▬ Phora & Till ▬

Coup de chance ou alors la guigne ? La chance plutôt. Heureusement que je n’étais pas casé et engagé avec quelqu’un sinon je me poserais des questions quant à la fidélité de ma moitié.
J’avais réussi à reporter une séance photo pour des sous-vêtements en prétextant un voyage dans un district. Ce qui était vrai. Ce voyage était prévu de longue date. Bien entendu, l’attentat avait tout changé et mon voyage… purement et simplement annulé. J’ignorais très franchement si c’était par souci de sécurité ou par peur que certaines rumeurs ne passent les frontières de notre beau Capitole. À cette heure-ci, j’aurais dû me trouver dans le train direction le District 3.
Au lieu de ça, j’étais dans le centre ville, les fesses dans un jeans tout ce qu’il y a de plus banal et flanqué de trous. Mon t-shirt était une relique irrécupérable dont les anciennes taches n’avaient pu être enlevées correctement. Des bottines qui avaient fait de la marche dans les mines du District 12. Bref, je ressemblerais à un débraillé partout sauf ici, au Capitole où on voyait naître les modes les plus folles et absurdes jamais vues. Je n’étais pas contre un coup de crayon de temps en temps ou encore un passage chez le coiffeur. Mais le premier qui tenterait de toucher à la couleur de mes cheveux ou de m’enfariner le visage. Je lui collerais proprement mon pied au cul. Je suppose que mes doubles origines m’empêchaient de ressembler à un de ces types sur les vieilles photos des livres d’histoire de mon père. C’était la nation française je crois. J’avais toujours été très nul en géographie historique ainsi qu’en histoire d’ailleurs.

Tout ça pour dire que j’étais assis sur un banc de pierre à côté d’un gigantesque massif de fleur, mon sac à moitié posé sur le dos en train de me demander ce que j’allais faire. Je passais une main sur ma nuque et effleurer ma mâchoire. Ah… Je passais carrément ma main sur ma joue. Je me disais bien que j’avais oublié quelque chose… Me raser. Bon. Il est clair que je n’étais pas le capitolien de base.
De plus, j’étais devenu un peu trop célèbre à mon goût, les demoiselles étant bien trop enthousiaste quand à mon corps surtout que maintenant, tout le monde le savait, ça n’était pas dû à la chirurgie. Merci les potins, merci les photographes. Le fils de la gagnante des 42th Hunger Games et d’un des professeurs les plus émérites de Panem était cent pour cent pur jus.
Je voulais retrouver mon sac de couchage, ma lampe torche, mon appareil photo mais surtout, mon anonymat. Dans le meilleur des cas, je ne retrouverais que mon appareil photo. Je ne dormais pas en sac de couchage chez moi, c’aurait été totalement stupide.

C’est pendant mes réflexions très constructives qu’elle est apparue dans mon champ de vision ou plutôt, qu’elle s’est imposée à mon champ de vision. Cette fille, femme, demoiselle… Bref, elle qui changeait de couleur de cheveux comme moi je changeais d’objectif. Je l’avais croisé tellement de fois dans les studios alors que je fuyais presque à toutes jambes que je n’avais jamais vraiment parlé avec elle malgré ses quelques tentatives. Là, elle venait de passer sa main dans mes cheveux. Tout à fait normal… Non, pas du tout en fait, mais on apprenait très vite à ne plus rien trouver étrange dans ces rues.
Elle fit le tour de ma personne, regardant avec intérêt ma chemise et mon jeans. Mon cerveau se mit en alerte, toutes sirènes dehors. Pas possible… Une styliste ! Finalement… j’avais échappé à la séance photo mais pas à tout ce que pouvait me réserver le centre de Panem.

« Je peux faire quelque chose pour vous ? »

Elle me regarde avec des étoiles dans les yeux et une moue boudeuse. Merde, re merde et re re merde. J’avais posé la question qu’il ne fallait pas. Il ne faut jamais au grand jamais poser cette question à une photographe de mode, à un styliste, à un coiffeur ou à une esthéticienne. J’étais cuit, foutu, fini… J’avais très envie d’une bière tout à coup, d’une brochette de bœuf sauce moutarde et d’une montagne de chantilly. Je sais, c’était très féminin, mais la chantilly, y a que ça de vrai.

Je ne m’étais pas attendue à tomber sur lui ce jour-là. Je flânai dans les rues sans vraiment avoir un but lorsque je l’avais aperçu, posé sur un banc. Il n’avait pas forcément l’air de très bonne humeur mais en fait, j’en avais toujours assez pour deux. Il ne m’avait jamais laissé l’occasion de lui parler, et j’avais envie d’en savoir plus sur lui. C’était un drôle de personnage ; si au Capitole on pouvait voir le détachement de certaines personnes par rapport aux autres, bien sûr. Mais j’avais là une occasion en or de l’aborder. De toute façon, je venais d’apprendre que nous allions être « forcés » de nous côtoyer pour la Moisson, tous deux affiliés au district un. Alors il ne pouvait plus m’éviter bien longtemps. D’autant que son style n’était pas réellement approprié à ce genre d’événement. Quelque chose me disait que je n’allais pas avoir à m’occuper uniquement d’un tribut, cette année. Je m’approchai donc de lui, l’étudiant sous toutes les coutures. En fait, je commençai même par passer ma main dans ses cheveux. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire de ça ? Je n’allais pas les colorer. Après, rien ne m’empêcherait d’accorder sa tenue à mes propres cheveux, mais je verrais ça en temps voulu. Je laissai tomber les cheveux et me mis à lui tourner autour. Bon, il n’était pas non plus affreusement vêtu, mais j’allais tout de même devoir m’en mêler. « Je peux faire quelque chose pour vous ? » Je sursautai presque. Je pensais trop aux tenues que j’allais pouvoir lui proposer. Qu’est-ce tu peux faire, mon chou ? Faire un effort sur tes capacités vestimentaires ? Finalement, j’aillais bien m’amuser avec lui. « Pas vraiment, c’est plutôt moi qui vais faire quelque chose pour vous. » Je m’arrêtais devant lui et plaçai mon coude sur l’autre bras que le plaquai à mon ventre. « Vous ne le savez pas ? Nous allons tous deux nous occuper du district un. » J'affichai alors un grand sourire.

▬ Phora & Till ▬

Comme je m’en doutais, j’avais posé la question qu’il ne fallait pas. La preuve avec la réponse de cette charmante demoiselle haute en couleur. « Pas vraiment, c’est plutôt moi qui vais faire quelque chose pour vous. » Je ne voulais pas qu’on fasse quelque chose pour moi. Je ne voulais pas qu’une styliste me regarde sous toutes les coutures et me mesure dans tous les coins. Et ensuite, l’annonce, celle qui était pire. « Vous ne le savez pas ? Nous allons tous deux nous occuper du district un. » Hein ? Quoi ? Comment ? Sérieusement ? Hôte du District 1 ? Le sourire qu’elle affichait me faisait peur. Quelque chose me disait que les tributs ne seraient pas les seuls à être relooké. J’allais y passer aussi, c’était tout vu.
Remis de l’annonce initiale, je me demandais bien ce qui m’avait valu la place d’hôte du District 1 et puis je me souvins en avoir vaguement entendu parler par mon manager. Oh le salaud ! « Hôte ? Il a osé ? » Je bougonnais… En général, j’essayais de me tenir éloigné des Hunger Games mais là, j’allais en être un des acteurs. J’étais ravi. J’avais des envies de meurtres. Et si j’enfermais malencontreusement mon manager dans un verger plein de guêpes-tueuses ? Non ? L’idée me semblait bonne à moi. Elle n’avait pas signifié hôte mais on ne réclamait pas de photographes pendant les jeux alors je ne voyais que ça, d’autant qu’il en avait vraiment parlé. « Styliste je suppose ? »

Je fronçai les sourcils devant son air agacé. Quelque chose n’allait pas ? Apparemment, il n’était pas vraiment heureux d’être hôte. Bon, je ne disais pas que le boulot était parfait, mais ça n’était pas la mer à boire non plus. Surtout pour un supposé Capitolin. Mon sourire s’effaça face à son comportement. Je ne m’étais pas du tout attendue à ça. Mais qu’à cela ne tienne, je n’allais pas me laisser abattre seulement parce que lui n’était pas joyeux. J’aurais dû demander à ce qu’on me nomme « la fée de la joie », tiens. A cette pensée, un petit sourire réapparu sur mon visage, et je me mis à jouer avec une mèche de cheveux. Mauves, bien entendu. Il faudrait que je repasse au bleu un de ces quatre, la couleur m’avait bien plu. Ou allais-je tenter le vert ? Le rose était sympathique également. Mais je m’égarais. « Styliste je suppose ? » Je hochai la tête en plissant les yeux de contentement. Encore un peu et je rougissais comme une bécasse, comme si je batifolais. Je tournai sur moi-même en lui lançant un regard disant clairement « ça se voit, non ? ». Mais ça n’avait rien de méchant. J’étais juste amoureuse de mon métier. « En plein dans le mille. » Ce genre d’expression ne me ressemblait pas, mais je trouvais ça amusant. Je le désignai du doigt en agitant celui-ci de bas en haut. « Vous avez d’autres choses plus adaptées à ce genre d’événement, j’imagine ? » Il ne devait pas se balader tous les jours accoutré ainsi, ça n’était pas possible. Mais ça ne me dérangeait pas plus que cela, puisque je me ferais une joie de m’occuper de lui.

▬ Phora & Till ▬

Elle perdit son sourire quelques instants. Ça n’était pas volontaire de ma part, je dois bien l’admettre. C’était sans compter sur son apparente bonne humeur constante parce que son sourire revient au grand galop. Je ne m'étais pas trompé. Elle était styliste, pas de doute. Moi, dans les mains d'une styliste. Une petite envie de pendaison ?
Sapé comme j’étais, on aurait pu me prendre pour un mec de district, j’avoue. Par contre, la question qui tue, elle ne l’avait pas encore sortie. Qu’à cela tienne, elle m’arriva vite dessus. « Vous avez d’autres choses plus adaptées à ce genre d’évènement, j’imagine ? » Euh… Joker ? Définitivement, j’allais maudire mon manager ou alors l’enfermer dans l’arène avec les tributs. Voilà qui aurait promis du divertissement. Je réfléchis un instant. Est-ce que j’avais une tenue digne du Capitole pour jouer les hôtes ? « Euh… Oui ? Peut-être ? » Mauvaise réponse, je le vis à son air entendu et on ne peut plus jovial. J’étais cuit. Elle allait me foutre en caleçon en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf. J’espérais au moins qu’elle éviterait de vouloir me teindre les cheveux ou de me coller une perruque sur la tête. Presque plaintivement, je demandais. « Pas de teinture de cheveux et pas de perruque… Pitié. » Oui, c’était vraiment une requête, une supplique. Tout mais pas ça !

Ma question le fit réfléchir. A son expression, je vis que j’avais touché un point sensible. Il avait de quoi s’habiller ? Ou au contraire ce n’était pas le cas ? J’avais déjà en tête nos tenues, ça n’était pas ça qui allait me faire peur. « Euh… Oui ? Peut-être ? » Ah ! Il ne s’était donc pas préparé pour l’occasion. Je contins mon sourire autant que je le pus mais mes yeux parlèrent pour moi. J’allais pouvoir m’occuper de lui ! Mais je dû lui faire peur puisqu’il afficha un air à demi apeuré. Je n’allais pas le manger, tout de même. Juste lui refaire sa garde-robe ; au moins pour la Moisson. « Pas de teinture de cheveux et pas de perruque… Pitié. » Ah, voilà autre chose. Il avait peur pour ses cheveux. Je fronçai le bout du nez et me rapprochai à nouveau de lui. Les mains dans ses cheveux, je glissai mes doigts parmi quelques mèches et secouai la tête. « Je ne ferais rien à vos cheveux, rassurez-vous. Par contre, les épaissir un peu avant la Moisson ne leur ferait pas de mal. » Oui, mieux valait les laisser plus ou moins ainsi. Si déjà j’accordai sa chemise à mes propres cheveux, il y aurait assez de couleurs. Pas besoin qu’il ressemble à un clown. D’ailleurs, j’avais horreur des clowns. Lui en revanche avait quelque chose... de séduisant.

▬ Phora & Till ▬

Bon, je n’étais pas à regarder si près que ça à ma personne. Je m’entretenais juste en faisant beaucoup de sport ce que la plupart des capitoliens considéraient comme inutile vu les merveilles de chirurgie esthétique. Mais je m’aimais bien et je n’avais aucune envie d’en passer par là. J’étais vraiment du pur jus, de l’authentique et j’y tenais. Non pas pour plaire mais parce que j’étais bien dans ma peau et puis, s’entretenir ne faisait pas de mal. Quant à mes cheveux, et bien j’y tenais vraiment. Ils n’avaient rien d’exceptionnels, c’est vrai mais je les aimais, il faisait partie de ma personnalité tout comme elle aimait les cheveux colorés, de toute évidence. « Je ne ferais rien à vos cheveux, rassurez-vous. Par contre, les épaissir un peu avant la Moisson ne leur ferait pas de mal. » Elle ne toucherait pas à mes cheveux, merci ! Mais je n’échapperais pas aux soins capillaires. D’accord, j’admets, je n’en prenais pas vraiment soin mais bon. Et puis c’était quoi cette manie de passer ma main dans mes cheveux comme si j’étais un brave toutou ? « Pas de visage enfariné non plus ? » Je voulais me rassurer… Bon, elle n’avait pas l’air contraire, elle ne semblait pas vouloir me déguiser. Juste m’habiller. Vraiment m’habiller. Mais soudain, j’eus une crainte. La bonne vieille crainte qui consiste à se demander comment elle allait me saper.

Il semblait quelque peu soulagé pour ses cheveux. Définitivement, il devait les aimer comme ils étaient et craindre qu’on ne leur applique quelques décorations typiques du Capitole. J’eus un sourire en coin. Il n’avait vraiment rien d’un Capitolin. Je me demandais même comment il arrivait à supporter de vivre ici. « Pas de visage enfariné non plus ? » Cette fois, je laissai échapper un petit rire. Non, je ne comprenais pas pourquoi il restait ici. J’avais beau être née ici et avoir été conditionnée à avoir un tempérament comme les autres, je n’en restai pas moins détachée et me demandais parfois ce que je foutais ici. Alors pour lui, ça devait être une vraie torture. Quoi qu’il en fut, j’étais certes maquillées, je ne ressemblais pas pour autant à un pot de peinture. Du moins, il ne me semblait pas. Je n’allais donc pas lui imposer de lui tartiner la figure. Bon, j’étais mal placée puisque je n’étais que styliste, mais je pouvais imposer mon choix à la maquilleuse. Tout comme je prenais en charge le fait qu’il n’aurait pas de cheveux extravagants. Je secouai donc une nouvelle fois la tête. « Peut-être que vous serez obligé d’avoir une très fine couche de fond de teint, mais j’essaierai de ne rien vous faire porter d’autre. » J’allais plus ou moins lui imposer sa tenue, je pouvais donc bien faire ce geste.

▬ Phora & Till ▬

J’aurais juré qu’elle souriait. Non, en fait, j’en étais sûr. Mais plus dans le sens où elle était réellement amusée par mon attitude. Quoi que… rectification, elle était vraiment amusée, j’en avais la preuve puisqu’elle riait. Je ne savais pas trop à quoi elle pensait et ce qu’elle devait penser de moi. Il y avait souvent plusieurs points de vue à mon sujet. Facile à deviner. On aurait dû me renvoyer dans le District 6 à ma naissance. On n’aurait pas dû laisser mes parents s’unir. On aurait dû me rééduquer. On adorait mon style hors Capitole. Et finalement, on me haïssait purement et simplement ou l’inverse complet. Bref, tout était possible. Savoir ce qu’elle avait dans la tête était donc relativement compliqué vu son attitude envers moi bien qu’au Capitole, en matière d’hypocrisie, ça y allait sec.
« Peut-être que vous serez obligé d’avoir une très fine couche de fond de teint, mais j’essaierai de ne rien vous faire porter d’autre. » Je pouvais survivre à ça, j’avais l’habitude. Il fallait être beau, frais et dispo pour les photographes même après un lendemain de veille. « J’y survivrais à ça. J’ai bien réussi jusqu’à maintenant. Tant qu’on ne touche pas à mes cheveux et qu’on ne me maquille pas à outrance, je survis. J’vous aime bien. » Oui comme ça. Mais elle ne voulait pas m’enfariner la figure ni toucher à mes cheveux ce qui consistaient en un progrès considérable quant à mon approche des stylistes qui me fichaient une trouille bleue ainsi que l’armée de coiffeurs, d’esthéticiennes et de maquilleuses le tout pouvant être accordé au sexe opposé.

J’affichai un sourire qui se voulait rassurant. Du moins, je supposai qu’il l’était. « J’y survivrais à ça. J’ai bien réussi jusqu’à maintenant. Tant qu’on ne touche pas à mes cheveux et qu’on ne me maquille pas à outrance, je survis. J’vous aime bien. » Je sentis le sang me monter aux joues. Heureusement que j’étais un minimum maquillée pour que ça ne se voie pas réellement. Je l’espérais. Les gens du Capitole ne disaient pas les choses ainsi. Je n’étais pas habituée à ce genre de « compliment » lâché de cette façon. Mais je devais bien avouer que ça faisait diablement plaisir. Je fis un bref mouvement de la tête pour le remercier. Au moins, j’avais réussi à obtenir son consentement pour le fond de teint. Je n’allais pas pouvoir empêcher les maquilleurs de lui appliquer le minimum vital selon eux. C’était toujours ça de gagné. Il était largement appréciable, pour un sang-mêlé. Je doutai que ça soit l’avis de tous les Capitolins, mais à moi, il me plaisait. Pour une première vraie approche, du moins. « Hum… merci. » Je ne savais clairement pas comment réagir. Je tâchai donc de me calmer. Il devait simplement parler du fait que je n’étais pas aussi déjantée que quatre-vingt-dix pour cent de la population du Capitole. Pas de quoi s’affoler, donc. Est-ce j’allais lui demander s’il avait le temps de voir avec moi pour les tenues ? Il fallait déjà que je lui expose mon idée… « Vous avez quelque chose de prévu ? » Non, ça n’était pas une invitation d’une gamine stupide face à son compliment, mais bien un projet de stylisme.

▬ Phora & Till ▬

J’étais, je dois le reconnaître, un pur condensé du Capitole et du District 6. Mélange étrange mais pas si mal sauf pour certains. D’après une partie du Capitole, aucun capitolin ou capitoline ne devrait jamais s’unir ni avoir des enfants avec des habitants de District. Mais j’étais là et physiquement apprécié par ces demoiselles et certains messieurs, parfois haut placé. Ils étaient cuits me concernant.

Ma remarque semblait l’avoir embarrassée. Voilà autre chose. L’expansivité, pas la mienne certes, n’était pourtant pas banal au Capitole. Bon, elle ne se manifestait pas comme ça en général c’est vrai. Mais je passais autant de temps au Capitole que dans les Districts, je prenais certaines habitudes. Mine de rien. Je restais un capitolin et la vie en dehors de ses murs quoi qu’intéressante à vivre pendant un moment était un peu compliquée pour moi-même si l’envie de rester dans l’un de ses Districts m’avait déjà pris. Mais il y a les jeux et ça avait suffit à me laisser dans ma petite vie. Honte ? Un peu…
J’essayais d’imaginer comment elle allait m’habiller quand elle parla à nouveau. « Vous avez quelque chose de prévu ? » Ah… Les essais je suppose ? Les mesures ? Je n’avais rien d’autre à faire. « Voyage dans le D3 annulé à cause des derniers évènements. Je suis à vous. » Je soulevais mon sac pour lui montrer qu’à la base, je n’aurais pas dû être là et qu’on m’avait refoulé à la gare.

Il sembla réfléchir un instant à ma question. Elle voulait tout dire comme rien du tout. Je ne l’invitais pas à sortir, ni à dîner, ni à boire un verre. Non, je voulais juste savoir s’il avait le temps pour m’accompagner acheter les tissus pour son costume et prendre ses mesures. Normal, quoi. Du moins pour une styliste, mais tout le monde ne pensait pas de cette façon. « Voyage dans le D3 annulé à cause des derniers évènements. Je suis à vous. » J’avais littéralement des étoiles plein les yeux. Il me montra son sac pour prouver la chose. Ah, ses plans avaient donc été écourtés. J’aurais pu être navrée pour lui si je n’étais pas excitée à l’idée d’en faire ma poupée vivante pour un moment. « Du coup… ça vous embêterait de venir avec moi pour votre futur costume ? » Je ne savais pas combien de temps ça allait prendre, mais il fallait au moins que je fasse mes achats et que je note ses mesures, puisque je n’allais peut-être pas les confectionner aujourd’hui même. Ou du moins, pas devant lui, ça allait l’ennuyer au possible. Les essayages devraient donc se faire plus tard, et je n’étais pas mécontente à l’idée de devoir le revoir personnellement. On va dire ça comme ça. Et puis, ça n’était pas comme nous allions rester éloignés en ayant en charge le même district…

▬ Phora & Till ▬

J’aurais dû me douter que c’était pour me balader. En fait non, je m’en étais douté, j’avais répondu en toute connaissance de cause ou presque. Ce dont j’avais peur, c’est du temps que ça allait prendre. Mine de rien, j’avais aussi une passion dévorante, la photo et je savais que si je ne me freinais pas, j’étais parfois parti pour des semaines sans même m’en rendre compte. Bien entendu, ici, ça se traduirait en heures je suppose mais ça n’était pas mon univers, il faudrait que j’y mette du mien. Elle était suffisamment gentille avec moi pour prendre mes étranges protestations de capitolin en compte. Je ne pouvais donc pas lui refuser ça. Ce que j’étais sympa comme garçon. « Non, pas de problèmes. Nous pouvons y aller. » Je me levais et embarqué mon sac que je jetais négligemment sur mon épaule. Aucun problème pour l’appareil, il était bien emballé. « La dernière fois que je vous ai vu… Vous n’aviez pas les cheveux bleus ? » Question hautement inutile et stupide mais c’était déroutant ces changements de couleurs aussi rapide. Même au Capitole. Elle, je crois que la dernière fois qu’elle m’avait vu, c’était dans les couloirs d’un studio, enroulé dans un peignoir parce que j’étais en sous-vêtement, merci mon manager pour ce job d’ailleurs. Je n’étais pas pudique, mais il y a plus chaud.

L’idée ne sembla pas trop le rebuter. Il aurait pu refuser, ne vouloir qu’on s’occupe de lui qu’en temps voulu, et non des jours à l’avance. « Non, pas de problèmes. Nous pouvons y aller. » Ouf ! J’étais tout de même rassurée. Je le regardai se lever en attrapant son sac. Il avait vraiment une attitude différente des Capitolins de base. Déjà, il était bien rare d’en voir des aussi nonchalants. Mais ça m’amusait, en quelque sorte. C’était agréable de faire quelques écarts au quotidien. « La dernière fois que je vous ai vue… Vous n’aviez pas les cheveux bleus ? » Moi qui m’apprêtai à entamer la route, je m’arrêtai dans mon mouvement. Il s’en souvenait ? J’en étais presque flattée. Bon, pour des cheveux, c’était quand même remarquable, même si les Capitolins avaient tous plus ou moins adopté ce genre de mode et de changement, je devais avouer que mes cheveux, quelle que soit leur couleur, étaient toujours plus pétants que les autres. Ça n’aurait donc dû me surprendre qu’à moitié, mais ça me faisait tout de même plaisir. Je souris largement. « Effectivement, c’était la période bleue. » Je passais mes doigts dans quelques mèches pour jouer avec. Je me souvenais parfaitement de ce jour où je l’avais croisé. Une fois de plus, je l’avais trouvé si mystérieux que j’avais eu une envie folle de lui parler, de le connaître. Je l’invitai à marcher à mes côtés, prenant la direction des ruelles bordées de magasins. « On va passer à la boutique où je travaillais avant, pour les tissus et les mesures. Après ça, vous serez libre. » Et ça ferait très certainement plaisir à mon ancienne patronne de me revoir.

▬ Phora & Till ▬

J’aurais pu fuir en courant, je l’admets mais je n’allais pas lui couper son enthousiasme. Chacun sa passion. Bon, elle je voulais bien, j’avoue. Les stylistes comme elle me foutaient nettement moins les jetons que les stylistes des photographes de mode. Je haïssais autant les photographes de mode que leur équipe de préparation. Je pensais haïr également les autres équipes de préparations des Hunger Games. Non pas à cause du jeu en lui-même mais de l’attitude. Je n’aimais pas les jeux. Je regardais la cérémonie d’ouverture et puis ça s’arrêtait là. Cette année, je n’aurais pas le choix. Je devrais parcourir le Capitole avec le mentor du District 1 et leur ramener de sponsors si je voulais que l’un des deux gagne. Autant commencer à m’y faire tout de suite et avoir les deux pieds dedans. Une bonne présentation aiderait. Mes tributs ne méritaient pas que j’y mette de la mauvaise volonté. Une bonne présentation serait cruciale pour eux. « On va passer à la boutique où je travaillais avant, pour les tissus et les mesures. Après ça, vous serez libre. » Libre ? Oui, pour une fois, je photographierais la vie au Capitole. Minute… C’était une idée ça ! « Est-ce que je pourrais vous photographier pendant votre travail ? Pour illustrer les préparatifs des jeux ? Comme je le fais avec la vie dans les Districts mais au Capitole. » Enfin une bonne idée pour m’occuper vu que j’étais bloqué au Capitole pour encore un long moment.

Selon moi, le programme n’était pas trop chargé pour quelqu’un qui n’aimait pas se faire bichonner. J’espérais donc que ça lui irait. « Est-ce que je pourrais vous photographier pendant votre travail ? Pour illustrer les préparatifs des jeux ? Comme je le fais avec la vie dans les Districts mais au Capitole. » J’affichai un étrange sourire en écarquillant les yeux. Heureusement, en marchant à mon côté, il ne pouvait pas voir ça. Je pris quelques secondes pour réfléchir à sa demande. Qu’il me prenne en photo ? Pendant mon travail ? Pourquoi pas, si ça pouvait lui faire plaisir. Je n'avais aucune raison de refuser, après tout. « Bien sur, aucun souci ! » Je rayonnais. Attitude typique du Capitole, mais je n’avais pas l’habitude d’être aussi démesurée que le reste de ses habitants. « Tant que vous ne m’enlaidissez pas. » J’avais évidemment dit cela sur le ton de la plaisanterie. Je ne savais pas trop quel était son tempérament, aussi j’allais découvrir s’il prenait bien les blagues ou non. Il faudrait que je lui parle de son costume avant de le commencer, aussi. Je n’allais lui faire porter quelque chose qui le rebutait totalement. Bien que je n’eus pas pensé à quelque chose de totalement extravagant. J’espérais que ça lui conviendrait. Mais j’aurais tout le loisir d’y songer une fois à la boutique.

▬ Phora & Till ▬

« Bien sur, aucun souci ! » Voilà qui n’était pas pour me déplaire. Je serais dans mon élément pour réussir à supporter tout ça. C’était ma façon de palier à mon stress. Oui, j’étais réellement angoissé. Je ne savais pas trop d’où ça me venait. Peut-être à cause du manque de sentiments donnés par ma mère ? Allez donc savoir. Il devait sûrement y avoir une raison à cette angoisse ou alors pas du tout, aucune idée. Bref, je me réjouissais et sortais donc mon appareil de mon sac tout en la suivant. Je faisais mes réglages en marchant et souris légèrement à ce qu’elle venait de dire. « Tant que vous ne m’enlaidissez pas. » Enlaidir quelqu’un, c’était un mythe, il y avait juste de mauvaises photos et vraiment sans me vanter, j’étais bon dans ce que je faisais sinon, je n’exposerais pas au Capitole. Je n’étais jamais satisfait bien sûr mais ça… c’était une autre histoire, j’étais juste perfectionniste. « Et bien, vous choisirez les photos que je devrais garder ? Chacun aura un droit de regard sur le travail de l’autre, personne ne sera lésé comme ça. » J’avais vraiment trop bossé dans les Districts, j’avais fini par prendre certaines habitudes. J’étais vraiment un drôle de capitolin, j’en avais conscience mais j’me sentais bien dans ma peau et je restais capitolin malgré tout ce que je pouvais bien voir.

J’étais amusée en le regardant bidouiller son appareil. Il devait être aussi passionné par la photographie que moi par le stylisme. « Et bien, vous choisirez les photos que je devrais garder ? Chacun aura un droit de regard sur le travail de l’autre, personne ne sera lésé comme ça. » Je souris largement. Il était étrange, mais avec un sens de réflexion qui me plaisait beaucoup. J’étais certaine de bien m’entendre avec lui. Il valait mieux ça pour les tributs, d’ailleurs. Je hochai la tête. « Ça me convient, oui. » Et puis je réfléchis deux secondes. Il allait me suivre sans même me connaître, je venais de m’en rendre compte. « Au fait, je m’appelle Phora. Ou Altraée. Enfin, c’est comme vous voulez. » Je haussai les épaules à cause de mes explications bidons. Bah, il avait compris. Je supposai. Je l’entraînai parmi les ruelles jusqu’à ce que nous arrivions dans celle où mes parents habitaient toujours. Le magasin que je recherchais était en bas de leur immeuble. Je poussai la porte vitrée en invitant Till à me suivre. L’endroit était plutôt peuplé, et avait presque doublé de grandeur. Avec mon succès, la chose avait eu des retombées bénéfiques pour la boutique. Mon ancienne patronne avait même dû engager de nouvelles vendeuses. En parlant du loup, je l’aperçue dans l’arrière-boutique. Je me jetai sur elle en la saluant. Elle était complètement ravie ; elle rayonnait, et j’étais heureuse de la voir avec une si bonne mine. « Je viens t’acheter du tissu, j’ai de nouveaux costumes à faire. » Je désignai Till qui attendait à quelques pas. Elle me donna un coup de coude dans les côtes. « Dis donc, c’est qu’il est pas désagréable à regarder. Et pour les tissus, je te les offre, va. » Je levai les yeux aux ciel. Elle était vraiment têtue. « C’est juste le futur hôte du Un. Et merci beaucoup, je te revaudrai ça ! » Elle secoua la tête et je la laissai vaquer à ses occupations. Je revins vers Till, un grand sourire aux lèvres. « Je récupère les tissus et nous irons dans mon atelier prendre vos mesures. Ça vous va ? »

▬ Phora & Till ▬

Bien, voilà une bonne chose de faite. Si ça lui convenait, on ne se prendrait pas la tête là-dessus. Non pas que j’étais du genre à prendre la tête. Quoi que… tout dépendait de qui et de la situation. Mauvaise réflexion. « Au fait, je m’appelle Phora. Ou Altraée. Enfin, c’est comme vous voulez. » Phora ? Altraée ? Pas de doute, on avait des noms de choix au Capitole. « Till ou Astegal, comme vous voulez aussi. » Personnellement, j’avais une préférence pour Phora. Je ne savais pas trop pourquoi mais je trouvais ça plus adapté à elle, son visage, sa façon d’être. Totalement subjectif come façon de voir les choses. « Je préfère Phora. » Je la suivis au milieu des immeubles. Je connaissais aussi bien le Capitole que mon appartement et j’avouais pourtant ne pas connaître très bien les magasins. J’étais un drôle de spécimen en matière de vêtements au Capitole. Une fois dans la boutique, je regardais autour de moi. Allez hop, je jugeais les lieux, je pris un ou deux clichés. Il fallait bien commencer quelque part. Le début donc. Phora revint vers moi toujours souriante, cette fille avait un sourire communicatif. « Je récupère les tissus et nous irons dans mon atelier prendre vos mesures. Ça vous va ? » Je hochais la tête. « Oui, oui, c’est parfait. Ça m’arrange en fait. Non pas que je sois pudique, mais je me vois mal m’exposer au milieu des gens entrants et sortants. »

Il avait son appareil à la main, et je supposai qu’il avait commencé à prendre quelques clichés. « Oui, oui, c’est parfait. Ça m’arrange en fait. Non pas que je sois pudique, mais je me vois mal m’exposer au milieu des gens entrants et sortants. » Je souris en coin. Sa remarque était justifiée, je n’aurais pas forcément apprécié non plus, à sa place. Je le laissai donc quelques nouvelles courtes minutes pour aller découper les tissus dont j’avais besoin et les enroulai avant de les passer sous mon bras. Après quoi j’invitai Till à sortir et à me suivre. J’étais tout de même un peu gênée de le faire poireauter ainsi tout comme je l’étais de lui dire de me suivre. J’étais rarement mal à l’aise mais avec lui c’était étrangement différent. Il était plus âgé, n’était pas entièrement originaire du Capitole et puis, je ne sais pas, il devait m’intimider, tout simplement. Mieux valait ne pas faire n’importe quoi avec les costumes. Je nous fis rejoindre les ruelles principales de la ville, dans lesquelles mon appartement se trouvait. Ou plutôt mes appartements. J’avais eu tellement de succès avec les costumes que j'avais pus m’offrir un appartement tellement grand que la moitié de l’endroit était un gigantesque atelier. Pas besoin de me déplacer outre mesure pour travailler, donc. J’invitai Till à entrer et posai mon sac une fois à l’intérieur. « L’atelier est par ici. » J’empruntai un couloir qui menait sur différentes pièces, toutes utiles dans mon travail. Je nous fis entrer dans celle ayant un immense dressing à tissus, en quelque sorte. Je posai ceux que j’avais sur la grande table et me retournai vers Till. « Vous pouvez poser vos affaires où vous voulez. » Je lui souris gentiment. Ne restait plus qu’à lui demander de se déshabiller pour prendre ses mesures.

▬ Phora & Till ▬

Je la laissais choisir et découper son tissu, moi, je restais dans mon élément, la photographie. À part quelques regards en coin, pour le moment, personne n’avait tilté. Je devais vraiment être mal présenté avec ma barbe de deux jours et mes vêtements dépenaillés. Voilà qui me donnait des idées pour me balader tranquille au Capitole mais mon manager ne me laisserait pas faire. « Une bonne image Till ! Pense à ton image ! » J’étais tenté depuis le début de lui faire manger ses cheveux verts dressés en piques minuscules. C’était trop vert même pour réussir à me faire penser à du gazon synthétique. Du bétail ne l’aurait même pas confondu avec un pré, dommage. Je continuais donc de photographier jusqu’à ce que nous repartions. Coupable, je glissais une carte sur le comptoir avant de disparaître. Adresse du manager, mon nom sur la carte et carte signée. Bref, c’était bon pour les affaires. En entrant chez Phora, je compris que je n’étais pas le seul à ramener du boulot chez moi ou plutôt à vivre dans le boulot. « L’atelier est par ici. » Aussi grand que chez moi quoi qu’un peu plus, j’avais eu besoin de moins d’espace pour le matériel. « Vous pouvez poser vos affaires où vous voulez. » Je déposais mon sac, photographiais un peu de ci de là et puis… regardais mon visage sur une surface réfléchissante. Effectivement… j’aurais dû me raser. « Je suppose que c’est le moment où je me fais mesurer et observer sous tous les angles ? »

Comme proposé, Till posa donc son sac avant de se remettre à photographier l’endroit. « Je suppose que c’est le moment où je me fais mesuré et observé sous tous les angles ? » Bingo, je n’allais pas devoir lui dire de se mettre pratiquement à nu personnellement. C’était déjà ça de gagné. Je le laissai donc se déshabiller et retournai à mes occupations en attendant. Il me fallait un bloc note, un crayon et surtout mon mètre. Je ne tardai pas à dénicher le tout dans mes placards et revins les poser sur la table. Till était donc en sous-vêtements, et m’attendait. C’est qu’il était rapide, en plus. Simplement, si je me voulais professionnelle, je bloquai totalement et fixai son torse. Parce qu’il était bien foutu, le bougre, en plus de tout ça. Me rendant compte de la situation complètement ridicule, je me secouai et m’approchai de lui pour prendre ses mesures. Plus vite ce serait terminé, mieux ça vaudrait. Les bras, le cou, la poitrine, le ventre, les jambes, tout y passa. Si bien que j’eus fini en quelques courtes minutes. Tout était noté sur ma feuille. Je me tournai vers lui en souriant. « Vous pouvez vous rhabiller, j’ai ce qu’il faut. » Ne me restait plus maintenant qu’à me consacrer aux costumes. Ah, mais il fallait peut-être que je lui explique quel allait être leur concept. Heureusement pour lui, je n’avais pas pensé à trop extravagant. Du moins, je l’imaginai.

▬ Phora & Till ▬

Comme prévu, je devais donc me désaper. Autant faire ça le plus vite possible. Je retirais donc bottes, chaussettes, pantalon, t-shirt et veste. J’étais en boxer, noir, pied nu dans un atelier de couture. Rien d’exceptionnel en soi, c’était même moins gênant que d’ordinaire. Moins de monde me gravitait autour. Si je n’étais pas détendu, la chose ne me stressait pas outre mesure. J’étais devenu un habitué de l’exercice. En plus, cette fois, je gardais mon sous-vêtement. Quand Phora revint j’étais à être mesuré sous tous les angles mais elle eut un moment de flottement. C’était flatteur et puis j’étais fier, un peu… Faire cet effet là à des capitolins pur jus, j’adorais. Pas de chirurgie, que dalle, j’étais authentique, de quoi rendre dingue les autres modèles. Oui, d’accord, j’étais un peu orgueilleux sur le coup mais qui ne le serait pas ? Elle se mit pourtant au travail, ce qui n’était pas pour me déplaire, j’me sentais quand même mieux avec des vêtements sur le dos. « Vous pouvez vous rhabiller, j’ai ce qu’il faut. » Parfait ! Je renfilais donc pantalon, et tout le tralala. Je n’y entendais rien moi en couture. Je n’étais d’ailleurs pas manuel quand j’étais tout gamin. Jusqu’à ce que je mette les pieds au District 6 avec ma mère et que je mette la main à la pâte. Avant ça, je n’avais jamais rien foutu de mes dix doigts. « Vous êtes plus rapide que tout ceux qui m’ont examiner sous toutes les coutures jusqu’à maintenant. »

Il me sourit, apparemment non mécontent de ne pas rester dénudé outre mesure. Il enfila son pantalon et ne tarda pas à passer au reste. « Vous êtes plus rapide que tous ceux qui m’ont examiner sous toutes les coutures jusqu’à maintenant. » Je lâchai un petit rire. Je ne voyais pas en quoi il fallait traîner des heures pour prendre des mesures. Déjà, ça ne servait à rien, et surtout, la personne risquait d’avoir froid, voire d’être gênée. Je secouai la tête. « Il n’y a pas besoin d’une heure pour mesurer le bras de quelqu’un. Ces personnes ne devaient pas être bien compétentes, si vous voulez mon avis. » Je n’étais pas fâchée, juste blasée. Mais j’avais toujours mon sourire, il ne me quittait pas sans une bonne raison. Bon, explications des costumes ! Je posai mes fesses sur la table, bloc-notes contre moi. « Alors voilà ce à quoi j’ai pensé… Mes costumes à moi, pour cette année, seront sur le thème de la danse. J’aurais tous les jours une robe type ballerine d’une couleur différente, sûrement accordée à mes cheveux. Collants blanc, chaussures assorties, bref, je vous épargne les détails. Du coup, pour vous, je me suis dit que vous pourriez avoir un pantalon et une veste blanche, avec une chemise en-dessous de la même couleur que ma robe, donc différente chaque jour. Vos cheveux, j’ai dit que je n’y touchais pas, mais si vous acceptez les accessoires, un haut de forme blanc ne serait pas trop mal. Si vous n’en voulez pas, je ne m’en formaliserais pas. » Tout sourires, je finis ma tirade. Bon, il n’y avait que sa chemise qui serait assez voyante, quoi qu’à moitié cachée par sa veste. Ce n’était pas trop demandé, si ?

▬ Phora & Till ▬

« Il n’y a pas besoin d’une heure pour mesurer le bras de quelqu’un. Ces personnes ne devaient pas être bien compétentes, si vous voulez mon avis. » Aaah… Si seulement tous les stylistes pouvaient l’entendre, ça me ferait des vacances. Genre… Des longues. Et puis maintenant, ils devaient presque tous avoir mes mesures à force. Non ? Est-ce que ce genre de truc traînait dans les potins ? Bonne question. Je n’étais pas très potins. Je n’en avais même carrément rien à faire. Chacun sa vie. Je présume. Enfin, tout est relatif. « Alors voilà ce à quoi j’ai pensé… Mes costumes à moi, pour cette année, seront sur le thème de la danse. J’aurais tous les jours une robe type ballerine d’une couleur différente, sûrement accordée à mes cheveux. Collants blanc, chaussures assorties, bref, je vous épargne les détails. Du coup, pour vous, je me suis dit que vous pourriez avoir un pantalon et une veste blanche, avec une chemise en-dessous de la même couleur que ma robe, donc différente chaque jour. Vos cheveux, j’ai dit que je n’y touchais pas, mais si vous acceptez les accessoires, un haut de forme blanc ne serait pas trop mal. Si vous n’en voulez pas, je ne m’en formaliserais pas. » Je l’écoute, j’hausse un sourcil. Je suis en train d’imaginer tout ça. Le blanc, je survivrais oui, c’était pas gênant, la chemise qui flash aussi je survivrais quant au chapeau… Je n’avais rien contre. J’en portais parfois. « Non, je n’ai rien contre le haut de forme. J’aime les chapeaux en fait. » Certains aimaient teindre leur cheveux, moi, je changeais de chapeau. « Vraiment, ça me semble parfait. » Pour une fois que je n’avais rien à dire… « Bon… à la limite… une mèche ou deux, ça ne me gêne pas mais pas plus et petite la mèche teinte… » Normalement, ça partirait rapidement, surtout qu’il fallait en changer souvent. Je voyais que le manque de couleur sur moi la peinait un peu.