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 △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma)

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MessageSujet: △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma)   △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma) Icon_minitimeMer 29 Fév - 1:22


bouleeet, j'ai tout effacé △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma) 3548996853 △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma) 2139906705
Je cherche une solution. Mais je trouve pas.

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Emma A. Wakefield
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ϟ 1ERE MOISSON : 01/02/2012
ϟ MESSAGE : 760
ϟ AVATAR : holland roden.
ϟ MULTICOMPTE : velvet baxter.
ϟ DISTRICT : sept.
ϟ AGE : twenty-one y.o
ϟ METIER : mentor du sept.
ϟ HUNGER GAMES : non
ϟ RÉBELLION : indécis
ϟ COMPÉTENCES : SLAVE
Emma A. Wakefield
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MessageSujet: Re: △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma)   △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma) Icon_minitimeDim 4 Mar - 14:09

It's too late to apologize,
it's too late.

Assister au crépuscule dans le district 2, avait ce petit quelque chose de féérique, irréel. Le trajet en train n’avait duré que quelques heures, et pourtant, le paysage ne pouvait être plus différent du 11. Là, où les champs de coton s’étendaient à perte de vue, là où les odeurs typiques de la campagne s’insinuaient par tous les pores, le district 2 lui semblait plus civilisé. Les montagnes remplaçaient le sol plat qu’Emma avait connu toute son enfance, et les pacificateurs semblaient plus…atteignables. Plus humains, ici. Il était en effet d’une certaine notoriété publique que les soldats du 11 n’étaient rien d’autre que des rustres, réprimandant la moindre petite faute d’inattention. Les flagellations sur la place publique étaient presque monnaie courante, le Pacificateur n’étant rien de plus qu’un bourreau, une autorité tyrannique que la plupart des habitants du 11 craignaient profondément. Dans le district 2, les pacificateurs n’évoquaient rien d’autre que le plus grand prestige.

Emma avait eu du mal à saisir cette nuance. Encore à présent, alors que cela faisait un an et un mois qu’elle avait gagné les Jeux, son corps se pétrifiait de terreur à chaque fois qu’elle croisait le regard d’un habitant du 2 vêtu de l’uniforme blanc des pacificateurs. Il s’agissait sans doute du district dans lequel elle était le moins à l’aise. A vrai dire, si elle était honnête avec elle-même : tous les districts de Carrière la rendaient mal à l’aise…

(…)

« Viens, Emma. Que je te montre la chambre. » L’accueillit Madame Saxen, l’invitant à la suivre à l’étage. La jeune fille du 11 retint un soupir de soulagement lorsqu’elle quitta les hommes présents dans le salon, dont le pacificateur qui l’avait surveillée jusqu’à présent. Il la gardait comme un vulgaire objet, un prix inanimé du Capitole. Les autres personnages n’étaient cependant guère mieux. Ou était-ce une simple impression ? Monsieur Saxen ne lui avait-il pas jeté un regard peu amène quelques instants plus tôt ? Ou était-ce sa paranoïa qui lui jouait des tours ? Ne ressentaient-ils pas également ce malaise ambiant depuis qu’elle avait franchi le seuil de leur demeure ? Comment pouvaient-ils la regarder et ne pas vouloir l’étrangler après ce qu’elle avait osé faire à…lui faire ?

Dieu, un an déjà, et elle ne réussissait toujours pas à prononcer son nom. Et comme si cela ne suffisait pas, il avait fallu qu’elle atterrisse ici. Parmi eux. Sa famille proche, des autres Saxen.
Pour autant, l’endroit en lui-même était parfaitement correct. La maison était étonnement belle, et simple. Cela pouvait paraitre stupide mais Emma s’était attendue à un boomker, ou quelque chose d’affreusement et terriblement militaire, rustique. Les pacificateurs étant des soldats du Capitole, elle avait ainsi naïvement pensé que tous les habitants du district vivaient à la dure. Une idée ridicule avait germé dans son esprit, selon laquelle tous leurs enfants en bas âge devaient probablement faire des pompes chaque matin dès lors qu’ils avaient appris à marcher. Au lieu de cela, la jeune femme se retrouvait dans une demeure typiquement familiale, claire, chaleureuse. Une maison équilibrée dans laquelle plusieurs enfants avaient du être élevés. Des enfants qui, elle l’espérait, n’avaient pas le même âge que lui.

Mais elle ne pouvait en être sûre. Après tout, la chance ne lui avait guère souri depuis qu’elle avait su qu’elle devait séjourner chez une famille du 2 au lieu de l’hôtel de Justice, par mesure de précaution . Depuis la fin de l’expiation, il y a un mois, les autorités semblaient être sur le qui-vive. Pour autant, Emma avait été pour le moins surprise de devoir changer ses habitudes. La vainqueur n’avait pas réalisé à quel point la situation était prise avec le plus grand sérieux.

« Marin s'il-te-plaît sors de là. Nous avons une invitée. »

Les deux femmes étaient arrivées à l’étage, Madame Saxen lui ayant montré la chambre d’amis, où se trouvaient déjà ses bagages. L’épouse prévint son fils le plus discrètement possible, mais les deux chambres étaient si proches l’une de l’autre et la porte d’Emma étant encore ouverte, que sa tentative fut vaine. Néanmoins, la jeune fille du 11 fit mine de ne pas entendre, et offrit un sourire poli à Madame Saxen. Elle était probablement la seule avec laquelle la vainqueur parvenait à croiser et maintenir le regard, puisqu’elle ne ressemblait pas un fantôme contrairement aux autres habitants de la maison. Elle ne lui ressemblait en rien, et Emma espéra vainement que le fils, son cousin, ait hérité des traits de sa mère et non pas ceux des Saxen. Auquel cas, elle risquerait de défaillir.

Et elle défaillit. Du moins, entendant le même timbre de voix.

« Pardon, je dois passer. »

Madame Saxen était descendue depuis quelques minutes déjà, et Emma avait décidé d'aller vers la salle de bain, se situant au fond du long couloir. Le calme régnait en maître sur les lieux, jusqu'à l'instant où la porte en face de sa chambre temporaire ne s'ouvre. Emma n'eut guère le temps de reculer pour se réfugier dans un endroit où il ne la verrait pas. Son regard était posé sur le torse du garçon, se levant doucement jusqu'à son visage, lorsqu'elle avait entendu pour la première fois le son de sa voix, et s'était alors fixé sur le torse de Marin. Stupéfaite, elle combattit avec vigueur les émotions et souvenirs qui menaçaient de resurgir dans son esprit. Il était hors de question qu'elle repense à l'arène, à lui, maintenant. Surtout pas ici, dans ce lieu hanté par sa présence.

Inspire, expire. Doucement.

« hm, au fait. Bienvenue hein. Pas trop dur ? Le trajet. »

Emma reprit le fil de la réalité, grâce au garçon. Pour autant, tous ses membres restaient encore immobiles. Le trajet. Le district 2. Les Saxen. Le cousin qui ne veut pas descendre. Il la détestait, et ne pouvait pas la voir. Sinon, pourquoi ne serait-il pas venu l'accueillir comme tous les autres ? Le Saxen était sans doute le moins hypocrite, ne désirant pas cacher son amertume et son hostilité, pensa brièvement Emma. Face à cette constatation, elle ne sut pas si elle devait en être rassurée, ou au contraire pétrifiée, le noeud coincé dans sa gorge ne l'aidant définitivement pas à éclaircir ses pensées.

« Mer-merci. » Finit-elle par bégayer. Se raclant la gorge, elle osa lever légèrement son regard, s’arrêtant néanmoins sur le col de la chemise du garçon. On repassera plus tard pour plus de courage. Fixer un col était déjà suffisamment courageux, pas vrai ? « Je, hm, je n’ai pas l’habitude. Du train, je veux dire. » Emma évitait autant que possible le visage de Marin. Le regard fuyant, elle se souvint qu’elle devait maintenir une réputation. Un dignitaire du Capitole le lui avait implicitement rappelé lors du voyage vers le district 2. La jeune fille supposait que le garçon en face d’elle ne devait sans doute guère faire exception. Comporte toi avec plus d’assurance, bordel.

« Dans le 11, on ne voyage jamais. » expliqua-t-elle soudainement, d’une voix plus sûre. « Le, le train est seulement réservé aux pacificateurs lorsqu’ils voyagent vers le Capitole. Ou lorsqu’on charge les sacs et caisses des récoltes dans le train. »

Il n’en a rien à foutre de ta vie, Emma. Trouve un sujet plus intéressant.

« Tu…hm., et toi ? Tu prends le train ? » Et comme lorsqu’elle était nerveuse, elle s’amusa à trouver les réponses aux questions sans même laisser la peine à son interlocuteur de formuler une quelconque réponse. « Bien sûr que tu as déjà du le prendre, une ou deux fois. Ton père est un chef d’escadron, c’est pas rien. Mais il t’a déjà emmené dans les districts ? Le Capitole, sûrement. Ce serait bizarre si ce n’était pas le cas. Le district 2 est vachement bien vu là bas. »

A peine eut-elle terminé sa phrase qu’elle se gifla mentalement. Pour son impolitesse premièrement. Deuxièmement, parce qu’il la détesterait encore plus. Et troisièmement, parce qu’elle avait complément oublié ce que les hauts organisateurs des Jeux au Capitole lui avait expressément forcé à faire. La comédie, elle devait être digne de Glitery Diamond. Etre sûre d’elle, raté. Charismatique, raté. Enjôleuse, raté. Et le sens de l’humour ?

« ...Vous êtes un peu leurs lèches-culs, au fond. »
Sens de l’humour, double raté.

Le pire fut qu’elle se mit à glousser comme une dinde, par pure nervosité.

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CITOYEN DE PANEM
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MessageSujet: Re: △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma)   △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma) Icon_minitimeVen 9 Mar - 20:22

Il savait qu'il aurait dû rester dans sa chambre, le dos plaqué contre sa porte. Il savait qu'il n'aurait jamais dû montrer le bout de son nez. Et il savait qu'il n'aurait jamais, ô grand jamais dû rien dire. La conversation était désormais lancée, et le jeune homme regrettait mille fois ses mots. Marin aurait sans doute qu'elle ne lui réponde pas, qu'elle l'ignore, qu'elle oublie simplement sa présence.
Après tout, elle n'en avait rien à fiche d'un pauvre jeune homme comme lui. Maintenant qu'elle faisait partie des vainqueurs, elle avait atteint un nouveau rang, un nouveau statut qu'il en était persuadé, n'attendrait jamais. Et si c'était par politesse qu'il lui avait adressé la parole, il aurait voulu que par politesse elle ne lui accorde qu'un silence froid et distant. Au lieu de ça, elle détressait non sans difficultés un flot de paroles presque continu. ” Mer-merci. (...) Je, hm, je n’ai pas l’habitude. Du train, je veux dire. “ Emma Ó'Bràdaigh était non sans aucun doute aussi gênée que Marin. Elle n'osait le regarder dans les yeux, ni même regarder autre chose que ce qu'elle avait devant elle tout court. Son regard fuyait, ses joues devenaient de plus en plus roses, bien que sa voix presque chevrotante devenait plus assurée au fur et à mesure de ses propos. ” Dans le 11, on ne voyage jamais. Le, le train est seulement réservé aux pacificateurs lorsqu’ils voyagent vers le Capitole. Ou lorsqu’on charge les sacs et caisses des récoltes dans le train. “ Marin buvait avec étonnement toutes ses paroles, mais n'en percevait pas même le sens. Ses yeux fixaient la jeune fille, lui-même étant perplexe. A vrai dire, il ne comprenait pas comment Emma avait pu en arriver là, alors qu'il lui avait posé une question tout à fait anodine. Elle le prenait sans doute pour un demeuré. Elle pensait être dans l'obligation de décortiquer chacune de ses phrases. Piqué au vif, il ne savait pas s'il devait prendre la mouche ou la trouver presque ... attendrissante. ”Tu…hm., et toi ? Tu prends le train ?“
Marin était presque soulagé d'avoir enfin l'occasion d’interagir à son tour dans cette conversation, malgré la corvée que cela représentait pour lui. Il n'aimait pas vraiment parler. Ni débattre. Encore moins de lui. Encore moins avec elle. Il hésita à répondre, n'ayant aucune réponse satisfaisante à donner. S'il lui mentait pour abréger ses souffrances, il aurait sa feinte sur la conscience. S'il lui disait la vérité, il passerait pour un garçon détestable puisque peu de gens avaient l'opportunité de voyager en train, à travers les Districts ou vers le Capitole. Il avait en effet déjà passé les frontières via le train, non sans difficultés car cela avait demandé à sa famille d'attendre que l'administration de Panem lui donne l'autorisation. Pourtant, il avait eu ce privilège rare à plusieurs reprises, durant son enfance puis plus récemment. ”Bien sûr que tu as déjà du le prendre, une ou deux fois. Ton père est un chef d’escadron, c’est pas rien. Mais il t’a déjà emmené dans les districts ? Le Capitole, sûrement. Ce serait bizarre si ce n’était pas le cas. Le district 2 est vachement bien vu là bas. “ Alors qu'il s'apprêtait répondre, Emma l'avait coupé en pleine lancée. Il resserra les lèvres et les dents, pressé que la torture s'arrête enfin. Néanmoins, il avait tant l'impression que ce supplice était partagé qu'il ne put s'empêcher de sourire. Il était évident que la jeune femme cachait derrière une assurance maladroite beaucoup de nervosité. Tout dans sa façon de parler et d'enchainer les phrases laissaient aisément deviner qu'elle était pensive et tendue. En percevant autant de fragilité chez Emma, Marin d’adouci quelques instants. Finalement, elle avait peut-être un bon fond. C'est ce qu'il pensa, avant qu'elle ne titille à nouveau sa susceptibilité.
”...Vous êtes un peu leurs lèches-culs, au fond. “

Les émotions, ce n'était pas son fort. Les cacher, encore moins. Lorsque l'une d'elles s'emparait de Marin, il semblait être incapable de la contrôler et de l'arrêter. Elle s’infiltrait de chacune de ses cellules et seule une nouvelle sensation pouvait chasser l'ancienne. La vie de Marin était un ascenseur émotionnel. Et là, devant cette fille, il passait et trépassait du dixième étage au quatrième sous-sol.

“ Pardon ? ” Il espérait avoir mal entendu, mais le rire agaçant d'Emma tua dans l’œuf toute attente de sa part. Marin était un brin chatouilleux quant à son district, voire un brin chatouilleux tout court. Intérieurement, il se maudissait d'avoir pu croire qu'elle était autre chose que ce qu'elle paraissait être. Détestable. “ Je ne suis pas sûr que tu ai la moindre légitimité de dire quoi que se soit sur nous. Tu ne nous connais pas. Et puis, côté hypocrisie, je ne suis pas totalement certain que tu ai quoi que se soit à dire. Tu te mens à toi même en pensant que tu peux venir dans cette maison sans être jugée. ” Il ne prenait plus la peine de prendre sa respiration. Il s'efforçait à ne pas le prendre personnellement, mais son estomac semblait vouloir régurgiter toute la colère qu'il avait gardé au fond de lui à propos d'Emma. “ Parce que tu as gagné il y a quoi, un an et demi, ces fichus Jeux tu te pense tout permis ? Parce que le fait que tu ai réussi à mentir à tout le monde sans que personne ne s'en rende compte fait de toi une personne meilleure que moi ? Tu m'aura pas. Tu m'as jamais eu.”

Il la fixait avec colère, mais retrouvait enfin son souffle, la gorge gonflée d'émotion et les joues brûlantes. Marin voulait qu'elle le regarde, qu'elle voit à quel point il pesait ses mots face à la colère qui l'étouffait. Ses seules pensées étaient pour son cousin, et l'injustice qu'Emma lui avait fait connaître. Il ne pouvait s'empêcher de voir son corps meurtri aux Hunger Games. Marin défiait son interlocutrice du regard.
“ Je ne suis pas Nolan. ”

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Emma A. Wakefield
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MessageSujet: Re: △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma)   △ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma) Icon_minitimeLun 12 Mar - 19:55
△ COMME UN POISON DANS L'EAU (emma) Tumblr_livvxaV2eM1qghqjjo1_500

« Je ne suis pas sûr que tu aies la moindre légitimité de dire quoi que ce soit sur nous. Tu ne nous connais pas. Et puis, côté hypocrisie, je ne suis pas totalement certain que tu aies quoi que ce soit à dire. Tu te mens à toi même en pensant que tu peux venir dans cette maison sans être jugée. »


Le rire nerveux d’Emma mourut sur ses lèvres rosées. Sous la surprise, son regard métallique se leva instinctivement et croisa la lueur intimidante qui animait les prunelles de Marin. Elle eut un instant le souffle coupé en reconnaissant sans peine la caractéristique particulière de ses yeux, parfaitement identiques à ceux de son cousin. Ses paroles n’en furent alors que plus percutantes, à tel point qu’Emma s’en sentit fébrile. Avait-il tort, avait-il raison ? L’esprit embué de la jeune femme ne semblait avoir retenu que la dernière phrase de Marin, des paroles qui se répercutaient inlassablement dans sa tête. Il avait réussi à faire mouche, touchant le point sensible et tabou de la situation : comment pouvait-elle venir dans cette maison la bouche en cœur, en pensant que les accusations n’allaient pas pleuvoir ? Sa simple présence était un affront pour la famille endeuillée. Emma s’était lourdement trompée en se laissant berner par l’accueil qu’elle venait de recevoir au district 2. Certes, les habitants ici réagissaient différemment aux morts de leurs tributs, puisque ces derniers s’étaient généralement tous portés volontaires. Ils savaient à quoi s’attendre, ils avaient tous conscience qu’ils étaient capables de mourir dans cette arène, mais l’envie de gloire, le désir d’accomplir le défi était bien trop tentant pour ces inconscients. Même si la plupart des habitants de ce district de Carrières ne tenaient guère rigueur aux champions des Jeux, il n’en restait pas moins que deux familles du 2 avaient perdu un de leurs enfants. Emma aurait du refuser avec plus d’ardeur lorsqu’on lui avait annoncé qu’elle ne séjournerait pas à l’hôtel de Justice, mais dans le demeure du chef d’escadron du district. Nolan ne lui avait-il pas expressément confessé, lors d’une soirée pluvieuse, que son oncle était un chef pacificateur ? Comment avait-elle pu omettre ce détail qui bouleversait tout aujourd’hui ?

« Parce que tu as gagné il y a quoi, un an et demi, ces fichus Jeux tu te pense tout permis ? Parce que le fait que tu aies réussi à mentir à tout le monde sans que personne ne s'en rende compte fait de toi une personne meilleure que moi ? Tu m'auras pas. Tu m'as jamais eu »

Elle n’avait jamais ressenti un flot d’émotions aussi contradictoires en si peu de temps. Du malaise à la culpabilité, puis de la culpabilité à la gêne avant de revenir sur les remords. Emma avait déjà connu des situations très embarrassantes, et cela devant une bonne vingtaine de personnes. Pourtant, elle pouvait facilement considérer que les paroles incisives de Marin l’embarrassaient plus que toute autre situation passée. Ses joues étaient en feu, un détail physique qu’elle parvenait habituellement à maîtriser, et ses yeux hagards ne savaient plus où se poser. Le col de la chemise de Marin, son pantalon, la moquette, le mur droit, la photographie en noir et blanc accrochée contre le mur gauche, la porte en bois blanc de la chambre du garçon. Elle n’avait jamais été aussi mal à l’aise, la honte s’insinuant par tous ses pores, pétrifiant tous ses membres, accélérant son cœur.

« Je ne suis pas Nolan. »

Ce fut la goutte qui fit déborder le vase, celle qui remua à nouveau ses émotions pour l’emporter dans un tout autre état d’esprit. Ses yeux s’écarquillèrent sous le coup de la surprise, et elle inspira fortement. Comment osait-il ?

« Oui, tu n’es certainement pas lui. » Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement, alors qu’elle s’humectait les lèvres. Sa voix au départ chevrotante se fit soudainement plus dure, catégorique. « Nolan – » bon sang, comme c’était étrange de prononcer à nouveau son nom à voix haute « - n’aurait jamais osé dire de choses pareilles. Il était bon, et juste. Il se souciait des autres. C’était un homme inestimable. »

Elle s’était comme appropriée le défunt tribut. Elle savait que ce qu’elle avait ressenti pour lui – aussi confuse que l’arène avait pu la rendre – était réel. Personne ne pouvait saisir l’ampleur de son attachement envers Nolan. Le temps n’avait plus eu d’importance dans cette arène. Coupés du monde, les tributs ne pensaient plus à qu’une seule chose : survivre. Trouver un allié, un complice, dans ce lieu si hostile et terrifiant était une sensation indescriptible. Nolan et Emma avaient été liés par un sentiment si fort et confus qu’il en fût à présent impossible à définir. Il avait été son rayon de lumière dans cette noirceur, son salut dans le couloir de la mort. Personne ne pouvait souiller ce qu’ils avaient traversé ensemble. Que cela soit un simple habitant, ou l’une des personnes les plus proches de Nolan. C’était intolérable, révoltant.

« Nolan était un homme dont tu ne sembles guère avoir l’étoffe. » La gorge nouée, elle le défia du regard, ses yeux étant animés d’une lueur passionnée. Inconsciemment, Emma s’était plus ou moins attendue à une conversation houleuse, des remontrances explosives…mais jamais ô grand jamais, elle n’avait pensé que la famille Saxen remettrait en cause son affection pour le défunt tribut de façon aussi virulente et directe. A cet instant, la 11 se surprit à vouloir secouer de toutes ses forces le garçon en face d’elle. Elle ne s’était jamais allée à une telle colère, elle, la fillette qui pardonnait tout, n’importe quand, et n’importe qui.







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