11 ANS PLUS TÔT.
« Papa !... Papa ! Réveille-toi, papa ! »

La douleur était atroce dans son estomac. Les larmes coulaient sans s’arrêter et il avait la respiration saccadée à force de pleurer. Il secoua le corps inerte de son père avec frénésie, espérant qu’il était seulement endormi. Mais la réalité était bien pire : il était mort. Tué par l’élite du capitole. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il avait dit ce qu’il pensait, en ne cachant rien. Devant son fils, qui avait alors à peine 7 ans. La terreur, la douleur et la haine se battaient dans le corps du jeune Kilian. Il regardait les hommes qui se trouvaient devant lui, avec une colère froide dans les yeux. Il ne pouvait pas s’arrêter de pleurer, c’était trop pour lui. Il voulait parler, exprimer ce qu’il pensait d’eux, mais il se tut. Il ne voulait pas mourir pour des paroles. Il posa sa tête sur le torse de son père, qui était gelé, et sera ses bras. Puis hurla quand l’élite tenta de le détacher et de le reculer.

« Laissez-moi….LAISSEZ-MOI ! »

Il se débattait, donnait des coups de pieds, des coups de poings, tout en se tenant au corps de son père. Non…il ne voulait pas le laisser, hors de question ! Qu’allait-il dire à sa mère et à sa sœur de 3 ans ? Qu’aillaient-elles penser de ça ?

« C-comment…Comment avez-vous pu ?! Ma mère…Ma sœur... ! »

Kilian arrivait à peine à formuler une phrase correcte. Il avait tellement mal au cœur…Tellement. Et Eux tentaient de l’éloigner du cadavre et restaient neutres. Parfois, il put néanmoins apercevoir des visages dégoûtés. Quelque chose qu’il ne comprenait pas… Ce ne devait pas être eux qui devaient ressentir du dégoût, mais bien Kilian. Mais la fatigue eut raison de lui, et il arrêta de se débattre vainement… L’élite en profita et le prit par les bras, l’éloignant de la scène de crime. Du monde s’était attroupé et murmurait, mais Kilian n’aurait pas su reconnaître ne serait-ce une personne. Sa vision était trouble à cause de ses larmes.

À part cela, il ne souvenait que de très peu de chose. Comment était-il rentré chez lui ? Sans doute reconduit par ces ordures. Il se souvient que sa mère lui avait posé des questions. Il se souvenait de son visage en larme, lorsqu’il lui avait dit ce qui s’était passé. Et sa sœur. Si jeune, qu’elle n’avait pas compris ce qui se passait… Après quoi, sa vie n’a plus été la même.


A PRÉSENT.

Kilian venait à peine d’avoir 18 ans. Les années s’étaient succédées très rapidement. Pourtant, ce qu’il avait vécu lors de ses 7 ans restait intact dans sa mémoire, ce qui l’assombrissait souvent. Mais cela dit, maintenant Kilian était devenu fort, mentalement et physiquement. Il avait enduré beaucoup de choses qui l’avaient fait mûrir. Outre la mort de son père, il y avait aussi celle de son meilleur ami lors de la saison des moissons de l’an passé, où il avait été choisi. Il n’avait pas eu le temps de se porter volontaire à sa place, et cela lui faisait encore mal. Sa haine envers le capitole et son élite grandissait d’année en année, mais sa peur aussi. C’est pourquoi il n’avait pas encore défié ces ordures. Mais il était prêt à se rebeller, oh ça oui.

Hormis son boulot de Boutiquier, Kilian s’occupait de couper le bois et d’aller chasser dans la forêt, souvent accompagné d’un de ses amis, qui l’aidait à ramener ses trophées. Il se montrait plutôt joyeux avec ses proches, mais lorsqu’il voyait ne serait-ce une personne en apport avec le capitole, sa haine remontait d’un cran et son visage et son humeur s’assombrissaient. C’est aussi pourquoi le jeune homme s’entraînait durement depuis quelques années. Il voulait prendre sa revanche contre eux, et puis s’il était choisi pour les jeux…. Pour le Hunger Games…Il aurait besoin d’être fort. D’être prêt. Mais il ne se sentait pas d’attaque à tuer quelqu’un pour sa propre survie. Sauf si bien sûr la personne en question voulait l’étriper.

Un jour, alors qu’il ramenait un pigeon et du bois chez lui, un groupe de personnes lui barra le chemin. Ils avaient l’air plus pauvres que lui, mais sans aucun doute plus musclés. Kilian fronça les sourcils. Gaspiller de la salive ne servait à rien avec ce genre de personne, c’est pourquoi il ne se contenta que d’un seul mot.

« Quoi ? »

Les lascars ricanèrent, poustillonant sur le visage du jeune homme qui recula. Leur haleine putride se fit sentir et Kilian dut faire un effort surdimensionné pour ne pas lancer un morceau de bois dans la face de celui qui lui tenait face pour lui faire fermer sa gueule. Il se contenta uniquement de rester impassible.

« Donne nous ce que tu as là et nous te laisserons passer sans égratignures. »
« N’y comptez pas. Vous n’êtes pas les seuls dans le besoin. Donc allez chercher vous-même votre bois et votre nourriture. »

De nouveau, ils ricanèrent. Kilian posa ce qu’il avait dans les bras sur le sol et prit son arc dans son dos et une flèche de son carquois.

« Ça fait 6 ans que je chasse, maintenant. Vous ne voulez pas vous retrouver avec un poumon perforé, n’est-ce pas ? »

Deux des trois gaillards reculèrent, moins assurés. En revanche, celui qui se trouvait face à lui fit quelques pas, écartant les bras avec un grand sourire.

« Vas-y. J’suis sûr, t’en es pas capable. En fait t’es une mauviette. »

Pour lui montrer qu’il pouvait le faire, Kilian tira sa flèche qui alla se planter dans un tronc d’arbre. Les deux camarades du lascar crièrent et s’en allèrent en courant. Kilian esquissa un sourire. Le dernier restant écarquilla les yeux puis suivit ses « amis ». Le jeune homme souffla et se détendit. Il avait peut-être lâché une flèche, mais il n’aurait pas été capable de les blesser. Heureusement qu’ils l’ont cru… Il reprit le bois et les animaux tués puis se dirigea vers chez lui.

C’était un quotidien, maintenant. Il était habitué. Depuis quelques années déjà, c’était la même chose. Mais son métier, la chasse et le fait de s’occuper de sa mère et de sa sœur lui permettent de ne pas péter un plomb. La vie au district 12 est dure pour tout le monde, est on n’y changera rien. Les mois passèrent lentement, et le printemps arriva…