amour de toute une vie. S’il avait su qu’elle partageait ces sentiments, s’il avait osé, peut-être, aller vers elle … tout aurait été différent. Mais il avait fait une promesse à quelqu’un qui lui était cher, à une personne qui n’avait rien fait de mal et ne méritait pas de souffrir. Maintenant qu’ils ne s’embrassaient plus, Kenneth pouvait ressentir pleinement la culpabilité l’engloutir, condamnant ses choix présents. Il trahissait Hermione en confessant son amour de toujours, sa raison d’être, le moteur qui faisait battre son cœur depuis si longtemps. Mais n’était-ce pas se trahir lui-même que de taire cela, alors qu’Emma était venue vers lui ? Quoiqu’il en soit, il devait faire honneur à son engagement envers Hermione et à la pureté d’Emma et mettre les choses au clair sur le champ. Il ne pouvait pas laisser de zone d’ombre, de question en suspend dans l’air.
L’adultère n’était pas une option. Quitter Hermione n’en était pas une non plus. Il devait faire ce qui était juste pour tout le monde. Vivre sans Emma n’était pas juste, s’ils s’aimaient mutuellement, vivre avec Hermione n’était pas juste, s’il ne l’aimait pas autant qu’Emma. Mais éclipser la belle De Lisle n’était sûrement pas la solution à tout non plus, tant elle avait été bonne, juste et généreuse, aimante envers Kenneth.
KENNETH – « Mais j’ai fait une promesse et je ne me vois pas me dérober à mon engagement sans crier gare … Hermione … elle ne mérite pas ça. Et je suis un con, une charogne. Je ne suis digne de l’amour d’aucune de vous deux, parce que … je suis avec elle, je lui ai fait la demande ultime, mais … je ne l’aime pas comme je t’aime toi. »
Une autre profonde inspiration, quelques trémolos dans la gorge et il poursuivit, passant un bras possessif autour de la taille de la jeune fille, la serrant contre lui, faisant remonter sa main légère à travers le rideau soyeux des cheveux de la belle blonde, pour aller caresser doucement le nuque de la jeune femme du bout de ses doigts, profitant de chaque seconde où il était autorisé à toucher, aimer, partager ses pensées les plus secrètes avec Emma, peu importe leur laideur. L’aimerait-elle encore après toutes ces révélations ?
KENNETH – « Je n’avais jamais pensé que tu ressentais la même chose que moi, qu’on pourrait être ensemble … Mais si c’est le cas … Hermione ne me rend pas heureux, pas autant que je l’ai été ces dernières minutes en t’embrassant enfin … Mais je ne peux pas la quitter maintenant. Elle est la première, ma fiancée … Je ne pourrai la quitter que si je suis sûre qu’elle pourra être heureuse, dans un monde où elle aura une chance de trouver le bonheur que j’aurais avec toi, sans qu’elle ne souffre … Mais … enfin … peut-être, si tu veux, et seulement si tu veux … si tu sais m’attendre, j’veux dire … je pourrais t’être fidèle, jusqu’au moment où on sera à deux … enfin, tu sais … ne plus être intime avec ma fiancée … t’appartenir quand même en pensée, en privation d’actes … mais le devoir, l’officiel … pour l’instant, je le dois à Hermione. Tu comprends ? »
1876 mots
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ϟ 1ERE MOISSON : 01/02/2012 ϟ MESSAGE : 760 ϟ AVATAR : holland roden. ϟ MULTICOMPTE : velvet baxter. ϟ DISTRICT : sept. ϟ AGE : twenty-one y.o ϟ METIER : mentor du sept. ϟ HUNGER GAMES : non ϟ RÉBELLION : indécis ϟ COMPÉTENCES : SLAVE
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Ven 4 Mai - 14:16
« Je t’aime plus, Emma. »
Elle n’aurait su dire ce qui l’avait ramené à la réalité, sans doute le fait d’entendre son prénom sur les lèvres fines et humides de Kenneth. Il y eut un instant de flottement, la jeune femme encore embuée par le rêve fantasque qu’elle pensait vivre. Puis, ce fut la réalisation. Son esprit assembla les mots, analysa leur sens plus qu’équivoque. Kenneth l’aimait. Toute pensée cohérente s’évanouit alors soudainement, un vide s’amplifiant en elle, venant annihiler tout raisonnement. L’ébahissement était tel, qu’il parvenait à rendre Emma apathique, amorphe.
Il l’aimait. Kenneth l’aimait. Cette vérité ne parvenait à s’imprégner réellement en elle, Emma ne comprenant qu’une seule chose : sa propre déclaration. Car elle lui avait également avoué, pas vrai ? Des émotions contradictoires la saisirent si soudainement, qu’elles l’en firent presque chanceler. C’était surprenant de voir à quel point trois mots pouvaient bouleverser toute une vie. Le soulagement qu’elle éprouvait était incommensurable, Emma n’avait jamais songé que lui déclarer sa flamme allait s’avérer aussi libérateur. Elle était plus légère, plus apaisée, plus sereine. Son cœur n’était plus écrasé par le poids du mensonge, le silence ne comprimait plus douloureusement sa poitrine. C’était…inattendu. Étonnamment prodigieux. La jeune femme n’avait plus qu’une envie, celle de sautiller dans le champ des Dash, de virevolter encore et encore. La sensation était en soi fabuleuse. Mais une seule chose la retenait. L’empêchait de saisir entièrement ce sentiment de sérénité, la clouant au sol et l’immobilisant de stupéfaction.
Il lui avait dit qu’il l’aimait.
Soudainement, tout allait vite. Trop vite. Kenneth la toucha à nouveau, cette fois pour la faire asseoir sur un rondin. La jeune fille se laissa faire telle une poupée, l’ahurissement toujours aussi intense dans son cœur et son esprit. Pour la première fois de sa vie, Emma ne répondit pas à un sourire qu’on lui adressait, ce dont Kenneth ne sembla guère s’accommoder, alors qu’il roulait une des longues mèches blondes autour de ses doigts rêches, et posait son front contre le sien. Il débordait d’une joie qu’elle n’avait que très rarement – si, jamais – vu chez lui. Etait-elle responsable de ce bonheur si lumineux ? De cette allégresse presque extrême ? Emma avait du mal à y croire.
Et pourtant, il l’aimait. Il l’aimait plus, disait-il. Alors pourquoi ne ressentait-elle aucune satisfaction à l’entendre ?
« La vérité, c’est que je t’aime depuis l’instant où j’ai posé les yeux sur toi, quand je n’étais encore qu’un gamin. Et depuis, chaque jour où j’ai appris à mieux te connaître, chaque seconde passée en ta présence n’a fait qu’accroître cet amour, lui donner sa force et ses arguments, là où il n’y avait à l’origine qu’un élan naturel, un sentiment existant presque malgré moi. »
Kenneth était souvent d’une maladresse attendrissante, mais parfois, il savait manier les mots mieux que personne. Ses paroles étaient comme sorties d’un rêve romantique, d’un poème délicat, et elle se demanda brièvement, si le Capitole pouvait estimer qu’il s’agissait là d’un talent certain, et exploitable. Kenneth la serra davantage contre lui. Ils apprécieraient certainement le garçon, songea-t-elle, le déni l’éloignant de la réalité qu’elle devait affronter, son inconscient adoptant une brève politique de l’autruche aberrante. Parce qu'un Kenneth qui l'aimait était impossible, illogique. Elle ne pouvait se laisser tenter par cette chimère. Le déni était beaucoup plus agréable.
« Je n’avais jamais pensé que tu ressentais la même chose que moi, qu’on pourrait être ensemble … Mais si c’est le cas … Hermione ne me rend pas heureux, pas autant que je l’ai été ces dernières minutes en t’embrassant enfin … Mais je ne peux pas la quitter maintenant. Elle est la première, ma fiancée … Je ne pourrai la quitter que si je suis sûre qu’elle pourra être heureuse, dans un monde où elle aura une chance de trouver le bonheur que j’aurais avec toi, sans qu’elle ne souffre … Mais … enfin … peut-être, si tu veux, et seulement si tu veux … si tu sais m’attendre, j’veux dire … je pourrais t’être fidèle, jusqu’au moment où on sera à deux …enfin, tu sais … ne plus être intime avec ma fiancée » A ces derniers mots, Emma émergea de son état apathique. Son esprit tiqua, son absence de concentration venant malheureusement occulter la suite de la déclaration de Kenneth. La jeune fille voyait ses lèvres se mouvoir mais aucun son ne parvenait à capter son attention. Etre intime avec sa fiancée. Il était…il avait donc déjà…avec Hermione ? Une vive douleur vint serrer son cœur, déchirant à vif sa chair, ces simples mots allant jusqu’à lui bloquer la respiration. Elle se réveillait enfin de son inertie précédente. Car ô jamais Emma n’avait senti souffrance aussi vive !
Et pourtant, une partie de sa conscience vint lui susurrer qu’elle avait été bien sotte de ne pas l’avoir réalisé plutôt, préférant se fermer dans cette innocence feinte, dans cette terrible mauvaise foi. Evidemment qu’il avait du toucher Hermione de cette manière. Emma avait été la seule à attendre quelque chose de grandiose, à stagner durant toute sa fin d’adolescence, protégeant une virginité qu’elle ne rêvait d’offrir qu’à un homme déjà pris. Sa sœur Grace et son fiancé, Prudence et Ohtar Riddle, Graham et une ou deux beautés envoûtantes du district un…eux aussi avaient tous passé le cap, goûtant aux plaisirs de la chair, ces délices qu’elle s’était refusée. Emma se sentit stupide, embarrassée à cette idée.
L’avaient-ils tous remarqué ? Avaient-ils tous constaté son inexpérience ? En avaient-ils tous compris la raison ? Des larmes naquirent soudainement, qu’elle chassa rapidement par de vifs battements de cils. La jeune fille entendait presque le rire patronisant de son défunt Nolan, s’amusant de sa candeur. Emma avait vécu des Hunger Games, et voilà qu’elle restait malgré tout cet éternel enfant, cette naïve et stupide petite blonde.
Kenneth avait touché Hermione, et Emma se haïssait.
« Je ne… » finit-elle par balbutier, lorsqu'elle prit conscience que Kenneth attendait une réponse à son discours, qu'elle n'avait pas entièrement écouté jusqu'à la fin. Emma s'éclaircit la voix, la gorge soudainement sèche. « Je ne comprends pas. Tu as demandé en fiançailles Hermione alors que tu dis en aimer une autre depuis… » Ses sourcils blonds se haussèrent et ses yeux noisette s’écarquillèrent brièvement. « …depuis une dizaine d’années. » D'une voix toujours très lente, elle détachait chacun de ses mots avec prudence. « Tu comptes fonder l'épouser, fonder une famille alors que tu en aimes une autre. » Cela n’avait strictement aucun sens. Quand on aimait une personne aussi intensément qu’il le prétendait, pourquoi y renoncer sans avoir tenté de lui avouer ? Si Kenneth n’avait pas été avec Hermione, Emma lui aurait avoué ses sentiments, même si elle pensait dur comme fer qu'il ne la voyait que comme une simple amie. Mais le temps qu’elle se rende compte de cette passion, il fréquentait la blonde depuis quelques semaines. Dire qu’elle n’avait pas attendu qu’ils se séparent était un mensonge des plus flagrants. Pour autant, elle n’avait jamais songé un seul instant à passer à autre chose. Emma avait gardé cette lueur d’espoir. Et lorsque la Moisson était arrivée, elle n’avait pas été assez égoïste pour lui faire une déclaration précipitée et amère. Elle le lui avoué, elle mourrait, et par la suite, il aurait vécu avec des regrets. Or cela, c'était une chose qu'elle n'aurait pu se permettre.
Mais pourquoi lui, qui osait prétendre brûler d’un amour plus intense, n’avait pas essayé de lui avouer durant toutes ces années ? Car, Kenneth ne venait-il pas de révéler qu'il l'aimait depuis presque une décennie ? Pourquoi ne pas s'être confessé avant de fréquenter Hermione, pourquoi ne pas s'être déclaré tout ce temps durant lequel Emma ne l’aimait pas encore ? Avait-il eu peur d’être repoussé ? Cela aurait été le cas, admettait la blonde. A l’époque, elle ne le voyait pas autrement que le petit Dash, un garçon ordinaire quoique adorable. Mais était-ce une raison suffisante ? La crainte du rejet pouvait-elle assez puissante pour s'abstenir de se déclarer ? La confusion apparut sur le visage de la jeune femme, qui fronçait à nouveau les sourcils. Et il osait prétendre l’aimer davantage ?
Ne confondait-il pas fantasme et amour ? Emma cherchait à comprendre. A la fois ouverte, mais irrémédiablement ancrée dans ses principes droits et honnêtes et de son altruisme immodéré, il était peu probable qu’elle puisse réellement saisir la vision de tout être sensé face à un amour non réciproque. Elle ne parvenait à comprendre que la crainte et la dignité existaient en chacun, et qu’alliés, ils pouvaient aisément réprimer toute envie de se déclarer. La peur était bien trop grande, il était plus aisé de se protéger d'une douleur plus vive encore si l'autre ne partageait aucun sentiment similaire. L’amour était un don de soi, peu importait la réponse de l’autre, on ne tombait pas amoureux à condition que l'autre ressente la même chose, le véritable amour n’était pas fait pour le recevoir en retour, aurait-elle probablement répondu.
Oui, il s’agissait définitivement d’une vision bien trop différente de ses propres idéaux. Ou peut-être était-elle simplement trop courageuse ?
« Et ensuite, tu dis…aimer ? »
La déclaration enflammée de Kenneth semblait ne pas tenir la route. Il y avait quelque chose qui n’était guère logique dans ce raisonnement du cœur. Ne lui laissant guère le temps de répondre à ses précédentes questions, elle en posa une autre. « Tu veux quitter Hermione quand elle sera prête ? » Mais…comprenait-il au moins ? Aimait-il réellement ? Ne savait-il pas qu’Hermione l’aimait d’une intensité peu commune, et que ce genre d’amour ne s’éteignait jamais ? Que cet amour une fois déçu, ne parviendrait jamais à être éclipsé par un bonheur quelconque ? « C’est juste…c’est fou, Kenneth. »
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Sam 19 Mai - 23:05
Un affreux sentiment envahit Kenneth. A la base, il pensa que c’était « simplement » sa culpabilité, qui montait, montait, et allait finir par le ronger sur place, ne laissant qu’un petit tas de cendre là où, jadis, avait reposé son cœur. Mais plus le silence s’éternisait, plus la tension semblait grandir entre lui et Emma. Et il ne s’agissait pas là du genre de tension qui aurait pu faire frissonner la peau du jeune homme, lui donner la chair de poule et le faire supplier pour davantage. Non, ce n’était pas la tension impatiente de la recherche du contact, qui s’avérait au final presque aussi bonne que le contact en lui-même. Cette tension tenait plus de la gêne que de l’excitation. Il attendait qu’Emma réponde, qu’elle parle. Mais rien ne venait. L’avait-elle seulement entendu ? Est-ce qu’il devrait répéter ce qu’il avait dit ? Non … cette gêne était pesante, lourde de non-dits, et, lui semblait-il, de peine. En réalisant cela, une pensée concrète s’imposa à lui et, tandis qu’elle se formait dans l’esprit de Kenneth, il déglutit fort, douloureusement, comme si sa salive était une gigantesque balle, qu’il avait manqué d’avaler de travers mais qui, quoiqu’il arrive, devrait bien passer.
Rien de bon ne sortirait de cette rencontre
Instinctivement, il cessa tout contact physique avec la jolie blonde et fit un petit pas en arrière, afin d’installer une certaine distance entre eux. Ce simple geste suffit pour faire tomber en une seule fois toute sa culpabilité sur ses épaules qui se voutèrent. C’est comme s’il avait évolué, pendant les quelques minutes qui venaient de s’écouler, en apesanteur, dans un monde autre que Panem, loin de tous ses devoirs et de tous les regrets que des décisions hâtives avaient pu lui laisser dans sa vie. Et, soudainement, il se retrouvait là, accablé par la gravité du poids de ses méfaits. Il aurait pu étouffer sous la pression de ces devoirs qui le retenaient au sol, l’empêchant de s’envoler, de rêver. Le Capitole empêchait Kenneth de visiter le monde et le forçait à travailler, jusqu’au jour où il mourrait, ou qu’il deviendrait aveugle, pour le fournir en stupides légumes – que lui-même ne pouvait pas goûter. Le pouvoir central avait également éduqué Kenneth dans une telle peur que, lorsqu’il avait vu son amour de toujours quitter leur terre natale, il avait pris peur de mourir aussi, sans jamais avoir vécu, simplement aidé ses parents à la ferme, que son amourette avec Hermione s’était transformée en fiançailles. Et aujourd’hui il payait ce prix.
Car il n’était pas digne d’Hermione, qu’il aimait sincèrement, d’un amour calme, doux, léger. Le genre d’amour dont on n’attendait pas de passion, mais qui ne devrait pas subir de tracas non plus. Il n’était pas digne de sa gentillesse, de ses sourires et de ses tendes baisers, car il n’avait jamais su dédier son cœur entièrement à Hermione. Pourtant, comme cela avait été agréable, de se sentir aimé, désiré, accepté par une femme et de sentir ses bras l’enlacer comme si on n’avait toujours cherché que lui. Hermione et lui, pour elle, ça avait été le grand amour, pour lui, ça avait été une fabuleuse amitié, un bonheur qu’il avait abandonné, non-déballé, dans les poubelles, et découvrait enfin, terni par des espoirs, des sentiments uniques qu’il avait déjà accordés et perdus pour une autre.
Et Emma … eh bien, il ne l’avait jamais méritée, parce qu’elle était élégante, douce, pure, tandis que lui était lourdaud, maladroit, infâme. Un infidèle. Voilà quelque chose dont Kenneth ne se serait jamais qualifié, s’il avait dû se décrire. Ces baisers, aussi délicieux eurent-ils été, l’avaient soustrait à jamais de la perspective d’être assez bon pour Emma. Il était une raclure, un enfoiré, souillé de désirs immondes qui n’auraient jamais dû tomber sur la douce Emma sans avoir d’abord été approuvés par une rupture avec Hermione et des déclarations polies, retenues en bonne et due forme. Il devait se retirer à jamais, ne plus voir Emma.
EMMA – « Je ne… Je ne comprends pas. Tu as demandé en fiançailles Hermione alors que tu dis en aimer une autre depuis… …depuis une dizaine d’années. Tu comptes l’épouser, fonder une famille alors que tu en aimes une autre. »
Ça y est. C’était comme si la jolie bonde avait lu dans ses pensées. Elle confirmait. Il était un monstre, une personne qu’aucune femme, si elle était à la recherche d’un bonheur simple mais sincère, ne devrait jamais aimer. Néanmoins, Kenneth accusa le coup avec calme. Il ne cilla pas, n’essaya pas de se défendre, regardant un point lointain derrière l’épaule droite d’Emma. Peut-être que s’il arrivait à ne pas cligner des yeux, ses larmes ne tomberaient-elles pas. Sur le visage de la vainqueur, un ballet se jouait entre ses sourcils, qui ne cessaient de se soulever, puis de se froncer, trahissant l’intense réflexion qui se déroulait, à l’abri de la connaissance du jeune Dash, dans son esprit secret. Le méprisait-elle ? Sans doute … ses mots semblaient trahir une émotion similaire.
Le jeune brun fit encore un pas en arrière, tandis que les mots droits d’Emma venaient s’enfoncer dans son cœur comme autant de petits couteaux assassins. Il ne pourrait plus jamais aimé. Pas après tout cela. Il allait rentrer chez lui et dire à Hermione la vérité. Ils ne pouvaient pas rester ensemble.
EMMA – « Et ensuite, tu dis…aimer ? Tu veux quitter Hermione quand elle sera prête ? C’est juste…c’est fou, Kenneth. »
Kenneth prit sur lui, rassemblant toutes les maigres traces de courage qu’il possédait pour sourire à Emma. Que pouvait-il bien lui répondre, alors qu’elle lui renvoyait son amour au visage, comme une insulte ? Il n’y avait rien d’autre à dire, tout était déjà bel et bien dit. Les moments de confessions, seulement lointains de quelques minutes, semblaient s’être déroulés il y avait des heures. Alors que le jeune homme cherchait quoi répondre à la jeune femme, pour mettre un terme à cette discussion, son air avait pris quelque chose de … « fou » pour citer les propos de la belle blonde.
Ses yeux hésitaient, bougeant furieusement dans leurs orbites, entre parcourir une dernière fois des yeux le corps parfait, l’âme somptueuse qu’il avait toujours su devinée sous la chair de celle qu’il avait toujours aimée et briser le contact, regarder ailleurs, dans la nature, rompre déjà avec Emma à l’instant, ne prenant même pas la peine de marquer dans sa mémoire ses traits élégants pour le consoler dans la vie solitaire qu’il se réserverait maintenant. Alors ses yeux, au gré des envies contradictoires du jeune homme, passaient d’Emma, qu’ils détaillaient comme un assoiffé s’abreuve à une oasis, au vide où ils se perdaient, semblables au cœur meurtri, piétiné de Kenneth, aspiré par un abîme de plus en plus puissant et dévastateur.
KENNETH – « Je … Je ne sais pas quoi te dire. Hermione représentait la réalité … elle est douce, belle, gentille … Je croyais que je finirais par t’oublier en l’aimant. Mais je … ne lui ai jamais donné le même amour, au final. J’aurais pourtant voulu, crois-moi. »
Il souffla péniblement, ayant du mal à respirer. C’était comme si sa culpabilité et sa souffrance s’étaient donné le mot pour venir compresser son torse, rendant ainsi sa respiration laborieuse et écrasant de plus en plus son cœur qui semblait désormais tourner au ralenti. Allait-il mourir de chagrin sous les yeux d’Emma ? Sûrement pas, il le savait, mais, Seigneur ou qui que ce soit, cela y ressemblait vraiment. Ça devait être sa punition pour avoir aimé, inégalement, deux femmes en même temps, pour avoir eu peur, avoir été un petit con aux couilles molles. Un couard.
Il repris sa respiration et, à sa grande honte, un sanglot perça au travers de celle-ci. Respirer lui faisait mal, mais pas autant que penser à combien il se décevait et, pire encore, combien il décevait Emma. Il avait subitement une envie furieuse de se cacher sous la couette de son lit. Et après il venait s’étonner qu’Emma l’aie considéré comme un pitoyable putain de gosse toute ces années !
KENNETH – « Tu sais … moi je serais mort dans cette arène. Les soixante secondes seraient passées et j’aurais crevé de trouille instantanément. Je ne suis pas toi … ou Prue. Je suis moi et … j’avais peur … tu me regardais pas … pas comme ça … tu … »
Un véritable, évident sanglot déchira la gorge de Kenneth alors que plusieurs larmes roulèrent hors de ses yeux. Il avait tellement honte. Il méritait ce rejet. Mais ses propres paroles firent naître à son esprit une évidence tellement claire, qu’il s’étonna de ne jamais y avoir pensé plus tôt : il était minable, trompeur, faible. Il devait mourir. Partir. Cesser de penser à l’abjecte personne qu’il était, faire taire cette souffrance sourde qui vibrait à travers toute son âme. Il s’éloigna encore plus de la jeune femme et lui tourna le dos avant de continuer à lui parler. Au fur et à mesure qu’il prononçait ces paroles, il ressentait un besoin grandissant de s’appuyer sur quelque chose, mais il n’avait rien devant lui, comme il venait de délaisser la barrière pour la céder à Emma. C’était le territoire d’Emma pour l’instant, et Kenneth ne pouvait pas coexister là où vivait Emma. Il ne le pourrait jamais.
KENNETH – « Je ne voulais pas me ridiculiser et tout perdre comme relation avec toi. Une amitié … c’était déjà pas si mal. Je voulais pas te voler à … à Prue. Je … je n’ai aucune bonne raison, si ce n’est que j’avais peur que tout s’arrête comme … comme ..main…te.te…maintenant. »
Il avait envie de se mettre à genou dans la poussière et de se rouler en boule. Mais il résista à la tentation. Il attendrait que la jeune femme soit partie.
KENNETH – « Pourrais-tu partir, s’il … s’il te plaît Emma ? Je ne veux pas qu’Hermione arrive et nous voie comme ça. Ou Prue. Ou n’importe qui, pour ne pas te gêner. »
C’était décidé, il se porterait volontaire aux Jeux. Il mourrait dans l’arène, adressant sa dernière pensée à Emma, sachant qu’il mourrait en son nom et en celui d’Hermione, pour venger le mal qu’il leur avait fait en n’étant honnête avec aucune des deux. S’il ne pouvait pas avoir l’amour d’Emma, et que maintenant il le savait, il ne lui restait pas de rêve auquel se raccroché pour vivre.
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Dernière édition par Kenneth E. Dash le Ven 10 Aoû - 17:47, édité 1 fois
CITOYEN DE PANEM
IDENTIFICATION PASS
ϟ 1ERE MOISSON : 01/02/2012 ϟ MESSAGE : 760 ϟ AVATAR : holland roden. ϟ MULTICOMPTE : velvet baxter. ϟ DISTRICT : sept. ϟ AGE : twenty-one y.o ϟ METIER : mentor du sept. ϟ HUNGER GAMES : non ϟ RÉBELLION : indécis ϟ COMPÉTENCES : SLAVE
Emma A. Wakefield
ADMINISTRATRICE DE DAUGHTER OF FIRE
Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1] Ven 10 Aoû - 17:30
Les yeux de Kenneth dansaient, ne sachant où se poser. Il ressemblait à un animal terrifié, pris sur le fait. Kenneth est en faute et il le sait, songea subitement Emma alors qu’elle le fixait sans ciller.
« Tu sais … moi je serais mort dans cette arène. Les soixante secondes seraient passées et j’aurais crevé de trouille instantanément. Je ne suis pas toi … ou Prue. Je suis moi et … j’avais peur … tu me regardais pas … pas comme ça … tu … »
La jeune fille inspira profondément avant d’expirer plus doucement. Les yeux écarquillés, elle observait Kenneth sans broncher. Venait-il réellement d’avouer à demi-mot ce qu’elle pensait ? Non, Kenneth ne pouvait être ainsi. Pas…pas aussi lâche.
J’arrive pas à le croire.
Si Emma ne supportait pas une chose, c’était bien la lâcheté. Elle-même, durant la 74ème édition des Hunger Games, avait parfois ressenti certaines craintes qui l’avaient instinctivement poussée à se comporter comme la pire des lâches. C’étaient ces moments-là qui la tourmentaient si souvent dans ses cauchemars lorsque Nolan n’en était pas le protagoniste principal. La couardise était le pire des défauts, une tare qu’elle méprisait et qui la dégoûtait foncièrement. Elle n’avait alors jamais associé ce mal abject à la personne si irréprochable et estimable qu’était Kenneth Dash. Le garçon avait certains défauts qu’elle avait toujours connus certes, mais qu’elle avait toujours considérés comme adorables dans une certaine mesure. Ses défauts n’en étaient pas réellement aux yeux de la belle, mettant ainsi inconsciemment Kenneth sur un piédestal. Selon elle, aucun autre homme ne pouvait rivaliser avec le caractère de ce jeune Dash qu’elle aimait tant.
Le mensonge, elle pouvait pardonner. L’hypocrisie également, l’avarice, la bêtise, tout. Mais la lâcheté ? Il s’agissait là d’une imperfection qu’elle n’aurait su supporter chez quiconque tant il était abominable. Ainsi, chaque jour depuis sa victoire aux Jeux, Emma s’était efforcée de ne pas être un être dénué de tout courage. Elle savait au fond elle-même que dans un monde tel que Panem, la bravoure était une denrée rare. Pourtant, elle savait qu’elle subsistait encore parmi beaucoup d’habitants, et ce dans leur vie quotidienne. Emma voyait cette qualité chaque fois qu’elle croisait le regard d’un habitant du onze, chaque fois qu’elle contemplait des actes qui semblaient ordinaires, mais qui – pour elle – relevaient de l’extraordinaire. Emma avait assumé que Kenneth faisait partie de ces personnes qu’elle admirait tant. Mais si le courage de continuer cette vie si difficile était une victoire en soi, la franchise d’assumer ses sentiments était un autre acte de courage que ne semblait guère posséder Kenneth. Or, celle-ci semblait la plus importante en cet instant.
Elle était déçue. Le chevalier sans peur et sans reproche qu’elle s’était imaginée n’était rien d’autre qu’un homme des plus ordinaires. Kenneth n’était, en réalité, qu’un garçon comme un autre. Alors lorsque les premières larmes vinrent embuer le regard parfait du jeune homme, Emma détourna vivement le regard, comme écœurée, choquée, bouleversée par ce qu’elle venait de découvrir. Elle ne le vit pas se retourner avec pudeur, ni deviner ce trou béant qui semblait faire chavirer son cœur. Le Kenneth qu’elle avait idéalisé avait-il été factice ? Ou ne le connaissait-elle tout simplement pas assez ? S’était-elle volontairement caché les défauts du garçon qu’elle n’appréciait guère, vivant ainsi dans le déni le plus total ? Emma lâcha un profond soupir, ne sachant plus discerner le vrai du faux. D’un geste lasse, elle passa une main frêle sur son front crispé, comme pour éclaircir ses idées si confuses.
« Je ne voulais pas me ridiculiser et tout perdre comme relation avec toi. Une amitié … c’était déjà pas si mal. Je voulais pas te voler à … à Prue. Je … je n’ai aucune bonne raison, si ce n’est que j’avais peur que tout s’arrête comme …comme ..main…te.te…maintenant. »
Me voler à Prue ? C’est l’excuse la plus ridicule que je n’ai jamais entendue de toute ma vie, pensa soudainement la jeune fille, avec une certaine colère.
« Je ne pensais vraiment pas que tu…» que tu étais comme ça, se retint de continuer Emma. L’amour rendait aveugle, lui avait-on régulièrement dit. Apercevait-elle enfin la vérité ? Elle était si stupide ! Bien sûr que Kenneth était honnête, avait des principes, Kenneth était…brave. Non…il ne l’était pas…du moins, pas autant qu’elle le pensait. Il avait la force morale d’endosser les responsabilités de son père, et de faire survivre sa famille comme tentait de le faire chaque habitant de Panem. Mais la bravoure du cœur et des sentiments semblait inexistante. Comment pouvait-il se mentir à lui-même de cette façon ? Pire encore, comment pouvait-il mentir à Hermione ? Lui promettre un avenir alors qu’elle n’était pas la seule femme à laquelle il pensait ? Alors que ses sentiments ne rivalisaient pas avec ce qu’il se disait ressentir pour elle-même ? Avait-il si peur de la solitude qu’il préférait assurer ses arrières en gardant une jeune fille sous le coude ? C’était intolérable et si bas ! Jamais Emma n’avait pensé mentir à un autre homme sachant qu’elle n’aurait été capable de se donner entièrement à lui. Cela n’aurait pas été honnête de sa part, et juste pour ce garçon. Une vision des choses que ne partageait pas Kenneth, lui semblait-il.
« Pourrais-tu partir, s’il … s’il te plaît Emma ? Je ne veux pas qu’Hermione arrive et nous voie comme ça. Ou Prue. Ou n’importe qui, pour ne pas te gêner. »
Là, on a atteint le summum !
Emma hoqueta de surprise, suite aux propos de Kenneth. Ce qu’il venait de dire ne faisait que confirmer ce qu’elle pensait : il restait lâche envers et contre tout. Le garçon avouait qu’il l’aimait, et à présent, il lui suppliait de partir avant que Hermione n’arrive ? Qui était donc cet homme en face d’elle ? Dire la vérité, avouer ce qu’il pensait et ne pas assumer ses actes la seconde suivante ? Continuer à mentir à Hermione, sachant qu’il n’avait pu obtenir l’autre fille ?
« Me gêner ? » répéta Emma, d’un ton neutre même si la jeune femme bouillonnait de l’intérieur. « C’est plutôt toi que cela devrait gêner Kenneth. » La blonde secoua légèrement de droite à gauche ses boucles blondes, avec un sourire désabusé. Elle recula, s’avançant vers l’allée poussiéreuse qui l’avait amenée jusqu’à la fermette des Dash. « Jouer sur deux tableaux, garder Hermione par défaut…c’est juste…c’est écœurant Ken. Vraiment. » finit-elle par ajouter d’une voix plus forte, alors qu’elle rebroussait déjà chemin. Elle ne voulait plus l’entendre se justifier, utiliser des excuses qui n’avaient aucun sens et qui ne faisaient que confirmer ce qu’elle venait de découvrir sur lui. Avec son pied, elle jeta avec force un caillou sur le sentier, avant d’accélérer le pas et s’éloigner du garçon qu’elle avait aimé depuis tant d’années. Des larmes de rage et de déception embuèrent ses yeux, qu'elle chassa par de violents battements de cils, et qui ne firent que la pousser à accélérer davantage.
« Tout chemin aboutit au même point : la désillusion. » O. Wilde.
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Sujet: Re: EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1]
EMMA ζ encore une belle journée sous le soleil, dans le onze [SAISON 1]