ϟ 1ERE MOISSON : 01/02/2012 ϟ MESSAGE : 760 ϟ AVATAR : holland roden. ϟ MULTICOMPTE : velvet baxter. ϟ DISTRICT : sept. ϟ AGE : twenty-one y.o ϟ METIER : mentor du sept. ϟ HUNGER GAMES : non ϟ RÉBELLION : indécis ϟ COMPÉTENCES : SLAVE
Emma A. Wakefield
ADMINISTRATRICE DE DAUGHTER OF FIRE
Sujet: 1.4 the 76th reaping. [SAISON 1] Mar 16 Oct - 0:42
LA MOISSON DES DISTRICTS "UNION"
L'abolition des frontières entre les districts un, deux, trois, quatre et cinq avait été un évènement bouleversant. Car, si le trois et le cinq n'étaient pas les districts les plus pauvres de Panem, ils restaient malgré tout ahuris devant les modes de vie de leurs voisins. La richesse du un, par exemple, était devenu un sujet de conversation dans toutes les chaumières des districts formant l'Union. Mais les plages de sable fin et la couleur bleuté étincelante de la mer du quatre était également une image ancrée à tout jamais dans leurs esprits. Il s'agissait d'une beauté à laquelle même les habitants du un ne pouvaient résister, eux qui étaient pourtant si habitués aux somptueuses fioritures. Cette nouvelle atmosphère faisait parfois oublier les récents évènements, même si les insurgés des trois districts sécessionnaires accaparaient parfois leurs pensées.
Ici, la principale préoccupation était d'apprendre à se connaître à et vivre au sein de cette nouvelle communauté. Certes, on se désignait encore comme venant du un, deux, trois, quatre ou cinq, mais la possibilité d'échanger des conversations, effectuer de nouvelles transactions commerciales suffisaient aux habitants des cinq collectivités.
C'était dans une telle atmosphère que les gens remarquèrent peu à peu, durant quatre jours entiers, l'aménagement pour la Moisson de la grande place publique du district quatre. Si les habitants avaient appris très tôt que la Moisson pour les districts de l'Union se déroulerait dans un seul et unique district cette année, personne ne savait exactement lequel des cinq allait être choisi - le Capitol ayant laissé plané le doute par souci de sécurité, pensaient certains. Mais cela aurait été une idée assez stupide, lorsqu'on arrivait sur la place publique et réalisait l'ampleur des préparations de la Moisson.
En effet, construite dans du marbre blanc, l'estrade habituelle était d'une taille conséquente. Jamais dans l'Histoire des cinq districts, on avait vu une estrade aussi immense. Elle s'imposait naturellement devant l'Hôtel de Justice, se mariant parfaitement avec la pierre blanche du bâtiment. Les décorations et sculptures étaient faites avec soin, des plantes et des fleurs aux couleurs bleues et jaunes - symboles de la plage et de la mer - ornaient le pourtour de l'estrade, ainsi que les murs de l'hôtel de Justice. Mais ce n'était pas les détails superficiels du Capitole qui retenaient l'attention, ni les derniers préparatifs des bénévoles ayant contribué à l'aménagement....c'était la vue imprenable sur le port et la plage qui réussissait à captiver les gens.
La Grande place était au centre de la ville, et de là, on voyait les maisons du littoral, la plage, la mer...un endroit empoisonné ou une scène parfaite pour le début d'une aventure épique, selon les points de vues. Car, dix pauvres innocents apprendraient leur mort certaine devant ce paysage unique.
Ce fut seulement vers 19 heures qu'on aperçut les premiers habitants des Cinq districts se rassembler sur cette immense place, le soleil se rapprochant de plus en plus de la ligne d'horizon. Il restait encore une heure avant le début de la Moisson, peut-être même que le coucher du soleil surviendrait au moment du tirage au sort.
La fin était proche.
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Sujet: Re: 1.4 the 76th reaping. [SAISON 1] Mar 16 Oct - 12:26
~ The reaping ~
Les districts « Union du Capitole »… Cette appellation avait de quoi me rendre malade. Quand la télévision avait montré l’image des traîtres, j’avais été affectée bien plus que je n’aurais cru cela possible. En fait, je n’aurais même pas pu envisager cela. Ma réaction avait engendré des frais… j’avais été dans l’obligation de remplacer mon poste.
Pour couronner le tout, il avait fallu ajouter à cette annonce qui me rongeait chaque jour, l’avancée de la moisson. Moisson qui se déroulerait dans le district, le nôtre… Le nôtre qui comptait pourtant soit disant deux traîtres. J’enrageais littéralement. Je luttais chaque jour pour ne pas causer de problèmes au district mais ma haine à leur encontre ne faisait que croître encore et encore. J’avais l’impression d’étouffer avec tant de haine dans les veines. Des traîtres… Je commençais à approuver l’attentat finalement. C’est vrai, tout ça avait été en réaction à ce dernier mais ça prouvait juste une fois de plus que le Capitole faisait ce qui lui plaisait tout en méprisant la vie des autres. Nous n’étions rien à leurs yeux. C’était un fait. Et si les cinq districts s’émerveillaient des ressources des autres, je n’oubliais pas les autres districts pour autant. Je n’oubliais pas Nale qui était peut-être mort, ou vivant… Mais il devait être en vie, j’avais besoin d’y croire pour avancer. Ma vie partait en lambeau sans que cela ne se voie mais je luttais. Il fallait que je lutte, il fallait absolument que je lutte. Si Nale était en vie, je comptais le revoir.
Alors chaque matin, en passant devant les préparatifs de cette abomination qu’étaient les jeux. Je maudissais le Capitole. Si mes actes ne montraient rien, mes yeux, eux, me trahissaient sans doute. Mais je pouvais bien penser ce que je voulais, jusqu’à preuve du contraire, personne ne pouvait rien en savoir. Je ne parlais plus de ce que je pensais, pas même à Cecil et encore moins à Maël si d’aventure, il m’arrivait de le croiser.
Cette année, je ne comptais pas arriver à l’avance. J’arriverais à l’heure prévue. Quelques minutes avant mais certainement pas avec autant d’avance que d’ordinaire. Seule l’obligation me poussait à y aller. Sinon, je serais restée chez moi. Mais la protestation n’attirerait que des ennuis alors je ne ferais rien de contraire. C’était ce que j’avais dans la tête du moins. Sauf que comme la plupart, j’arrivais bien à l’avance. Je ne savais pas pourquoi. Je me mis cependant le plus loin possible. À l’arrière. Je ne voulais qu’une chose. Courir jusqu’à la plage et nager jusqu’à oublier, m’épuiser et rentrer chez moi.
Mais j’étais sur la place, avec d’autres gens dont j’ignorais tout. Ces derniers temps, je m’assurais de vivre. Faire connaissances n’entrait pas dans mes idées. Je rencontrais bien assez de nouvelles têtes au travail. Mais celle que j’espérais passer la porte ne la passerait peut-être plus. Là, au milieu de tous ces gens, je me sentais mal, mal de participer à cette mascarade, mal de ne pouvoir rien faire pour empêcher les nouvelles morts, mal de rentrer dans le jeu du Capitole malgré moi. Mon estomac était noué, toutes pensées m’avaient déserté, je me tenais debout, par habitude, mais j’étais comme figée. Il m’était impossible de réagir je crois. Dans le fond, j’avais besoin de Cecil, Cecil qui arriverait sans doute pile avant, comme toujours. J’avais besoin qu’il soit là à côté de moi parce que j’avais peur de déraper même si au fond, je savais que je ne ferais rien qui puisse causer du tort. J’avais peur, un point c’est tout. Je me faisais l’impression d’être une souris qui voulait devenir un lion. Mais je n’avais pas la force, ni la volonté. Tout ça, on me l’avait enlevé.
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Dernière édition par Sissandra N. Vanehall le Mar 16 Oct - 21:23, édité 1 fois
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Sujet: Re: 1.4 the 76th reaping. [SAISON 1] Mar 16 Oct - 18:17
La Moisson a lieu dans notre district... le Quatre... Ce n’est pas anodin, je le sais bien. Deux des traites proviennent d’ici… Le Capitole ne l’a pas fait sans raison apparente. Il y a quelque chose derrière. Je suis peut-être trop paranoïaque, mais c’est ça. Je ne peux pas penser autrement. J’ai l’angoisse au ventre depuis plusieurs jours déjà, depuis qu’ils ont commencés les préparatifs. Et cette union des districts… est-ce un meilleur moyen de nous contrôler ? Très certainement. Les Hunger Games de cette année seront mémoriaux, j’en suis certaine. En ferais-je parti ? Cette simple idée me resserrent l’estomac, mais plus qu’avant, j’ai un très mauvais pressentiment. Je n’ai pas dormi de la nuit, comme souvent. Je suis insomniaque, ça fait au moins quatre ans. Alors le manque de sommeil me connait bien. Mais aujourd’hui, plutôt que de m’atteler à mes tâches matinales, je ne fais rien. Pour une des rares fois, je m’accorde du repos, un temps d’arrêt, car ma tête tourne trop. Trop d’idées, de pensées troubles, d’angoisses, de peurs… Je suis assise sur le toit de ma maison et je regarde les vagues de l’océan frapper contre les récifs et les quais.
La plage, le soleil levant, l’écume blanche roulant sur le sable, tout cela, peut-être, ne sera plus demain. Peut-être est-ce la dernière fois que j’observerai ce tableau qui me fascinait tant lorsque j’étais enfant. Tous les souvenirs, les mémoires, les poussières passées, peut-être ne restera-t-il plus rien bientôt. Ma trace s’effacera comme celle de millier d’autres avant moi. Et comme celle de millier d’autres après moi… Y aura-t-il une fin ? Un jour… peut-être… On ne peut que supposer. Je sens les poils de mon corps s’hérisser alors que mon esprit dérive vers les Jeux. Je ferme les yeux pour faire le vide, mais il n’y a que ces images des Hunger Games passés qui me reviennent en tête. Tout ça me hante déjà, qu’en sera-t-il si jamais… Non, je préfère ne pas y penser. Je suis encore loin d’être sauvée de la Moisson, il m’en reste encore beaucoup trop. Et tous ces tesserae… J’ai des doutes, la chance ne sera pas de mon côté cette année. Ces derniers mois, je m’étais préparée à me porter volontaire si jamais je n’étais pas pigée, mais j’ai l’impression que mon courage cède en cette journée fatidique. Je me crois forte, mais je ne le suis pas, pas plus qu’un autre en tout cas. Je n’ai rien des carrières traditionnelles de mon district, je me débrouille bien au corps à corps, car je suis petite et rapide, mais contrairement aux autres, je n’ai pas de force physique ou des musculatures développées. Non, rien de tout cela. Mais je sais survivre mieux que n’importe qui… ici.
La Moisson débutera bientôt. Comme chaque année, je pars tôt. Ça me permet, je ne sais pas, d’essayer de décompresser un peu sur la place publique avant la pige. Enfin, ce n’est qu’une illusion j’imagine. Mes jambes sont molles, je peine à descendre de mon perchoir sans me planter. De quoi aurais-je l’air, si j’étais pigée et que j’avais la jambe cassée ? Parfaitement idiote. Il n’y a que l’article de la mort qui nous empêche de nous présenter aux Jeux et c’est tout. Les femmes d’abord… Ma gorge se noue. Serais-ce moi, cette année ? Maël ne me le pardonnerait jamais… Me voir moi… aller mourir là-bas… Il ne survivrait pas… Et pourtant, tout cela me tue, de voir des gens se présenter là pour la gloire et l’honneur, ce ne sont que des pantins ! Des jouets du Capitole ! Ou de voir des enfants être envoyé en chair en canon, c’est trop cruel. J’espère que Maël comprendra… je l’espère de tout cœur. Mes pas me mènent le long de la plage, mais je marche sans m’en rendre compte. J’ai la peur au ventre. Je m’en suis sauvée trois ans… La chance m’aimera-t-elle encore ? Si je ne suis pas pigée, saurais-je me porter volontaire ou en serais-je incapable. C’est une chose, se le dire, mais le faire en est une autre.
Mon regard se porte autour, quelques jeunes arrivent déjà. Je passe au registre me faire recenser et vais gagner ma place avec les gens de mon âge. Je me place le plus près des estrades à ma droite, dans un coin pour ne pas être étouffée par les autres lorsque tout le monde sera présent. J’ai besoin d’air pour survivre. Malgré moi, je parcours l’assemblée. Je cherche Maël des yeux, mais je ne le vois pas. Peut-être est-ce mieux ainsi. Je sais qu’il sera en avant de l’Hôtel de Justice, avec le maire et ceux du Capitole. J’aperçois Siss’ de loin, mais je préfère ne pas m’y attarder. Au fond, je crois que ça me tue de voir des gens que je connais. Je ne supporterai pas leurs regards si jamais… J’aurai déjà celui de Maël à affronter… ce sera déjà trop. Je m’étais promis de ne pas m’attacher à quiconque… C’est peut-être plus difficile que je croyais. On se rend compte qu’on tient à des gens seulement dans ce genre de situation… C’est presque dommage… Dans ma robe turquoise rappelant la mer, je ne me sens pas dans mon élément. Ce genre d’accoutrement, je n’en porte jamais… Ça me fait trop penser à ça. Mais la Moisson nous force à être dans nos plus beaux habits. C’est franchement dégoûtant quand on y pense. Les idées filent à vive allure, je peine à penser. Les stratégies défilent dans ma tête. J’ai mes chances de survie, je le sais bien, comme à peu près tout le monde. Mais il suffit simplement d’être plus malin que les autres.
C’est idiot de penser à ça, alors qu’on ne sait qu’une fois qu’on ait catapulté dans l’arène. J’ai la gorge si serrée que je me demande si je pourrai retenir mes larmes si jamais mon nom est sorti. Pleurer est un signe de faiblesse… mais peut-être au final que ce n’est pas plus mal non plus. Je ne suis pas une tueuse… je ne veux pas m’allier aux carrières. Mais je ne veux pas non plus être leur cible… Je serre les dents. Ça m’enrage de penser comme si… Non, ce n’est pas idiot d’y penser, on est jamais assez préparé à ce genre de choses. Et puis… ce n’est qu’hypothétique. Aurais-je la force de me tenir debout ? J’ai l’impression qu’elle m’a quitté… qu’elle s’est envolée avec mon courage l’instant où j’ai posé mon pied dans la Grande Place.
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Sujet: Re: 1.4 the 76th reaping. [SAISON 1] Mar 16 Oct - 19:34
Alors que j'étais en train de lacer mes chaussures, mes doigts se faisaient fuyants, tremblants, et je n'arrivais pas à accomplir cette tâche plus que basique. Je jurais dans ma barbe inexistante et reprenais contrôle de moi même. Je n'avais pas à avoir peur de cette Moisson. Je n'allais pas être tiré. Cyrène n'allait pas l'être non plus, et elle n'allait pas se porter volontaire. Tout irait pour le mieux. C'était ce que j'essayais de me dire, mais plus les minutes passaient, plus mon esprit devenait agité, plus mes membres tremblaient. La moisson ne se passait pas dans notre district, mais dans celui de la pêche. Je ne m'y étais jamais rendu. L'union des districts ne m'avait pas particulièrement enthousiasmé, puisque je ne connaissais personne de toute façon dans ces autres endroits, et que je n'avais pas particulièrement envie de m'y rendre. Le dégoût du régime en place, du Capitole, était ce qui me tenait en vie et bougeant sur mes deux jambes. Je n'avais fait que stocker du bois pour l'hiver et trouver de nouveaux clients pour vendre mes bûches. En vain. De toute façon, mon état était trop visible : mes cernes étaient marquées, la fatigue se lisait sur mon visage. Je repensais encore au district onze que j'avais eu l'occasion d'aller visiter, même pour un petit temps .. Tous ces visages que je connaissais. Mais je n'avais pas vu les personnes qui m'étaient les plus chères. Nous n'avions pas, à présent, le droit d'aller dans les districts les plus reculés, de toute façon. Alors je me rassurais comme je pouvais, grâce aux lettres qui arrivaient à passer, et grâce à mon imagination. Tout allait bien dans le meilleur des mondes. Youpi.
Finalement, j'arrivais à venir à bout de mes lacets. J'avais enfilé une chemise rentrée dans un de mes plus beaux pantalons, pour l'occasion. Mais ils baillaient, à cause de mon poids qui avait nettement diminué ces derniers temps. A cause du manque d'argent, je n'avais pas pu manger quoi que ce soit. J'avais refusé également ce que Cyrène m'avait proposé, par fierté. Au final, je n'étais pas si maigre que ça, même si mes côtes saillantes voulaient dire le contraire. Cela ne se voyait pas sous les habits de toute façon, il suffisait de les empiler les uns sur les autres. Je mettais un t-shirt en dessous après un petit moment de réflexion et déjà, j'avais l'air plus en chair. Mes doigts s'agitaient : j'avais toujours besoin d'avoir quelque chose sous la main, à tripoter, à .. sculpter. Je jetais un coup d’œil à mon établi/table à manger où reposaient quelques figurines que j'avais fait ces derniers temps. J'avais essayé de faire le visage de Cyrène mais mon échec avait été cuisant, en tout cas à mon avis. Je ne lui montrerais jamais. Cyrène .. Nous n'avions pas convenu de faire le voyage jusqu'au district quatre ensemble, mais nous nous retrouverions sûrement là bas. Je l'apercevrais. Lorsque son nom ne serait pas tiré, bien entendu.
Et il fut temps de partir. Nous étions en milieu d'après midi : je me laissais du temps pour arriver jusqu'à un district qui m'était étranger. Je pris le train, cette chose que j'avais déjà utilisée pour me rendre dans mon district d'origine. Ce monstre de ferraille. Sa vitesse m'impressionnait. Et finalement, dans un monde fou, je débarquais dans le district. Son odeur me piqua le nez : ce n'était rien que j'avais déjà expérimenté. C'était .. une odeur salée. Était-ce ça, l'odeur de la mer ? Mais je ne pus m'arrêter bien longtemps pour profiter de ces effluves, déjà, je me sentais poussé par le monde m'entourant, tous en direction de l'hôtel de justice. Je découvris alors la construction prévue pour l'occasion : quelque chose de gigantesque. De monstrueux, selon moi. En marbre blanc, droit, carré, ce qui était très logique pour le Capitole. Pour montrer sa grandeur, ils construisaient de telles choses. Un rictus de dégoût se peignit sur mon visage : je haïssais tous ces concepts. Je suivais les garçons de mon âge et arrivais devant cette gigantesque estrade. Du regard, je cherchais Cyrène, mais je ne la vis pas.
En tournant le regard, j'eus un aperçu de la mer. S'étendant, infinie, et sauvage. Elle me fit envie à cet instant. Impossible à capturer. Impossible à prendre et mettre en chaînes, forcée à combattre d'autres personnes qui n'ont tout du moins pas envie de se battre non plus. Ses reflets dorés me firent sourire un instant. Mais je me repris : ce n'était pas la dernière fois que je la verrais. Car je ne serais pas choisi. Et Cyrène non plus. Nous étions parfaitement en sécurité.
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Sujet: Re: 1.4 the 76th reaping. [SAISON 1] Mer 17 Oct - 22:27
Glitery était fatiguée. Fatiguée de tout. Du voyage en train, de la "routine" abominable qu'étaient les Hunger Games, de se chamailler avec tout le monde, de la vie en générale. Le train, malgré sa grande vitesse et les mérites que tout le monde ventait lui avait paru épouvantable. Long, inconfortable, et si étonnant que ça puisse paraitre, elle ne se sentait pas bien. Peut-être n'était-ce pas le train, mais l'endroit répugnant où elle devait se rendre, à la moisson des districts unifiés. Autant se choper une grippe. Mais même avec la gale, en tant que mentor, elle se devait d'être présente. Discrètement, Glitery remonta ses bas. Elle du s'y reprendre à deux fois tant ses doigts maladroits tremblaient et glissaient. Elle du enlever ses gants qui ne rendaient la chose que plus compliquée. Aujourd'hui, et aujourd'hui seulement, le Capitole lui avait envoyé une équipe de préparation. Une esthéticienne, une coloriste, un pédicure et manucure étaient présents. Une tenue aux goûts des Capitolins était arrivée en même temps que l'équipe, dans un coup de vent et s'était totalement imposée à elle. Une couche de poudre blanchâtre pour rendre son teint encore plus diaphane, voir morbide qu'il ne l'était déjà lui avait été allégrement et en grande quantité étalé sur le visage. Une ombre à paupière fuchsia, des pommettes rosées comme l'auraient été celles de toutes petite fille. On aurait dit que le Capitole cherchait à la faire passer pour une jeune fille chaste et pure. Bien longtemps que même ça, ils lui avaient pris. Glitery avait laissé faire l'équipe qui était arrivée dans la matinée. Elle n'avait pas eut la force de les renvoyer chez eux, ni de faire de chichis. Elle s'était assise et avait écouté tous les ragots que l'équipe on ne peut plus bavarde avait déversés durant toute la journée. L'une voulait se faire tatouer, l'autre avouait ses fantasmes les plus fous et le dernier s'inquiétait de la pseudo-difformité de son corps. Glitery souria en y repensant. Quelle situation burlesque, quand elle pensait en quel honneur s'était fait. Pour une bande de gamins apeurés chez qui seul l'instinct animal comptait et qui serait prêt à vendre leur âme pour sortir d'une arène conçue pour les tuer. Quelle horreur.
Glitery descendit les marches du train. Doucement car perchée sur ses talons hauts une bousculade ou un faux mouvement et elle était par terre. Sa jupe serrée sans être moulante limitait considérablement ses mouvements. Elle se sentait enfermée, comme un moineau qu'on tient dans ses mains pour ne pas qu'il s'envole, au risque de l'étouffer. En parlant d'étouffement, la première bouffée d'air qu'elle inspira lui fit un choc. Salée, humide. Elle se trouvait au bord de la mer. Une petite brise lui apportait comme un présent tous les embruns marins les plus subtils qui soient. Elle en fut comblée, et la proximité de la mer lui mit du baume au coeur malgré la raison funeste de cette proximité. Glitery progressa dans la gare, peinant pour trouver la sortie. Une fois qu'elle eut quitté cet endroit, elle se dirigea directement vers l'hôtel de ville. Rien de plus commun. Du marbre blanc comme pour cacher la pauvreté dans laquelle vivait certains habitants du districts, pour montrer la pseudo réussite. Des colonnes blanches qui avait un lien avec l'architecture antique, pour montrer la panacée fictive, comme si quelqu'un avait quelques chose à faire du décor. Tout ce qu'on voulait s'était en finir le plus vite, que le spectacle commence. La jeune femme eut envie de repartir en voyant de jeunes adolescents en train de patienter tranquillement avant le spot de propagande capitoline qui précédait les moissonnages. Dire qu'elle serait sur l'estrade, en train de regarder une poupée de silicone piochant allégrement dans les urnes. Elle grimaça à cette image, digne d'épouvante à son goût.
Elle avança jusqu'à l'estrade. Rien de plus classique. De grande banderoles frappées du seaux du Capitole, de grosses urnes circulaires pour piocher les futurs steak hachés et des chaises d'un luxe affriolant, comme pour montrer encore une fois Ô combien le Capitole est grand, Ô combien il est riche et puissant, Ô combien on lui doit le respect. Derrière ses lunettes de soleil et sa robe rose pétard, sa cascade de cheveux blonds peignés au millimètre près, le peu de poils qui lui restaient se dressaient de dégoût. Elle balaya l'assistance du regard pour chercher un visage familier. Des cheveux noirs de jais légèrement ondulés, un corps qui lui paraissait plus mince que dans ses souvenirs, grand, des épaules fortes. Elle s'approcha d'Hermès et d'une voix qu'elle voulait être enjôleuse, elle lança: "Tu dois penser à un monde s’apparentant à celui des bisounours, n'est-ce pas? Moi non plus, je ne pensais pas être désignée."
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Sujet: Re: 1.4 the 76th reaping. [SAISON 1] Sam 20 Oct - 17:33
Happy Hunger Games, daddy.. I will make you hurt
Il est dix huit heures trente, le soleil perd de sa hauteur, détonnant le ciel dans un camaïeu de rose et d'orangé. Les doux rayons du couchant posaient de discrets reflets cuivrés sur les cheveux noirs de Monsieur Galloway, assis à la table de la cuisine. Face à lui, un pot de fleurs, des coquelicots et des pâquerettes, cueillis par Peony, sa plus jeune fille, alors que le matin se levait fraîchement. Le regard fixe, les bras croisés, il restait immobile. Complètement immobile. Les boîtes de médicaments jonchaient le carrelage en marbre blanc, les plaquettes vides, allongées aux pieds de Gaethan. Les anxiolitiques, tranquilisants, mélangés au anti-nauséeux. Rien de toutes ces substances ne calmerait le mouron que le père des trois filles se faisait.
- C'est comme ça tous les ans Peony, ne t'inquiètes pas, chuchota une voix dans son dos.
Il ne se retourna pourtant pas. Encore faut-il qu'il l'aie entendu, il paraissait tellement absent.. C'est la présence du Capitole qui le déstabilisait autant. Bien sûr, il rencontrait beaucoup les représentants du Capitole lors de réunions, pour évaluer la qualité des produits de la mer, pour débattre sur des techniques de pêche qui soient plus productives, et éventuellement, revendiquer des besoins de matériels plus conséquents. Non, ce n'est pas le Capitole qui l'effrayait, c'est ce qu'ils faisaient dans le District Quatre. Je ne parle pas non plus des femmes, hautes en couleurs, qui se promènent dans le vieux port, et font quelques emplettes. Certaines achètent des perles d'huîtres qu'elle feront colorer et poser en bague, tandis que d'autres font l'acquisition d'objets de décoration comme de gros coquillages ou de gros homards empaillés.. question de goûts. Ceux qui l'inquiétaient le plus, étaient sans doute ceux qui taillaient le marbre, sur la Grand Place, devant l'hôtel de Justice, il y a quelques jours de cela. Ils discutaient des Hunger Games avec fascination, et lorsqu'un jeune tribut de Carrière, comme il est fréquent d'en croiser dans les district de l'Union,, ils blaguaient ensemble sur les failles de l'édition précédente, ou vantaient les mérites du vainqueur de la dernière Expiation. Tous les ans, c'était pareil.
Ce soir, il était là, dans sa cuisine, et pensait. Réfléchissait. Les cheveux en bataille, la barbe de trois jours, et la cravate de travers, il attendait. Tout ce qu'il voulait, et ce qui était l'objet de ces prières depuis les douze ans de son aînée, serait que ces filles, aucune de ces trois filles, ne soit jamais tirées au sort. Il aimait regarder les Hunger Games, comme tout le monde, disait-il. Cela ne le dérangeait nullement de regarder un tribut baignant dans son sang après qu'un autre lui aie réduit le crâne en bouillie. Il souriait lorsqu'un jeune garçon hurlait à la mort, alors que l'épée d'un Carrière lui transperçait la poitrine, et pouvait plaisanter longtemps sur le sort d'une pauvre fille étranglée à mort dans un piège. Mais imaginer, l'une de ces filles, une de ces filles les tripes à l'air lui était insupportable. Gaethan Galloway est un père, avant d'être un habitant de Panem..
- Papa, c'est l'heure. Il faut qu'on y aille..
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Je pose ma main sur l'épaule de mon père, et il tourne la tête vers moi. Je n'avais jamais vu de telles cernes sous ces yeux bleus. J'imagine qu'il n'a pas réussi à trouver le sommeil. Moi non plus, à vrai dire. Je n'arrête pas de me dire que, même si je suis tirée au sort, je n'ai quasiment aucune chance de finir dans l'arène. Il y a tellement de tributs de carrière dans le district qu'une d'entre elles prendra sûrement ma place. Du moins, j'espère. J'ose espérer. Mon père prend ma main Il la serre avec douleur. Moi aussi j'ai peur, moi aussi, j'ai mal. Il se lève difficilement, et marche, ou plutôt titube, derrière moi. Mes soeurs nous attendent sur le seuil de la porte. Elles aussi, elles sont belles aujourd'hui. Sophia, de six ans mon aînées, porte une élégante robe noire, qui met ses jolies formes de femme en valeur. Elle a vingt deux ans, vous comprenez. Cette année, c'est sa dernière Moisson, elle n'a plus vraiment peur pour elle. Si le sort l'a épargnée jusqu'ici, pourquoi s'en prendrait-il à elle maintenant ? Non, pour elle, c'est bon. Ce qui nous tracasse le plus, c'est pour Peony. La pauvre petite Peony. Elle a treize ans, mais son visage lui enlève au moins deux ans de maturité. C'est une gamine. Dans sa tête, les chevaux sont des licornes meurtries, et les brins d'herbe sont les cheveux des lutins. Que ferait-elle, avec ces idées saugrenues, dans une arène avec 23 tueurs ? Elle mourrait, voilà ce qu'elle ferait.
- On va être en retard, il faut se bouger.
Nous traversons les dédales qui séparent notre maison de la Grand Place dans un silence pesant. Des marins font un signe de la main à mon père auxquels il ne répond que par un sourire timide. C'est comme ça tous les ans. Une fois devant l'hôtel de justice, on réalise ce qui est sur le point d'arriver. Les micros sont branchés, les blasons du Capitole sont affichés, et les noms sont près à sortir de leur prison de verre. Le soleil aura fini sa chute dans quelques heures, alors que l'angoisse commence à peine son ascension. Mon père nous laisse passer au recensement. La queue est longue, pour pas grand chose. Peony et Sophia se sont déjà fait prélever une goutte de sang lorsque l'aiguille menace le bout de mon doigt. Elle pique, et une main ferme appuie mon doigt sur un cahier. Mon nom clignote sur l'écran d'un appareil de reconnaissance ADN, avant qu'une voix crie au suivant de se présenter pour le même traitement. Je rejoins la file où sont alignés toutes les jeunes filles de mon âge. Ce sont les mêmes enfants, chaque année. Nous attendons, silencieuses, adressant éventuellement une prière à n'importe quelle divinité qui voudra bien l'entendre. Moi, je garde la tête haute. S'ils me veulent, ils m'auront, et voilà est la source de mon impuissance. Mais de toute manière, je ne serais pas tirée au sort, ça a été comme ça tous les ans..
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Sujet: Re: 1.4 the 76th reaping. [SAISON 1] Lun 5 Nov - 11:04
▬ The reaping ▬
La moisson... On y était. Je tentais de m'y préparer depuis un moment et cette fois, c'était le jour. Si je plaignais ces mômes ? Oui, bien sûr mais j'étais un capitolin avant tout et j'avais une stratégie à adopter pour mes futurs tributs dont je tirerais les noms bientôt. Il faudrait que je joue un rôle et je le jouerais à fond mais là... dans l'immédiat, assis dans l'hôtel de ville, je regardais par la fenêtre. Un coude posé sur mon siège, j'avais l'esprit ailleurs. Je crois que c'est bien la première fois que je souhaitais tant rentrer au Capitole. Je me servais un café et me levais, tasse en main. Tous amassé, entassé sur la place, ils attendaient, plus nombreux que chaque année. En y réfléchissant bien, j'étais le premier hôte du District 1 depuis l'unification des Districts. Je n'étais pas sûr d'apprécier l'honneur quoi qu'il en soit, je m'étirais et me tenais droit. Phora avait fait des merveilles, il ne me restait qu'à assumer mon rôle jusqu'au bout, ce que je ferais.
À les voir tous entassés comme ça, je me demandais ce qu'il ressentait. Petite piqûre de rappel, je n'étais pas comme eux, j'étais moi. Un autre. Et là-bas, au Capitole aussi j'étais un autre. Le cul entre deux chaises dit-on. J'observais mon reflet dans le miroir, satisfait. C'était tellement rare. Costume sur mesure, chapeau haut de forme, mèche de couleur, chemise criante. Je n'aurais pas vraiment cru apprécier tout ça. Comme quoi, on en apprenait encore et toujours sur soi-même.
Dans quelques minutes, j'aurais un discours bateau et habituel à faire, conjointement avec les autres hôtes et puis je tirerais au sort mes deux tributs. Le passage qui me plairait sans doute le moins. J'allais arracher deux personnes à leur famille dont peut-être une seule reviendrait. Il faudrait que j'y mette tout mon art en matière de mensonges car ça ne m'enchantait pas vraiment. Je pense que c'était la première fois de ma vie que j'étais proche de ma mère, un peu même si elle, elle m'en voudrait à mort. Mais on ne refusait pas une charge telle que celle-là et elle en avait bien conscience, j'en étais sûr. Elle ne m'aimait pas, ça n'était pas un scoop mais elle n'était pas injuste. Elle avait toujours été correcte malgré son absence d'amour à mon égard.
Je finis mon café et me dirigeait vers la porte, en attendant, c'était toujours mieux que de tourner en rond à regarder par la fenêtre. J'aurais peut-être du venir avec Glitery en fait, au lieu de ça, j'étais ici depuis hier. Dans le fond, ça n'avait pas été la meilleure décision. D'ailleurs, on me prévint que là, je devrais être peut-être me décider à sortir. D'un regard en biais, je lançais un regard torve à mon messager. Ok, j'allais sortir, je passais donc les portes de l'hôtel de ville.
Joyeux Hunger Games et que le sort vous soit favorable...
537 mots
Dernière édition par Till A. Soter le Lun 12 Nov - 23:25, édité 1 fois
CITOYEN DE PANEM
IDENTIFICATION PASS
ϟ 1ERE MOISSON : 23/08/2012 ϟ MESSAGE : 547 ϟ AVATAR : Sam Worthington (guardianangel) ϟ MULTICOMPTE : Théodore M. Hymes ϟ DISTRICT : quatre - réside désormais au Capitole ϟ AGE : 23 ϟ METIER : Journaliste et Mentor (71èmes HG) - A un talent caché pour le dessin. ϟ LIFESTYLE : excellentes, un peu trop à son goût d'ailleurs. Mais pour tout dire, il ne crache pas dessus, bien au contraire... ϟ HUNGER GAMES : oui ϟ RÉBELLION : contre ϟ COMPÉTENCES : SURVIVOR
Maël A. Reh
MODÉRATEUR DE DAUGHTER OF FIRE
Sujet: Re: 1.4 the 76th reaping. [SAISON 1] Mer 7 Nov - 17:07
J'avais bu. Je ne tenais pas debout sur mes deux jambes et je ne m'étais même pas coiffé. A dire vrai, pour ce dernier point, ça ne se voyait pas trop puisque mes cheveux, que j'avais décidé de ne plus couper, n'étaient pas encore trop long. Mais on pouvait bien voir que je n'étais pas sobre, n'était-ce que par ma manie de tanguer et sursauter d'un air hagard à chaque fois que quelqu'un passait près de moi. Je m’étais affalé dès l’arrivée du train dans le premier siège installé et je n’en avais bougé que pour aller me chercher une nouvelle bouteille de Whisky. J’étais revenu dans le district quatre avant même d’avoir pu poser mes valises dans mon appartement capitolin. Et je n’avais pas encore eu le temps d’assimiler les nouvelles que j’avais entendues sur Télé Panem. Ou un truc comme ça pour le nom de l’unique chaîne qui allait diffuser dans les jours prochains les images des soixante-seizièmes Hunger Games. J’avais envie de vomir. Tout ça me donnait envie de vomir. Et le pire, c’était qu’une fois à la caméra, j’allais avoir un rôle à tenir, et le Capitole m’avait clairement fait comprendre que ce n’était pas celui du vainqueur totalement saoul qui m’était demandé aujourd’hui. Ce devait être pour cette raison que lorsque je le levai pour aller me chercher une nouvelle bouteille, un Pacificateur me plaqua dans mon fauteuil en me disant d’une voix qui ne souffrait aucune réplique :
« Reh, tu restes là, et tu cuves jusqu’à la cérémonie. Si à l’heure de la Moisson, tu ne tiens pas sur tes jambes, je t’assure qu’il risque d’y avoir beaucoup de petits papiers au nom de ton frère, tu vois ce que je veux dire ? »
Si une douche froide, une épée dans le corps ou une chanson horrible n’auraient pas eu d’effets sur moi, ces simples mots me réveillèrent d’un coup. J’avais la trouille. J’avais la trouille pour mon frère, celui là même qui, ce matin, m’avait craché dessus, et m’avait loupé d’ailleurs sous un sourire goguenard de ma part que je n’avais pas pu retenir. Un sourire que j’avais regretté instantanément sous le regard haineux que Sebastian m’avait aussitôt balancé. Je m’enfonçai dans la chaise, me demandant ce qu’on attendait encore. Ce fut bientôt le tour des sirènes, ces alertes qui appelaient tous les habitants des districts. Je me levai, un peu chancelant, un Pacificateur me faisant signe. Le District Quatre était l’un des districts les plus appréciés, et un vainqueur, le mentor en plus, ne pouvait pas entacher cette réputation par une tenue déplorable. Je partis rapidement dans l’hôtel de ville, apercevant les autres mentors du coin de l’œil. C’étaient pour la plupart des carrières, comme moi, tous bien plus âgés que moi. Je me devais d’être irréprochable. Je me devais d’être l’image que tous les districts pouvaient avoir d’un vainqueur du D4, d’un vainqueur qui allait tout faire pour que les tributs dont il avait la charge soient vainqueurs à leur tour. J’avais envie de vomir. J’exécrais cette manière qu’avait le Capitole de nous mettre en son pouvoir, de nous rappeler qui était le plus fort. Comme si nous en avions besoin… du moins, nombreux étaient ceux qui en avaient besoin, comme les traitres qui avaient fui. Nale… Suzanna… c’étaient les deux noms qui m’étaient connus sur les quatre, mais déjà à eux deux, il faisait des ravages. J’étais appuyé sur les lavabos des toilettes de l’hôtel de ville, me demandant si la nausée que je ressentais en cet instant si particulier allait disparaître ou si j’allais devoir la subir encore longtemps. Quelqu’un frappa à la porte. On entra. Un Pacificateur posa une main autoritaire sur mon épaule et je me tendis imperceptiblement, me retenant de justesse de lui faire une prise de corps à corps pour le mettre hors jeu. J’avais toujours les réflexes des carrières, même cinq ans après. Mais le Pacificateur devait s’y attendre, puisqu’il resserra sa prise comme pour me dire « mon coco, tu fais le moindre signe d’agressivité et je te montre que tu ne sais pas ce qu’avoir mal signifie ». Je restai immobile tandis que, sans un mot, il me tendit un sac qui, je le savais contenait un costume fait sur mesure par Rouge, un rasoir, et tout ce qu’il me fallait pour me donner un visage convenable.
Vingt minutes plus tard, je sortis des toilettes, métamorphosé. J’avais tout désormais, de la prestance qu’exigeait le Capitole lorsque je sortais en public. J’étais connu, certes, au sein des districts pour ma victoire, mais j’étais aussi encore plus connu au niveau du Capitole, pour mes actions, mes écrits et mon attitude lors des soirées. Me présenter bien propre, bien habillé et à mon avantage, il fallait l’avouer, c’était montrer que la Moisson était quelque chose de sérieux, un grand événement, pour tout le monde et surtout pour les vainqueurs. Comme si nous étions… heureux, chaque année, de nous souvenir de nos propres jeux. Je voulus faire demi-tour pour retourner vomir dans les toilettes, mais une main de nouveau posée sur mon épaule m’en empêcha. Je regardais les autres vainqueurs qui attendaient dans l’hôtel de ville, tout comme les hôtes, ceux là même qui allaient tirer le nom des sacrifiés dans quelques minutes. Je me savais blanc comme un linge. J’avais peur de m’effondrer en plein milieu de la « cérémonie », que ce soit de nausée, de fatigue, à cause d’une chute de tension… Ce dont j’avais le plus peur, c’étaient des volontaires… Je me souvins de la voix de Myriam se portant volontaire pour sauver Lizzie. Je me souvins de la mienne, si enfantine, on avait l’impression que je n’avais pas mué parfois, qui me portait volontaire à mon tour. Je tremblai. Les portes s’ouvrirent et je me mis à jouer un rôle. J’aperçus Glithery dans la foule, et je me fis la remarque qu’elle semblait comme un poisson dans l’eau. J’aperçus Till qui avançait pas très loin de moi. Il allait faire un discours. Je sentis mes jambes se dérober tandis que je faisais un pas en avant. C’était une torture. Les dernières années, je ne m’étais pas fait de souci. Pour les 72,73,74 et 75ème édition, j’avais tout fait pour ne pas assister à la Moisson et à dire vrai, pour les derniers, j’avais un peu espéré être tiré au sort, me sachant tout à fait incapable de me porter volontaire. Je l’avais fait une fois, je ne comptais plus jamais le refaire. Cette année en revanche… cette année j’étais leur mentor. J’étais sensé les aider à survivre, j’étais sensé les aider à mourir dans la dignité et les faire devenir de parfaits pantins pour le Capitole. Je voulais fuir. Je voulais partir loin de cette estrade ou j’étais exposé aux regards, aux jugements… Je cherchai Sebastian, Emmelia et Sissandra du regard, même si pour cette dernière, je savais qu’elle ne risquait plus rien. Je m’adossai au mur le plus proche, pâle comme un linge, mais gardant toujours la prestance que je devais avoir. J’étais leur mentor, j’étais la première image que les sponsors allaient avoir d’eux. J’étais celui qui allait peut être devoir sauver Emmelia et Sebastian, j’étais… j’étais Maël. Je titubai vers la droite, me cachant derrière les autres mentors qui discutaient. Je les connaissais tous de nom. Au moins. Ils étaient tous plus vieux que moi. Je me pliais en deux sur le bord de l’estrade et secoué par des haut-le-cœur, je sentis qu’un Pacificateur me retenait de peur que je tombe. J’étais pathétique, j’étais faible et misérable. On me proposa un verre d’eau que j’acceptai sans réfléchir, quand bien même un verre d’alcool m’aurait bien plus aidé.