C'était avec appréhension que Hemlock partait pour la maison des Elderberry. Quelques jours plus tôt, Talcott, son meilleur ami, était passé le voir, angoissé à propos de l'état psychologique de sa soeur : en effet, Willy refusait de se nourrir, donnant sa part à tous les coups à son petit frère Fœhn, l'entrainait coûte que coûte alors que le petit, sourd-muet, s'avérait être dans l'impossibilité de pratiquer correctement les exercices, ou pire, elle refusait de s'avouer vaincue ou de raisonner. Pourtant Talcott avait bien essayé de lui faire entendre raison. Mais Willy, trop têtue et obstinée, continuait son petit manège depuis maintenant une semaine. C'est pour quoi, le jeune homme était aller voir son ami le guérisseur pour lui demander de convaincre la brunette de laisser tomber son idée saugrenue.

Hemlock se retrouvait dans cette maison qu'il avait déserté avec les années, refusant de tomber nez à nez avec celle qui "avait tué sa famille" et qui faisait naître en lui des sentiments contradictoires, un double pêché d'après Hemlock, le solitaire. Il attendit dans le salon, parlant distraitement et innocemment avec Talcott jusqu'à ce que ce dernier trouver une fausse raison de la laisser planter là, seul, au beau milieu de la pièce à vivre. a peine quelques minutes plus tard, dans un parfait timing, la jeune femme rentra d'un pas lasse, traînant le pauvre enfant derrière elle. Elle avait bien perdu trois ou quatre kilos, et ses traits étaient tirés. Sa peau, habituellement brune de travailler au soleil, avait un teint terreux de ceux qui sont malades ou subissent les carences d'une alimentation non variées. Une angoisse inattendue tordit alors les boyaux du jeune homme. Le constat le frappa : elle allait mourir si elle continuait ainsi. Sous le choque, il ne dit un mot. Son visage fermé dans un air sérieux de son rôle de guérisseur, il attendit qu'elle réagisse. Ce qui n'allait pas tarder étant donné le regard qu'elle lui jetait...

La semaine avait été rude, Williwaw serait bien mal avisée de prétendre le contraire. Elle refusait cependant de se laisser abattre, se retrouvant sur tous les fronts en même temps sans émettre la moindre plainte. L’entrainement qu’elle s’efforçait de faire suivre à Foehn était catastrophique, pour la bonne et simple raison qu’elle-même était une catastrophe ambulante à peine capable de bander un arc. L’omniprésence du capitole, qui se ressentait à travers les rondes constantes d’un nombre effroyable de pacificateurs, ne faisait qu’accentuer une angoisse qui jusqu’à présent n’avait été que latente. La quantité de travail avait augmenté elle aussi, sans que la jeune femme ne sache expliquer pourquoi. Mais elle s’en fichait, et faisait en sorte de se tenir prête. À quoi, elle n’aurait su le dire, mais un sentiment lancinant s’était emparé d’elle et ne la laissait plus tranquille. Un pressentiment qui la suivait partout, et dont qu’elle parvenait à atténuer quelques peu à travers les sacrifices qu’elle était consciente de faire. Car au fond, c’était peut-être davantage l’idée de n’avoir rien fait pour sauver son frère que celle de le perdre qui la hantait le plus.

C’était après un énième entrainement totalement infructueux dans un coin à peu près isolé des environs qu’elle était rentrée, dépitée, un Foehn tout aussi atterré cramponné à sa main. Il ne lui fallut que quelques secondes pour déceler la présence d’un intrus - car c’est ce qu’était Hemlock, après tout - dans son salon. Elle se retint de pousser un soupir ouvertement méprisant et se contenta de lui lancer un regard noir tout en guidant son frère jusqu’à la cuisine où elle dégotta un bout de pain et un reste de fromage qu’elle tendit à l’enfant avant de lui demander doucement d’aller dans sa chambre. Le calme dont elle faisait preuve l’étonnait, tant elle avait l’impression d’être une bombe à retardement prête à exploser sur quiconque rajouterait un semblant de malheur à son existence déjà bien malmenée. Elle revint alors dans le salon, presque heureuse d’avoir trouvé la victime de son défoulement ô combien bienvenu, et se posta à bonne distance de Hemlock, les bras croisés sur sa poitrine dans une posture volontairement hostile. « Qu’est-ce que tu fais là ? Talcott n’est pas là, ça se voit non ? »

« Qu’est-ce que tu fais là ? Talcott n’est pas là, ça se voit non ? » La froideur dans sa voix, le regard noir, la position hostile, tout le poussait à partir en courant. Que faisait-il ici ? Lui même préférait être ailleurs plutôt qu'ici. Il adopta la même attitude que a jeune femme, le regard dur, décidé. Il n'allait pas la laisser faire. Elle était stupide et finalement égoïste, et si lui avait déjà perdu sa famille, elle ne pouvait pas faire le même coup à ses frères. « Je ne suis pas là pour Talcott. » Il marqua volontairement une pause. Car, au fond, il ne savait pas réellement comment exprimer ce qu'il allait faire, ce qu'il se devait de faire. « Je suis là pour toi. » A nouveau une pause. Le regard qu'elle lui renvoya n'était plus le même, dur et froid, mais bien un surpris et dont la curiosité (ou était-ce les prémices de la mort ?) les faisait briller. « Talcott m'a demandé de passer te parler. » Ajouta-t-il, soudainement gêné.

Pourquoi avait-il accepté ? Que venait-il faire ici alors qu'il n'avait plus aucun lien avec la jeune femme depuis belle lurette ? Il serra les dents, tentant de se trouver une bonne raison. Et puis en détaillant une fois de plus le corps de la jeune femme, son visage émacié, ses pommettes saillantes, ses bras dont seule une fine couche de muscles restait entre la peau et les os, la raison apparut. C'était contre une mort certaine qu'il venait la mettre en garde : non celle de son petit frère mais la sienne. « Tu sais de quoi je viens te parler. Je sais que ça ne te fait pas plaisir, et moi non plus, mais tu dois l'entendre Wily, regarde toi ! » dit-il finalement en la désignant alors qu'un silence pesant c'était installé.

« Je ne suis pas là pour Talcott. » Elle resta de marbre face à ses propos, sans toutefois parvenir à s’empêcher de chercher pour quelle autre raison il pouvait être là. La réponse ne tarda pas à arriver. « Je suis là pour toi. » Dans sa surprise, la jeune femme en oublia de s’efforcer à se montrer hostile. Elle haussa un sourcil interrogateur tout en se décollant du mur contre lequel elle s’était appuyée. « Talcott m'a demandé de passer te parler. » Ah. Bien sûr. Elle se renfrogna, désormais complètement agacée et particulièrement irritée par la bassesse de son frère. Elle refusait d’avoir cette conversation, a fortiori avec lui. C’était pour elle une réelle trahison de la part de son frère que de faire appel à Hemlock pour la raisonner. Elle se sentait humiliée, c’était indéniable, et cette humiliation ne fit qu’attiser la colère qui sommeillait en elle. Elle s’efforça de rester silencieuse cependant, bien décidée à ne pas avoir cette conversation une énième fois. « Tu sais de quoi je viens te parler. Je sais que ça ne te fait pas plaisir, et moi non plus, mais tu dois l'entendre Wily, regarde toi ! »

Dans un soudain accès de colère suite à ces mots, elle se dirigea à grands pas vers la porte d’entrée qu’elle ouvrit grand, indifférente au regard appuyé qu’il fixait sur elle. Elle ne supportait pas ces yeux emplis de pitié qui la regardait comme si elle était un animal agonisant. Ils ne comprenaient pas. Ni lui, ni les autres. Elle était totalement impuissante et la seule chose que les gens faisaient pour l’aider, c’était la harceler pour qu’elle avale la foutue bouffe que le capitole daignait leur céder. Quels abrutis. Alors elle lui désigna la sortie d’un geste impatient et, d’une voix teintée de rage, explosa. « Très bien, parfait si ça ne te fait pas plaisir, tu n’as qu’à t’en aller ! J’ai une vie à sauver je te signale, et vous vous en foutez tous. Alors dégage. »

« Très bien, parfait si ça ne te fait pas plaisir, tu n’as qu’à t’en aller ! J’ai une vie à sauver je te signale, et vous vous en foutez tous. Alors dégage. » Il n'en fallut pas plus à Hemlock. Son courroux monta, mais il maintint la soupape pour ne pas sombrer dans une rage violente. Il ne bougea pas d'un iota et croisa les bras contre son torse. « Tu dois l'entendre Willy ! Regarde toi, bon sang ! Tu ne sauveras jamais ton frère en t'affamant. Que pourra t-il faire si tu n'es plus là ? Et même en faisant ce que tu fais, il ne pourrait survivre aux Jeux ! » En voyant le visage de Willy-Dew se décomposer, il comprit qu'il était allé trop loin. Une pointe de culpabilité naquit dans sa poitrine alors qu'il faisait instinctivement un pas dans la direction de la jeune femme. « Je.. Je suis désolée Willy, je ne voulais pas dire ça... » Ne se laissant pas le temps de la réflexion, il se précipita vers Willy qu'il prit dans ses bras. Il n'aurait pas du s'exprimer ainsi et il le savait. Pourtant, au fond, il était persuadé qu'elle aurait une prise de conscience. Il l'espérait. Il tenta de bercer Willy entre ses bras alors qu'elle était réticente, le repoussait sans grande conviction. « Je suis désolée Willy, mais on est tous inquiets pour toi »

Willy-Dew ne put que se féliciter d’avoir prononcé ces mots tant la réaction de Hemlock se montra satisfaisante. Il avait beau ne pas broncher, elle percevait très distinctement la rage qui l’habitait. tant mieux ne put-elle s’empêcher de penser. « Tu dois l'entendre Willy ! Regarde toi, bon sang ! Tu ne sauveras jamais ton frère en t'affamant. Que pourra t-il faire si tu n'es plus là ? Et même en faisant ce que tu fais, il ne pourrait survivre aux Jeux ! » Le léger sourire qui s’était lentement affiché sur son visage s’effaça soudainement. Ses traits se contractèrent nerveusement avant de s’affaisser totalement, comme dénués de vie. L’horreur de ses propos mit un certain temps à s’imposer à elle, mais dès qu’elle comprit ce qu’il insinuait, elle se sentit défaillir. Un coup bas. Voilà ce que c’était. Il venait de lui saper le moral au moment où elle luttait ardemment pour ne pas sombrer. Elle recula d’un pas tandis que lui en faisait un en avant, s’appuya d’une main contre le mur qui se trouvait derrière elle. « Je.. Je suis désolée Willy, je ne voulais pas dire ça... » Elle l’ignora royalement, ignora ses excuses, ignora sa silhouette qui se rapprochait d’elle alors que tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il s’en aille. Il venait de l’achever et s’excusait lamentablement, comme si un simple «pardon» pourrait effacer ce qu’il venait de suggérer. La jeune femme ne réagit presque pas lorsqu’il la prit dans ses bras. Elle se rebiffa à peine, le repoussant sans grande conviction avant de se laisser mollement faire. Elle se dit qu’au final, c’était de bonne guerre. Elle avait tué sa famille, il était légitime qu’il cherche à lui faire du mal, après tout. Ils savaient tous deux que si cela ne tenait tenait qu’à lui, il la laisserait dépérir bien tranquillement. « Je suis désolée Willy, mais on est tous inquiets pour toi » Elle ne bougea toujours pas, s’étouffant à moitié contre lui, mais ne put s’empêcher de serrer les dents. « Espèce d’hypocrite, » cracha-t-elle hargneusement. « Laisse-nous mourir tranquillement, mon frère et moi. » Extirpée de son état léthargique, elle recommença à se débattra, pour de vrai cette fois-ci, malgré la force avec laquelle il la retenait contre lui. « Tu nous regardes crever de faim alors que tu nages dans le fric et tu viens soulager ta conscience en me demandant de me nourrir avec une bouffe que j’ai même pas. »

Tout se passa très vite. Trop vite. Willy passa d'une léthargie étrange à une rage dévastatrice. « Espèce d’hypocrite, » cracha-t-elle hargneusement. Hemlock ne comprit pas. Il ne voulait pas ça. Il souhaitait qu'elle se reprenne en main, qu'elle ne se laisse pas dépérir ainsi. Qu'elle vive, pour l'amour du ciel ! « Laisse-nous mourir tranquillement, mon frère et moi. » Elle commença à se débattre, cogner de ses petits points le torse d'Hemlock qui s'acharnait à la garder contre elle. « Tu nous regardes crever de faim alors que tu nages dans le fric et tu viens soulager ta conscience en me demandant de me nourrir avec une bouffe que j’ai même pas. » Si elle ne lui avait pas mis de claque, cette phrase lui fit le même effet. Il relâcha la pression de ses bras autour de son corps, et son visage se décomposa. Que pouvait-il répliquer ? Qu'il n'avait cesser de tenter de les aider mais que Talcott refusait systématiquement ? Qu'il tenait sincèrement à elle au fond et que l'idée de la perdre lui tordait les boyaux ? Il se recula, le visage fermé, et un peu blême. « Je n'ai cessé de proposer de vous aider, » dit-il d'une voix sourde. « Mais tu sais quoi ? Ton pauvre frère n'a jamais fait que refuser mon offre. » cracha t-il. Il était peiné. Il ne pensait pas qu'un jour un des membres de Elderberry puisse lui dire une chose pareille. « Mais laisse toi crever Willy. T'as tout compris. C'est bien comme ça que tu sauveras ta famille. » répliqua t-il d'une voix méprisante. Comment pouvait-elle réussir à le mettre dans un état pareil ? Pourquoi ne se tirait-il pas maintenant ? Il n'aurait su répondre et pourtant resta planté au milieux de la petite pièce.

Heureuse de se retrouver libérée après avoir éructé ces paroles acerbes, la jeune femme recula vivement d’un pas afin d’éviter de se retrouver à nouveau à la portée d’Hemlock. « Je n'ai cessé de proposer de vous aider, » Elle le fixa d’un regard mauvais et sceptique, se tenant toujours à bonne distance sans parvenir à réprimer son envie de hausser un sourcil provocateur. « Mais tu sais quoi ? Ton pauvre frère n'a jamais fait que refuser mon offre. » Elle esquissa un sourire amer et désabusé. Quelles belles paroles que celles qu’il s’évertuait à prononcer, comme s’il y croyait réellement. « Mais laisse toi crever Willy. T'as tout compris. C'est bien comme ça que tu sauveras ta famille. » Elle se contenta de le fixer d’un regard morne tout en haussant mollement les épaules, consciente qu’il cherchait à la provoque rà nouveau. Elle était tellement en colère, tellement inquiète par sa faute, que ses provocations ne l’atteignaient plus tellement. Mais quand même, elle estimait devoir le remettre à sa place, lui qui ouvrait bien trop sa bouche à propos de choses qu’il ne comprenait que trop peu. « Très bien, alors dis-moi juste : S'il refuse tant ton aide que ça, qu'est-ce que tu fais ici ? » Elle marqua une pause, le laissant brièvement réfléchir quant à l’absurdité de la situation, avant de reprendre. « Un peu facile comme excuse non ? De dire que c'est à cause de Talcott que tu peux pas te la jouer super héros. » Après une nouvelle pause, elle le contourna sans le quitter du regard pour se diriger vers la cuisine d’un pas qui se voulait calme malgré la rage qu’il faisait naitre en elle. « Mais au final tu dois avoir raison après tout, je vais voler la nourriture de la bouche de mon petit frère pour mieux pouvoir le sauver. C'est un raisonnement tellement logique...» Elle s’approcha d’un placard de la cuisine qu’elle ouvrit d’un geste rageur pour en révéler le contenu - inexistant. Bien que le sachant tout à fait à même de voir ce qu'elle faisait, elle haussa légèrement la voix lorsqu'elle reprit la parole. « Tiens d’ailleurs, t’as pas un petit creux ? Je t’offre un truc à grignoter avant que tu repartes te complaire dans ta pseudo bienveillance ? »

« Très bien, alors dis-moi juste : S'il refuse tant ton aide que ça, qu'est-ce que tu fais ici ? » La question énerva un peu plus Hemlock. Non pas parce qu'il n'avait pas la réponse -à vrai dire, il en avait une bonne- mais parce que Willy commençait à lui courir sur le système à jouer à la plus futée. Elle semblait ignorer tout ce qui se passait autour d'elle sans pour autant en avoir confiance. « Un peu facile comme excuse non ? De dire que c'est à cause de Talcott que tu peux pas te la jouer super héros. » De quoi parlait-elle ? Hems n'avait jamais prétendu jouer au super héros, et après tout, il était là pour aider, non pour se faire mépriser par une peste comme Willy. « Mais au final tu dois avoir raison après tout, je vais voler la nourriture de la bouche de mon petit frère pour mieux pouvoir le sauver. C'est un raisonnement tellement logique...» Il la suivit jusqu'à la cuisine où rageuse, elle ouvrait un placard à la volée. Comme il s'y attendait, il n'y avait rien dedans. « Tiens d’ailleurs, t’as pas un petit creux ? Je t’offre un truc à grignoter avant que tu repartes te complaire dans ta pseudo bienveillance ? » Ce fut la remarque de trop. Son sarcasme ne passerait pas une fois de plus. Attrapant un de ses poignets avec fermeté, il la tira relativement brutalement dans le salon où il la jeta sur le canapé défoncé. « Je suis là parce que ton frère me l'a demandé. Ca ne te paît pas, très bien, mais tu règleras ça avec lui plus tard. » Sa voix était sourde et on voyait à ses traits, à sa posture tendu, qu'il avait perdu toute patience. « Je ne jouerais pas au super héros, ça n'a jamais été mon but. Mais je peux te dire Williwaw, que je ne te laisserais plus jouer à ce petit manège et que si il faut je viens te nourrir avec un putain d'entonnoir !! » Il avait rugit, et ses yeux inhabituellement brillant, fixait la jeune femme avec intensité. Il ne pouvait pas la perdre elle aussi.

Plutôt fière de ses remarques qu’elle jugea judicieusement railleuses, elle fut vite ramenée sur terre en voyant l’effet qu’elles eurent sur Hemlock. Elle n’eut pas le temps de réagir lorsqu’il s’empara de son poignet et ne put que résister faiblement lorsqu’il la traina jusqu’au canapé sur lequel il la balança sans ménagement. Elle le fixa, choquée et complètement refroidie par le traitement qu’il lui infligeait, mais n’osa pas bouger, bien consciente qu’elle aurait pris un risque considérable en le défiant à nouveau. « Je suis là parce que ton frère me l'a demandé. Ca ne te paît pas, très bien, mais tu règleras ça avec lui plus tard. » Intimidée par la manière dont il la dominait ainsi et lui hurlait presque dessus, elle ne trouva rien à rétorquer. Il n’y avait de toute manière rien à dire. Il avait raison sur ce point, c’était à Talcott qu’elle devait s’en prendre, mais il n’empêche qu’au final, ce dernier était venu lui demander de l’aide. Au final, elle avait raison, et il avait tort. Au final, Talcott avait mis sa fierté de côté et avait lancé un appel au secours qui dépassait de loin la simple sous-nutrition de sa soeur. Mais Hemlock refusait de l’admettre. « Je ne jouerais pas au super héros, ça n'a jamais été mon but. Mais je peux te dire Williwaw, que je ne te laisserais plus jouer à ce petit manège et que si il faut je viens te nourrir avec un putain d'entonnoir !! » La jeune femme serra les dents et fronça les sourcils dans une grimace quasi boudeuse, désorientée par l’obstination dont il faisait preuve. Il venait de le dire lui-même, et elle le savait déjà, il ne souhaitait pas jouer les super héros. Elle ne bougea pas du canapé, restant dans la même position presque recroquevillée, mais ne parvint à se taire plus longtemps. « Ben vas-y, amuse-toi. Je te souhaite bien du courage, » maugréa-t-elle d’une voix morne. Et puis, incapable de garder ses interrogations pour elle, elle poursuivit. « C’est quoi ton problème Hemlock ? » Se rendant compte qu’elle s’était montrée assez agressive et craignant des représailles, elle s’efforça d’adoucir sa voix avant de reprendre. « Ce n’est pas moi qui ai besoin de ton aide de toute façon. »

Ce n’est qu’une fois après avoir crié, évacué tout ce qu’il avait sur le cœur, qu’il comprit qu’il était sans doute allé trop loin. Après tout Willy n’était que la sœur de son meilleur ami, et même si ses sentiments envers sa personne étaient plus que troubles, il ne pouvait se permettre ce genre de réaction. Croisant les bras sur son torse, son visage se ferma dans une expression peu avenante et torturée. Il s’attendait à des représailles, sachant pertinemment que la demoiselle était loin de renoncer comme ça. « Ben vas-y, amuse-toi. Je te souhaite bien du courage, » maugréa-t-elle. Il ne souhaita même pas relever, tant il savait par avance qu’elle allait répliquer quelque chose comme ça. Pourtant, la suite le surpris. « C’est quoi ton problème Hemlock ? » La question semblait être une sentence agressive servant simplement à déstabiliser un peu plus le jeune homme, à reprendre un contrôle sur la situation qui lui manquait méchamment. « Ce n’est pas moi qui ai besoin de ton aide de toute façon. » Ce qu’elle venait d’ajouter le fit sourire cyniquement. Les Elderberry avaient besoin de lui bien que jusqu’à présent ils refusaient son aide. Mai Hemlock était bien décidé à les tirer de leur cauchemar vivant, ayant pris conscience il y a peu qu’ils étaient la seule famille qui lui restait. « C’est là où tu te trompes Willy. Vous avez besoin de moi et j’ai besoin de vous. » Elle lui jeta un regard perplexe qui le poussa à continuer. Toutefois il s’agenouilla face à elle, trouvant qu’il était plus juste qu’ils soient au même niveau. « Mon problème c’est que vous représentez pour moi le semblant de famille qu’il me reste. Et je ne peux pas accepter ton comportement pour ça. » Adouci, il s’autorisa même a poser une main sur le genoux de Williwaw dans un signe de paix. « Je vais vous aider coûte que coûte, mais tu dois me laisser le faire Willy. Et tu dois arrêter tes conneries. Tu peux pas continuer comme ça. Ils serait perdus sans toi. »

Williwaw espérait, de par ses propos, parvenir à attiser la tension qui régnait afin de prolonger le conflit. Hemlock, en revanche, semblait en avoir décidé autrement. « C’est là où tu te trompes Willy. Vous avez besoin de moi et j’ai besoin de vous. » Sceptique et perplexe, elle lui lança un regard interrogateur, qui le fit s’agenouiller devant elle. Déconcertée, elle se recula dans le canapé afin d’établir une certaine distance entre eux. « Mon problème c’est que vous représentez pour moi le semblant de famille qu’il me reste. Et je ne peux pas accepter ton comportement pour ça. » Sa famille. S’il n’en avait plus, c’était de sa faute à elle. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même s’il lui collait autant aux fesses. Elle sentit sa main se poser sur son genou et paniqua quelque peu. Non non non. Elle voulait lui hurler après, elle voulait qu’il la malmène, qu’ils se disputent. Elle voulait extérioriser toute la rancoeur qui la bouffait, exprimer tous les problèmes qui la tenaient éveillée la nuit, le faire payer lui pour ses propres malheurs. Il était hors de question qu’il lui retire son unique moyen de se défouler. Elle ne voulait pas la paix. Elle voulait la guerre. « Je vais vous aider coûte que coûte, mais tu dois me laisser le faire Willy. Et tu dois arrêter tes conneries. Tu peux pas continuer comme ça. Ils serait perdus sans toi. » Elle chercha quelque chose à lancer pour relancer la dispute, n’importe quoi, mais ne trouva rien de pertinent. Alors elle finit par hausser mollement les épaules en signe de résignation. « Je ne t’ai jamais empêché d’aider qui que ce soit. » Elle replia ses jambes vers elle, ôtant au passage la main du jeune homme de sur son genou. « Et puis pourquoi tu parles toujours d’eux ? Talcott se débrouillerait très bien sans moi et il y a toujours mon père pour s’occuper d’eux. Tout le monde s’en fiche que je sois perdue. »

Il put lire dans son regard qu'il l'avait prise de court. Ne la connaissant que trop bien, il se douta qu'elle chercherait à refaire éclater le conflit, le prenant comme bouquet-misère à tous ses problèmes, mais Hems ne la laisserait pas faire. Il n'aimait ni le conflit, ni les grandes déclarations, et la positions dans laquelle il se trouvait l’embarrassait quelques peu. Mais il préférait cela aux cris proférés auparavant. « Je ne t’ai jamais empêché d’aider qui que ce soit. » Il la vit se replier sur elle même, comme un animal sauvage qui se méfie. « Et puis pourquoi tu parles toujours d’eux ? Talcott se débrouillerait très bien sans moi et il y a toujours mon père pour s’occuper d’eux. Tout le monde s’en fiche que je sois perdue. » Quelle stupidité ! Quelle absurdité ! Pour connaître les Elderberry, Hemlock savait pertinemment qu'Elle était leur lien, la seule choses qui réussissait à les réunir, les garder souder depuis la mort de Mme Elderberry. Ils avaient besoin d'elle. Il avait lui même besoin d'elle sans pour autant pouvoir l'expliquer. C'est d'une voix forte qu'il répondit. « Foutaise ! Si c'était le cas ils seraient pas venus me voir pour te faire entendre raison ! » Il se releva, ayant quelques douleurs dans les jambes. « Si Talcott a fait cet effort de venir me demander de l'aide comme ça, c'est que c'était sa dernière solution... » Et dans un élan de courage il ajouta. « Je serais perdu sans toi... » Mais trop gêné par la solennité de cette déclaration, il poursuivit. « Qui me pourrirait la vie ? » Et dans un sourire, il recula, presque prêt à partir.

« Foutaise ! Si c'était le cas ils seraient pas venus me voir pour te faire entendre raison ! » Elle resta impassible devant ses propos, se retenant à grand peine de lui faire remarquer que seul Talcott était venu le voir, et sans doute principalement parce qu’il avait besoin d’elle pour subvenir à leurs besoins à tous. « Si Talcott a fait cet effort de venir me demander de l'aide comme ça, c'est que c'était sa dernière solution... » Au moins, ils étaient d’accord sur ce point. Talcott n’était qu’un pauvre faiblard désespéré qui s’était tourné vers la mauvaise personne pour accomplir une tâche déplaisante. « Je serais perdu sans toi... » Elle releva la tête vers lui d’un geste si brusque qu’elle fut prise de vertiges dont la cause, elle ne pouvait le nier, était liée à son refus d’ingurgiter davantage de nourriture que son frère. Elle était cependant bien trop fière pour l’admettre et fit comme si de rien n’était, fixant d’un regard éberlué Hemlock dont la déclaration la laissait pantoise. Elle ne savait trop quoi dire, cherchait frénétiquement quelque chose à rétorquer pour éviter de mal interpréter ses propos. « Qui me pourrirait la vie ? » poursuivit-il alors dans un sourire tout en s’éloignant peu à peu. Cette touche de légèreté atténua le malaise qui s’était emparé d’elle, et elle se dressa alors à nouveau sur ses pieds, certaine de ne plus rien risquer. « Arrête un peu de te foutre de ma gueule, Blackfield. Tu serais bien trop heureux de ne plus avoir qui que ce soit pour te pourrir la vie. » Elle se faufila d’une démarche presque féline entre les meubles pour finir par se planter devant lui, un sourire goguenard plaqué sur son visage émacié. Quelque chose en elle, comme un sentiment de profonde satisfaction à l’idée de pouvoir se quereller avec lui pendant encore longtemps, lui enjoignait de le retenir, de le provoquer, de sortir de son état léthargique et de faire quelque chose, n’importe quoi. « Pas besoin de faire semblant. Y a personne pour te juger ici. »

« Arrête un peu de te foutre de ma gueule, Blackfield. Tu serais bien trop heureux de ne plus avoir qui que ce soit pour te pourrir la vie. » Il la vit se lever, se faufiler dans le salon pour venir jusqu'à lui. Se planter devant lui pour être précis. Il savait d'avance, à travers ses traits, ses gestes qu'elle avait une idée derrière la tête, une idée sans doute très drôle à ses yeux mais légèrement vicieuse. « Pas besoin de faire semblant. Y a personne pour te juger ici. » Cette soudaine proximité le gênait. Il voulait rétorquer une réplique cynique du tac-au-tac, mais le corps de Willy presque collé à lui l'empêchait de réfléchir convenablement. Trouve quelque chose à dire, Hems, s'enjoignit-il alors que son cerveau embrumé par les douces effluves provenant de la peau de la jeune femme embrouillaient ses pensées. Ne laissant toutefois rien paraître sur son visage, un sourire moqueur collé sur ce dernier, il balança d'une voix mi-suave mi-sarcastique. « Comment peux tu affirmer ça ? » Dans un élan irréfléchi et quelque peu provocateur, il réduisit encore la distance entre leurs deux corps. « Je n'ai rien à me reprocher, puisque j'aime ta manière de me pourrir la vie. » Dans une mimique détestable d'arrogance, il inclina son visage dans une posture clairvoyante, le penchant vers celui de la brunette, lèvres à demi ouverte. « Et moi, je te pourris la vie Elderberry ? »

« Comment peux tu affirmer ça ? » Elle haussa les épaules, geste nonchalant qui passa totalement inaperçu de par le pas supplémentaire qu’il fit vers elle. Mal à l’aise. Il était indéniable qu’elle était mal à l’aise, mais rien au monde, pas même un risible sentiment de gêne, ne l’aurait fait plier devant lui. Aussi se tint-elle bien droite face à lui, feignant l’indifférence devant cette masse qui la dominait de toute sa hauteur. « Je n'ai rien à me reprocher, puisque j'aime ta manière de me pourrir la vie. » Elle laissa échapper d’entre ses lèvres un rire ouvertement méprisant, mais se retint de lui faire remarquer qu’il n’avait étrangement pas tellement apprécié qu’elle décime toute sa famille. Toujours trop fière pour battre en retraite et malgré leur proximité nauséabonde, elle se pencha elle aussi légèrement en avant. Le petit jeu d’Hemlock était tellement peu subtil qu’elle ne put que foncer tête la première pour l’y suivre. « Et moi, je te pourris la vie Elderberry ? » Elle réfléchit rapidement, impassible, avant d’orienter son visage de telle sorte que sa bouche se trouva à quelques centimètres à peine de la sienne. Elle resta ainsi immobile quelques instants avant de se hisser sur la pointe des pieds, s'arrangeant pour que ses cheveux effleurent le visage du jeune homme alors qu'elle approchait ses lèvres de son oreille. « T’as pas idée. Mais je reste quand même meilleure que toi à ce petit jeu, » murmura-t-elle contre son oreille avant de se laisser retomber doucement, un sourire insolent plaqué sur son visage alors qu’elle lui tournait le dos pour se poster à nouveau devant la porte d’entrée qu’elle l’invita à regagner, très satisfaite de la manière dont elle avait géré la situation.