PRENOM(S) ϟ Grace Evelyn, mais plus souvent surnommée Evie ; NOM ϟ Ó'Bràdaigh; mon grand-père nous avait dit qu'il était d'origine Irlandaise, ce qui explique que nous soyons les seuls (à ma connaissance) à le porter ici ; DATE DE NAISSANCE & AGE ϟ Je suis née au début du printemps, quand la neige fondait sur le district 11, un 29 mars pour être plus précise. Et j'ai à présent 24 ans ; DISTRICT ϟ J'ai vu le jour dans le district 11, un des plus pauvres de Panem, celui de l'agriculture, où les vergers et les champs s'étendent à perte de vue, et je ne l'ai rarement quitté ; METIER ϟ Pendant la saison des récoltes, je me joins aux cueilleurs dans les vergers, et le reste de l'année je travaille comme aide et comme vendeuse dans l'une des boulangeries ; SITUATION CIVILE ϟ j'ai toujours eu beaucoup de succès avec les garçons, depuis que je suis toute petite, et je suis fiancée depuis six mois, et mon mariage est prévu avant l'hiver ; ALLEGEANCE ϟ J'ai toujours été indifférente aux tensions qui régnaient autour de moi, après tout, qu'est-ce qu'une faible femme pouvait y comprendre. Mais voir ma soeur dans l'arène, à devoir se battre pour sa survie m'a révoltée. Officiellement, je n'ai pas changé, mais au fond de moi, je me pose de plus en plus de questions sur les dirigeants de Panem et surtout, je refuse de voir mes futurs enfants devoir se battre comme des sauvages pour leur survie ; GROUPE ϟ Weakness is strengh ; CREDIT ϟ bannière (c) tumblr

QUE PENSEZ-VOUS DU CAPITOLE ? Pendant longtemps, je me suis pliée à ces règles, car je ne voyais pas l’intérêt de me révolter, pour risquer que notre district ne finisse comme le treize. Mais depuis que ma sœur a failli mourir pendant la 74e édition des Hunger Games, que tous ceux ayant participé à l’expiation sont morts, et que j’ai découvert que mon futur fiancé est un rebelle qui aimerait renverser les choses, je pense de plus en plus que moi aussi, j’aimerai faire quelque chose pour rendre les choses meilleures pour les districts les plus pauvres. Sans pour autant savoir comment m'y prendre.
QUEL EST VOTRE AVIS SUR LES JEUX ? Plus jeune, quand je risquais d’être tirée au sort, j’avais l’habitude de fermer les yeux et de prier très fort pour que ce ne soit pas moi. Depuis que j’ai dépassé l’âge maximum, je ne suis pas pour autant rassurée. Je sais que si un jour j’ai des enfants, ils risqueront aussi d’être désignés comme tribus, et que comme tous ceux du district 11, ils auront très peu de chance de s’en sortir face aux carrières. Même si ma sœur cadette est leur mentor. Et ne pouvoir rien y faire me révolte de plus en plus. Tout comme le fait de voir chaque année des jeunes se faire assassiner devant nos yeux, et que le Capitole trouve tout cela parfaitement normal, alors que ces jeux sont d'une cruauté sans nom.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA MORT D'ARABELLA EVERGLADE ET DE SON MARI ? Les expiations sont toujours pire que les éditions « normales », la dernière était tout aussi horrible. Forcer les gagnants, qui ont souffert pendant leur propre édition, ont du tuer pour mentir, à retourner dans une arène, et à se battre pour leur survie encore une fois était vraiment horrible, inhumain même. Le capitole a tout simplement tué vingt quatre personnes pour moi. Ce qui arrive à ce petite garçon, avoir ses deux parents morts, aurait été impensable à un autre temps, mais ne choque pas tout le monde actuellement. Depuis quand sommes nous devenus sans cœur ?
QU'AURAIS REPRESENTE OU REPRESENTERAIS POUR VOUS DE PARTICIPER AUX JEUX ? Dans un sens, gagner les jeux permet d’être riche, à vie, et de ne plus travailler comme tous les autres habitants de Panem. Mais, comme faisant partie du district 11, l’un des plus pauvres, je savais très bien que nous avions très peu de chances de remporter les jeux, contrairement aux jeunes du Un, du Deux ou du Quatre qui passaient leur adolescence à s’entraîner en vue de leur tirage au sort. Je pense que si j’avais été désignée comme tribu, je serais partie défaitiste, persuadée d’être tuée au cours des premiers jours. Participer aux jeux signifiait une mort assurée pour moi.
QUELS SERAIENT OU A ETE OU AURAIENT ETE VOS ATOUTS DANS L’ARENE ? Je n’ai jamais été tirée au sort, et heureusement, car je ne pense pas que j’aurai été capable de m’en sortir face à mes adversaires. Je ne suis qu’une frêle femme après tout. Je sais certes grimper aux arbres depuis que je suis toute petite, et je cours plus vite que certaines filles de mon âge, en partie à cause des parties de cache cache que nous faisions plus jeune dans les champs de maïs. Je ne pense pas que comme ma soeur, j'aurai pu essayé de séduire les carrières pour les mettre dans ma poche, j'aurai eu trop peur qu'ils ne m'égorgent dans mon sommeil. Je pense que je me serais cachée quelque part, en priant pour que tout le monde meure avant moi. Car je ne suis ni forte, ni impitoyable, ni capable de tuer quelqu’un de plein sang froid.
QUEL SERAIT L'OBJET PERSONNEL QUE VOUS EMPORTERIEZ DANS L’ARENE ? Je n'ai pas d'objets personnels, rien de vraiment à moi. Beaucoup de mes robes ont déjà été portées par ma mère. Mais pour que me rappelle qui je suis, et mes valeurs, je pense que j'aurai emporté le ruban bleu avec lequel j'attachais mes cheveux pendant chaque moisson, qui était un cadeau du fils du maire, le premier garçon à m'avoir embrassée à dix ans.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA SPECIALISATION DE VOTRE DISTRICT, DE VOTRE NIVEAU DE VIE ? Plus petite, je pensais que comme j’étais née dans l’un des deux districts qui produisait la nourriture pour tout Panem, je n’aurai jamais faim. C’était sans compter le fait que nous n’avions pas le droit de manger ce que nous récoltions, et que nous étions rationnés en tout. Je ne sais pas si travailler dans les champs, sous la chaleur du soleil, avec le risque d’être piqué par les moustiques et le serpents est mieux que de travailler dans les mines de charbon du douze. Si seulement j’avais pu être née dans un des huit premiers. Je pense que je serai bien plus heureuse, mieux nourrie, mieux habillée et promise à un meilleur avenir.

Je gardais les yeux fermés, les deux mains posées à la hauteur de mon coeur. C’était la dernière année où mon nom apparaissait dans l’urne, la dernière fois que j’aurai peur, que je prierai pour que je ne sois pas choisie pendant la cérémonie de la moisson.
« Rosalie O'Bràdaigh. »
L’hôtesse venait de prononcer le nom de ma cousine. Et tout de suite, je sus qu’elle n’aurait aucune chance de revenir parmi nous, car Rose, ma cousine, était née avec un handicap à la jambe, et était incapable de marcher vite, incapable de courir, incapable de s’enfuir de la Corne d’Abondance assez vite pour éviter le bain de sang qui s’y déroulait chaque année. J’ouvris doucement les yeux, et regarda dans sa direction. La foule ne disait rien, elle se contentait de s’écarter, tête baissée, et de la laisser avancer en boitant vers l’estrade. Du coup de l’œil, je vis ma sœur cadette Emma me regarder avec insistance, avec des yeux suppliants. Je détournais le regard juste avant qu’une grosse larme coule sur ma joue. Elle voudrait surement que je me porte volontaire, que j’évite à Rosie d’avoir aller au Capitole, mais se porter volontaire voulait aussi dire se sacrifier, risquer sa propre vie, risquer de mourir dans quelques mois. C’étaient mes dernières moissons. Je n’avais pas été tirée au sort, j’étais sortie d’affaires. Un peu égoïstement, je restais debout, regardant droit devant moi sans pour autant faire attention à ce que je voyais.
« Excusez-moi. »
Je crus reconnaître la voix d’Em', qu’est-ce qu’elle avait en tête ? Je me retournais à nouveau vers elle, elle leva timidement la main. En pensée, je la suppliais de la baisser, de ne pas dire un mot de plus.
« J’aimerais me porter volontaire, s’il vous plaît. »
Une nouvelle larme roula sur ma joue. Non, pas Emma. Elle était trop douce, trop fragile. Elle courrait elle aussi à une mort assurée. Elle ne pourrait rien contre les carrières. Dans ma tête, je faisais déjà mon deuil. A côté de moi, ma meilleure amie me serra la main sans rien dire, mais le geste suffit. Je regardais ma propre sœur monter sur scène, serrer la main de l’hôtesse, et prendre place face à la foule, en attendant que le nom du tribu mâle soit tiré au sort. Il s’avança à son tour sans que personne ne prenne la parole. Je continuais à regarder droit devant moi. Je me sentais fautive, mais sans pour autant être capable de changer quoi que ce soit à cet état. J’avais envoyé ma sœur cadette à une mort certaine.

« Je ne comprendrais jamais pourquoi tu t’entêtes à regarder le résumé de chaque journée Evie. »
« Mais parce qu’on a pas le choix Dale ! »
« Ah bon ! Et tu vas me dire qui va le vérifier ? Tu crois que les pacificateurs vont te demander de citer le nom des décédés du jour avant de te laisser aller faire ta cueillette ! Ils ont d’autres chats à fouetter ! »
Je n’osais plus rien dire. Dale avait raison d’un côté. Mais allumer chaque soir la télévision était plus fort que moi, j’avais toujours cette peur irraisonnée en main que quelqu’un découvre que je n’ai pas été fidèle aux Hunger Games, et me le fasse payer. Et cette année, j’étais encore plus incapable de me détacher du poste, j’avais besoin de savoir si ma sœur était toujours en vie, besoin de voir ce qu’elle avait du faire pour survivre, comme une punition de ma lâcheté. Et chaque soir, je sentais mon cœur se serrer encore plus, et je trouvais le président Snow de plus en plus inhumain d’autoriser ceux jeux cruels. Dale était assis à côté de moi, mais ne prêtait aucun intérêt aux images diffusées, il tournait même le dos à la télévision, et aiguisait son petit couteau de poche, pendant que je me rongeais les ongles en attendant l’annonce des noms. Dale et moi, on se connaissait depuis qu’on était hauts comme trois paumes, et on se tournait autour depuis une bonne dizaine d’années. Ce n’était pas lui mon premier baiser, mais il était le premier homme qui m’avait vue nue, et le premier dans les bras duquel je me suis abandonnée. Je crois que nos parents respectifs étaient convaincus qu’on finirait ensemble un jour ou l’autre, c’était même une évidence pour eux. Pour nous ça l’était moins, je ne pouvais m’empêcher d’aller voir à droite et à gauche, et lui de même. Aucun de nous deux n’était vraiment fidèle à l’autre, mais nous savions que l’autre serait toujours là pour nous en cas de coup dur.

« J’ai changé d’avis Dale, Emma, l’Expiation, le petit d’Arabella et Owen, ça ne peut plus continuer. Je ne supporterais pas une année de Hunger Games en plus … »
Il ne broncha même pas.
« Mais encore ? »
« Je veux aussi que le Capitole arrête de se croire invincible, je ne veux pas que nos futurs enfants aient peur de devenir tributs, je veux croire qu’un nouveau monde est possible … »
Enfin, il leva les yeux vers moi, plus intéressé par ce que je venais de dire.
« Tu sais que se rebeller est dangereux, on pourrait faire de nous des Muets ou nous tuer … »
« Je n’ai plus peur, je veux que les choses changent … je veux un meilleur futur. »
« Tu penses que ta sœur accepterait d’être nos yeux et nos oreilles au Capitole ? »
« Je peux essayer de la convaincre … je sais que quelque chose a changé en elle depuis son retour de son édition … elle pourrait être de notre côté… »
Il me prit les mains et me regarda dans les yeux.
« Evie, si tu veux vraiment me suivre, si tu trouves le courage d’embrasser les idées des rebelles, sache que je suis fier de toi. Tu as aussi changé depuis deux ans tu sais… »
Il me caressa les cheveux d’une main, et déposa un baiser sur mes lèvres. Je me sentais aussi différente, moins naïve, moins peureuse, moins centrée sur mon propre nombril, plus concernée par le monde autour de moi. Avec une rage en moi que je ne me connaissais pas.