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 RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞

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MessageSujet: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitimeDim 26 Fév - 21:15

Raziel Eliester Fawkes

25 ans ϟ district 4 ϟ ft. Tom Felton

PRENOM(S) ϟ Raziel. Prénom bien étrange lui venant d'un grand oncle ayant marqué les souvenirs de sa mère en l'élevant comme sa fille. Eliester. Nulle tradition familiale ici, il ne porte pas son deuxième prénom en l'honneur d'un grand-père ou d'un père... mais en celui de son défunt frère, victime des caprices de la mer. Il s'est fait engloutir par les flots lors d'une montée des eaux inattendue, alors qu'il s'était aventuré dans une cavité rocheuse pour débusquer des crabes ; NOM ϟ Fawkes. Ce pseudonyme n'inspire ni respect ni crainte, il n'est qu'un nom parmi tant d'autres dans le 4ème district, celui d'une famille de pêcheurs. Cependant, il fait référence depuis moins d'une décennie à un ancien vainqueur, dont le statut le dore d'une certaine gloire ; DATE DE NAISSANCE & AGE ϟ 16 mars ― 25 ans au compteur ; DISTRICT ϟ issu du district 4, il a grandi en glorifiant les Hunger Games et en considérant comme un honneur la participation à ces évènements. Les maigres richesses de sa famille ont été mises à profit pour le préparer, dès la mort de son frère, à succéder à celui-ci et à s'entraîner pour se porter volontaire pour le rôle de tribut. Son enfance fut donc partagée entre chasse, pêche et rêveries au sujet du monde qui l'attendait ; METIER ϟ chanteur et musicien. Entendons-nous bien, il ne s'agit pas là d'un choix : si Raziel avait vraiment pu décider, il aurait œuvré dans des buts plus louables, moins frivoles. Il a certes courru après la gloire durant des années, il voulait être célébré pour ses capacités physiques, son ingéniosité, sa débrouillardise. Pas quelque chose qui puisse avoir un rapport proche ou éloigné avec la musique, qui rime à ses yeux avec inutilité. Agile de ses doigts, il n'aurait jamais pensé cependant que l'on puisse le pousser à développer un talent dans ce domaine, lui qui ne pratiquait à la base que lors de ses rares instants perdus, pour le plaisir ; SITUATION CIVILE ϟ célibataire. À son âge bien sûr, Raziel a connu quelques histoires... dont une, plus sérieuse, avec une fille de son district. il a cependant délaissé la concerné, par excès d'arrogance, lorsqu'il a fait ses premiers pas dans le monde des vainqueurs. Aveuglé lors des premières années, il a nié tout sentiment et a fait d'elle l'une des clés de son passé, s'efforçant de ne ressentir aucun remord. Mais les remords sont revenus au galop plus tard, quand la réalité de sa nouvelle existence lui a explosé au visage, qu'il est devenu un simple trophée humain. Ces autres aventures sont récentes et sans profondeur; il passe de bras en bras pour parfaire, officiellement, une réputation de coureur, tandis qu'il n'est officieusement qu'acheté pour le bon bon plaisir de quelques riches oisifs ; ALLÉGEANCE ϟ bien que fervent partisan du régime par le passé, il est maintenant de ceux qui soutiennent les grondement annonciateurs d'une rébellion et prendra sans aucun doute les armes le moment venu. Un pro-rébellion, donc ; GROUPE ϟ Fame & Fortune ; CREDIT ϟ bann ©️ TFObsessed (tumblr).


réponds aux questions de César
QUE PENSEZ-VOUS DU CAPITOLE ? Raziel a, durant toute son enfance et son adolescence, été comme sa famille et son district même un fervent partisan des Jeux de la Faim. Il a aussi et surtout longtemps rêvé de faire ses preuves à la vue des Capitolins afin d'être reconnu, acclamé par eux. Combien de nuits passées à rêver de leur mode de vie, de jours user à s'épuiser pour leur faire parvenir les ressources réunies au prix de longues heures de labeur? Combien d'entraînement dans la sueur et le sang pour les Hunger Games? Tout cela s'est écroulé avec le passage à l'âge adulte; Raziel a vécus les évènements qu'il avait tant espérés, et cela fit toute la différence. Entre se persuader du bien fondé de quelque chose et goûter soi-même à ce qu'implique vraiment la dite chose il y a un monde, et après avoir vécu tout cela, l'immersion dans l'univers capitolin a fini de le dégoûter de ce système qui fait des habitants des districts une éternelle source d'amusement pour les plus riches. À la suite de sa victoire, il n'a été protégé par son âge que pendant quelques années avant d'être projeté dans la réalité, jeté en pâture à ces êtres dépourvus de conscience qu'il avait admiré, respectés, enviés. Ils l'ont brisé et aujourd'hui, le pantin désillusionné ne rêve plus que de l'instant où il rompra ses cordes pour retrouver sa pleine liberté.
QUEL EST VOTRE AVIS SUR LES JEUX ? honneur? Horreur. Pour en avoir fait lui-même les frais il y a huit ans, pour avoir paradé pour gagner le coeur du public, pour avoir tué et manqué d'être tué, pour avoir connu la faim, la soif, la terreur et le désespoir, il sait qu'il ne voudrait pour rien au monde revivre ces instants. C'est une immondice, un plaisir malsain, et le goût qu'ont développé les Capitolins pour le sang le révulse. Plus que tout, il peine à croire qu'il ait pu un jour désirer ardemment y prendre part, ou que sa propre famille, ses propres voisins aient pu y voir un moyen de briller au point de le propulser dans l'arène. À ses yeux, les Jeux de la Faim méritent tout bonnement d'être abolis, ou leurs organisateurs, ces picadors, d'être confrontés à leurs propres pièges et de batailler pour leur vie. À leur tour.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA MORT D'ARABELLA EVERGLADE ET DE SON MARI ? Révolte est de nouveau le mot approprié ici. Arabella était issue du même district que Raziel. Elle était plus qu'un ancien vainqueur, un véritable symbole, et le jeune homme a longtemps suivi ses traces comme celles d'un modèle. Les voir sacrifier, elle et sa famille, pour le plaisir du Capitole l'a révulsé. La 75e édition... il ne l'oubliera jamais, lui qui aurait pu se retrouver de nouveau embourbé dans l'Arène pour cette occasion. Il en cauchemarderait presque s'il était encore sensible, en songeant à celui qui est mort à sa place, en songeant aux monts granuleux du sablier auquel il a échappé cette année-là.
Les pensées de Raziel ne se tournent pas vers de défunt époux d'Arabella. Il n'est pas assez altruiste pour se soucier d'un homme qu'il n'a pas connu; pour lui, il ne s'agissait que d'un vague faire valoir qui apparaissait dans l'ombre de la femme et la glorifiait, parce qu'elle avait su, en plus de prouver sa valeur et sa capacité de survie, toucher le bonheur du doigt sur tous les plans. Pour l'enfant demeuré orphelin non plus, nulle compassion. Un instinct protecteur peut-être mais rien de louable : après la mort de sa mère, il hérite de son statut de "symbole". Celui de la rébellion qui menace d'éclater, cette fois. Et si Raziel doit faire quoi que ce soit pour cet enfant, ce sera au nom des changements qu'il espère.
QU'AURAIT REPRESENTÉ OU QUE REPRÉSENTERAIT POUR VOUS DE PARTICIPER AUX JEUX ? Y avoir participé a fait de Raziel ce qu'il est aujourd'hui : un jeune homme hanté. Y participer de nouveau serait un calvaire certain, et il n'échapperait probablement pas à la mort cette fois. La rage de survivre ne serait pas présente à la même intensité mais surtout, le temps et les privilèges accordés aux vainqueurs ont en partie émoussé ses réflexes. Il ne mène pas le même train de vie qu'avant, bien que croire qu'il nage dans le luxe et le bonheur aveugle serait naïf. L'année des 67e jeux, il a eu la chance de pouvoir mettre à profit ses avantages puisque l'île était bordée d'eau; il a ainsi pu vivre des produits de la pêche, tandis que bien d'autres mourraient de faim, inexpérimentés dans cet environnement d'île désertique. Mais rien ne dit qu'il bénéficierait de la même veine une seconde fois : le Capitole ne lui ferait probablement pas un tel cadeau. Et sur un terrain différent, Raziel serait sans aucun doute lésé, témoins ses mésaventures le temps qu'il a passé dans la forêt de l'île. Mais définitivement, le mental serait ce qui jouerait contre lui. Il ne veut plus... ne peut plus tuer sans raison, pour un honneur dérisoire, pour le plaisir de personnes qu'il méprise, exècre. Alors participer de nouveau représenterait sa mort, ni plus ni moins.
QUELS SERAIENT OU ONT ETE OU AURAIENT ETE VOS ATOUTS DANS L’ARENE ? Ses atouts fut la pêche et sa faculté à se déplacer dans l'eau, principalement, puisque celui lui permis non seulement de se nourrir, mais aussi de prendre la fuite lorsque cela s'avéra nécessaire. Pour finir, ce furent des évènements maritimes qui marquèrent le dénouement de l'édition dont il fut vainqueur. En matière d'armes, il n'avait pu se munir que d'un simple poignard et en a usé pendant longtemps avant que le public, visiblement charmé, ne lui fasse parvenir mieux : un trident et une filet de pêche barbelé qui lui facilitèrent largement la tâche. Le trident, notamment, devint une arme redoutable, capable de coincer les épées adverses, lui permettant de désarmer des ennemis ou de les toucher à distance. Raziel est musclé juste comme il le faut, non baraqué à l'extrême. Il peut assumer un corps à corps, le gagner même, s'il est au mieux de sa forme. Mais blessé, affamé, assoiffé, bref diminué comme il l'a souvent été lors du jeu, il compte plus sur sa tête que sur ses muscles. Ou sur l'adrénaline et la soif de vivre, qui lui permettent de puiser en lui une énergie qu'il ne se soupçonnerait même pas de posséder.
QUEL SERAIT L'OBJET PERSONNEL QUE VOUS EMPORTERIEZ DANS L’ARENE ? Un clou d'oreille, résille d'argent sertie d'un lapis-lazuli de petite taille. Son frère en avait hérité de leur grand-mère. Alors qu'il le portait tout le temps, il l'a ôté le jour de sa mort pour une raison qui échappe encore à ses proches. Raziel l'a alors récupéré, en souvenir, conférant à l'objet une valeur sentimentale non négligeable. Cet anneau a joué un rôle dans sa motivation à participer aux jeu puis à y survivre, à les gagner, et il ne quitte pas le lobe de l'oreille droite de Raziel depuis toutes ces années.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA SPÉCIALISATION DE VOTRE DISTRICT, DE VOTRE NIVEAU DE VIE ? Retourner dans son district pour s'adonner à la pêche n'a, pour Raziel, rien d'une corvée : c'est comme prendre une large inspiration, quelque chose de frais et de vrai, bien loin de l'égocentrisme et des intérêts superficiels qui font les seuls préoccupations des Capitolins. La mer est sa mère; il l'a longtemps crainte, car elle a emporté son frère aîné. Mais s'il doit périr un jour, il ne désirerait rien tant que mourir entre ses flots. Après toutes ces années, il ressent désormais une certaine fierté face à son District et à ses habitants, capables de tant se dépenser pour survivre.


entrez dans l'arène
ϟ PSEUDO Sunday pour les intimes, jewels* quand je bidouille sur photoshop o/
ϟ AGE 19 ans.
ϟ COMMENT AS-TU CONNU LE FORUM ? Si j'ai atterri là c'est la faute à Gaspard ♥️
ϟ AS-TU LU LA TRILOGIE ? non m'sieur RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 2798287543
ϟ CODE validé par Emma.
ϟ COMMENTAIRES ? superbe boulot que ce forum, le projet à l'air vraiment bien parti, j'espère de tout cœur qu'il aura le succès qu'il mérite.


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MessageSujet: Re: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitimeDim 26 Fév - 21:15

Harder, better, faster, stronger


I find it kind of sad
CHAPITRE 1. Une agitation peu commune régnait au sein du district côtier. Plus précisément, elle faisait ravage dans la demeure des Fawkes. Du haut de ses cinq ans, Raziel gigota sur son siège dans l’espoir de se glisser à l’extérieur et de saisir des bribes d’explications à propos de cet émoi. La main de son père se posa, sévère, sur sa cuisse avant qu’il n’ait pu esquisser un geste pour se mettre sur pieds cependant. « Reste en place, lâcha-t-il d’un ton grondant qui figea un instant l’enfant sur place… avant qu’il ne se mette à geindre qu’il voulait savoir ce qu’il se passait. Un soupir agacé échappa à l’homme, qui détourna les yeux pour se saisir d’un filet qu’il attacha avec soin à son épaule. Ton frère n’est pas ici, j’ai besoin d’un homme à la maison. Ta mère ne va pas bien. En disant ces mots, il se pencha avec un sérieux impressionnant sur son jeune fils. Je te la confie Raziel, prend soin d’elle. » il se passait quelque chose. Mais quoi? Là était la question. Incertain, incapable surtout de saisir la gravité de la situation ou de remarquer que le regard de son père se faisait trouble et était rongé par l’inquiétude, le gamin hocha solennellement la tête et se laissa détourner par un morceau de pain salé, vêlé d’algues vertes. La haute silhouette de son père disparut par la porte d’entrée, et il demeura immobile un instant avant de délaisser finalement son siège pour s’accroupir dans l’entrebâillement de la porte. Devant ses yeux se peignait un tableau des plus intriguant. Les gens passaient au pas de courses, criant des ordres, des nouvelles, les traits tendus par l’inquiétude. En l’apercevant à son poste d’observation, une femme l’approcha, étouffant des larmes. L’une de leurs voisines, une amie de sa mère. Elle se laissa tomber sur les genoux et l’enferma dans une étreinte serrée, les joues humides. « Tout ira bien, marmonna-t-elle d’une voix chevrotante qui se voulait sans doute rassurante. Dis à ta mère qu’ils le retrouveront et le ramèneront. Il sera à la maison ce soir, d’accord? Il doit l’être. Dis-le à ta mère, Raziel. » Sur ce elle se retira, le laissant dans l’incompréhension la plus totale. Bientôt, le village sembla presque désert : tous ou presque avaient afflué vers la plage.

« Raziel? La voix maternelle tira l’enfant de sa contemplation muette. Il serra le pain entre ses mains mais ne bougea pas. Raziel, où es-tu! Une brin de panique s’était glissé dans sa voix, le bruit de ses pas se rapprocha. Raziel! Un sanglot cette fois. Elle le cherchait à tâtons, luttant contre sa peine aveugle, et ce fut d’une main brusque qu’elle l’attrapa par l’épaule pour le ramener contre elle lorsqu’elle le retrouva. Pourquoi tu ne me réponds pas? J’étais morte d’inquiétude! Ce n’est pas le moment pour ça, ce n’est pas… sa voix se brisa et elle cessa de le secouer tel un cocotier pour l’étreindre violemment. Si tu disparais toi aussi je n’aurai plus qu’à mourir », larmoya-t-elle misérablement. « Pourquoi tu pleures maman? » La question fit redoubler ses larmes et l’étreinte autour des frêles épaules se resserra douloureusement. « Elijah!, laissa-t-elle échapper d’un timbre déchirant. Qu’on me rende mon fils, qu’on me rende mon petit garçon! » Elle pleura ainsi de longues durant, psalmodiant sans peine sans se lasser, et ne s’arrêta qu’en voyant revenir ceux et celles qui était partis à l’assaut des vagues, à la recherche de son aîné, plusieurs heures plus tôt. Ses paumes rendues calleuses par des années de dur labeur désertèrent les épaules de Raziel pour se joindre en un signe de prière à l’arrivée de son époux. « Où est-il? Ses yeux clairs délaissèrent le visage aimé, elle se précipita à l’extérieur et fouilla les alentours du regard, mais les mines étaient basses. Les traits du patriarche étaient crispés, figés entre peine et volonté de demeurer fort jusqu’au bout. Incapable de parler pourtant, il secoua seulement lentement la tête, de droite à gauche. Ils le portent jusqu’ici? Tu aurais dû les attendre. Mais je comprends, tu as voulu les devancer pour me prévenir qu’il arrivait… » Un « Cara… » rauque tenta de l’interrompre, mais elle continua de babiller, volontairement sourde à ce qui résonnait en elle comme une menace. « Je devrais préparer la chambre, un nécessaire de soins peut-être? Des couvertures plus chaudes. Il doit être frigorifié, mon pauvre petit… Ses phalanges tordaient le tissu de sa robe en un geste empreint de nervosité. Je vais le faire tout de suite. » « Cara, écoute-moi… » « S’ils reviennent et que rien n’est prêt, quel désordre ça fera… Oui je vais faire ça, peut-être prévoir quelque chose à manger pour remercier tous ceux qui t’ont aidé à retrouver notre Elijah, nous n’avons plus grand-chose mais je devrais trouver… » « Cesse de t’agiter! Je te dis que c’est inutile. » « Comment? Inutile? Ça ne peut pas l’être, puisque c’est pour notre fils, c’est… » « Cara, nous ne l’avons pas trouvé. Je suis désolé, je… nous avons tout essayé. J’ai fait de mon mieux. J’ai plongé des dizaines et des dizaines de fois, j’ai raclé les fonds marins à sa recherche… je ne l’ai pas trouvé. Il a bien fallu se rendre à l’évidence, au bout de quelques minutes nous ne cherchions plus qu’un cadavre… mais même cela, même cela… je suis désolé. Je n’ai rien pu faire. » « Mais c’est impossible. Mon Elijah est le meilleur plongeur de sa tranche d’âge, mon Elijah est le favori pour les Jeux de la Faim. C’est un vainqueur dans l’âme, c’est un beau, grand garçon, il est fort et il a… il a dompté les flots il y a bien des années. Il… » « Assez! Tu ne le ramèneras pas en niant la vérité! ― s’écria soudainement son époux pour couvrir ses déblatérations. Tu ne fais que nous faire plus de mal, bon sang. Il est mort, mort, tu comprends!? » Un cri perçant lui répondit alors qu’elle se laissait choir au sol, sans force.

Debout à l’angle de la pièce, Raziel, témoin de la scène, essayait de donner un sens à ce qu’il voyait et entendait. « Grand frère ne rentre pas? » Son père se tourna vers lui, sa lassitude se lisant dans sa posture et ses épaules basses. Il l’appela à le rejoindre en tendant vers lui une main en guise d’invitation, puis le souleva de terre et lui tapa le dos en une tentative de réconfort.

Ce soir-là fut le premier d’une longue période de deuil. Si Raziel ne pleura pas les premiers jours, il finit par comprendre ce qu’impliquait la mort lorsque l’absence commença à se faire longue… et le manque cuisant.


Load up on guns
CHAPITRE 2. Le bruit du bois qui s’entrechoque, les souffles rauques synonymes d’effort, les fronts dégoulinants de sueurs, les torses nus humides… et les railleries surtout. « Tu demandes grâce, Fawkes? » « T’aimerais bien! Ça te donnerait un moment répit, hein Rosen? Déjà fatigué? Petit joueur. » « T’es un tel flambeur, cracha son adversaire en même temps , les mots accompagnés d’un jet blanchâtre épais qui s’écrasa au sol à ses pieds. Quand j’en aurai fini avec toi… » « Arrête de rêvasser, je te rétame quand je veux. » La mâchoire du plus vieux se crispa, il chargea dans un cri menaçant et les lances se croisèrent de nouveau. Le choc se répercuta dans leurs membres endoloris, faisant vibrer leurs muscles tendus, mais ni l’un ni l’autre ne daignerait lâcher prise maintenant. Rosen leva haut son arme pour l’abattre violemment, visant la tête; Raziel l’entendit siffler à son oreille comme il esquivait de justesse, et profita de la garde relâchée de l’autre combattant pour donner un brusque coup de bâton, atteignant le menton dans un claquement de dents sonore. Lorsque Rosen rouvrit la bouche, elle était gorgée de sang ― il s’était mordit la langue. Pas une once de compassion n’illumina le visage dur du plus jeune… mais un sourire en coin, mauvais, précéda la moquerie. « Eh bien, tu as soudain perdu ta langue on dirait. T’sais c’qu’on dit des grandes gueules comme toi? Qu’ils en ont une peti ― » Un nouveau cri de colère le fit taire, et l’instant d’après le bout du bâton s’enfonçait dans sa cage thoracique, lui coupant le souffle. Rosen lâcha au sol une chique ensanglantée en le lorgnant d’un œil satisfait. Décidé à en finir, Raziel fit mine de menacer son épaule pour détourner son geste au dernier moment, ciblant un genou pour le déstabiliser. L’articulation jumelle fit rapidement les frais de sa colère; le grand chuta en se retenant d’une main, l’autre enserrant toujours fermement sa lance. Son vis-à-vis ne lui laissa pas le temps de se ressaisir; déjà, il frappait aux coudes, affaiblissait les poignets, puis tournait sur lui-même pour asséner au jeune homme un coup dans toute la largeur du dos, d’une omoplate à l’autre. L’arme de son adversaire fut projetée en avant et heurta le sol dans un bruit creux avant de rouler plus loin. « Si nous étions aux Hunger Games, susurra le gagnant à l’oreille du combattant terrassé, de façon suffisamment audible cependant pour que les adolescents qui les entouraient les entendent : je t’aurais brisé la nuque sans la moindre pitié. Estime-toi heureux qu’on n’y soit pas, il te reste au moins tes larmes pour pleurer ta défaite. » il se redressa, fier comme un paon sous les acclamations des adolescents attroupés. « C’était super! T’as été génial, il pouvait à peine suivre tes mouvements des yeux tellement c’était rapide! » « Comment tu l’as rétamé, c’était du… » « Silence! Dispersez-vous, chacun à ses activités, exécution! Fawkes, Rosen, amenez-vous par ici. Le ton grinçant de leur formateur n’augurait rien de bon. Bien qu’en tort, ce fut d’un pas conquérant que Raziel l’approcha, regardant claudiquer avec arrogance le second interpelé. Un gifle au niveau du front le rappela à l’ordre… et le fit grincer des dents, bien qu’il baissa la tête pour le masquer. Qu’ai-je dit au sujet de ce genre de combats? Le silence lui répondit. Face à leur manque de coopération, l’homme se saisit de la lance dénuée de pointe de métal que tenait encore le jeune Fawkes et les contourna. D’un seul et même mouvement, il leur frappa l’arrière des genoux avec force. Alors! », reprit-il plus fort. Rosen inspira douloureusement, les articulations en feu, et s’empressa de répondre pour éviter une nouvelle correction. « Aucun affrontement non programmé pour l’exercice n’est toléré. » « Nous parlons donc bien la même langue, et l’ordre est suffisamment succinct pour ne pas embrouiller vos cervelles atrophiées. Alors pourquoi, au nom du tout puissant Capitole, osez-vous me défier en me désobéissant délibérément, ouvertement, sur mon terrain d’exercices? Silence, de nouveau. Est-ce que votre jeune âge est la seule excuse pour votre stupidité? Ou les couches d’arrogance s’y mêlent-elles encore? Aucune réponse, de l’un ou de l’autre. Le vieil homme, Sade, un ancien vainqueur au visage désormais ridé comme du vieux parchemin mais au corps encore solide, noueux comme une liane tenace, serra un point sur le col du vêtement de Raziel en plongeant ses yeux dans ceux du plus jeune. Étais-tu à l’origine de ceci, Fawkes? Il n’obtint qu’une moue dédaigneuse, Raziel s’enfonçant dans son mutisme. Comme s’il ouvrirait la bouche pour infirmer! Cafter n’était pas son genre, il n’était pas de ceux qui geignent pour obtenir réparation. Il préférait œuvrer seul, pour lui-même, et faire payer les affronts de ses mains. Coup pour coup. Œil pour œil. Avec dommages collatéraux à la clé, cependant. Il était de la trempe des combattants de choix, de ceux qui se dévouaient corps et âme en attendant la moisson qui les sacrerait tribut de leur district. Un pas déjà vers la victoire. Tu paieras chèrement ton silence, je le considère comme un oui. À genoux, Raziel. Il savait combien un tel ordre coûterait à l’adolescent. Du haut de ses seize ans, il était un monstre d’orgueil et ne s’abaissait même pas à demander. « S’il vous plait » étaient des mots qui lui écorchaient la bouche, « merci » suffisait à lui faire détourner les yeux, mal à l’aise. Il les lâchait dans des grommellements mécontents et s’empressait ensuite de disparaître à la vue de celui ou celle auquel il était redevable…

C’était dommage. Raziel était un bon garçon, ouvert au monde et aux autres, serviable, rieur, blagueur même. Il était un ami loyal, un compagnon fidèle. Il n’y avait pas non plus pêcheur plus passionné. Il faisait la fierté de père, ayant passé des années à tout faire pour devenir le meilleur et éclipser l’ombre morbide de son frère aîné. Elijah, qui avait été tellement parfait en tous points. Élijah, mort noyé quelques années plus tôt alors que rien n’aurait pu laisser penser qu’une telle tragédie puisse l’atteindre lui. Elijah, qui avait laissé derrière une mer brisée, effrayée par la mer, effrayée par tout, à vrai dire. Raziel était fort pour elle. Souriant pour elle. Travailleur pour elle. Il faisait mine de ne pas souffrir de l’entendre l’appeler du nom d’un autre, de ne pas être peiné lorsqu’elle lui caressait les cheveux d’un air vague en lui demandant pourquoi ils n’étaient pas plus clairs. Pourquoi pas plus longs. Pourquoi pas moins siens. Un peu moins lui, un peu plus Elijah. Il s’était endurci de l’intérieur, blessé sous la carapace de bonheur, mais elle était… elle était sa madeleine de Proust, le fil rouge entre son passé et son présent. Elle restait cantonnée quelque part entre ces années révolues, à demi-morte. Mais quand elle souriait… quand elle lui souriait, il se sentait le plus heureux des fils.

Non, ce Raziel n’était pas un mauvais garçon. Il plaisait aux filles, il en jouait en se pavanant comme un jeune coq. Mais son arrogance…! Cette arrogance qui le perdrait… Comme tous en ces lieux, il voyait les Jeux de la Faim comme un moyen de faire ses preuves et d’être introduit au Capitole. Et comme tous, il avait décidé de mettre ses jeunes années à profit : lorsqu’il ne pêchait pas, il s’entraînait. Sade avait pensé pouvoir étouffer cette mauvaise herbe avant qu’elle ne pollue le cœur, mais ses efforts avaient été inutiles : apprendre à ce gamin l’humilité ne suffirait jamais à lui faire remettre les pieds sur terre. Il recevait trop d’éloges vains pour que les leçons lui soient pleinement profitables. Même à terre, il était capable de laisser sa fierté se dresser en lui tel un serpent paré pour l’attaque, et il persistait à s’enfoncer encore et encore au risque de se faire laminer par un adversaire plus fort que lui. Mais demander grâce? Jamais. Son instructeur ne renoncerait pas pour autant à essayer, qu’importerait le nombre de coups que cela nécessiterait. Il craignait que…

Les Carrières étaient trop fiers. Celui-ci n’était qu’un parmi tant d’autres, mais il gouterait peut-être un jour à l’expérience des Hunger Games, et cela le briserait. L’ancien vainqueur le savait bien pour l’avoir lui-même vécu : on négligeait l’ampleur des dégâts émotionnels encourus, tant que l’on n’avait pas vécu l’Enfer. Et alors qu’il permettant sans ciller aux autres de se laisser librement porter par leur superbe déplacée, il ne pouvait se résoudre à laisser le temps et les expériences douloureuses façonner la roche brute qu’était ce gamin-là. S’il fallait qu’il soit taillé, le vieil homme désirait que ce soit avant, de façon à ce qu’il soit apte à faire face aux aléas de son existence, au lieu de le laisser aller au-devant avec une trop grande confiance.. et s’y briser les dents. C’était pourquoi il allait le punir cette fois encore, sous les yeux de tous ceux qui avaient acclamé sa rebuffade d’il y avait un instant. Alors que le bâton se levait, pourtant, un plus jeune se jeta hors du cercle des élèves, mi-décidé à défendre Raziel, mi-effrayé à l’idée d’encourir les foudres de leur maître formateur. « Quelque chose à dire, Silas? » gronda le concerné en fronçant ses sourcils touffus par-dessus son regard d’aigle. « C’était Rosen! » Le prénommé Silas s’arrêta là comme si ses mots voulaient tout dire, un doigt accusateur pointé vers celui qu’il venait de dénoncer. « Baisse-moi cette main, rétorqua l’adulte en le toisant. Quand tu pointes ainsi quelqu’un, l’un de tes doigts l’accuse mais les trois autres sont tournés vers toi. Silas laissa retomber son bras le long de son corps et se dandina, mal à l’aise. À présent, explique-toi. » « Je… je voulais dire que… ce… Raziel n’est pas celui qui a lancé la bagarre. C’était Rosen…, répéta-t-il, concluant sa phrase dans un souffle. Il a parlé d’Eli ― » « Ta gueule! », éructa celui qu’il tentait de défendre. Fawkes avait tourné vers lui un regard meurtrier, le défiant d’ajouter un mot. Un coup de bâton punit son intervention et le fit se courber; juste un peu. « Continue. » Le regard de Silas alla du maître à l’élève, Raziel l’ayant quitté des yeux pour fixer droit devant lui, le visage tordu en un rictus amer. « Il a parlé d’Elijah. Il l’a insulté » ― conclut-t-il avec hésitation avec de faire un pas en arrière, puis de se retourner rapidement pour regagner le cercle.
Sade observa un instant ses jeunes recrues. Fierté de leur District, gosses aveugles et ignorants. « Pourquoi n’as-tu rien dit? » Après quelques longues secondes, celui auquel il s’adressait daigna ouvrir la bouche. « J’ai préféré réclamer réparation plutôt qu’attendre et venir pleurer dans vos jupes », répliqua-t-il en guise d’explication, enflammant la colère de l’Aîné. « Imbécile! L’insulte fut suivie d’une pluie de coups. En tant que formateur et élève, nous formons une équipe! Une équipe pour que tu avances et progresses, sale morveux prétentieux! Comment suis-je sensé t’aider si tu ne me fais pas confiance? Quand apprendras-tu à cesser de compter sur toi-même? Il s’interrompit le temps de retrouver son souffle, envoyer valser la lance au loin en lorgnant son étudiant avec dégoût et déception. Tu n’es ni tout puissant ni sans faille. Tâche de le comprendre, avant que cette fierté ridicule ne t’étrangle et t’achève. »

À quatre pattes devant lui, le visage vers le sol, Raziel se contenta d’esquisser un sourire. Têtu, il fit taire la douleur de ses membres et lutta pour se relever en se jurant de le faire toujours. De ne jamais ployer. Plus fort, plus rapide, meilleur enfin, tout ce qu'il lui faudrait pour réaliser son plus cher désir, un rêve qu'il avait emprunté à son frère pour le faire sien : être sacré gagnant des jeux, un jour.




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MessageSujet: Re: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitimeDim 26 Fév - 21:25

I'm not afraid of death, I just dont wanna be there when it will come


Nothing else matters
CHAPITRE 3. L’arène des 67e jeux était une île peu hospitalière. En bordure des terres, les côtes dénuées de plages la rendaient similaire à un vaste rocher suspendu au-dessus de l’eau. Elle ne comptait en réalité qu’un bord de mer pleinement accessible, stratégiquement situé dans une zone où la nature, bien que plus rare et clairsemée qu’ailleurs, peu attrayante à première vue, recelait les seuls fruits et végétaux comestibles de l’île. Plus loin, la verdure s’épaississait à foison, mais devenait le repère de plantes carnivores, de pièges, et d’une faune hostile. Elle débouchait, après de longues heures de marche, sur des falaises abruptes qui étaient l’unique accès aux derniers échappatoires des participants : ceux qui avaient le courage de se jeter à l’eau et de lutter contre les vagues et le courant pouvaient s’adonner à la pêche, puis tenter d’escalader la pierre pour revenir à leur point de départ. Les plus ambitieux, cependant, pouvaient rejoindre à la nage l’une des trois épaves de bateaux échoués à une dizaine de mètres environ de l’île. Un seul d’entre eux constituait un potentiel refuge : coincé entre des rochers, les vestiges du navire pouvaient recueillir quelques rescapés. Les deux autres n’étaient visibles qu’aux morceaux de bois flottant qui bravaient les flots au-dessus de leur emplacement; eux cachaient dans leur coque éventrée quelques malles renfermant des aliments parfois gorgés d’eau ou des armes au tranchant émoussé.


Il était l’arrogance même. Paroxysme de la fierté et de l’aveuglement, adolescent assoiffé d’aventure, mais de reconnaissance avant tout. Toute sa vie, il s’était préparé pour cet instant, mais aucun mot ne suffirait à décrire la fierté qui l’avait animé lorsque son nom avait été clamé. Tribut mâle du 4ème district pour les 67e Jeux de la Faim. Mais les jours s’étaient succédé depuis, emportant avec eux la gloire du défilé, la chaleur des regards avides des Capitolins, la fierté attisée par l’engouement du public. L’entraînement acharné, simple formalité pour un jeune homme préparé dès l’enfance pour bénéficier de l’honneur qu’était la participation aux Hunger Games ― lui aussi n’était plus que souvenir à présent, balayé par la réalité.

Raziel avait affronté en face l’heure du bain de sang, trop conscient de l’avantage que représentait le contenu de la corne d’abondance pour le laisser passer. Le résultat avait cependant été moins payant qu’escompté : la fille issue de son district l’avait pris pour cible personnelle, fort d’une vieille rivalité, et lui avait planté en traître son arme dans le mollet pour le ralentir. C’est à sa rage décuplée qu’il dût de glaner malgré tout quelques objets et de l’eau, à peine de quoi tenir quelques jours cependant. Ce fut la plage qui les accueillit. Décor peu enthousiasmant, il ne retint que quelques tributs tandis que les autres partaient à la recherche d’une zone plus prospère, moins à découvert surtout. Raziel ne fut de ceux-là. Fils de la mer, il opta pour demeurer à proximité de l’eau, plongeant pour se cacher ou pour pêcher. Mais les choses se corsèrent lorsque les tributs recommencèrent à affluer vers la plage. Ils n’avaient pas tardé à s’apercevoir que l’endroit était le plus accueillant de l’île. Ces quelques mètres carrés de forêt nourricière et de plage recelaient de danger mais assuraient la survie à ceux et celles ayant une bonne connaissance de la nature : aussi la lutte pour s’emparer de ce terrain prometteur débuta-t-elle. Le sable ne tarda pas à rougir sous le poids des luttes et, diminué par sa blessure, le jeune homme dût fuir par la mer. Le reste de l’île n’était que falaises escarpées; il lui fallut les escalader. Une fois de retour sur la terre ferme, il parcourut à son tour les mètres de terre aride qu’avaient découverte ses adversaires avant d’accéder à une forêt luxuriante. Penser s’y établir fut une erreur : ses connaissances en matière de plantes aquatiques étaient innombrables, mais le novice qu’il était concernant la végétation forestière manqua à plusieurs reprises de faire les frais des plantes carnivores bordant les sentiers naturels. Au bout de quelques expériences de ce genre, il délaissa les chemins tout tracés pour s’enfoncer entre les arbres et échappa de peu au premier explosif d’une longue série de pièges. Sa réserve d’eau ne fut rapidement plus qu’un souvenir et à la déshydratation s’ajouta la fatigue : à la nuit tombée, la faune de l’île s’éveillait, amalgame d’animaux non naturels aux attributs génétiques renforcés par des scientifiques sournois. Comprenant que bon nombre d’entre eux craignaient la lumière, Raziel s’était fabriqué une torche à l’aide d’une branche épaisse. Téméraire ou suicidaire, il s’attaqua à distance à une ruche et profita de la fuite de ses habitantes, des guêpes tueuses, pour tremper le bois dans le miel inflammable et récupérer une part de la substance visqueuse en guise de provisions. La lumière produite par sa torche dissipa suffisamment l’obscurité pour lui éviter d’être pris en traître, mais pas assez pour lui épargner des combats pour sa survie. L’impossibilité de se construire un abri sur ces terres hostiles lui interdisait toute stabilité et l’obligeait à se déplacer sans cesse; en voulant piller la ruche une deuxième fois, il ne put échapper à une piqûre, de laquelle résultèrent des hallucinations. Effrayé par les branches des arbres qui lui apparaissaient munies de griffes et l’éraflaient à chaque pas, assourdi par des ricanements et des critiques dont il ne distinguait pas la provenance, encerclé d’ennemis imaginaires, il s’extirpa à grand peine de la forêt pour retrouver les landes désertiques des côtes. Deux tributs s’y affrontaient, et à la mort de la plus jeune d’entre eux, le gagnant se retourna contre lui. Lui-même ne saurait dire par quel miracle il ressortit vivant de l’affrontement : son pas était rendu instable par les hallucinations, ses gestes ralentis, mais les causes mêmes de la diminution de ses capacités dupliquaient ses instincts de survie et l’élan du désespoir lui donna la force de percer profondément le flanc de son adversaire en y plongeant sa dague. Par la suite, il perdit connaissance sur la roche dure. À son réveil plusieurs heures plus tard, un coli de taille respectable trônait à ses côtés. À l’intérieur, il trouva non seulement de quoi étancher sa soif mais aussi filet de pêche couturé de barbelés. Un trident concluait l’offrande et avec une telle arme en main, il rangea son poignard avec soulagement : il était habitué à manier le trident pour la pêche autant qu’en combat. Fort de cette aide inespérée, ce fut un regard reconnaissant qu’il adressa aux écrans qui parcoururent l’île ce soir-là, brandissant ses nouvelles armes. La flamme de la victoire brillait déjà dans ses prunelles ce soir-là, tandis qu’il regagnait confiance et se sentait brûler d’une désir et du pouvoir de terrasser ses ennemis.

Au petit matin, la brume épaisse qui encerclait l’île s’était levée pour dévoiler, pour la première fois depuis le début du jeu, un semblant d’horizon. Les yeux aguerris de Raziel se portèrent au loin pour découvrir ce qui lui avait échappé jusque-là : des épaves. L’une d’elle était nettement plus visible que les autres, et elles ne tarderaient pas à attiser la convoitise des tributs restants, puisque les maigres ressources de l’île se raréfiaient tandis que les dangers qui la peuplaient se multipliaient sans cesse. Après avoir récupéré, il s’engagea à explorer les vestiges d’embarcation mais n’eut que le temps d’y songer ― un tribut ennemi venait de surgir, entraînant une lutte sans merci. La fille de son district. Il gardait le souvenir cuisant de la blessure qu’elle lui avait causée lors du bain de sang et se jeta dans une lutte sans merci, ne retenant aucun de ses coups. Le combat dura de longues minutes sans qu’aucun d’eux ne parvienne à prendre l’avantage; ce fut l’intervention d’un nouvel arrivant qui les interrompit. Il proposait quelque chose d’inattendu : un pacte. Il leur fallait atteindre les épaves et y placer leur campement, puis le défendre contre ceux qui afflueraient pour prendre l’avantage du jeu. Une fois qu’il ne resterait plus qu’eux, la trêve prendrait fin. Ils redeviendraient ennemis. Avec réticence, Raziel abaissa le trident et daigna lui serrer la main en signe de son accord. Il apprit alors qu’il s’agissait d’Erid, un rescapé du district 11. Avec répugnance, il adressa un simple signe de tête, sec, à Latika, de son district. Une mauvaise blessure à la hanche finit par la faire s’affondrer sur un genou, en dépit de l’orgueil monstrueux qui l’avait portée jusque-là, et ils durent établir une stratégie pour atteindre les épaves. Erid ne savait pas nager; Raziel l’escorterait jusqu’à celle des rochers, puis reviendrait chercher l’adolescente. Après quoi, il devrait plonger pour visiter les deux autres bateaux naufragés et y récupérer tout ce qu’il pourrait y trouver d’utile.

Le premier trajet se fit sans encombre, de même que le retour. Grimper la falaise mit cependant ses muscles endoloris à rude épreuve, mais enlacer Latika, cette pieuvre humaine, pour plonger avec elle, fut encore plus douloureux pour ses nerfs. Ce fut à mi-chemin de l’embarcation salutaire qu’elle attaqua. Raziel ne vit rien venir, mais il ne put que sentir le métal froid trancher les chairs pour s’enfoncer sous son omoplate gauche. Le temps qu’il parvienne à se défaire de son étreinte mortelle, elle avait retourné l’arme dans la plaie, et il avala une large goulée d’eau salée en hurlant de douleur. Le regard embrouillé, il se dégagea d’un coup de coude qui atteignit la jeune fille au nez, et se retourna pour lui faire face. L’eau ralentissait les mouvements et s’infiltrait en coulis brûlants dans la coupure lui striant l’épaule, mais elle était son élément et Latika était elle aussi suffisamment blessée pour qu’ils soient à égalité. Ce fut là, entre les vagues déchaînées par une tempête subite qu’ils reprirent leur combat, mais la mort en serait l’issue cette fois. Le courant se mêla à l’enchevêtrement des membres; il servit d’ailleurs d’arme majeure et amena le dénouement : Raziel saisit de son bras presque invalide les poignets de la jeune femme; elle se débattait comme une tigresse, et il n’eut d’autre choix que de planter ses dents dans la courbe de sa nuque pour l’immobiliser, tandis que son autre main lui agrippait les cheveux pour lui maintenir la tête sous l’eau. Elle grouillait sous lui, lui échappait parfois pour prendre une goulée d’oxygène assortie d’une plainte roque, mais il resta impassible tandis qu’elle se débattait et endurcit sa prise. Tout son esprit tourné vers elle, il remarqua sur le tard qu’ils étaient sournoisement poussés par les vagues féroces au plus près de roches en dents de scie, et mit toutes ses forces restantes pour propulser le corps qu’il tenait entre elles et lui. Le bruit que firent les os en s’écrasant contre les arêtes de pierre recouvrit le grondement de la mer et se répercuta en lui comme il se retrouvait lui-même pressé contre Latika ― ou ce qu’il en restait. Il barricada en lui toute once de pitié pour frapper une dernière fois la tête de la jeune fille contre la pierre, et le sang eut à peine le temps de s’étaler sur ses doigts qu’il fut aussitôt léché par l’eau.

Raziel relâcha finalement les membres disloqués et s’appuya sur les roches pour reprendre son souffle. Des cercles lumineux dansaient devant ses pupilles floues, la pluie battante tambourinait sur ses joues et noyait ses larmes, des décharges de douleur courraient le long de son bras. Le courant tentait de le balloter de-ci de-là, le sel rongeait sa peau meurtrie. Il se raccrocha à sa prise pour éviter de finir comme l’autre tribut de son district, mais sans crier gare, le vent tomba pour se faire brise. La tempête ravala ses nuages gorgés d’eau et la mer s’apaisa, laissant percer le cri d’un geai moqueur.

Tremblant, Raziel repartit à la nage. Ses mouvements saccadés le conduisirent lentement mais sûrement jusqu’au naufrage, où il se hissa difficilement avec l’aide d’Erid qui n’avait qu’aperçu la scène à distance, impuissant. Il s’était attendu à ce que ce dernier profite de sa faiblesse pour l’achever mais, au contraire, il trouva en lui un allié infaillible.

Comme ils l’avaient soupçonné, les tributs restants affluèrent vers les embarcations les jours suivants. Plusieurs d’entre eux finir noyés, marionnettes des vagues et des souffles aléatoires du vent, et ceux qui arrivèrent jusqu’à eux rencontrèrent en Erid un ennemi farouche tandis que Raziel récupérait de ses blessures. Le plus difficile cependant fut l’absence d’eau potable, qui marquait l’approche de la fin. Au bout d’un moment, de nouveau apte à plonger, le Carrière partit à l’assaut de l’épave la plus proche et extirpa des décombres une caisse dans laquelle ils trouvèrent des bouteilles d’eau, vides ou pleines. Une nouvelle caisse s’avéra regrouper des épées et dagues de diverses tailles, mais inutilisables; certaines étaient rouillées, tandis que le tranchant des dernières était trop émoussé pour qu’elles soient utiles. L’exploration de la troisième et dernière leur offrit de nouveau quelques maigres ressources d’eau, et ils survécurent en mangeant crus les fruits de mer rapportés par Raziel.

Comme ils l’avaient escomptés, ils furent les deux derniers tributs survivants sur jeu et le soir où les écrans apparurent pour nommer les dernières victimes marqua la fin de leur collaboration. La gorge nouée, Raziel salua celui qui avait été son ami en dépit de leurs différences, de leur provenance et des circonstances. Et pour la première fois, ils levèrent leurs armes l’un contre l’autre. Ce combat fut plus éprouvant que les précédents, peut-être parce qu’il était le dernier, sans doute parce qu’il opposait deux alliés. Dans leurs yeux luisait un même doute : qu’est-ce qui valait mieux? Mourir ensemble? Offrir la victoire au second? Ou lutter coûte que coûte pour donner à ce jeu cruel une fin véritable, et à l’autre une mort valable? Trident contre épée, ils croisèrent longuement le fer, évitant, feintant, attaquant plongeant à tour de rôle en une danse effarante. Le jour s’égrena, rongé par la nuit, et alors qu’elle s’apprêtait à régner en maîtresse, tout bascula. Les fondations précaires de l’embarcation s’ébranlèrent, faisant cesser les mouvements des combattants. La compréhension les traversa au même moment : il fallait quitter le navire. Dégagé de ses rochers, il s’apprêtait à sombrer dans les flots et les emporteraient impitoyablement dans sa chute. Erid ne savait pas nager. Cette fin serait la sienne, quoi qu’il fasse. Raziel serra les dents et plongea, décidé à rester sourd aux cris de son cœur. Il avait croisé le visage contrit du brun. Ils s’étaient serré la main une dernière fois. Et il lui avait tourné le dos, vainqueur anticipé du jeu. Alors qu’il nageait vers les falaises, le craquement du bois le fit se retourner et il vit se débattre son camarade, les jambes coincées par les décombres. Il tentait de s’agripper à la roche, soudain lâche face à l’étreinte de la mort qui venait l’engloutir, mais ses mains dérapaient sur leur prise. Sur un coup de tête, Raziel fit demi-tour. Il banda ses muscles pour enlacer la pierre d’un bras et s’en servir comme appui, offrant l’autre au jeune homme qui avait partagé son calvaire. Il y mit toute son énergie, et Erid s’accrocha à lui aussi fermement qu’il le put, mais le navire avait fait de lui son prisonnier et les vagues enflèrent de nouveau, comprimant le bois mort qui enserra douloureusement les jambes du garçon jusqu’à les briser. Dans un dernier hurlement terrible, il échappa à Raziel qui ne put que crier son nom en le regardant disparaître dans un tourbillon liquide. À peine eût-il été engloutit que les flots s’apaisèrent, se délectant de cette offrande humaine. Sans souci de temps ou de logique, la lune repris sa course en sens inverse, à l’accéléré, et le soleil repris ses droits sur l’Arène. Tout était terminé. En levant le visage vers l’astre éclatant, Raziel vit tournoyer les hélices d’un hélicoptère, mais ne parvint même pas à esquisser un sourire à l’approche de ce symbole de victoire. L’horreur était gravée sous ses paupières à jamais.





They've got all the right moves and all the right faces
so we're going down


Picture of a perfect place
CHAPITRE 4. « Jette un œil à celle-ci, Raziel. Délicieuse, non? » L’interpelé leva les yeux avec un ennui non feint, dégusta à distance le corps ondulant qui lui était désigné, puis haussa les épaules et se détourna. Son regard azur se plongea dans le verre qu’il tenait en main. Liquide coulé dans l’or, bulles pétillantes. Il porta le récipient délicat à ses lèvres et avala lentement une gorgée. « J’ai vu mieux », articula-t-il sobrement, préférant éviter de détailler tout ce qui lui déplaisait dans cet amas de chair plastifié. Son interlocuteur se dressa sur son siège, choqué. « Mieux! Et qui donc, dis-moi? Tous les hommes du Capitol la lorgnent de loin en espérant un regard d’elle et tu te permets de juger qu’elle n’est pas ce que tu aies vu de mieux? Mon pauvre ami, je vais finir par douter de ta capacité à juger les femmes. Regarde-là de nouveau. Laisse-toi une chance… » Ils n’avaient pas les mêmes critères, à vrai dire. Mais Raziel se retint de le faire remarquer. Conciliant, il reporta son regard sur la cible de l’intérêt de son comparse et se retrouva prisonnier d’un regard d’un gris troublant. Il le fixait de telle sorte qu’il se sentit, lui, recalé au statut de proie. « Alors…? » Il n’obtint pas tout de suite de réponse. La belle s’était lancée dans une danse lascive, ondulant des hanches et caressant son propre corps de ses mains légères en une invitation muette. Et malgré lui, Raziel restait prisonnier de son manège. Il avait délaissé l’anthracite pour détailler les courbes généreuses, mises en valeur par une tenue excentrique, dénudée et haute en couleur; réprimant un halètement alors qu’elle se courbait, laissant presque apercevoir son sein, il ressentit la honte couler dans ses veines telle de la lave en fusion. Il n’avait pas le droit. Pas le droit de regarder. Le cœur au bord des lèvres, il baissa les yeux pour échapper à l’emprise de la jeune femme et les fixa résolument au fond de son verre. « Que veux-tu que je te dise?, s’énerva-t-il. Elle a du charme et sait s’en servir. Tant mieux pour elle, elle finira bien par trouver quelqu’un pour lui tenir chaud cette nuit. Mais ce ne sera pas moi. » Un soupir las lui parvint. En relavant la tête, il vit le Capitolin avachi dans son siège, le fixant d’un air pensif. « Peut-être y a-t-il déjà quelqu’un dans ton cœur? C’était plus une réflexion à voix haute qu’une véritable question. Du moins, cela le fut; au départ. L’excitation prit rapidement le pas sur l’abattement dépité, et son interlocuteur se redresser pour appuyer ses coudes sur ses genoux. J’ai raison, n’est-ce pas? C’est pour cette raison qu’aucune autre ne trouve grâce à tes yeux! Alors, qui est-elle? Montre-la moi. » « Je… elle… À la suite de ces balbutiements fort instructifs, il parvint à se reprendre : Elle n’est pas présente ce soir… » « Ah..? » Froncement de sourcils troublé. Compréhension subite. Attends un peu… serait-ce une fille de ton district? » Raziel reposa avec un peu trop de force son verre sur la table basse qui séparait leurs sièges. « C’est le cas. Et je ne vois pas le problème. » Un éclat de rire suivit son léger emportement, mais ne fit rien pour améliorer son humeur. « Raziel, Raziel… mon bon Raziel. Le capitolin quitta son siège pour venir s’asseoir sur l’accoudoir du sien et poser sur son épaule une main presque fraternelle. Il le couvait d’un regard mi-moqueur mi-dépité. Tu ne sais pas encore ce qui est bon pour toi, j’en ai peur. Tu as la gloire, l’argent… ce qu’il te manque, ce sont les bonnes compagnies. N’est-ce pas assez qu’il te faille retourner régulièrement à la misère de ton district? Mais j’y pense, peut-être nos femmes t’effraient-elles? » « Qu’est-ce que tu racontes? J’aurais affronté la mort pour avoir finalement peur de ces pots de peintures ambulants? ― reniflement hautain ― J’ai connu plus effrayant. » « Dans ce cas… le jeune homme semblait tout à coup moins amusé, d’un sérieux qui n’augurait pas grand-chose de bon. Note ce conseil. Tu es désormais la propriété du Capitol et il est temps pour toi de te délester de tout ce qui n’est pas jugé nécessaire. Cette fille en fait partie. Tu souhaites avancer? Consolider ta place? Dans ce cas, cesse de t’appuyer sur tes maigres acquis. Cherche-toi un talent, une ébauche de don, n’importe quoi, et travaille-le. Pas quelque chose d’aussi trivial que la pêche, si possible, mais quelque chose qui puisse plaire ici. Il fit une légère pause avant de désigner la jeune femme qui les fixait toujours de loin, l’air de moins en moins satisfait. Mais avant toutes choses, lève-toi, va parler à cette fille, et fais-lui passer la plus belle soirée de sa vie. Prends garde à ce qu’elle n’ait à se plaindre de toi… »

Étrangement, le conseil sonnait comme quelque chose de pressant. Un peu moins qu’un ordre, mais bien plus qu’une simple suggestion. Ce fut sans doute ce qui poussa Raziel à serrer les dents et à cesser de répliquer. Au départ, flirter ainsi avec de riches demoiselles avait été… plaisant. Excitant. Terriblement tentant. C’était comme jouer avec l’interdit, pour lui qui n’aurait en d’autres circonstances même pas pu les approcher à distance. Elles gravitaient délicieusement autour de lui depuis sa victoire. Mais leur conversation lui avait remis les pieds sur terre. Leurs centres d’intérêts… frivoles. Leurs inquiétudes… superficielles. Elles n’avaient aucune notion des priorités, des réalités, et paraissaient ne vivre que pour dépenser toujours plus de temps et d’argent en inutilités. En s’approchant de celle-ci, le jeune homme se sentit agressé par la fragrance lourde de son parfum qui se mêlait à des dizaines d’autres, différents, aux alentours. Il peignit pourtant un sourire sur ses lèvres et, sans un mot, accrocha ses mains aux hanches de celle qui avait fait l’objet de tant de discussions, plongeant son visage dans son cou pour lui souffler à l’oreille des compliments qu’elle ne méritait pas.


But soon they'll take us down
CHAPITRE 5. Les draps froissés frémirent en même temps que celui qu’ils recouvraient. Les muscles du dos tendus, Raziel laissa sans un mot le doigt curieux ― ou compatissant? ― courir le long de la cicatrice épaisse, disgracieuse, qui marquait son dos à jamais. Au bout d’une seconde cependant, n’y tenant plus, il éloigna les doigts dérangeants. Sa joue posée à plat sur le ventre dénudé de sa compagne, juste sous sa poitrine tout aussi nue, il ferma un instant les yeux pour s’abreuver de sa chaleur, de la texture légèrement calleuse de ses mains de travailleuse. Des mains qui avaient l’habitude de manier les armes et les filets de pêche. Les mains d’une adolescente à peine adulte qui gagnait son pain à la sueur de son front. Qu’y avait-il de plus que cela, en ce monde? Celle qu’il avait laissées parcourir son corps ces derniers mois étaient toutes affreusement douces. Presque similaires dans leur perfection, des mains de poupées n’ayant jamais connu le besoin. Timide, la paume repoussée à l’instant repartit à l’assaut, visant cette fois sa nuque pour lui prodiguer un massage lent, apaisant. « Tu es crispé… quelque chose ne va pas? Ce n’était pas la question à poser. Encore moins le moment de le faire. Raziel laissa trainer ses lèvres sur l’épiderme du ventre qu’il s’était approprié comme oreiller, espérant que cela suffirait à en distraire la propriétaire. Nous n’avons jamais été aussi proches que ces dernières semaines, physiquement, et pourtant j’ai l’impression que tu m’échappes un peu plus chaque jour. Tu es distant, tu ne parles plus… tu détournes le regard quand on se parle. Il rouvrit lentement les yeux. Son pouce jouait négligemment avec un os saillant la taille de la jeune femme, et il voulut chercher les mots pour la rassurer. Mais il ne pouvait confier l’indicible, lui qui était si fier… Raziel… si tu ne veux plus de moi, dis-le, au lieu de te forcer… » il pouvait entendre à sa voix qu’elle s’obligeait à conserver un certain détachement, comme si ce ne serait pas grave. Comme si le fait qu’ils aient été ensemble trois années entières ne pesait pas grand-chose sur la balance, qu’il pouvait décider de se détacher d’elle comme d’un rien. Ses phalanges se contractèrent sur le haut d’une cuisse dont il se servit comme appui pour se redresser. « C’est ce que tu souhaiterais m’entendre dire? Que tout est terminé? » Un sourcil haussé en guise d’interrogation, il fixait ses seins sans trouver le courage de regarder son visage. Elle avait raison… elle avait tellement raison. « Regarde-moi… » « C’est ce que ― » « Regarde-moi vraiment! ― clama-t-elle hystériquement en saisissant son visage en coupe pour le forcer à croiser son regard. Ce n’est pas que je veuille te perdre. Mais je refuse… ne joue pas avec moi, Fawkes. C’est tout aussi cruel que simplement m’avouer que tu ne voulais que mon corps et qu’il ne te suffit plus à présent, ou que tu as trouvé mieux ailleurs. » « C’est tout ce que tu penses de moi? Merci pour ta… » Confiance. Le mot refusa de quitter la barrière de ses lèvres et lui resta coincé quelque part entre la gorge et l’âme. Confiance. Pouvait-il parler de ça lorsqu’il la trompait à longueur de temps? « Il paraît que tu as ton petit succès, au Capitole. Pourquoi ce regard surpris, tu pensais que je ne le saurais pas? » « Tu n’étais pas sensée en entendre parler… » Il ne niait pas. Pire, il affirmait à mi-voix en se défendant faiblement, arguant que cela aurait dû rester son secret honteux. Une défense pire qu’une accusation. Il vit sa poitrine s’élever et s’abaisser brusquement tandis qu’il haletait, de douleur ou de déception, à moins que ce ne soit les deux. Et soudain, elle se tourna face contre le matelas pour ne plus le voir. « Qu’est-ce que je t’ai fait..? Qu’est-ce que j’ai fait pour que tu fasses de moi la risée du village? Qu’est-ce que j’ai fait si mal pour que tu me trahisses, après toutes ces années? » Il ne pouvait pas lui dire. Ce n’était pas elle, rien n’était de sa faute. Il était un vendu, ni plus ni moins, au sens le plus sale qui soit du terme.

Au départ, lorsqu’il n’avait que dix-huit et venait de remporter la 67e édition, on lui montrait de la pointe du doigt quelques potentielles conquêtes. Il avait l’impression qu’on les mettait à sa disposition, ces riches qui avaient indirectement régenté sa vie des années durant. Il s’était pris au jeu, suivant les « conseils », s’affichant avec l’une puis l’autre dans le seul but d’être bien vu. Sans savoir… sans savoir qu’il creusait sa propre tombe en se prêtant à ce jeu malsain. Il s’était raccroché, cependant, à cette relation qui était la seule à compter à ses yeux, lorsque tous cherchaient à le convaincre de rompre. C’était à ses 22 ans que tout avait basculé. Majeur, avec à son compte une réputation de coureur tandis qu’il aurait dû rester fidèle à celle qui l’attendait dans son district, Raziel s’était une fois de plus retrouvé à l’une des soirées, organisée dans la résidence même d’un Capitolin. Mais la place qui lui était réservée n’était pas celle d’honneur, cette fois : encerclé par ces personnages scabreux hauts en couleurs, il avait été exhibé puis vendu. Une somme exorbitante pour une durée d’une nuit. Et cela s’était répété encore, et encore, mettant à mal son statut d’homme pour ne lui laisser que celui de trophée mobile, simple jouet entre les mains de ceux qui étaient désormais ses maîtres. Les achats étaient toujours éphémères, mais certains se répétaient. Il lisait la satisfaction sur ces visages qui ne lui inspiraient que dégoût, il se répugnait de se soumettre à leurs exigences. La raison? Il s’était d’abord rebellé, évidemment… avant qu’on lui fasse comprendre que cette attitude pouvait coûter la vie à quelqu’un qui lui était cher. Son père, sa mère… Sa petite-amie. Ses anciens camarades. Au cours de la 75e édition des Hunger Games, on l’avait rappelé, comme tous les autres vainqueurs. Expiation. Sade, celui qui l’avait entraîné dans son enfance, s’était porté volontaire, se sacrifiant pour qu’il ait la vie sauve. Bien que soulagé de n’avoir pas à participer, Raziel avait mal réagi : il s’était servi de sa carrière pour faire passer un message contre le Capitole. Le soir-même, Sade avait payé de sa vie, subissant une fin atroce dans l’arène.

Alors il s’était calmé. Il s’était rangé. Il rongeait son frein, comme un chien mal dressé qui courbe l’échine devant un maître trop fort en lorgnant malgré tout, à la recherche d’une faille qui lui permettrait un jour de subtiliser l’os convoité ― sa liberté. « Arrête ça… La voix le tira de ses pensées, il cligna des yeux pour reprendre pied et retrouver l’instant présent. Le village. La demeure modeste. La chambre aux volets ouverts sur le ciel. Le lit grinçant aux draps collants. Elle. Je déteste que tu t’échappes par la pensée quand j’essaye de te parler. » « Tu déteste beaucoup de choses. Et tu te plains beaucoup, je trouve » ― siffla-t-il pour seule réponse en s’asseyant, lui donnant le dos à son tour. « J’ai de bonnes raisons de le faire! » « Vraiment? Trouve-toi une oreille plus attentive dans ce cas, moi je passe mon tour. J’en ai plein le dos ». « C’est ça, enfuis-toi espèce de bâtard! Mais si tu passes cette porte ne compte pas sur moi pour te reprendre, je ne te pardonnerai pas! » Il eut un ricanement sec, mauvais. Quittant le lit, il se tourna vers elle pour la dévisager de haut, sans la moindre gêne pour sa nudité. « T’es mignonne bichonne. Si ça peut te rassurer, de te donner l’impression d’être celle qui jette l’autre, alors vas-y… fais-toi plaisir. Reste à voir si tu s'ras assez douée pour te convaincre toi-même que ce n’est pas moi qui t’abandonne. » « Ce n’est pas… tu ne devais pas… Il lui donna le dos, comprenant un peu trop bien ce qu’elle essayait de dire mais refusait de prononcer à voix haute. Ce n’était pas la réaction qu’elle attendait. Elle voulait des remords. Elle voulait des excuses. Par-dessus tout, elle voulait des promesses. Mais il ne pouvait lui offrir l’éternité… il ne s’appartenait même pas. Pourquoi t’essaies même pas de t’expliquer? Je mérite des excuses! J’aurais même pu te pardonner si ― » « Si quoi? Si je te jurais mon amour, ou que je te demandais de m’épouser, pourquoi pas? Garde ton pardon pour toi, s’il est si cher payé. » « Pourquoi tu piétines tout comme ça…? » Incapable de rester de marbre alors que son ton faiblissait, signe avant-coureur de larmes, Raziel fit le tour du lit pour poser une fesse à côté de la jeune femme. D’une main dure, il attrapa ses mèches et lui fit basculer la tête vers l’arrière pour s’offrir un libre accès à ses lèvres. Ils échangèrent quelques secondes d’un baiser furieux, blessant, qui prenait plus qu’il ne donnait. « Tu as réclamé ces mots-là, alors délecte-t-en maintenant qu’ils viennent enfin : toi et moi, c’est fini. »

Il la relâcha sur le champ et se jeta sur ses vêtements qu’il enfila à la hâte, cachait le tremblement de ses mains derrière sa précipitation. Peu après, il claquait la porte derrière lui en refoulant un hurlement de rage et de culpabilité mêlées. Il devait se ressaisir. Il devait l'oublier. Elle méritait tellement mieux que lui... leurs vies ne s'accordait plus, désormais. Il faisait la navette entre son district et un monde de débauche auquel il ne pouvait échapper. Il avait un métier inutile, un métier de prestance plutôt qu'un rôle d'homme; il était chanteur. Et musicien. Le Capitole était satisfait, le public le faisait vivre. Ou simplement survivre? Une vie de gloire et de loisirs... une vie vide de sens. Il ne s’était jamais autant haï qu’à cet instant précis.


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MessageSujet: Re: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitimeDim 26 Fév - 21:28
Bienvenue parmi nous RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 2798287543 I love you Felton est un très bon choix (a) RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 1529576775
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Emma A. Wakefield
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MessageSujet: Re: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitimeDim 26 Fév - 21:41
Spoiler:
Bienvenue officiellement parmi nous, chou. :hiiiih: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 2774444739
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MessageSujet: Re: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitimeDim 26 Fév - 21:59
Spoiler:

Merci vous deux I love you
Je te retourne le compliment Bonnie, Phoebe est délicieuse :hiiiih:
Thanks Emma-Gaspard RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 1524524252
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Rowan E. Morgenstern
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MessageSujet: Re: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitimeDim 26 Fév - 22:51
Raziel E. Fawkes a écrit:
Spoiler:

Merci vous deux I love you
Je te retourne le compliment Bonnie, Phoebe est délicieuse :hiiiih:
Thanks Emma-Gaspard RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 1524524252

Emma recenses tes points tu nous ramènes pleins de potes Smile
Bienvenue parmi nous super choix d'avatar, je te souhaite du courage pour ta fiche et espère que tu te tourneras vers l'une de nous si tu as quelques problèmes techniques (non pas ceux là bande de pervers) avec le contexte ou l'univers Smile
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MessageSujet: Re: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitimeDim 26 Fév - 23:54
Thanksalot, j'hésiterai pas en cas de... hem, soucis techniques, oui RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 1881463262
Blague à part, les annexes sont extras et je travaille déjà activement à harceler Emma pour combler mes derniers doutes, donc pour l'instant ça roula ma poule RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 1001256540 Mais si elle ne peut pas m'éclairer sur un point je n'hésiterai pas à m'en remettre à toi, Ô grand manitou o/
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MessageSujet: Re: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitimeLun 27 Fév - 16:17
double-post ― mais c'est pour la bonne cause RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 2798287543 j'ai fini ma fiche, je pense.
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Emma A. Wakefield
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MessageSujet: Re: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitimeLun 27 Fév - 19:27
Je te valide RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 1366640713 Magnifique fiche. RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 2774444739 Et je vais de suite confirmer la réservation de Felton. RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ 1405739349 N'oublie pas d'aller dans les différents sujets de recensement. I love you
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MessageSujet: Re: RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞   RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞ Icon_minitime
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RAZIEL Ϟ ❝ décadence amorcée ❞

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