Ses deux mains sortirent de l’eau, s’agrippant délicatement au rebord du ponton en bois, avant de propulser le corps du jeune homme en dehors de l’eau. Il s’assit sur les lattes, les pieds encore dans l’eau et se saisit du couteau qu’il tenait entre les dents. Hunter venait malencontreusement de le faire tomber à la mer lorsqu’il était en train de couper les cordes d’un stock de pièces métalliques. Il se passa une main dans les cheveux dont les mèches étaient plaquées contre son front et attrapa sa chemise qu’il avait posée à côté avant de plonger. Enfilant ses bras musclés dans chaque manche, il s’avança de nouveau vers le centre du chantier naval et reposa le couteau à sa place. Hunter ne finirait pas ce qu’il avait commencé, il avait froid et n’avait pas envie de tomber malade avant son entrainement de ce soir. Il traversa les charpentes de bateaux et passa devant son père sans lui adresser le moindre regard. Celui-ci dévisagea son fils trempé jusqu’aux os. Avec un rictus aux lèvres, il grogna avant de retourner à son activité. Lui crier après n’en valait pas la peine, il le savait et Hunter en profitait d’ailleurs. Plus il grandissait, plus il s’entrainait et plus il avait l’impression que son père faisait pale figure face à lui. Chaque geste brusque qu’il pouvait faire le faisait frémir. Monsieur Vaughan avait-il fini par avoir peur du monstre qu’il avait lui-même créé ? Le blondinet commençait à se poser sérieusement la question.

Enjambant les outils, il parvint finalement à quitter le chantier et longea la côte pour regagner sa maison. Se secouant les cheveux en passant près de la plage, il remarqua au loin une silhouette familière. C’était une jeune fille pêchant des crustacés sur les rochers. Hunter n’avait pas l’intention de s’attarder sur le chemin, avec le vent qui venait encore rafraichir l’eau qu’il avait sur la peau, mais la brunette venait de changer tous ses plans. Encore une fois. Le grand gaillard resta un instant immobile, regardant ses cheveux magnifiquement balayés par le vent marin qui soufflait. Il observa rapidement les alentours et s’engagea sur la digue pour aller la rejoindre au pied des rochers. Hunter ne savait pas encore ce qu’il faisait là, irrémédiablement attiré vers elle, comme un ours par le miel. Pourtant, ce n’était pas pour être tendre avec elle. Ce qu’il aimait, c’était la mettre en colère en lui lançant des piques. Si les entrainements de Carrières n’étaient pas là pour le distraire, il passerait son temps à l’embêter. Etait-ce sa faute si c’était la seule façon dont il arrivait à parler avec elle ? Il était pourtant loin de la détester mais ses paroles ne traduisaient malheureusement pas toujours ses pensées. Il aimait prendre cette allure d’homme parfaitement désintéressé avec elle, simplement mesquin, peut-être aussi parce qu’il ne savait pas faire autrement. Préférant se forger une carapace et une certaine réputation plutôt que d’avoir l’air maladroit.

Arrivé au bout de la digue, il commença à descendre les rochers, derrière elle, pour la surprendre. C’était avec un ton enthousiaste et moqueur qu’il s’exclama « Hey Joli’Joy ! Tu ne devrais pas rester autant au milieu des mollusques comme ça, leur QI risquerait de déteindre sur toi… Si ce n’est pas déjà le cas ! ». Il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit ravie de le voir, la perturber durant son travail, en l'appelant par ce surnom qu'elle n'aimait guère lorsqu'il le prononçait.

« Debout, allez, tu n'as pas toute la journée, JOYYYYYYCE » je me levais précipitamment en entendant ma mère hurlée. J'attrapais quelques vêtements sans prendre garde à ce que je mettais et descendais rapidement les escaliers manquant de trébucher. Encore un peu endormie, ma mère ne m'avait pas laissé le temps de saluer la famille qu'elle venait de me mettre un peu de sous dans les mains en m'ordonnant d'aller acheter du pain. Je grognais et sortait de la maison en direction de la boulangerie. En revenant elle ne me laissa pas une minute de répit, elle venait de me tendre une miche de pain en m'indiquant que mon entraineur m'attendait ! Je n'avais pas envie et malgré mes protestations et une nouvelle dispute je partais déjà en claquant la porte. Mais je ne suis pas allé au rendez-vous, je me retrouve là, sur ces roches, à ne rien faire. Ma mère n'a jamais était tendre avec moi et je la déteste de me faire subir tout ça, j'attrapais une pierre et la jetait de toutes mes forces dans l'océan, je voulais évacuer ma rage, je voulais tant de choses en ce moment même mais aller m'entraîner était bien la dernière mes envies. Des bleus et des cicatrices parcouraient mon corps, je tentais toujours de les cacher, mais ma mère me répétait souvent que ces blessures prouvait mon courage et ma force, il fallait les montrer au disctric, mais je ne supportais pas de voir autant de coups si douloureux. Une mère un tant soit peu aimante me ferait arrêter ce martyrs ou tenterait d'apaiser mes cous, mais il n'en était rien de celle qui m'élever.

Je décidais de me mettre un peu à la pêche afin de ne pas revenir les mains vides. Je marchais un peu partout à la recherche de quelques crustacés à ramasser, je venais de remonter mes manches laissant à la vue de tous les blessures qui me brûlaient. Parfois les enfants passaient et regarder, horrifié, les marques sur moi, les parents me lançaient alors un sourire fier et apprenait à leurs enfants que ceci était une marque d'honneur. Honneur ? Mais bordel dans quel monde vivons nous. Mes jambes commençaient à me faire mal, je me posais sur les roches et observait les quelques petites bestioles que je pourrais ramener lorsqu'une voix familière vint me surprendre « Hey Joli'Joy ! Tu ne devrais pas rester autant au milieu des mollusques comme ça, leur QI risquerait de déteindre sur toi... Si ce n'est pas déjà le cas ! » je me tournais en apercevant ce cher Hunter, quelle plaisante surprise. Un nouveau pincement venait de me prendre lorsque ce surnom que je n'aimais pas s'échappa de ses lèvres, rien de tel pour me faire enrager... Bon sang il savait où frapper pour me mettre dans tous mes états celui-là. « Hunter... t'arrêteras donc jamais de m'appeler comme ça ? Nan sérieux t'es con ou tu le fais exprès ? J'me pose des questions, même ces fameux mollusque au QI ramollis sont plus intelligents que toi ! » un sourire fier venait de se planter sur mon visage.

Finalement, le connaissant il n'allait pas partir, au moins ça me fera de la compagnie, un moyen de ne pas trop m'ennuyer et autant dire que malgré tout, sa présence ne me déplait pas réellement... Mais ça je n'allais pas lui dire ! Il serait trop satisfait de l'entendre et puis de toute manière, cela ne changerait rien à nos relations. Je n'arrive pas vraiment à cerner Hunter, il est tellement étrange, enfin pas vraiment dans ce sens-là, mais je ne sais pas vraiment ce qu'il veut même si sa fonction principale reste sans nul doute, un emmerdeur ! Je m'approchais un peu plus du bord de l'eau pour me rincer les mains avant de m'asseoir. Je sentais qu'il était toujours derrière moi, je me tournais avant de soupirer « Ah merde, t'es toujours là ... ». Pour quelqu'un qui apprécie la présence d'Hunter je l'exprime assez étrangement allez-vous me dire et bien disons que c'est notre manière à nous d'engager la conversation.

« Hunter... t'arrêteras donc jamais de m'appeler comme ça ? Nan sérieux t'es con ou tu le fais exprès ? J'me pose des questions, même ces fameux mollusques au QI ramollis sont plus intelligents que toi ! »
Un petit sourire en coin se dessina sur son visage, il adorait par-dessus tout la mettre en colère et la voir révéler sa vraie nature de battante. Elle pouvait l’insulter de tous les noms, lui dire qu’il ne valait même pas un mollusque, l’important pour lui c’était qu’elle s’y intéresse, qu’importe la façon du moment qu’il y avait une réaction. Il avait d’ailleurs bien compris qu’être arrogant avec elle était le meilleur moyen pour attirer son attention. Lui apportait des fleurs aurait peut-être même moins d’effet. C’était en général la théorie qu’il mettait toujours en pratique avec Joyce. Il se contenta de marmonner deux-trois trucs incompréhensibles, la tête baissée vers les rochers, faisant attention où il mettait les pieds.

Relevant les yeux vers l’horizon, il regardait la brunette s’avancer vers le rivage pour se rincer les mains. Ses dents se mirent à grincer lorsqu’il aperçut les cicatrices qui rayaient sa peau. Un léger pincement au cœur le tirailla. Il n’aimait pas voir son corps mutilé ainsi, un si beau corps. Et si une simple cicatrice le long de son bras lui faisait cet effet, Hunter se demandait comment il pourrait supporter de la voir en sang dans l’arène des jeux. Son corps en fut parcouru de frissons à cette simple pensée. Plus que jamais, il se devait de la convaincre de ne pas y participer. Mais elle était si obstinée que le seul moyen d’y parvenir était d’essayer de lui faire perdre toute confiance en elle. Il préférait qu’elle le déteste plutôt qu’elle se porte volontaire pour les jeux. Elle aurait été pour lui sa seule motivation pour gagner et rentrer en vainqueur dans son district mais si elle se retrouvait face à lui, alors il n’y avait plus aucune raison. Il se battrait pour la garder en vie.

Les mâchoires serrées, il regardait ses pieds et le remous des vagues entre les rochers. Il en avait oublié le froid et le vent qui lui lacerait la peau. La douleur qu’il s’imaginait était bien plus forte que celle qu’il vivait. Il fut troublé dans ses pensées par l’intervention qui, assise sur un rocher au bord de l’eau, se retourna vers lui. « Ah merde, t'es toujours là ... ». Le jeune homme reporta son regard sur elle avant d’afficher un timide sourire. Il s’approcha alors pour s’asseoir près d’elle, projetant d’exécuter son plan et de la faire renoncer aux jeux, une bonne fois pour toutes. Fixant la cicatrice sur son bras, il s’exclama sur un ton inexpressif « Jolie cicatrice ! ». Il n’en pensait pas un mot et voulant rendre son argumentaire plus crédible, il se força à reprendre ce sourire arrogant et ce ton moqueur qui le caractérisaient. « Ton entraineur est trop dur avec toi. A ce rythme-là, tu seras en lambeaux avant la prochaine moisson ! Pauvre Joli’Joy, tu ne tiendras pas deux minutes dans l’arène ». Il se mordit la lèvre, attendant sa réaction.