PRENOMS ϟ Loan, un prénom dont l'étymologie est la lumière et Amber, en hommage à la meilleure amie de sa mère, morte aux jeux de la Faim ; NOM ϟ Viviès-Core, le premier nom est originaire du district quatre, où vit actuellement le frère de ma mère et le deuxième nom est simplement celui que j'ai hérité de mon père ; DATE DE NAISSANCE & AGE ϟ Née un beau jour d'hiver par un grand froid, je suis désormais âgée de dix neuf ans ; DISTRICT ϟ Sept ; METIER ϟ Éclaireur ; SITUATION CIVILE ϟ Ne cesse de penser à un fantôme. Je n'arrive pas à m'y faire, je ne m'y ferais jamais. Et cependant voilà qu'un autre se permet de me faire tourner la tête. Au final, c'est compliqué, un peu trop, même ; ALLEGEANCE ϟ La rébellion. Au final, c'est la seule chose concrète dans ce monde dirigé par des crétins, la seule chose fondée et censée qui tente de se rebeller sur un tas de conneries, comme le Capitole par exemple ; GROUPE ϟ Sacrified Lambs ; CREDIT ϟ tumblr et ohcrimsonrose

QUE PENSEZ-VOUS DU CAPITOLE ? Je n'aime pas le Capitole. Je n'aime pas ses fondements, ni ses idées barbares auquel le peuple de Panem doit se soumettre sans pouvoir omettre une objection. Ce n'est pas une vie, que nous vivons dans les districts, c'est un cauchemar. Parce qu'au fond, on a tous peur, peur de se faire prendre durant un braconnage et de finir humilié sur la grande place, peur qu'un jour on s'en prenne à nos familles, à ceux qu'on chéris. Pourquoi le Capitole s'attaquerait à des innocents ? Parce qu'il n'a pas de pitié, parce qu'il est le créateur des jeux. Parce que là-bas, les gens sont aveugles. Ils ne voient pas la souffrance des habitants des districts ou préfèrent l'ignorer délibérément.
QUEL EST VOTRE AVIS SUR LES JEUX ? Les Jeux m'ont prit beaucoup. Et ce rapidement. J'avais déjà horreur des jeux avant que mon petit ami soit tiré au sort, mais quand il a été nommé, mon monde s'est effondré. Comme ça, en l'espace d'un instant tout se brisait autour de moi, et je le voyais s'avancer sur l'estrade. Il venait de me filer entre les doigts à cause de ces maudits jeux qui n'avaient d'autre intérêt que de divertir ces gens riches à en être dégoûtés, ceux du Capitole. Je ne vois pas l'intérêt de se battre jusqu'à ce que le sang coule. Je ne vois pas en quoi c'est intéressant ou bien même lucratif de briser des familles, de prendre leurs vies à des gamins simplement pour donner une leçon aux habitants des Districts qui ont osé montrer leur mécontentement - et ce des années auparavant - face à la politique désastreuse du Capitole. Les Jeux doivent périrent.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA MORT D'ARABELLA EVERGLADE ET DE SON MARI ? J'étais sûrement l'une des seules de mon district à me réjouir publiquement et sans gêne de cet affront commis au Capitole et à sa supériorité qui venait en l'espace de quelques secondes, passer au stade du ridicule. Je me souviens exactement du moment de la mort d'Arabella, j'étais sur la place public, comme beaucoup, et j'étais bouleverser d'être obligée de regarder ces jeux qui m'avaient pris peu de temps avant mon petit ami. Mais j'ai eu l'impression que l'espoir revenait quand Arabella a fait ce coup de maître. Un cri empli de joie s'était échappé de ma gorge. Les Pacificateurs, trop choqués sur le moment pour pouvoir me faire payer mon acte n'ont pas tilté, mais je l'ai payé dès le lendemain avec quelque coups sur la place publique. Mais quoi qu'il en soit, Arabella a fait un choix difficile. Celui de sacrifier sa vie au profit du peuple des districts alors qu'elle aurait pût rentrer chez elle. Et élever cet enfant qui jamais n'auras de parents. Mais au moins il saura que ceux qu'il a eu ont été courageux et braves. Jamais je ne leurs en serais assez reconnaissante, à Arabella comme à son mari. Elle s'est sacrifiée pour nous tous. Elle nous a montré le chemin que l'on devrait emprunter. Celui de la vengeance, celui du combat. La rébellion est en marche.
QUE REPRESENTERAIS POUR VOUS DE PARTICIPER AUX JEUX ? J'ai souvent cauchemardé là-dessus. Mon nom était scandé par les gens du district, je revoyais une dernière fois l'endroit d'où je venais et je m'enfonçais dans l'hôtel de ville pour aller par la suite au train et me diriger au Capitole. Arrivée dans l'arène, je courais pour échapper au bain de sang mais me faisait rattraper. Et je mourrais. C'était ça, mes cauchemars. Et la réalité est bien plus sombre que nos peurs auxquelles on rêve. La réalité est toujours plus dure que ce que l'on croit. Alors aller dans l'arène serait un cauchemar devenu réel. Mais j'ai tellement perdu que je crois que pénétrer dans cette arène me permettrait de me venger. Venger Mael, venger Ambre, venger ceux du district 7 qui ne sont jamais revenus. Et peut être, revenir. Je m'emporte, mais simplement, prendre la funeste route pour me diriger à l'arène me détruirait. J'en suis sûre, quoi que ma soif de vengeance ne serait plus une illusion, mais une chose que je mettrais à application.
QUELS SERAIENT VOS ATOUTS DANS L’ARENE ? Je ne suis pas une carrière. Je ne me suis d'ailleurs jamais entraîné pour les jeux. Alors je ne ferais pas de stupides erreurs comme m'arrêter au bain de sang pour ramasser des armes. Non, moi je me ruerais vers un endroit tapissé et loin des tributs assoiffés de sang. Je sais que je serais courageuse, je l'ai toujours été, allez au devant du danger ne me fait pas peur mais je n'y fonce tout de même pas tête baissé, cela dit, tout dépend. Je pense que nos sentiments sont décuplés dans l'arène, puisqu'on voit les tributs se métamorphoser du moment où ils quittent leur district au moment où il débarquent dans l'arène. Je pense que je resterais moi-même. Je me foutrais royalement de devoir être gentille et polie pour obtenir des sponsors. Je ne veux pas dépendre du Capitole, même au péril de ma vie, je préfère crever dans l'ombre, comme un animal. Cela dit, qu'est-ce-qui me permet de penser qu'une fois dans l'arène je ne me mettrais pas à prier pour avoir des sponsors lorsqu'une flèche m'aurait atteinte à la jambe ? Rien, rien du tout. Si les jeux sont imprévisibles, les tributs le sont aussi.
QUEL SERAIT L'OBJET PERSONNEL QUE VOUS EMPORTERIEZ DANS L’ARENE ? Je n'y ai jamais pensé car je n'ai jamais accordé une importance particulière à une vieille breloque ou a une photo de famille. Pour moi, les besoins matériels sont superflus. La seule chose dont j'aurais besoin dans l'arène serait le nécessaire de survie, mais ça évidement, on n'a pas le droit. Alors je pense que je prendrais un sac, au cas où, on ne sait jamais. Si je tombe sur des fruits et que je ne veux pas les manger de suite, au moins je pourrais les ranger quelque part.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA SPECIALISATION DE VOTRE DISTRICT, DE VOTRE NIVEAU DE VIE ? Mon district fournit le bois de charpente au Capitole, ce qui fait que nous sommes réputés, au sept, pour être d'habiles grimpeurs, des professionnels en matière de camouflage mais également pour savoir correctement manier la hache. Mon district est recouvert en majeur partie par des forêts où l'on peu aisément se cacher et respirer l'air frais de la nature sans être dérangé. Cependant, malgré tout cela mon district reste pauvre. Mon niveau de vie est modeste, si demain j'arrêtais de travailler, on ne pourrait plus manger à la maison. Donc il faut travailler sans relâche en gardant en tête que l'on fait tout ça pour notre famille, pour ceux qui nous sont chers et qu'on tient à garder longtemps avec nous.

J'me suis toujours demandée, à quoi ça sert les histoires tristes ? Pourquoi on en raconte tant que ça ? Les gens trouvent pas qu'il y a assez de misère dans le monde pour en plus ressentir le besoin d'écrire là-dessus ? Moi j'ai horreur des histoires tristes. Déjà, parce que j'ai la larme facile, mais aussi parce que c'est déprimant. C'est pas parce qu'on rajoute de la poésie dans une histoire d'amour que l'histoire est belle. Oh non. Pour moi, l'amour, le vrai, n'est pas beau, pas doux, n'a pas ce goût mielleux. Pour moi, le véritable amour n'est pas le tout premier à qui on ne cesse de montrer notre étendue d'amour de ridicules façons. Pour moi l'amour est fort, l'amour est dur, violent, il n'est pas doux et mielleux. Il n'est pas faux. Il est dur et brutal, l'amour est le reflet de la vie, quoi que l'on dise. Et l'amour, ça finit mal en général. Tromperies, malentendus, changements, décès. Dans le jeu de l'amour, personne ne ressort vainqueur. Alors pourquoi nous rabattre les oreilles avec ça ? On le sait, non ? On sait qu'il ne nous fera pas de cadeaux, on le sait, merde !

Ma mère était une pêcheuse, quand elle était plus jeune. Mon père était issu du Capitole, mais n'avait plus un rond car ses parents l'avaient rayés de leur testament et lui avait coupé les vivres quand il avait clamé haut et fort qu'il vivrait avec ma mère. Elle passait ses journées dans l'eau, son corps entier se mélangeait à l'eau avec une telle beauté qu'on eu crût qu'elle faisait ça depuis toujours. Elle se confondait avec la clarté de l'eau et nageait aussi vite que les poissons. Elle aimait vraiment ça. Mon père, lui, n'aimait pas particulièrement l'eau. Mais il aimait la voir nager, il paraît que c'était joli à voir, elle et la mer ne faire qu'un. Je suis née lorsqu'elle n'était âgée que de vingt-trois ans, au sein du district quatre. Elle avait une soeur qui était obsédée par les jeux qui avait une petite fille de deux ans aux cheveux de bronze. Un jour, quand j'étais âgée de quatre ans, alors que ma mère partait plonger dans les grands fonds, c'est avec ma tante et ma petite soeur qu'elle me laissa. J'étais encore une gamine, j'me souvenais de rien, ou presque. Mais je sais que ma mère n'est jamais revenue. Que son corps a dansé avec l'eau une dernière fois avant de sombrer.

A la mort de ma mère, mon père n'a rien voulu entendre de personne et est simplement parti, ma soeur et moi sous le bras, quelques sacs à la main. Partir du district quatre n'a pas été bien compliqué pour mon père. Ancien Capitolien, il lui suffisait de jouer de son ancien statut et de soudoyer quelques pacificateurs pour que l'on s'en aille du district à jamais. Je ne sais pas ce qu'il est advenu du corps de ma mère, jamais trouvé, jamais cherché. Mais à la maison, papa n'a rien fait pour qu'elle reste dans nos mémoires. Pas une photo, pas un vêtement. Rien, il a préféré tout oublier. Pourtant c'est connu, oublier le passé, c'est comme oublier son présent. C'est tout juste impossible. Fuir, c'est pareil. Vous aurez beau courir que la réalité vous rattrapera.

J'ai donc toujours vécu au district six. Enfin, je n'ai pas de souvenirs précis du quatre. Je me souviens simplement de quelques odeurs, de bribes de visages. De tout, de rien. Mais ce qui me tue, c'est que le visage de ma mère m'est totalement inconnu. Je ne me souviens de rien. A part d'un rire. Il paraît qu'elle riait beaucoup. Le reste s'est effacé comme lorsque l'on écrit un prénom dans le sable et que la mer vient l'effacer. Il ne reste que les fondations, si l'on a bien appuyé, on voit alors un bout du prénom. Mais la suite est partie. Avec ma mère c'est pareil.

« Pourquoi t'as toujours l'air triste ? » me demande un petit garçon âgé de treize ans. J'en ai douze. On ne s'est jamais parlé. Mais son visage ne m'est pas inconnu. Je l'ai souvent vu à l'école comme dans la forêt. Il a tendance à défaire les pièges des braconniers. C'est un gentil gars. Comment il a sût lire en moi cette tristesse inconnue aux autres ? « J'sais pas, p'têtre que je le suis tout simplement. » Il plonge son regard gris et profond dans le mien. Et ça me fait quelque chose. Jamais un garçon ne m'a regardé comme ça. J'suis même pas sûre qu'un garçon ait déjà posé les yeux sur moi. Mais lui, il le fait d'une manière intense. Je rougis. Il me regarde d'un air empli de compassion, de gentillesse. Et à cet instant j'ai l'impression d'être la seule fille de cette terre. La façon dont il pose ses yeux sur moi. Ce regard si loin. Cette tendresse dans la voix.


« Mael Zeppelin ! »
En l'espace d'une seconde, mon monde instable s'écroule. Le pilier, celui qui me retenait de plonger, viens de s'en aller. Je voudrais hurler, crier, lui prendre la main et l'emmener dans la forêt, loin d'eux. Une boule se forme dans mon estomac. J'ai l'impression de crever tant ça fait mal. J'voudrais que ça s'arrête, que tout s'arrête, là maintenant. Je le vois s'avancer sur l'estrade, les poings serrés. Je retiens mes larmes comme je peux. C'est lui qui devrait pleurer, pas moi. Penses à lui. Penses-y, Loan. C'est lui qui sera lâché dans l'arène, pas toi, fais un effort. Montre lui que tu es forte. Tu peux le faire. Des conneries, ouais. J'y arrive pas, c'est trop dur.

« Je t'aime, Loan, ne l'oublie jamais. » Il me prend dans ses bras. Trois minutes. Trois minutes pour tout se dire. Parce que peut être qu'elles seront les dernières minutes que l'on partagera, tout les deux. « Tu peux pas partir, pas toi... » je renifle doucement. C'est vrai que c'est injuste. Mael est un gentil. Il ne lèverait la main sur personne, pas même un animal. Il a bien de la chance d'être issu d'une famille au revenu plus haut que les autres, sinon il devrait à chaque fois se fendre le coeur d'abattre un lapin par ici et un écureuil par là. Alors des humains... Jamais il le fera. Trois minutes. Les larmes coulent le long de mes joues, le menton sur son épaule, je lui mouille sa pauvre chemise sale. Je sens une dernière fois ses mains passer dans mon dos. Pas lui. Pas lui, dîtes moi que c'est une farce. Pitié, pas lui. Ils peuvent pas faire ça. Il me relève la tête, tenant doucement mon menton entre sa main et plonge son regard si lointain dans le mien. Pas une once de peur ne vit en lui. Pas une once de fureur en face de cette injustice. Il est là, gardant la tête haute. « Tu sais, ça va aller... » Des conneries. Des conneries. Des conneries. Je sais très bien que ça n'ira pas ! Comment peut-il gagner ces jeux s'il ne peut pas achever un humain au péril de sa vie ? Un Pacificateur débarque, interrompant nos adieux. Je le prend une dernière fois dans mes bras, lui collant un baiser humide sur les lèvres. « Je t'aime. Les laisses par faire de toi ce que tu n'es pas. Les laisses pas faire... » Ma voix se coupe en un sanglot. Il me lance son dernier regard, serrant mon collier entre ses doigts. C'est l'objet qu'il emmène avec lui. J'ai le coeur brisé. Je suis brisée.

« Les jeux vont commencer, viens vite. » me lance la voix fluette de ma soeur à travers la porte. J'ai pas cessé de pleurer. Parce que ça fait maintenant trois jours que Mael se trouve dans l'arène. Je me lève de mon lit, marchant lentement vers la pièce commune qui nous sert de salon et prend place sur le canapé. Le regard vide. Ouais, parce que depuis qu'il est parti, je suis un déchet ambulant. Rien à voir avec ce que j'étais avant. Jamais je souris. Je pleure tout le temps. Je parle plus. Pendant que lui risque sa vie. Il faut que je revoie l'image plusieurs fois pour en croire mes yeux. Mael se cachait dans un temple abandonné qui était l'ancien repère des carrières qui avaient finalement décampé pour aller ailleurs. De ce fait, il était sûr de ne recevoir de visite de personne puisque tout le monde pensait probablement que les redoutables carrières campaient toujours là. Le voir faisait mal au coeur. Non pas parce qu'il était mon petit-ami, mais parce que son état était affreux. Il n'avait pas mangé de viande depuis le début des jeux et se contentaient uniquement de bais qu'il savait reconnaître à merveille. Il rentrait tout juste de la cueillette quand un tribut lui sauta sur le dos pour lui fendre la nuque à l'aide de ses mains. Un cri tortueux et long s'échappe de mon corps. Le gong retentit. Un hovercraft prend le corps sans vie et affaibli de Mael. Il est mort. Mael n'est plus. Je n'arrive pas à le croire. Pas lui. Pas Mael. Pas lui.

« Le corps de Mael vient d'arriver... » J'entend la mère de Mael chuchoter à une voisine, prise de sanglots et d'hoquets. Et je vois trois Pacificateurs portant un brancard s'approcher de la femme. « On l'met où ? » Je ne peux pas m'empêcher de détourner mon regard du drap blanc qui recouvre le corps sans vie de Mael. Je m'approche de la scène, les yeux rouge qui ne cessent de me piquer. « Dans la forêt... C'est dans la forêt qu'il faut ... le mettre. » Alors ils se dirigent vers la forêt et posent le sol à-même le sol, expliquant à sa pauvre mère qu'ils n'ont pas le temps de l'enterrer, qu'elle n'a qu'à se débrouiller puisqu'ils n'ont pas l'habitude d'enterrer là. La mère s'en va, me laissant un moment pour dire au revoir une dernière fois à Mael. Je m'accroupie près du corps et retire le draps blanc pour ne voir que sa tête. Sa tête recouverte de bleus. Je lui souris faiblement, je ne sais pas quelle tête j'ai, mais ça doit être ridicule. « Tu.. T'es en sécurité, maintenant. Plus personne te feras de mal. Tu seras plus obliger de te cacher... Tu.. Tu seras jamais oublié. Jamais. » Et je fond sur lui, ne pouvant plus masquer le chagrin. Je lui caresse doucement la joue et repose doucement le draps blanc. « Au revoir, mon tendre amour. » Et je m'en vais.

Je suis assise dans l'herbe, sur l'une des plus hautes collines du district pour mieux m'isoler, m'éclaircir les idées. Je repense à Mael. Une douloureuse pression sur mon ventre se fait sentir. J'aimerais revenir en arrière. L'empêcher de partir. L'étreindre pour toujours. Vieillir à ses côtés. Mais je ne peux pas revenir à tout cela, même si j'en crève d'envie. Il arrive que parfois on ne puisse jamais plus revenir sur certaines choses car on les a laissé filer. Mael. Je me souviens du goût de ses lèvres, de la passion qu'il mettait dans ses étreintes. Je me souviens d'absolument tout, de la chaleur de sa voix comme de son inquiétude quand sa soeur ne revenait pas à l'heure. Je n'ai rien oublié, j'ai simplement fais semblant d'aller mieux. Pour m'isoler. Pour me concentrer sur l'important. Le présent. Mais bon sang, qu'est-ce-que ça me tue, de l'avoir laissé filer. Mes souvenirs sont désormais tout ce qui me reste de lui. Pas un objet, à part une fleur fanée. Je l'ai gardé, précieusement entre les pages d'un journal que je tiens pour évacuer mes sentiments parfois trop lourds. Bon sang Mael, reviens-moi. Reviens-moi...

Les larmes coulent le long de mes joues. Je les laisse courir, s'évader. Parce qu'en public, elles resteront cachées. Je ne veux pas m'endormir. J'ai trop peur de l'oublier en l'espace d'une nuit alors qu'il hante mes pensés la journée durant. Des pas résonnent sur le sol humide. La pluie est tombée, comme pour m'accompagner. Je me fiche des gouttes qui mouillent mes vêtements, je me fous d'avoir froid. Je me fiche d'absolument sauf... de lui.

Je ne sais pas pourquoi ni comment a-t'il fait pour s'immiscer dans mon esprit, mais bordel il y est ancré. Ma soeur me dit qu'il est ancré bien plus profond que dans mon esprit. J'veux pas y croire. Pas lui. Pas ce connard. Un bâtard. Un sale chien. Un crétin. Un égoïste. Un prétentieux. Un dragueur. Un pervers. Je le sens se baisser dans mon dos et me murmurer de sa voix dragueuse : « La solitude te réussie pas, chérie. » La réponse ne se fait pas attendre, aussi tranchante qu'une lame de couteau. « Remballe, dégages, fais ce que tu veux mais casses toi. Me fais pas chier. Pas là, pas maintenant. » j'arrive à articuler ces mots, ravalant mes sanglots pour qu'une envie de lui en mettre une germe dans mon esprit. Je me retourne, me relève, il se relève. Un peu plus grand que moi. Avec ce putain de regard, ce putain de sourire et cette putain de voix qui me fait fondre malgré moi. Je le baffe. A cause du fait qu'il ne cesse jamais d'être en moi ? A cause du fait qu'il soit un con ? Il passe sa main sur sa joue, amusé. Je ne dois pas frapper plus fort qu'un chaton. Pourtant, j'y ai mis tout mon désespoir, toute ma rage possible. La main toujours levée au niveau de ma hanche, je le regarde, bouche-bée. J'ai fais quoi, moi ? Il me l'attrape, et lâche d'une voix amusé mélangée à un délicieux ton de défi. « Tu veux jouer ? » Il me tire vers lui. Je suis proche. Trop proche. Je le sens respirer. Lui, doit sentir ma respiration saccadée. Merde, j'emmerde profondément les sentiments. Je me mords la lèvre inférieur. J'hésite un moment, puis ajoute sur le même ton défi qu'il a employé. « Jouons. » Je m'écarte quelque peu de lui, c'est trop gênant cette proximité envahissante. Il sourit encore. Bordel, ce sourire, je le lui ferais bien bouffer, à ce con. « Viviès-Core jouant avec le feu ? Intéressant, mais.. combien de temps pourra-t'elle résister ? » Me tirant vers lui à nouveau, il se penche vers mon visage, attrape mon menton et plaque ses les lèvres contre les miennes, attrapant par la même occasion ma paire de fesses. Je suis déboussolée. Je devrais sûrement m'éloigner de lui, mais l'idée d'interrompre cette passion me serre les tripes. Alors, je le laisse faire, passant ma main sur sa nuque. Je le griffe avec mes ongles, il pousse un soupir sur mes lèvres et ma main remonte pour jouer avec ses cheveux. « Tu sais pas que c'est hors de ton contrôle ? » me murmure-t'il à l'oreille sur un ton suave. Je rattrape son menton et le ramène à moi. Je sens ses mains chaudes se glisser sous mon débardeur. On ne pouvait pas se chercher indéfiniment. Il fallait bien imposer une trêve à ce jeu vicieux qui mêlait dangereusement la haine et l'amour. Je cherche sa chaleur, jouant un peu plus, me permettant de lui mordre la lèvre inférieure, à ce sale chien. Ce soir là, la lune fut présente pour éclairer notre union, la bénissant à sa manière. Pour que nous nous séparions mieux dès que le soleil se lèvera.