PRENOM(S) ϟ Darcy, Dakota ; NOM ϟ Cox ; DATE DE NAISSANCE & AGE ϟ 10 mars – 17 ans ; DISTRICT ϟ District 4 ; METIER ϟ pas d’occupation réelle, ni de grandes expectatives quant à son futur, la pauvrette ; SITUATION CIVILE ϟ amoureuse d’un canoë kayak ; ALLEGEANCE ϟ PRO-CAPITOLE ? Mais t’es malade mon pote, jamais on me fera enfiler autant de froufrous à paillettes, c’est des connards ! Je suis pour l’EXTERMINATION ; GROUPE ϟ Compte tenu de l’âge, plutôt sacrified lamb ; CREDIT ϟ memorial fox

QUE PENSEZ-VOUS DU CAPITOLE ? J’pense que le Capitole mérite de tomber aux mains des rebelles en deux trois mouvements et d’aller direct dans une grosse arène pleine de machins qui torturent jusqu’à ce qu’ils crèvent tous jusqu’aux derniers ! Je veux voir ces guignols à strass dans mon écran de télévision et dégager en piaillant devant la première mutation génétique ! Je les vois très bien gambader à travers champs avec leurs stupides talons aiguilles ! Et si y’a un peloton d’exécution, je me mettrais à genoux, à genoux (si tu vois c’que je veux dire) pour participer au massacre mitraillette en main.
Enfin je te garderais peut-être toi, Flickerman, parce que t’es mignon et j’aime bien ton sourire ; tu ferais super joli dans mon salon. C’est quoi ta couleur de cheveux naturelle ?
QUEL EST VOTRE AVIS SUR LES JEUX ? J’ai pas peur des jeux.
Okay peut-être qu’en situation réelle je me ferais pipi dessus mais là n’est pas la question. Si je dois y aller, qu’importe, j’arracherais les yeux de tout ce qui bouge jusqu’à ce que l’un d’entre eux s’avère plus fort que moi. Le seul problème, c’est que Wash se porterait sans doute volontaire pour y aller avec moi, et allez vous occuper de cette petite tapette dans une arène mortelle. Il sait même pas décortiquer les haricots verts.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA MORT D'ARABELLA EVERGLADE ET DE SON MARI ? C’EST RÉVOLTANT ! La seule touche de glamour de l’émission, quoi ! Et puis bon, faut penser au gosse. Mais cette absence de vainqueur est la meilleure chose qui nous soit arrivé. Il est temps que les gens comprennent qu’il ne tient qu’à nous de nous bouger un peu les fesses et de traquer l’ennemi endimanché comme il se doit. Pas sûr que Snow soit très endurant, à force de bouffer des cupcakes dans son hôtel particulier.
QU'AURAIS REPRESENTE OU REPRESENTERAIS POUR VOUS DE PARTICIPER AUX JEUX ? Après les premières terreurs nocturnes passées, je pense que je serais assez fière de représenter mon district ; à condition que je crève pas dans les deux minutes parce que je veux choper une gourde à la corne d’abondance, on est d’accord. Mais comme je trouve le jeu absolument révoltant, benh, je réponds comme une pauvre bipolaire, cool. BON OKAY J’AURAIS UN RUSH D’ADRÉNALINE.
QUELS SERAIENT OU A ETE OU AURAIENT ETE VOS ATOUTS DANS L’ARENE ? Je suis bête comme mes pieds et je fais 1m60, mais je me défends bien avec mes ongles et mes dents, j’arrive à éborgner les connards avec des hameçons et je suis sûre que je peux défoncer le crâne d’un abruti si on me met une rame entre les mains. J’dirais que je me défends pas mal avec un couteau. Sinon j'peux vendre mon corps pour la vie sauve. Mais je préfère pas m’avancer avant d’avoir été moissonnée, hein.
QUEL SERAIT L'OBJET PERSONNEL QUE VOUS EMPORTERIEZ DANS L’ARENE ? Un truc que Wash ne manquerait pas de m’offrir avec ses économies de petit bourgeois, j’imagine. Sinon, une barrette. Les bouclettes de caniche dans la figure quand faut dépecer un petit carrière, c’est pas top.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA SPECIALISATION DE VOTRE DISTRICT, DE VOTRE NIVEAU DE VIE ? Le poisson se vend bien alors il PARAIT qu’on est un des districts les plus riches. Nos candidats ont toujours de la nacre sur la gueule pendant les cortèges. Bah que ce soit le fric ou la nacre, j’en ai pas beaucoup vu chez moi.

Y’a des gens comme ça, ils me trouvent conne sans même me connaître. Ils se décident sur un coup de tête, après à peine un regard, au détour d’une ruelle ou d’un couloir, de loin au creux d’une barque ou de près perchés sur un ponton. Ils interceptent un détail, mémorisent un hurlement, jugent sur une broutille, et dans leurs têtes de linottes je suis soudain Darcy, le caniche décérébré.

On peut dire que j’ai révolutionné l’image un peu plan-plan de ma famille, si vous voyez ce que je veux dire. Avant, on respectait vaguement les Cox parce que mon père était connu dans la ruelle pour vider les poissons plus vite que son ombre, mais c’était une réputation de petite échelle, un phénomène de bébé foire - enfin ma mère lui a quand même tricoté un prix de rapidité qu’il a cloué dans le mur de notre pièce à vivre. Maintenant ils sont plutôt renommés pour la petite vertu de leur progéniture – j’ai nommé moi -, et ça les fait pas beaucoup rire ; mais je m’en tape, les gens pensent ce qu’ils veulent, moi je suis généreuse, j’aime m’ouvrir à toutes les personnes qui ont besoin de consolation. On peut même dire que je suis une guérisseuse de l’âme, ouais. Ouais, une guérisseuse de l’âme, ça passe grave bien.

J’étais pas une très jolie petite fille et puis je sais que j’ai l’air d’un rat, mais j’ai toujours eu beaucoup d’amoureux.

Je dois présenter. Il y a mon frère, Jaya, qui est une petite frappe comme on en fait plus, et dont le rêve premier est d’attraper un requin à mains nues ; mon père et ses poissons, sa coquille de noix en forme de bateau et la masure qu’il essaie de garder sur nos têtes ; ma mère, qui atteint des sommets en terme de cuisine rustique, et rêve de me voir mariée avant mon vingtième anniversaire, dans le cas où je ne serais pas moissonnée d’ici là ; deux ou trois bambins qui s’accrochent à ses jupes et parlent à peine, parce qu’on a pas assez de bouches à nourrir – Simon, Gaspard, Gypsy -, et puis il y a Wash.

Wash est vraiment la pire tapette du monde. Je l’avais juste un peu remarqué à l’école, petite, parce qu’il fixait tout un chacun avec ses grands yeux d’animal blessé, ses yeux de sacrifice humain, et sursautait à chaque fois qu’on lui adressait la parole ; parfois je lui passais derrière en lui faisant « BOUH » juste pour voir quand est-ce que son petit cœur de bichette lâcherait. Mais le jour où je lui ai vraiment parlé, c’est quand je l’ai retrouvé dans ma cuisine en train de manger nos rares gâteaux au gingembre dans les jupons de ma mère déjà amoureuse parce que monsieur s’était perdu en rentrant chez lui.
Et donc c’est une raison pour bouffer nos gâteaux ?!

Phyllis lui caressait les cheveux avec ses mains calleuses, et son visage de fille, ses petites épaules, elle roucoulait sans arrêt qu’il pouvait revenir quand il voulait, qu’il était le plus adorable des enfants ; qu’il était poli (lui), et qu’il faisait honneur à ses petits gâteaux avec sa mine gourmande ; et il subissait les câlineries sans trop parler, sans trop réagir, la bouche enmiettée, les yeux baissés sous ses cils papillons, alors il a bien fallu que je devienne son amie et que je pète la gueule des connards qui l’embêtaient. Il était vraiment mignon. Et il partageait les biscuits même quand j’étais punie.

J’aime caresser Wash parce qu’il est toujours soyeux, soyeux comme un agneau. Ses cheveux trop longs, sa peau de bébé, même la saillie aigue des os qui roulent jusqu’au creux de son dos comme des perles opalines. J’aime les attaches fines et féminines de chacune de ses fragiles articulations et la grâce de princesse qu’il a imprimée aux traits mobiles de son visage mélancolique ; j’aime même qu’il ait toujours l’air triste, triste et mourant, toujours sur le front une barre de réflexion que je suis incapable de comprendre mais embrasse et délace. J’adore surtout meurtrir sa toute frêle silhouette dans mes bras féroces, - l’entendre un peu geindre, un peu gigoter -, peser de tout mon poids sur sa chétive cage thoracique et sentir ses côtes contre ma chair quand je l’étouffe contre moi pour lui montrer à la dure que je l’aime.

Attention je l’aime pas d’amour, c’est pas mon copain, Wash. C’est pas parce qu’on baise et qu’on est toujours ensemble et que je bute les archaïques poissonnières qui oseraient souiller sa tendre petite personne qu’on va se marier. Moi j’m’en fous. Wash c’est mon frère et mon ami et mon père et mon cœur et mon petit animal. Il est à moi.
Il a toujours, toujours fallu le défendre contre tout ; parfois contre son gré, mais le pauvre amour est si inutilement malingre, précaire, ténu, vulnérable, qu’il n’aurait jamais dépassé l’âge de dix ans sans que je lui trace le passage avant. Il n’a rien à foutre dans un district, même fils de marchand, il devrait être dans le cocon multicolore du capitole pour qu’on le nourrisse avec un bras robotique et qu’on lui donne des bains aux bulles de lys. Mais enfin lui au moins a une cervelle en état de marche et c’est parfois très utile. Je sais pas exactement comment on fonctionne, je sais pas exactement comment on avance, mais au moins on est tous les deux ; sans doute que je préfère Wash à mes propres frères et sœurs. Sans doute que je le préfère à tous et c’est horrible à dire.

D’abord je l’ai défendu à la petite école et ensuite c’est lui qui a rapporté de la bouffe à ma famille pendant les mauvaises périodes de pêche. Mon frère, mon père et moi on a juste une toute petite barque pour pêcher, et si notre commerce est moins cher que celui des vrais marchands, il est aussi beaucoup plus instable. Alors Wash s’est mis à piquer dans les stocks de son père avec la discrétion du troupeau de bisons, en se faisant choper et taper sur le coin de la figure tous les trois jours, mais enfin, il a nourri les bébés ; j’imagine qu’à un moment ou un autre, notre relation s’est un peu stabilisée, un peu contrebalancée, et que mon rôle de bouclier vivant s’est atténuée au profit d’un hybride d’alliance obsessive, un bizarre monstre d’affection aux accents extrémistes, l’amorphe créature aux yeux océaniques face au caniche gueulard. J’échoue à l’école, il fait mes devoirs, et ensuite on baise. Une fois on a essayé dans la petite barque mais avec les bancs taillés dans le bois c’était super galère.

La première fois, on avait à peine quatorze ans. J’ai dû me hisser à son balcon en me pendant au lierre chéri de sa génitrice, et gratter un quart d’heure contre la vitre pour qu’il émerge enfin. C’est bizarre d’ailleurs qu’une fillette du calibre de Wash sache assez bien s’y prendre ; au début, j’avais surtout peur de le tuer par inadvertance, ou de le castrer dans un mouvement brusque. Comme quoi, il est plus solide qu’il en a l’air.

Ses parents sont persuadés que j’ai une influence terrible sur lui et que je pourrais le tuer sous la charge atroce de ma vulgarité mais comme il s’en tamponne alors fort bien ; mes parents à moi sont amoureux de lui, et les mômes aussi, sauf Jaya, qui peut pas blairer sa petite gueule de tapette et menace toujours de lui défoncer la figure pour lui donner l’air un peu plus viril. J’imagine que c’est parce qu’il croit que Wash est le seul à profiter de la vertu de sa petite sœur - la BLAGUE - et qu’il aime les simulacres de tragédies familiales, mais bon, c’est pas comme si Jaya allait se rebeller contre l’autorité de Phyllis et faire mal à son petit préféré. En plus il est bien content quand pendant l’hiver Wash nous ramène des truites à tire l’arigot.

Jaya, c’est le type qui maudit le Capitole avec moi quand on est la mer, mais qui irait bien dans l’arène juste pour montrer aux carrières que lui aussi il a des muscles. C’est pas qu’on a été élevés à la dure, c’est pas qu’on a été éduqué pour être des bourrins, c’est juste qu’on a filé entre les doigts avides de Phyllis et qu’on est pas devenus des gens biens, à son grand dam ; à la limite on s’en fout, elle nous câline quand même. Elle a juste horriblement peur que notre grande gueule nous amène tout droit chez les Pacificateurs et qu’ils nous fassent sauter le caisson histoire de montrer l’exemple ; mais maintenant que la rébellion arrive, plus besoin d’avoir peur des guignols en blancs. J’pense qu’on sera en première ligne, et avec joie.

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