PRENOM(S) ϟ Rouge. Bien plus qu'une couleur primaire. La couleur de la provocation, de la haine comme de l'amour. La couleur de la guerre, du meurtre. Une couleur qui respire le sang comme la rose. La couleur de la contradiction, de l'ardeur et de l'interdiction. Une couleur énergique, pétillante, chaude, associée à l'enfer, à la luxure et aux Péchés. Rouge, c'est son prénom. Une envie de la part de sa mère, une acceptation de son père. Il parait qu'à sa naissance, le Rouge était tendance, au Capitole. Envy. Un Péché cette fois. Moins utilisé que Rouge, le prénom est souvent résumé à un 'Env !' lancé à tout hasard. Envy, c'est l'Envie. L'Envie de quoi ? ; NOM ϟ O'Mara. Assez connu au Capitole puisqu'il est souvent affiché sur les écrans des cinémas et sur les affiches. Connu grâce aux maisons que fait construire son père ainsi que l'entreprise O'Mara ; DATE DE NAISSANCE & AGE ϟ 30 avril, 19 ans ; DISTRICT ϟ Elle ne ressemble en rien aux Capitolines. Mais elle y a toujours vécu. ; METIER ϟ Actrice et Styliste quand l'envie lui prend ; SITUATION CIVILE ϟ Célibataire ; ALLEGEANCE ϟ Pro-rébellion. Les Jeux, ce n'est pas pour elle. Le sang non plus, d'ailleurs. Rouge n'a jamais aimé cette odeur acide d'autorité. ; GROUPE ϟ PUPPET'S HEADMASTER ; CREDIT ϟ Tumblr - Livejournal

QUE PENSEZ-VOUS DU CAPITOLE ? ET DEPUIS L'ATTENTAT ? Le Capitole, comme ça, vu de loin par les gens des Districts, il vend du rêve. Or, argent, diamants, bronze ! Tant de beauté, de noblesse, de couleurs. Sans oublier l'absence d'obligation concernant les Jeux. La richesse éternelle. Le Capitole vend du rêve. A l'intérieur, c'est autre chose. Dedans, c'est un ring, une course perpétuelle aux honneurs, à la reconnaissance. Les gens changent d'humeurs et de couleurs pour eux, pour les autres. Surtout pour les autres. Dedans, il faut plaire. Si tu ne plais pas, tu es jeté, ignoré, nié. Si tu ne plais pas, tu n'existes pas. Le Capitole vend tout, sauf du rêve. Il vend de la trahison, du poison, de la haine et des larmes. Peut-être le Capitole devrait-il libérer les Districts s'il tient à sa peau.
QUEL EST VOTRE AVIS SUR LES JEUX ? Les Jeux, Rouge n'a jamais aimé ça. Habitante du Capitole, elle devrait s'émoustiller devant son grand écran, battant follement des mains face aux visages de ces jeunes courant vers la gueule des Enfers. Les Jeux, c'est mal. C'est horrible, même. Et dire que certains regardent ces atrocités en bouffant leurs céréales du matin... Rouge s'est souvent demandée ce qu'il se produirait si on enfermait vingt-quatre personnes du Capitole dans une arène en leur donnant, pour armes, des objets insignifiants de la vie de tous les jours. Là, ça pourrait devenir marrant.
RÉCEMMENT, LE CAPITOLE A SUBI UN ATTENTAT LORS DE LA FÊTE DU PRINTEMPS. QU'EN PENSEZ-VOUS ? L'attentat lui a fait peur. Elle a vu des gens, des amis, courir dans les rues, crier, fondre en larmes. L'attentat lui a fait peur. L'idée de venir lui est montée dans la gorge. Elle s'était cloîtrée chez elle, attendant son heure finale qui n'arrivait qu'à reculons. Pourtant, l'attentat, elle l'avait attendu comme une gamine attendant minuit, assise devant un paquet en papier glacé gros comme une maison, sous le sapin artificiel. Elle l'avait espéré, l'attentat, comme un détenu espère encore retrouvé sa liberté. Et pourtant, pour tout avouer, elle était morte de trouille, roulée en boule devant sa fenêtre. Pourtant, l'attentat, c'était bien fait pour sa gueule, au Capitole.
QU'AURAIS REPRESENTE OU REPRESENTERAIS POUR VOUS DE PARTICIPER AUX JEUX ? Une mort lente et certaine ? Rouge n'aurait probablement pas survécu longtemps entre les quatre murs invisibles de l'arène. Rouge ressent la même chose que tout le monde - presque tout le monde - face à la question. C'est la peur qui nous dévore les tripes.
QUELS SERAIENT OU A ETE OU AURAIENT ETE VOS ATOUTS DANS L’ARENE ? Peut-être le silence. Le fait de savoir se taire, de ne pas faire du bruit. De plus, Rouge a toujours été une joueuse exceptionnelle au cache-cache. Quand elle était petite, elle faisait durer la partie pendant des heures jusqu'à ce que les autres enfants jettent l'éponge et qu'elle sorte, agile, d'un endroit inaccessible. Mais on ne peut pas se cacher indéfiniment.
QUEL SERAIT L'OBJET PERSONNEL QUE VOUS EMPORTERIEZ DANS L’ARENE ? Une photo. Une bête et stupide photo prise lors d'une fête où on la voit souriante, les joues légèrement rosées par l'alcool, accrochée au bras de son ami Jerk.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA SPECIALISATION DE VOTRE DISTRICT, DE VOTRE NIVEAU DE VIE ? Conditions de vie miraculeuses, exceptionnelles, amazing ! Que dire face au Capitole ? La nourriture y coule à flot, les vêtements sont fait en un claquement de doigts par les meilleurs stylistes de Panem. La vie est chère mais l'argent ne manque jamais. Le Capitole est l'endroit du rêve, là où tout devient possible.

Jerk – Elle est adorable. Et charmante. Et douce. Et…
Rouge – Oh, la ferme !
Jerk – Et vulgaire.

La salle éclate de rire ainsi que le présentateur. Rouge roule des yeux d’un air ennuyé, rejette négligemment une poignée de mèches blondes derrière son épaule – chose que son coiffeur lui a vivement déconseillé de faire pour ne pas abîmer sa coupe de cheveux – et son visage se fend d’un immense sourire. Son partenaire, Jerk, la regarde et elle lui adresse un clin d’œil complice en fronçant son nez. C’est un geste qu’elle n’offre qu’à lui seul. Parce qu’au fond, elle l’aime bien. Elle l’adore, même ! La jeune fille reporte son attention sur le présentateur de l’émission. Sheen Millyghan. Un petit homme aux cheveux vert pomme plaqués en arrière, coincé dans un costume à paillettes roses, maquillé comme un perroquet, un sourire aux reflets d’or placardé sur sa petite face de rat. Il est absolument ridicule. Remarque, personne n’est parfait. Personne n’échappe à la mode du Capitole. Et le styliste caché derrière l’accoutrement du présentateur a tout simplement mauvais goût.

Sheen – Et pour vous, Rouge ?
Rouge – Jerk est un abruti doté d’un cœur plus gros que son cerveau.

Le coup l’atteint dans les côtes, lui arrachant un rire clair. Elle lève le menton pour se donner une allure fière et arrogante. Elle jette un regard en direction de son partenaire et sourit de plus belle.

Rouge – Non, plus sérieusement. Épousez-le ! Il est fait pour ça, mesdames. Il saura vous inonder de son amour de Labrador et vous étouffer dans ses bras sous le coup d’étreintes.

Des filles sifflent, hurlent. Rouge jugerait presque que d’ici une dizaine de secondes, Jerk héritera d’un soutien-gorge argenté ou doré ou encore pailleté. Et après, il dira encore que c’est elle qui le plus de popularité au sein du public.

Sheen – Un défaut ?
Rouge – Il est susceptible. Et rancunier. D’ailleurs, Sheen, je peux vous dire qu’à cet instant précis, je crains pour ma vie. Qui sait ce qu’il me fera après, dans les coulisses !

Rouge exagère chacun de ses gestes, chacune de ses expressions. Elle n’était pas actrice pour rien, après tout. La salle rit de nouveau. Est-ce qu’ils sont payés pour ça ou est-ce qu’ils trouvent vraiment la remarque drôle ? Rouge s’est toujours posé la question. Ca fait partie d’elle, le fait de se poser des questions. Combien de fois s’était-elle attardée et abrutie devant le fonctionnement d’une fermeture éclair ? Elle trouvait ça passionnant, cette manière d’être ouvert, de disparaître et de revenir fermé. Qu’est-ce qu’il se passait, à l’intérieur de ce carré de métal ou de plastique ?

Jerk – Après, je t’emmène manger.
Rouge – Ah ! J’oubliais ! Il aime manger ! Il n’a fait que ça pendant le tournage : rester accrocher à la table du buffet quand il avait un moment de libre.

Ils ressemblent plus à un duo comique qu’à un couple d’acteurs. D’ailleurs, ils ne sont même pas en couple. Le couple, c’est juste un fantasme d’adolescentes, rien de plus. Une rumeur vague et des photos qui les montraient riant et se promenant ensemble. Ce qui ne voulait strictement rien dire, au fond. Ils étaient amis, d’accord ? Juste amis. Rouge décroche de la conversation qui se joue maintenant entre Sheen et Jerk. Elle regarde le plateau, distraitement, avec stratégie, parce qu’elle doit montrer une figure attentive. Elle voit les gens, dans les coulisses, là-bas. Les gens de la régie, les maquilleuses qui regardent, prêtes à intervenir pendant la publicité. Avec tout le maquillage, toutes les couches de fond de teint et d’ombres à paupières qu’elles lui ont collé sur le visage, Rouge doute qu’elles auront à intervenir. Elle se sent sale, ceci dit. Comme si la chaleur produite par les grosses lampes les éclairant faisait fondre le maquillage. Ah ! Quelle horreur !

Sheen – … choisie pour les prochains Hunger Games, Rouge ?

Choisie pour les prochains Jeux ? Qu’est-ce que tu racontes, Sheen ? C’est n’importe quoi ! Le Capitole ne participe pas directement aux Jeux ! Le Capitole, il regarde. Il bave sur les jeunes personnes destinées à mourir. Il se creuse la tête à la recherche d’une arène plus cruelle encore. Une arène plus déroutante, plus dangereuse, plus sadique que les précédentes. Une arène qui, de toute évidence, ne servira qu’une seule fois. Rouge n’a jamais aimé les Jeux. A chaque mort, son cœur implosait dans sa poitrine. A chaque coup de canon, elle se rappelle que ça aurait pu être elle, là, sous les projecteurs, au centre d’une arène, si elle était née ailleurs qu’au Capitole. Si elle était autre chose qu’une fille pourrie par les cadeaux couteux et inutiles de parents trop souvent absents.
Papa, j’ai eu le premier rôle !
Désolé, ma chérie, mais je dois encore finir les plans de cette maison.
Maman ! Il m’a dit qu’il m’aimait ! Il l’a dit, il l’a dit !
Génial, trésor. Mais je dois ab-so-lu-ment finir la robe de Madame Rosemary.

Rouge – Pardon ?
Sheen – Quel effet cela vous fait-il d’avoir été choisie, en tant que styliste du District Quatre, pour les prochains Hunger Games ?

Choisie. Styliste. District quatre. Hunger Games. Effet. Qu’est-ce qu’elle pouvait répondre à ça ? Que ça ne l’enchantait pas ? Qu’elle adorait la mode, qu’elle avait des idées plein la tête, mais que ça la rendait malade d’habiller de futurs cadavres, qu’ils soient de Carrière ou non ? Qu’elle priait pour que ces Jeux n’aient jamais lieu d’être, que l’arène soit détruite, entrainant l’annulation des Jeux ? Tout ça ne rimait avec rien. Elle avait elle-même donné sa candidature pour le District Quatre. Elle se contenta d’afficher son plus beau sourire alors que la main de Jerk attrapait la sienne et la serrait. Bien sûr. Il savait lui, qu’elle n’aimait pas les Jeux.

Rouge – Je suis… Abasourdie. Sans voix !
Jerk – Elle a déjà commencé à dessiner. Le garçon du Quatre ne connaitra jamais de meilleure styliste qu’elle !

Rouge roule une énième fois des yeux.

Rouge – Il dit n’importe quoi.
Jerk – Ah ouais ?
Rouge – Parfaitement. Il y a meilleur que moi.
Jerk – Oh ! Tu recommences à faire ta modeste !
Rouge – Je ne vois absolument pas de quoi tu parles.

C’est de la fausse modestie. Elle fait semblant de ne pas être concernée par le compliment mais au fond, bien au fond, ça la flatte quand même pas mal. Sheen toussote, histoire de ramener le calme au sein de la conversation avant que l’un ne tue l’autre. Même si Rouge sait qu’elle ne pourrait jamais tuer Jerk. Elle se contente juste d’une tape amicale sur le nez de son ami.

Sheen – Vous rendez-vous compte, Rouge, que vous serez probablement la plus jeune des stylistes ?
Rouge – Je ne pense pas que l’âge joue un facteur clef. On s’en fout de l’âge ! Du moment qu’avec dix doigts, on est capable de coudre pour créer une tenue exceptionnelle, l’âge n’a aucune importance.
Sheen – Et d’où tenez-vous ces doigts de fée ?
Rouge – De ma mère.
Sheen – Ah ! La maison de Haute Couture signée Ramsay !

Ramsay. Le nom de jeune fille de sa mère. Rouge sourit. Rouge se montre fière de sa mère, de ses robes, de ses jupes, de ses chemisiers, de ses costumes. Rouge s’en fout. Si elle a appris la haute couture, ce n’est pas avec sa génitrice mais plutôt avec son assistante, Halley. Quand sa mère, débordée par les commandes de clientes envahissantes, confiait son unique gosse à Halley, c’était à ça qu’elles passaient leur temps. Coudre, c’était comme une seconde nature pour Rouge, après le cinéma. Sa mère ne l’a jamais vraiment vue, au fond. Tout comme son père. Entre les fêtes, les inaugurations de son père, les défilés de sa mère, les heures qu’ils passaient dans leurs bureaux, Rouge n’aura connu que la nourrice. Et les assistants.

Sheen – Et bien, mesdames et messieurs, nous allons conclure ici.

Jerk se lève en même temps que Sheen et, en parfait gentleman, aide Rouge à se lever. Rouge repart en mode sourire. Jerk aussi.

Sheen – Mesdames et messieurs, applaudissements à Jerk Jookor et à Rouge O’Mara !

S’incliner, saluer, embrasser Sheen une dernière fois et repartir en tenant la main de Jerk. Tout ça s’enchaîne rapidement. Dans les coulisses, Rouge arrête de sourire comme une pauvre oie blanche sous les feux des projecteurs. Ses pieds, enfermés dans une paire de talons ridiculement hauts, la font souffrir. Si elle devait être un garçon, ce serait pour porter des chaussures plates en permanence. Rouge n’aimait pas les talons. Ou du moins, pas ceux qui dépassaient les dix centimètres. Au moins, le garçon du District Quatre n’aura pas à connaître cette douleur. Jerk passe un bras sur ses épaules et l’entraîne au travers des félicitations du personnel vers l’extérieur.

Rouge – Ils n’avaient peut-être pas tort.
Jerk – Sur quoi ?
Rouge – Sourire trop longtemps, ça fait mal.

Il la pousse d’un coup de hanche et part dans un éclat de rire. Elle ne résiste pas longtemps à la tentation de sourire, malgré le picotement enflant dans ses joues. Jerk a comme un super pouvoir : il la fait sourire même quand elle ne veut pas. En même temps, Rouge passait son temps à sourire.

Jerk – On va manger ?
Rouge – Seulement si c’est toi qui invite.