La fête du Printemps était un évènement tant préparé dans les districts et -dans la plupart- très attendu, le deux ne faisait pas exception. Elle n'était pas célébrée de façon aussi extravagante que dans la Capitale, la musique n'empêchait pas les conversations, mais les districts pauvres auraient envié les décorations luxueuses qui étaient présentes. Tous les habitants s'étaient parés d'une de leurs plus belles tenues, les avaient agrémentés de bijoux provenant du district un et affichaient désormais une mine franchement réjouie en contemplant les festivités à venir. Cette spring celebration là, promettait d'être unique, de celles que l'on se souviendrait longtemps. Surtout avec la mise en place d'un tirage au sort, permettant à des « élus », des simples habitants de Panem, d'être sur place, en chair et en os, au Capitole. C'était du jamais vu, complètement inédit, les gagnants de la loterie avait beaucoup de chance d'avoir pu se déplacer jusque là-bas pour l'occasion. Mel aurait aimé, mais elle n'avait malheureusement pas été choisie, la chance n'avait pas été de son côté cette fois.

Melanie ne se sentait pas tout à fait à sa place parmi la foule. Malgré qu'elle connaisse quelques personnes, plus ou moins de vue, sa nature indépendante et quelque peu solitaire lui donnait envie de prendre ses jambes à son cou, d'autant qu'elle n'avait personne de proche avec qui célébrer dignement. Bien sûr, lorsqu'on lui adressait la parole elle répondait avec enthousiasme, montrant elle aussi sa joie d'être présente pour fêter la venue du printemps. Elle balaya les lieux du regard, cherchant quelqu'un qu'elle pourrait rejoindre et avec qui elle pourrait bavarder de ce jour festif, mais ne vit aucun ami. Il y avait trop de monde, trop de bruit -sans musique, les gens se permettait de parler sans gêne, cela lui embrouillait l'esprit et elle ne reconnaissait personne parmi tout ces froufrous et ces bijoux scintillants. En vérité, elle avait la tête ailleurs. Elle pensait aux prochains Hunger Games qui ne devrait pas tarder à pointer le bout de leur nez, emportant avec eux encore des victimes des divertissements capitolins. Des familles seraient en deuil durant plusieurs jours, plusieurs mois, et certainement plusieurs années, tandis qu'une seule au sein de tout Panem serait heureuse, soulagée, festive, accueillant le Vainqueur -riche- de cette édition toute aussi sanglante que les précédentes. Les Hunger Games, la solution pour maintenir la paix parmi les peuples.

Le silence se fit tout à coup, plus personne ne parlait, plus personne ne bougeait, le temps semblait s'être arrêté. Les écrans téléviseurs allumés montraient auparavant tantôt les gagnants de la loterie, tantôt les Vainqueurs des arènes précédentes, et désormais c'était le président Caïus Swow qui surplombait toute la population. Les citoyens du deux se dispersèrent par petits groupes au devant de chaque écrans géants présents sur la place, Melanie suivit le mouvement. Elle observait le comportement de la foule, tous ouvrait de grands yeux, bavant presque par avance du discours qu'allait prononcer Snow, en direct de la capitale. Il tapota dans le micro pour vérifier le son, un grésillement se fit entendre qui vint tinter dans les oreilles et faire grincer les dents. Il commença son discours. Il le commençait toujours de la même façon, l'accompagnant comme d'habitude par un court film précédé de "Souvenons-nous". Il continua tout de suite après, de la même voix envoûtante qu'il utilisait toujours, rendant toutes les oreilles de Panem attentives au moindre de ses mots. Mais Melanie balayait la foule du regard à la recherche d'un visage familier à rejoindre, ainsi certaines de ses paroles se perdirent en chemin avant d'atteindre son esprit.

snow • Souvenons-nous chers concitoyens, rappelons-nous d'eux et de leur sacrifice, c'est grâce à leur mort, à leur victoire que Panem est une nation en paix, administrée justement. Les évènements tragiques ayant eu lieu lors de l'Expiation ont ravivé la colère et la tristesse de chaque personne ayant perdu un proche au cours des Jeux. Je le comprends. Je vous comprends.

Les paroles de Snow ravivèrent des souvenirs à Melanie. Maxence. Des souvenirs qui la percutèrent de plein fouet, en même temps que les derniers mots du (ô) Grand Président de tout Panem. Je vous comprends. Ah ah ah ah ah, Melanie faillit éclater de rire, mais cela aurait été mal perçu parmi son entourage. Lui, comprendre la douleur, la tristesse, la colère, éprouvées lors de la perte d'un proche, d'un ami, d'un membre de la famille ? Si c'était le cas il n'y aurait plus de Jeux de la Faim depuis un bon siècle, voire deux ! Sans aucun doute, elle savait que ces mots avaient provoqué la même réaction chez d'autres personnes.

snow • Aujourd'hui sera le jour qui marquera la disparition des Hunger Games.

Pa... PARDON ? Avait-elle bien entendue ? Était-ce possible ? Plus de Hunger Games, plus jamais ? Plus de morts, plus de tributs, plus de moissons, plus de vainqueurs ? Était-ce vraiment possible ? Ce ne pouvait qu'être une blague de mauvais goût. Et pourtant, Caïus Snow avait vraiment l'air sérieux. Tout le monde se mit à chuchoter, elle vit du coin de l'oeil les pacificateurs prêts à remettre le calme parmi la population, mais ils n'en eurent pas besoin, déjà le président reprenait la parole.

snow • La liberté vous est désormais of...

Une explosion assourdissante coupa net la conclusion tant attendue de Snow. La première réaction de Melanie fut de se demander la fin de sa phrase, La liberté vous est désormais of... of quoi ? Bon dieu, of quoi ?! Que comptait-il leur offrir sur un plateau d'argent ? Mais la foule paniquée de voir le Président disparaître de derrière son pupitre et les écrans se brouiller, ne laissèrent pas le temps à Melanie de se préoccuper de ça. Les questions se bousculaient de partout, Où était le président ? Comment allait-il ? Était-il mort ? Si c'était le cas, où était son corps ? Pourquoi avait-il disparu ? Qu'elle était l'origine de cette détonation ? Ou plutôt qui en était l'origine ? Qu'allait-il se passer désormais ? C'était aussi des questions qui prenait place dans son esprit, mais tout se passait très vite, les actions s'enchaînaient, pas le temps de réfléchir à ce qui venait de se passer. Une voix s'éleva au dessus des autres, Melanie ne la reconnue pas.

• Un attentat contre le Président! ILS L'ONT TUÉ!

Un attentat ? Encore une fois, elle se demandait était-ce possible ?, elle devait être en train de rêver, ça ne pouvait être que ça. Qui était assez fou pour s'en prendre à Snow ? Et qui était concerné lorsque l'homme disait ils l'ont tué. Ça fit tilt, ils étaient les gagnants de la loterie, les heureux chanceux, présents au Capitole, assistant en réel, en direct, au grandiose discours du maître de Panem. Et tout de suite après la première voix clamant l'attentat, une autre rompit la cohue de blabla, celle d'un pacificateur peut-être.

• NOUS SOMMES EN GUERRE! La guerre est déclarée!

On pouvait discerner sur les visages, des expressions inquiètes quant à la suite des évènements, des visages paniqués, mais aussi des personnes déterminées, quelqu'un ou plusieurs personnes avaient attaqué le président, c'était le moment ou jamais de montrer à quel point le district deux était dévoué au Capitole, ses habitants sauraient se montrer à la hauteur et solidaire face à cet affront ! Coincée parmi la foule, coincée entre ces discours unis au capitole, favorables aux hunger games et ennemis des gagnants de la loterie -car c'était les premiers suspects de l'attentat, on ne pouvait imaginer qu'un Capitolin ait osé tenter (et réussir) de tuer le président de Panem, Melanie ne pouvait qu'assister impuissante à la scène qui se déroulait devant ses yeux. Une scène qui allait profondément être gravée dans l'histoire de Panem.