PRENOM(S) ϟ bien que son nom complet soit Mircella Bradavaigh, la plupart des gens de son entourage ont développée la déplaisante habitude de la surnommer Mimi. Cela l'insupporte tellement que s'en est devenu risible. Certains l'appellent à la rigueur Mir', ou d'autres ont cette tendance tribale d'appeler tout un chacun par son patronyme familial, ce qui lui vaut l'appellation d'Earnshaw, tout simplement. NOM ϟ Earnshaw, une famille aux origines douteuses qui s'est taillée une place parmi la population dite favorisée du District Sept après que son plus illustre membre, l'oncle favori de Mircella, ait remportée une édition passée des Hunger Games. DATE DE NAISSANCE & AGE ϟ elle est née le 22 mars, une journée pluvieuse et inutile qui faisait pester les hommes. Le seul gaillard de leur village à s'en trouver heureux fut son père, qui fut surpris à sourire pour une rare occasion. Cela fait plus de dix-huit ans, cet accouchement ayant été suivi de quatre autres. DISTRICT ϟ elle est née et a passée toute sa vie dans le District Sept, entourée de bûcherons, de scieries et d'arbres tellement hauts que vous vous décrochez la mâchoire à essayer d'en apercevoir le sommet. METIER ϟ bien que sa famille soit suffisamment aisée pour qu'elle n'ait pas véritablement besoin de mettre la main à la pâte, Mircella est depuis tout récemment une des nombreuses cuisinières de l'usine que possède son père. Elle trouve une certaine satisfaction à préparer la pitance de tous ces ouvriers qui considèrent l'heure du repas comme un frein à leur misère quotidienne. SITUATION CIVILE ϟ quand elle était plus jeune, elle et un des garçons de sa classe étaient considérés par tout le monde comme un couple. Elle l'aimait bien, il faut dire, et les mariages de convenance n'étant pas rares dans le coin elle aurait certainement finit par devenir sa femme, puisque c'était la chose à faire. Mais le pauvre garçon a été moissonné l'année de leur quinze ans et s'est fait décapiter dans l'arène. Depuis on peut dire qu'elle est célibataire, oui. ALLEGEANCE ϟ vous lui auriez posée la question avant l'Expiation qu'elle vous aurait dit soutenir le Capitole, mais maintenant elle prendra part à la rébellion si rébellion il y a. Du moins, elle se dit qu'elle le fera. Peut-être pas. Elle doute. GROUPE ϟ elle fait partie des Sacrified Lambs, les jeunes gens âgés de 12 à 22 ans qui courent le risque d'être sélectionné pour être les tributs de leur district lors des prochains Hunger Games. CREDIT ϟ Remerciements à FIREBOLT pour la bannière, Ginger's Spleen pour l'avatar.

QUE PENSEZ-VOUS DU CAPITOLE ? Avec leurs perruques ridicules et tout ce maquillage farfelu qui leur donne l'air de véritables clowns, les gens du Capitole ne font rien pour entrer dans ses bonnes grâces. Oh ! bien sûr sa famille ne manque de rien malgré le favoritisme axé du Capitole pour un district qui n'est pas le sien, mais elle ne peut s'empêcher de voir d'un oeil méprisant tout ce gaspillage d'argent, de nourriture et de ressources. On voit bien qui sont les parents des enfants qui crèvent de faim partout dans Panem, qui sont les parents dont les enfants se font massacrer lors des Hunger Games. Elle les méprise, même si parfois elle les envie. Mais elle se dit que la roue tourne, qu'eux qui sont si chanceux et si heureux aujourd'hui ne pourront que connaître le plus amer des malheurs demain.

QUEL EST VOTRE AVIS SUR LES JEUX ? Ce n'est pas qu'elle soit certaine de mourir dans l'arène. Elle a vu des jeunes gens très improbables ressortirent vainqueurs des Hunger Games après y avoir fait preuve d'une volonté de réussir et d'une habileté au meurtre tout à fait saisissante. Elle se sait dotée de quelques talents qui lui permettraient peut-être de survivre, si ce n'est de finir parmi les derniers. Mais c'est tout l'après-jeux qui l'inquiète. Comment le gagnant peut-il bien survivre ? Les cauchemars, lorsque la nuit tombe, doivent être des plus terribles. Ce qu'elle déplore, réellement, c'est de voir des gamins même pas pubères être arrachés à leur famille en direction du massacre. Pourquoi ne pas plutôt moissonner les tributs parmi les criminels des District, ou encore ceux ayant le plus de chances de ressortir vivant ? C'est sans doute pour le spectacle, comme disait son oncle. Il est tellement entraînant de voir des enfants se faire éventrer.

QUE PENSEZ-VOUS DE LA MORT D'ARABELLA EVERGLADE ET DE SON MARI ? Pour dire la vérité, Mircella se serait bien moquée du décès d'Arabella et d'Owen si cela avait permis à son oncle, lui aussi moissonné parmi les vainqueurs du Sept et forcé de participer à l'Expiation, de survivre. Elle ne comprend toujours pas pourquoi une telle barbarie était nécessaire, pourquoi il leur fallait à tout prix forcer des gens qui s'appréciaient, des gens qui se connaissaient depuis des années à se battre les uns contre les autres. Eut-elle été à la place d'un des participants qu'elle n'aurait tout simplement pas supportée l'idée de devoir massacrer ses amis. Mais ils n'étaient pas les seuls vainqueurs à avoir une famille, et certainement pas les seuls à être aujourd'hui pleurés. Mais Arabella Everglade était le Geai Moqueur, elle était le visage de cette rébellion que le tout Panem souhaitait tant voir prendre vie. Sa mort est peut-être déplorable pour la cause des rebelles, mais Mircella ne sait pas encore si c'est également la sienne.

QU'AURAIT REPRÉSENTÉ OU REPRÉSENTERAIT POUR VOUS DE PARTICIPER AUX JEUX ? Dans le Sept, quand votre nom est pigé lors de la Moisson on ne vous souhaite pas '' bonne chance '' comme si vous étiez un de ces barbares de carrière. On comprend que vos chances de vous en sortir sont minces, on vous dit adieu et des gens qui ne vous ont jamais parlé vous considère un peu comme leur propre enfant... tout en étant heureux que le leur véritable échappe à l'arène pour une nouvelle année. Mircella a passée son enfance à voir des gamins qu'elle connaissait et appréciait parfois se faire massacrer dans direct à la télévision. Ça vous change sans doute la vision des choses quand vous êtes vous-même dans l'arène, mais elle sait une chose : c'est le risque de mourir. La traque. La peur. La chasse à l'homme, les humains qui deviennent des bêtes en tuant d'autres humains. Vingt-quatre candidats, un seul vainqueur. Quand il s'agit d'une personne qui ne provient pas de votre district, l'aimer est difficile. Mais elle est en vie. Elle était meilleure que les autres.

QUELS SERAIENT OU AURAIENT ÉTÉ VOS ATOUTS DANS L’ARÈNE ? Ça ne vous saute pas tout de suite aux yeux en la regardant, mais Mircella est très rapide. Elle bat la plupart des filles de sa classe au sprint, et avec de l'adrénaline en plus elle est inégalable. Et l'avantage de grandir dans un village entouré d'arbres, c'est que vous apprenez à y grimper. Son oncle l'emmenait parfois se promener dans la forêt lorsqu'elle était petite, lui montrant quelle plante était comestible, laquelle ne l'était pas, ce genre de choses. Cette connaissance des plantes médicinales comme toxiques lui serait certainement très utile au milieu de l'arène. Elle est aussi plutôt capable de se débrouiller avec une hache dans les mains, qu'il soit question de la lancer en plein milieu d'un tronc d'arbre ou en plein milieu du dos d'un ennemi. Et depuis l'Expiation, elle est si effrayée à l'idée de la Moisson qui approche qu'elle peut passer des heures à s'entraîner dans les bois, à courir part tout pour essayer de gagner un peu d'endurance. Elle a demandé aux chasseurs du Sept de lui apprendre à dépecer un animal, demande étonnante qui a bien fait comprendre aux gens de son village qu'elle ne sera pas un vulgaire agneau à massacrer si jamais elle se retrouve dans l'arène.

QUEL SERAIT L'OBJET PERSONNEL QUE VOUS EMPORTERIEZ DANS L’ARENE ? Quand elle était plus jeune elle était amoureuse d'un garçon qui s'est fait tuer dans l'arène. Il lui avait fabriqué un petit bracelet de brindilles, d'écorce et de fleurs séchées dont elle ne s'est pas séparée depuis et qu'elle amènerait sûrement dans l'arène avec elle si jamais elle était moissonnée. Ce n'est pas grand-chose, certainement pas susceptible d'être considéré comme une arme, mais chaque fois qu'elle le regarde elle se dit que quelqu'un pour un jour l'a vraiment aimée, et durant les Hunger Games ce serait sans doute cela et uniquement cela qui lui permettrait de ne pas oublier sa famille. De ne pas s'oublier elle-même en devenant le monstre que tant d'autres enfants ont vu se développer en haut durant les Hunger Games.

QUE PENSEZ-VOUS DE LA SPÉCIALISATION DE VOTRE DISTRICT, DE VOTRE NIVEAU DE VIE ? Les gens du Sept sont des bûcherons, ou du moins travaillent-ils tous le bois. Puisqu'elle n'a connu que cela ça lui est bien égal. Elle se plaît bien aux cuisines de l'usine, et de toute façon puisque cette-dernière appartient à son père elle n'aurait même pas besoin de travailler si elle en avait envie.

Le meilleur moyen qu'avait trouvé Mordicus Frobisher pour se détendre avant la Moisson était de parler. Parler comme si les Pacificateurs devaient surgir d'une seconde à l'autre pour lui trancher la langue. '' Ma grand-mère est morte dans l'arène, tu le savais ? L'année juste après la naissance de mon père. Bon, c'était pas brillant d'avoir un enfant avant sa dernière Moisson, mais bon. Heureusement que c'est arrivé, sinon je serais pas là. '' Ce qui n'aurait pas été une grande perte pour le District Sept : les Frobisher avaient plusieurs autres enfants qui avaient dépassé leurs 22 ans et qui travaillaient dans les différentes usines des alentours. À quinze ans, Mordicus et Mircella n'étaient pas tenus de travailler. D'ailleurs ils provenaient tous les deux de familles aisées, et ce seul point commun avait convaincu le jeune homme qu'ils devraient se marier. Mircella de son côté n'était guère sûre, mais son ami semblait l'aimer suffisamment pour deux. '' Tu serais Mrs. Mircella Frobisher. Avoue que ça en jette. Je suis certain que ma mère t'aimerait beaucoup. Mes soeurs sont tellement stupides comparées à toi. Tu crois que ton père accepterait de financer la cérémonie lorsqu'on aura vingt-deux ans ? On pourrait inviter le Président Snow, même ! Ton oncle est quand même un vainqueur. '' C'était vrai : Marcus Earnshaw avait remporté les 46e Hunger Games à l'âge de quinze ans, trente ans plus tôt. Avec l'argent et tous les privilèges octroyés par son statut, il avait procuré à sa famille de quoi survivre pour des générations sans bouger le petit doigt. Lui-même n'avait pas de famille et vivait seul dans le Village des Vainqueurs, passant de temps en temps dire bonjour à son frère. Mircella avait toujours été sa nièce préférée : il lui avait montré tout ce qu'il savait en évitant soigneusement de lui parler de son expérience dans l'arène, cependant. Mrs. Earnshaw, sa mère, se mettait très en colère dès lors que quelqu'un évoquait les Jeux devant elle, car sa peur d'y perdre un de ses enfants était si grande qu'elle n'en dormait pas, aux alentours de la Moisson. Le matin-même elle s'était montrée très agitée. Mircella avait tenté de la consoler, de lui dire qu'elle était la seule de la famille à avoir son nom dans un des bocaux de verre. Ses trois petits frères et sa petite soeur étaient trop jeunes, bien trop jeunes. '' Je pense sincèrement que le Président Snow trouvera mieux à faire que de venir observer deux petites fourmis s'unir. Qu'est-ce qu'il peut bien en avoir à faire, du mariage des habitants d'un District, hein ? '' Le visage de Mordicus passa de la pâleur causée par l'idée de lui avoir déplu au rouge de l'hilarité. Il se tordait, l'idiot, d'amusement réel ou encore de panique. '' Tu as raison. On ira au Capitole ! On se mariera devant toute la nation ! '' Et il riait encore lorsque les Pacificateurs les séparèrent, lui du côté des garçons et elle du côté des filles. L'escorte du Sept pour cette année était une grosse femme à la peau teinte en bleu ciel qui parlait sur le bout de la langue et n'attendit même pas la fin du discours du Président Snow, retransmis en direct, pour plonger sa main à six doigts - elle s'en était fait greffer un, comme c'était la mode cette année-là - dans le bocal des filles. Mircella n'avait même pas eut le temps de se mettre à avoir peur lorsque le nom d'une de ses voisines fut tiré. Une fille qui venait d'avoir douze ans. Un grondement de rage parcourut la foule, les gens osèrent lancer quelques insultes, sans plus. Même une telle foule ne pouvait rien contre le Capitole. La fillette monta les marches de l'estrade, tentant de garder la tête haute. Elle ne serra pas la main tendue du bleuet. Ce-dernier haussa ses sourcils métalliques mais ne fit aucun commentaire, pressée qu'elle était de communiquer au Sept le nom du second pauvre gosse qui serait massacré. Avant même qu'elle ait prononcé le nom, Mircella eut ce pré sentiment étrange qui précède les catastrophes. '' Mordicus Frobisher ! '' cria-t-elle dans le micro. Elle ferma les yeux. Mais elle entendit. Mordicus qui protestait que c'était impossible, que ça ne pouvait pas arriver, et les Pacificateurs qui le plaquaient au sol avant de le relever pour le traîner à demi-inconscient sur l'estrade, auprès de la tribut-fillette qui sanglotait. C'était comme ça que ça se passait, dans le Sept.


Lorsqu'une semaine plus tard leur télévision se ferma sur la scène sanglante de la décapitation de Mordicus par un Carrière sa mère entra dans une crise d'hystérie. Son oncle Marcus, qui était venu écouter les Jeux chez eux puisque les regarder tout seul dans son immense maison du Village des Vainqueurs lui était insupportable, fut la première victime de sa colère. Elle l'agrippa par le bras et se mit à le secouer si fort qu'il faillit en tomber de son fauteuil. '' Tu dois faire quelque chose ! Je ne veux pas que mes enfants aillent là-dedans ! Pas mes enfants ! Jamais, jamais ! Tu dois faire quelque chose, tu n'as pas le choix, pour l'amour de nous ! Dis à tes amis du Capitole qu'ils sont comme des enfants pour toi. Dis-leur que Mircella est comme une fille pour toi ! '' Son oncle écarquilla les yeux, comme s'il ne comprenait pas que quelqu'un puisse avoir une idée aussi ridicule. Derrière eux, son père gardait le silence. Sans doute pensait-il la même chose. '' Si je leur dis à quel point je les aime, Mara, ils seront tous pigés les uns à la suite des autres. Tu ne comprends donc pas ? Tu ne comprends pas pourquoi je n'ai jamais eu de gosses, moi ? Pourquoi je n'ai jamais aimé qui que ce soit ? Ils nous veulent à eux seuls, ces chiens du Capitole ! Tu sais ce qu'ils font à ceux qui ont un assez joli minois ? Tu le sais ?! TU VEUX LE SAVOIR ?! '' Elle entendit ses frères et soeur se mettre à pleurer parce qu'ils ne comprenaient pas ce qui se passait, et sur un signe de tête de son père elle les emmena à l'étage. Ils refusaient de dormir, bien évidemment, alors elle leur raconta cette même histoire que Père lui contait lorsqu'elle était petite, une histoire qui parlait du monde d'avant dont ils savaient si peu de choses. Avant les Jours Sombres, et même avant Panem. Ils s'endorment. Mais vient un moment où sa mère et Oncle Marcus hurlent tellement fort en bas qu'elle craint qu'ils ne se réveillent. C'est dans ces moments-là qu'elle se réfugie elle-même dans sa propre chambre, qu'elle ferme la porte à clé et qu'elle prétend qu'elle a trente ans et que les Moissons sont derrière elle, et derrière les petits aussi. En pensant cela très, très fort, elle parvient généralement à s'endormir et à ne pas faire de cauchemars. C'est ainsi qu'elle survit au retour du cadavre de Mordicus dans une grande boîte en bois, et lorsque les Frobisher lui donnent le bracelet qu'il a fabriqué pour elle dans l'arène et que les Pacificateurs de l'Hovercraft ayant récupéré son corps ont trouvé dessus, elle retient ses larmes du mieux qu'elle le peut. Elle ne l'aimait pas. C'était cruel. Lui si, et ainsi ils auraient peut-être réussit à être heureux durant un moment. Son père lui dit de ne pas s'en faire. Il lui dit ça aussi l'année suivante, à la Moisson de ses seize ans. Elle y échappe. Encore. Celle de ses dix-sept ans aussi, et c'est également la première de son petit frère. Pour lui, elle s'en fait beaucoup. Plus que pour elle-même. Puisque l'année de ses 18 ans est aussi celle de la troisième Expiation, elle redoute le pire. Mais comme tout le reste de Panem elle reste bouche bée lorsque le Président Snow annonce qu'ils vont envoyer les vainqueurs dans l'arène. Oncle Marcus. Ils vont le tuer. Bien sûr il existe d'autres vainqueurs masculins. C'est ce que Père leur répète jusqu'au jour de la Moisson. Ensuite, Père leur répète que Marcus est très fort, qu'il peut réussir. Mais lui affirme autre chose. '' Tous ces gens. Je les connais depuis plus de trente ans, ce sont mes amis, ma seconde famille. Je ne vais pas les combattre. Qu'ils me tuent s'ils le veulent, qu'ils me tuent s'ils sont capables d'en supporter la pensée, mais je ne vais pas les combattre. '' Il affirma cela durant l'interview qu'il donne à Ceasar Flickerman, un de ses amis du Capitole, et ce-dernier hocha gravement la tête avant de tourner la situation de telle manière que la foule du Capitole entra en délire. Le lendemain, Mircella était assise devant la télévision avec tous les autres. Elle compta les secondes de l'ultime minute de calme qui précédait le carnage. Et elle ferma les yeux lorsque Marcus écarta les bras, comme pour aider la flèche à se loger directement dans son coeur. Les Jeux furent brutaux, dégelasses. Et lorsqu'ils prirent fin elle savait déjà ce qu'elle allait faire. Le lendemain, elle demanda à son père de lui montrer comment dépecer un animal. Comment tendre un piège, un collet. Comment tirer à l'arc. Comment lancer une hache. Comment survivre dans l'arène.


Lorsque la hache se ficha en plein milieu du tronc pour la dixième fois son père déclara que c'était suffisant pour aujourd'hui, mais elle secoua la tête et affirma que dans l'arène ce ne serait jamais assez, que dans l'arène elle serait massacrée. Son père soupira. Mais approuva. Cette-dernière année elle avait appris tout ce qu'elle aurait dû apprendre si elle s'était considérée comme une tribut de Carrière : elle avait appris comment monter à des arbres de plus en plus hauts, comment sauter d'une certaine hauteur sans se casser la gueule, comment reconnaître les plantes. Oncle Marcus lui en avait appris beaucoup, sur ce sujet-là, et elle était capable de fabriquer toutes sortes de cataplasmes et de potions qui pouvaient autant guérir que nuire à quelqu'un. Elle savait quelle baie la tuerait, laquelle lui redonnerait des forces. Elle avait appris à faire des noeuds, à en défaire, à recoudre des plaies et à chasser. Elle n'excellait à rien, mais elle savait faire beaucoup de choses, ce qui était peut-être en fin de compte préférable. '' Il ne te reste que quatre années, Mir'. '' lui dit son père en posant ses larges paluches sur ses épaules. '' Tu ne dois pas t'en faire. '' Elle avait envie de répondre que Mordicus Frobisher non plus ne devait pas s'en faire, pas plus qu'Oncle Marcus qui après avoir remporté une première édition des Hunger Games devait se penser bien à l'abri. Mais elle ne le fit pas - c'eut été cruelle. À dix-huit ans, elle venait de se trouver un petit emploi dans les cuisines de l'usine que possédait sa famille et vivait dans l'attente de, justement, la prochaine Moisson. Certains jours, elle se sentait l'âme du Carrière, se disait qu'elle pourrait se porter volontaire et ressortir victorieuse sans problème. Mais d'autres jours, ses Jours Sombres à elle, elle pleurait amèrement la mort de Mordicus Frobisher, et celle de son oncle, et celle de tout le monde. Elle espérait que jamais elle n'aurait à y aller, mais d'un autre côté elle savait bien que si le nom de sa petite soeur était sélectionnée elle se précipiterait tête la première dans l'arène. Elle était tellement confuse. Les gens parlaient de rébellion, les gens parlaient de faire tomber le Capitole et elle ne savait pas quoi penser. '' On n'arrête pas. Va chercher un arc. '' répondit-elle simplement avec toute la volonté qu'elle trouva. '' Dis-toi que si je suis pigée, que si je vais dans l'arène, ça me sera super utile. '' Ce n'était pas faux. Certains des vainqueurs du Sept avaient justement été vainqueurs parce qu'ils savaient lancer des haches. Oncle Marcus avait gagné à cause de ça. Il avait décapités tellement de gens, aussi. Mircella ne savait pas si elle serait capable, en temps et lieu, de décapiter qui que ce soit. L'homme tue pour survivre, bien sûr, et ce serait sûrement son cas également. C'était le cas de Panem depuis des décennies : les gens étaient bien contents de voir les enfants des autres mourir tant qu'on ne parlait pas de leurs propres enfants, là ça devenait bien sûr une autre affaire. Pour les gens de son village, c'était différent. Des gosses qui crèvent, on en voyait tous les jours, mais on ne filmait pas ça pour le rediffuser ensuite pendant des années. Ça, ce n'était pas humain. Et c'était justement pour ça que Mircella s'entraînait. Les probabilités qu'elle soit pigée étaient... inhumaines.