PRENOMS ϟ La jeune femme hérita d'un prénom simple et sans grande prétention, Prudence, il peut être assemblé à l'état d'esprit de la brune puisqu'elle se révèle être une personne réfléchie. Son deuxième nom commence, comme celui de son frère et de toutes ses soeurs par la cinquième lettre de l'alphabet, c'est Eleonore. Mais ses amis la surnomment Prue. ; NOM ϟ Dash, un nom de famille plutôt répandu au district onze, dû au faite que la famille soit composée de sept autres personnes. ; DATE DE NAISSANCE & AGE ϟ née le huit juillet lors d'une nuit dégagée, cela fait maintenant vingt-trois ans que Prue est venue au monde ; DISTRICT ϟ Onze et ce depuis toujours, longue vie aux vergers et aux champs de coton ; METIER ϟ Prue exerce comme métier le trie des fruits, ce n'est pas quelque chose qu'elle aime faire étant donnez qu'elle n'aime pas voir passer de tels délices sous ses yeux sans ne rien pouvoir prendre, mais grâce à cela, elle connait beaucoup de choses sur les baies ; SITUATION CIVILE ϟ célibataire, elle n'a pas forcément le temps, pas forcément le coeur à ça, elle se sent plutôt responsable de sa famille malgré les tessrae prises par son petit frère, cependant, on ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve. ; ALLEGEANCE ϟ Prudence est quelqu'un de très droit, qui ne supporte pas de voir partir des enfants à une mort certaine, de plus, sa meilleure amie est partie aux jeux et, heureusement, en est revenue victorieuse, il est donc naturel que la jeune femme soit foncièrement anti-Capitole ; GROUPE ϟ Weakness is stength ; CREDIT ϟ tumblr et bitche@livejournal

QUE PENSEZ-VOUS DU CAPITOLE ? Je leur voue une haine sans retenue. Ils brisent des vies, des familles entières, et tout cela pour distraire des pauvres crétins devant leur post de télévisions. Je haie le capitole de détruire tout ce qu'il touche. De détruire tout ce qui est beau, tout ce qui est bien. Je le haie d'oser prendre des enfants innocents à leurs familles la plupart du temps fragiles pour les lâcher comme des chiens dans une arène qui grouille de carrières n'ayant qu'une envie : faire couler leur sang. Le Capitole n'a pas de pitié, pas de clémence. Alors pourquoi faudrait-il être tendre et obéissant face à lui ? Parce que l'on a peur. Parce qu'il peut vous prendre n'importe qui, n'importe quoi, et à n'importe quel moment.
QUEL EST VOTRE AVIS SUR LES JEUX ? Je me souviens encore de mes précédentes moissons, de cette peur envahissante qui me dévorais de l'intérieur. De cette peur qui me tordait le ventre à tel point que je ressentais le besoin de poser ma main dessus pour ne pas qu'un organe s'en échappe. Je redoutais chaque moisson. Mais pas uniquement que pour moi, surtout pour le reste de ma famille nombreuse. En dépit de tout cela, je ne cesse de me demander si j'aurais osé tuer une fois dans l'arène. Je déteste les Jeux de la Faim. Ils n'ont aucune utilité, sont cruels et vils. Ils n'aident personne, ils ne font que faire sourire des imbéciles aveuglés par leur abondante richesse et par le botox pour nous remarquer, nous, les habitants affamés des districts qui ont du mal à subvenir à leurs besoins.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA MORT D'ARABELLA EVERGLADE ET DE SON MARI ? Je ne saurais que dire à propos de leur morts. D'une certaine manière, ce fut tout simplement magnifique, presque irréel. Pour la première fois, il n'a pas eu de gagnant pour les Hunger Games. Que ce fut impressionnant de voir le Capitole désarmé à ce point, ne sachant comment faire. En achevant les Jeux de la Faim sans gagnant pour cette expiation, le Capitole s'est fait couper l'herbe sous le pied. Pour la première fois, il a enfin parut ridicule aux yeux de tous. Cependant, leur mort m'a vraiment attristée, car ils ont laissé derrière eux un petit orphelin. Alors parfois, je pense à cet enfant, désormais seul pour toujours.
QU'AURAIS REPRESENTE POUR VOUS DE PARTICIPER AUX JEUX ? Un cauchemar, une horreur, une tragédie. La fin d'une ère, la fin de l'insouciance, la fin de quelque chose qui a compté. Parce que dès que l'on arrive dans l'arène, c'est chacun pour sa peau. Plus d'entraide, ou alors elle ne serait que très brève et s'achèverait dans un bain de sang. Mais participer aux jeux, ça aurait été laisser derrière moi ma famille entière sans avoir la conviction de revenir. Quelque part, je pense que ça m'aurait traumatisée à vie. Voir des gens mourir, lire dans le regard des autres tributs la peur, la folie atteindre leurs pensées, leur joie sans retenue se lâcher lorsqu'un tribut meurt. Et ressentir l'espoir qu'ils auraient de ressortir vivants, alors qu'ils sont vingt quatre. Et un seul reviendra. Participer aux Jeux aurait été un vrai cauchemar. Je n'aurais jamais été en mesure d'ôter la vie à un être humain.
QUELS AURAIENT ETE VOS ATOUTS DANS L’ARENE ? Si j'avais participé aux jeux, je sais que je n'aurais pas facilement perdu la tête. J'aurais tenu, je pense, malgré tout. Malgré la peur omniprésente qui guette chaque tributs à chaque instant. Mais avec mon corps petit et mince, je me serais facilement dissimulée, et puis, pour sauver sa peau, qui sait ce dont on est capable de faire ? Qu'est-ce-qui me dit que je n'aurais pas écorcher le cou d'un tribut pendant son sommeil ? Qu'est-ce qui me donne le droit de penser que j'aurais été au dessus de tout ça ? Je sais que je n'aurais pas fait de choses sans y penser avant. Je ne suis pas impulsive, je n'aurais donc pas foncer tête baissée dans le danger sans y réfléchir à deux fois avant. J'aurais mesuré tout les risques, si j'en avais eu le temps. Si j'avais été dans l'arène, j'aurais pût me trouver de quoi manger à l'aide de mes connaissances sur les bais, et autres produits de ce genre. J'aurais aussi pût me débrouiller pour les soins. J'aurais eu peut être de quoi rester en vie.
QUEL AURAIT ETE L'OBJET PERSONNEL QUE VOUS AURIEZ EMPORTEREZ DANS L’ARENE ? Si j'avais été piochée pour aller dans l'arène, j'aurais emporté avec moi un collier, fait d'une petite chaîne en argent de mauvaise qualité avec, au bout de la chaîne, un pendentif en verre contenant une fleur séchée de verger. Parce que ça me rappelle chez moi, mon district, ma famille. Ce qui me tient à coeur. Et rien ne fait plus plaisir que l'odeur de la maison.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA SPECIALISATION DE VOTRE DISTRICT, DE VOTRE NIVEAU DE VIE ? Mon district est spécialisé dans l'agriculture, pourtant, contrairement à ce que l'on pourrait croire, nous sommes l'un des districts les plus pauvres de Panem. Le vol est sévèrement puni. Alors, on se contente de regarder les fruits mûrs avec leurs odeurs enivrantes et on reste figé. La vie au district onze n'est pas des plus riches où l'argent abonde et où les repas ne manquent jamais. Dans ce district, on est pauvre. Mais pourtant, je n'ai pas eu une enfance malheureuse. J'ai vécu dans un milieu où c'était l'amour qui abondait de tout les côtés, où même si parfois la nourriture manquait, la chaleur des bras d'un être cher était toujours là. Malheureusement, la vie n'est pas facile tout les jours, parfois, il faut tout simplement serrer les dents.

Elle est perdue au milieu des champs, les cheveux au vent, la fillette court partout à la recherche d'un visage familier. D'un visage rassurant. D'une main qui se glisserait dans ses cheveux et qui lui murmurait que tout ira bien, qu'elle ne sera pas choisie. Non loin de là, une silhouette s'avance dans les champs et s'approche de la gamine de douze ans, la prenant doucement dans ses bras. Elle cale sa tête sur le front de sa petite fille. Prudence a arrêté de pleurer. Sa mère l'a toujours rassuré et comprise. Elle a toujours comprit que sa fille ne voulait pas pleurer devant Kenneth et ses soeurs. Elle est supposée être l'aînée, elle ne veut pas avoir l'air vulnérable. Prudence se sent obligée d'être forte comme un roc, de tenir tête à tout ceux qui daigneront parler de la mauvaise façon à ceux qu'elle aime. Sa mère lui relève le menton, humide, lui murmurant doucement quelques paroles rassurantes. « Eh, ne t'en fais pas, tout ira bien. Ça ne tombera pas sur toi. » Prudence plonge ses yeux noisettes qui se sont assombris avec la tristesse, dans ceux de sa mère. La brune a exactement vingt-quatre tesserae, et c'est sa toute première moisson. Dans le bocal se trouve vingt-quatre fois son nom, elle a vingt-quatre chances d'être envoyée à la cinquante deuxième édition des Hunger Games. Elle est la première de la fratrie Dash à pouvoir être moissonnée. Viendra dans trois ans le tour des faux jumeaux, Kenneth et Minnie, puis cinq ans plus tard se sera Aud qui se rendra sur la place publique pour la moisson. Après dix minutes enfouie hors de danger couverte des bras de sa mère, Prudence se rend seule à la place publique du district onze pour sa première moisson. Que se soit à douze ans ou à vingt-trois ans, l'aînée des Dash à beaucoup expérimentée seule, non pas qu'elle soit une grande solitaire, simplement qu'étant la plus âgée elle avait ses premières expériences avant les autres et que, pour faire bonne figure, elle y allait seule. Elle montrait qu'elle était forte. Même à douze ans.


La place publique est noire de monde. La jeune fille tourne la tête, à droite, à gauche. Des filles, des garçons, tous âgés de douze à vingt-deux ans. Chacun est vêtu du mieux qu'il peut. Chacun s'est préparé au fait indéniable qu'il pourra se faire appeler et ne plus jamais revenir. La jeune Dash fait volte-face et voit au loin, là où sont ceux qui ne peuvent plus être nommés ou qui sont encore trop jeunes, sa famille. Les jumeaux, toujours fourrés ensemble, Aud logée dans les bras de son père. Et sa mère. Prudence repère, même de loin, les yeux humides. Son premier bébé se prépare à la mort. Son premier bébé est là, au milieu de tous les innocents, redoutant le moment fatidique. Prue a le front humide, ne cessant de tripoter son pendentif trop grand pour elle. Au bout de la chaîne se trouve un petit pendentif en verre qui contient une fleur séchée de verger. Elle prie pour que ça soit quelqu'un d'autre. Chose qu'elle regrette aussitôt. Prue est de nature douce et réfléchie, quoi qu'autoritaire. Elle ne souhaite de mort dans l'arène à personne. Absolument personne ne mérite de finir scruté par des caméras, critiqué par des capitolins et jugé par les gens de son district qui le trouveraient changé. L'hôtesse du district onze s'avance sur l'estrade, ne perdant pas une goutte du spot qui précède la nomination des deux tributs. Elle est vêtue d'une longue robe bleu et verte, maquillée comme un paon des îles vulgaire. Si le moment n'était pas si mal choisi et tragique, Prue se serait certainement mordue les lèvres de peur de laisser échapper un rire s'échapper de sa gorge. Les filles se redressent, celles dont c'est la première fois pleurent. Sauf Prue. Elle est là, la tête haute, les yeux humides, mais elle ne pleure pas. Elle refuse de s'effondrer. Le Capitole ne mérite pas ses larmes, c'est ce qu'elle se dit pour se convaincre. La femme plonge sa main dans le bocal d'argent, sortant un papier sur lequel est inscrit le nom d'une jeune fille dont le destin vient tout juste de se sceller à un bien triste avenir. L'extravagante hôtesse déplie méticuleusement le papier. Silence. Prue ferme les yeux. L'hôtesse prononce le nom. Elle ouvre les yeux à nouveau. Ce n'est pas elle. Son regard suit la silhouette d'une gamine pas plus vieille qu'elle. Elle ne la connait pas. Elle ne l'a jamais croisé. Ou peut être une fois, au loin. Mais son visage n'est jamais resté dans ses pensées. Il est désormais gravé dans sa mémoire à tout jamais. La fillette aux boucles brunes anglaises s'avance sur l'estrade. Et fond en larmes. Le coeur de Prudence se sert. On choisit le garçon puis les deux tributs sont envoyés à la gare pour les adieux. Plus jamais elle ne reverra ni la fille aux boucles anglaises, ni le garçon au regard hanté.

Elle a enfilée sa robe blanche. Celle qu'elle met pour la moisson. Cette même robe qu'elle portait, trop longue, à douze ans et pour la première fois. Aujourd'hui elle lui arrive légèrement en dessous du bassin, couvrant ce qu'il faut couvrir. La moisson est devenue désormais une habitude. Jamais elle n'a été choisie. Jamais. La pré-adolescente est devenue une jeune femme. C'est sa dernière moisson. Elle a vingt-deux ans. Cette année sera sa dernière chance d'aller aux jeux. Elle lance un sourire à Emma, sa meilleure amie. Puis à ses soeurs. Elle espère de tout son coeur qu'aucun d'entre eux ne sera appelé. Ni cette fois, ni les suivantes. Jamais. Le générique de propagande du Capitole se met en marche, l'hôtesse le suit, n'en perdant une miette comme à l'habitude. Elle fait son petit speech habituel. Et cette année, Prue ne ferme pas les yeux. Elle affrontera la réalité en face peut importe ce qui ce passe. Peut importe ... le nom. « Rosalie O'Bràdaigh. » La cousine de sa meilleure amie. Automatiquement, la tête de Prudence se tourne vers celle d'Emma. Puis vers Rosalie. La boiteuse, l'handicapé. Le regard d'Emma cherche celui de Grace, son aînée. Celle-ci la regarde et tourne la tête, les yeux fuyants. Fuyants cette réalité, dure comme du béton, qui vient de tomber. Emma est paniquée. Emma commença a s'avancer, bousculant quelques jeunes filles, s'excusant à tout bout de champ. Et elle se porte volontaire.

Les yeux de Prudence s'écarquillent. Ses pupilles se dilatent. Sa bouche s'entrouvre. Elle a soudainement chaud. Elle a envie de se porter volontaire. Elle voudrait faire échapper sa meilleure amie à ce terrible sort. Mais se porter volontaire pour un volontaire,... ridicule. Et elle laisse Emma monter les marches. Elle ne dit rien. Elle est muette. Pourtant elle aimerait en dire des choses. Elle aimerait crier sa haine au Capitole, hurler, courir, toutes ces choses-là. Sa meilleure amie marche droit vers un putain de sombre avenir. Lorsqu'elle se porte volontaire, des Pacificateurs se mettent à rire. Comme si c'était drôle. Eux ne sont que de pauvres toutous, des poupées maniables au bon vouloir du Capitole. Ils n'oseraient même pas aller à l'encontre de leurs propos, alors sous quel droit osent-ils se moquer d'Emma ? Parce qu'elle est serviable, douce et chaleureuse ? Parce que son sourire peut réchauffer le plus glacial des coeurs ? Parce qu'elle est la seule à sourire aux vieux méprisés ? Parce qu'elle est au-dessus de tellement de choses ? Cela révolte Prudence. Mais elle ne peut rien, absolument rien faire, à part regarder Emma s'en aller.


Elle ne dort plus. Elle ne mange plus. Elle rentre le plus tôt possible pour allumer le post de télévision. Elle veut être là pour sa meilleure amie alors que regarder les jeux ne changera rien. Elle a constamment les mains moites. Le regard vide. Elle ne parle plus. Elle ne sourit plus. Elle est comme un déchet ambulant. Pourtant elle garde la tête haute, comme elle le peut. Elle se construit une carapace pour aller mieux. Rien ne l'atteint, elle n'atteint rien non plus. Mais elle se brisera si Emma ne revient pas. Elle est la seule à continuer affirmer qu'Emma reviendra. Elle est la seule à y croire depuis le début. Elle n'a pas cessé d'espérer. Prudence Dash avait la conviction qu'elle reviendrait. Une fille à l'âme aussi pure qu'Emma était normalement condamnée à mourir au sein d'une arène, emprisonnée avec des gens dépourvus de pitié. Mais elle a réussi. Prudence est partie dans les champs pour le grand final. Elle n'avait pas envie de voir la fin. Elle ne le pouvait tout simplement pas, en dépit de ses efforts assister au dernier acte était une tâche trop ardue.

« Prudence ! Prudence ! » crie une voix fluette à travers les champs. La jeune femme a la tête entre les genoux, perdue à travers les herbes sèches et les vergers. Loin de toute approche aux jeux. Cela doit bien faire quatre heures qu'elle est ici. Les jeux ont dû prendre fin. Elle relève la tête et fait volte-face, sa petite soeur lui tombe dans les bras. « Emma, ... elle a réussi ! Emma a gagné ! » Elle caresse la crinière brune de sa petite soeur en silence, retenant chaque parcelle d'émotion qui tenterait de s'échapper de son corps. Mais en elle, tout bouillonne, c'est la tempête, c'est le bonheur. Emma a réussi. Emma a gagné. Emma va revenir.


Avant que le vainqueur ne revienne au sein de son district, il faut d'abord qu'il participe à toute sorte d'interview stupides qui servent à montrer que les jeux ont beau avoir fini que jamais réellement on ne les oublieras. Il est impossible d'oublier les jeux, de toute façon. Impossible. C'est à ce moment là que Prudence Dash découvre ce que le Capitole fait de sa meilleure amie. Cette fille si douce et serviable au quotidien passe désormais aux yeux de tous pour une garce manipulatrice. Cette fille qu'elle n'a jamais été. Cette fille que Prue ne reconnait pas. Elle n'est pas la gamine aux cheveux blonds comme les blés avec qui elle jouait lorsqu'elle était encore petite. Le capitole la fait agir en pouffiasse qui balance des phrases stupides. « Hm...ce qu’on appelle violence n’est rien. C’est la séduction, la véritable violence. » C'est une phrase qu'Emma a sortie lors d'un interview. Une phrase qui ne lui ai pas familière. Encore une connerie pré-mâchée par le Capitole pour donner une allure de pétasse à Emma. Prue enfonce sa tête dans ses bras. Elle a hâte de retrouver sa Emma. Celle qui a la main sur le coeur et qui agit toujours d'une façon bienveillante sans ne jamais rien demander en retour. Celle qui a le don de voir en tous quelque chose de beau. C'est un peu naïf, mais c'est ce qui fait toute l'innocence et le charme d'Emma. Cette perspicacité de fer à trouver du bon en chaque âme, isolée ou aimée.

Une légère brise vient souffler doucement sur la nuque de Prudence, balançant ses mèches brunes au vent. Un pull marin délave sur le dos, un short trop usé sur les fesses. Elle tripote d'une main hésitante son pendentif. Appuyée contre les barrières de sa 'maison' elle scrute le ciel étoilé. Baissant les yeux elle aperçoit Minnie, sa petite soeur, la jumelle de Kenneth. Assise sur l'herbe, la chevelure dorée se balançant au grès du vent. Elle repère, même de là, les yeux pleins d'espoir de sa petite soeur. Prudence ne comprend plus sa cadette, ses désirs, ses rêves. Elle n'arrive pas à comprendre que sa soeur puisse rêver de s'en aller. De quitter le district onze pour rejoindre les rangs du Capitole. Le goût du luxe la séduit. Le désir de ne plus jamais manquer de rien s'est implanté en elle. Désormais, elle est.. une autre. Les conversations avec son aînée son froides, distantes. Et quelque part, cela brise le coeur de Prudence de ne plus pouvoir rigoler avec sa soeur. Elle a beau être là tous les jours qu'elle lui manque comme si elle était partie depuis des mois. Des années. Comme si plus jamais elle ne reviendrait. Comme si en affirmant publiquement ses convictions à sa famille ceux-ci venaient de la perdre à jamais. Prudence enjamba la barrière et vint prendre place dans l'herbe aux côtés de sa soeur. Elles restèrent silencieuse quelques minutes durant. Minnie n'avait pas même accordée un regard à sa soeur. Les bras étendus derrière elle, agrippant l'herbe fraîche, elle lâcha au bout d'un moment de silence d'une voix rêveuse. A des kilomètres d'ici. Inaccessible. « Pourquoi vous ne comprenez pas ? Pourquoi aucun d'entre vous n'admet ce que je ressens. Pourquoi vous... » Prue la coupe. « Minnie, tu... » Nouvelle coupure, de la part de Minnie cette fois-ci. « Non laisses-moi. J'ai besoin de le dire. J'ai besoin que tu m'écoutes. Personne ne me comprend, personne. Vous pensez tous que je suis folle. Ou que je ne vous aimes plus. C'est juste que... » « T'as envie de t'évader. De fuir la misère, la malnutrition. Tout ça, je le conçois. Mais t'en fais quoi, de tout nos efforts ? » Minnie sourit. Puis elle soupire et reprend, tournant la tête et faisant face à Prue. « J'aurais pas dû te dire ça. Je savais que t'allais répondre de cette façon. Je.. désolée, je peux pas. » Et la blonde se lève, refermant sa couverture sur elle-même puis retourne dans la maison. Prudence reste seule un moment, allongée sur le sol. Quelques larmes viennent alors emplirent ses yeux. Elle se sent seule. Perdue. Sûrement comme Minnie. Sauf qu'elle ne sait pas pourquoi. Tout devrait aller bien, pourtant. Emma est revenue, sa famille va plutôt bien. Elle s'en tire d'une bonne manière comparé aux autres. Alors pourquoi ressent-elle ce goût amer ?


Allongée sur le lit, les yeux fixant le plafond, elle pense. Prudence s'évade dans un autre monde où elle a le droit d'avoir peur et de le montrer. Un monde où elle ne se sent pas responsable. De personne. Elle est libre comme l'air. Elle peut courir, elle peut voler, elle peut hurler. Un ailleurs. Un rêve au goût amer et ce dès le réveil, car il ne sera jamais que poussière. Dès qu'elle quittera ce lit, elle retrouvera cette autorité, cette responsabilité qu'elle s'est appropriée seule. Personne ne le lui a jamais demandé. C'était Kenneth qui depuis le début était destiné à avoir la famille sur le dos, la traînant comme un lourd fardeau. Il est courageux. Prudence ne l'avait jamais vu sous cet angle. Pour elle, il était ce petit naïf qui voyait toujours les choses sous un nouveau jour, ce petit garçon qu'elle a vu naître. Son petit-frère qui se retrouve a endosser la responsabilité de 72 tesserae à sa charge. Celui qui pourra a tout moment être tiré au sort. Cette idée noue l'estomac de la brune. Elle imagine déjà Kenneth gravir les marches pour monter sur l'estrade. Et puis il partirait. Et peut être qu'il ne reviendrait pas. Quand les géniteurs ont décidé de faire Kenneth prendre le relais, Prudence ne l'a pas supporté. Elle était l'aînée, elle pouvait le faire. Pourquoi forcément Kenneth ? Il lui a fallu un certain temps avant que la rancœur ne s'estompe et qu'elle puisse enfin agir normalement avec lui. Quand celle-ci s'apaisa, c'est là que Prudence comprit. Elle voyait son petit-frère sous un nouveau jour. Elle le considérait d'une autre façon. Bien sûr, elle se devait toujours de le protéger, lui ainsi que ses petites sœurs, mais il avait comme grandit. Changé ?

Un petit a été frappé aujourd'hui. Sa mère était souffrante. Il a simplement volé quelques baies aux vertus bénéfique pour la santé. Un Capitolin l'a attrapé entrain de cueillir une dernière baie. Sur la place publique, il l'a frappé. Le sang a coulé un peu trop. Le petit est mort. La mère ne tardera pas non plus à rendre l'âme. Parfois Prudence se demande si ça ne serait pas mieux que de choisir la mort plutôt que d'endurer sans rien faire toutes les crises du Capitole. Elle a décidé de faire quelque chose de bien. De se rebeller. Elle a décidé de rejoindre le mouvement sans plus se cacher. Elle a décidé d'ignorer les éventuels coups. Elle a décidé d'être forte pour de vrai. Prudence ne veut plus voir de tête éclatée contre le sol. Elle ne veut plus voir le sang d'un innocent couler. Elle veut agir. Le Capitole doit payer. Ils doivent tous payer. Payer pour ce sang coulé inutilement, payer pour ces familles déchirées à jamais, payer pour ces âmes retournées et brisées. Ils doivent payer pour le mal qu'ils ont fait, du haut de leur tour d'ivoire. Cette fois-ci les choses ne se passeront pas de la même façon. Plus jamais ça. S'il faut se battre, elle apprendra. Le Capitole va brûler. Le travail est commencé. Les choses doivent changer. Arabella Everglade l'a bien montré. Son mari aussi. Il faut faire en sorte qu'ils ne soient pas morts en vains. Qu'aucun d'entre eux ne le soit. Une vie pour une vie.